Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 08 février 2012

La Gazette de Solko n°17

gazette-de-solko-n-17.gif

00:05 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : politique, assemblée nationale | | |

mardi, 07 février 2012

Toutes les civilisations valent bien une campagne présidentielle

La  petite phrase a fait mouche. C’est fait. Dans les états-majors de tous les partis, elle a joué son rôle sordide. « Allumer le feu », dirait un certain rocker presque septuagénaire et amateur lui aussi de lieux communs. Dans le calendrier de la campagne, elle a tenu son rang. « Toutes les civilisations ne se valent pas », et son corollaire tout aussi absurde, « toutes les civilisations se valent », cimentent ainsi chez les éditorialistes de tous crins une polémique bipolaire digne d’un café du commerce qu’on aurait réduit à sa portion de clients la plus alcoolisée.

Que penserait de tout cela un spécialiste de la question comme Georges Dumézil ? Rien, sans doute, sinon qu’il est détestable de perdre son temps et qu’il n’y a rien à penser de ce type de formules, le « tout se vaut » étant aussi dénué de  perspective et de sens que le « tout ne se vaut pas. » : Hamon d’un côté, Raffarin de l’autre, un débat s’élève pourtant ! Le Président de la République et le Chef de l’opposition la ramènent à leur tour. Le plus étonnant étant in fine le silence de ceux qu’on appelait jadis les intellectuels (voire les érudits)  pour tenter de recentrer la question.

Une telle phrase a donc une fonction : créer le buzz. Faire qu’une journée encore se déroule, durant laquelle on parle de la campagne. Démocratie spectaculaire oblige, la vie médiatique du pays va devoir battre au rythme de la campagne, c’est à dire de ces formules creuses mais si efficaces auprès des militants, puisqu’elles ont l’air de définir pour chaque camp ce que sont le Bien et le Mal, le Vrai et le Faux, le Juste et l’Injuste. De quoi simplifier la vie de l'électeur de base qui n’a plus qu’à placer son indignation dans le parti de son choix. Bref, le Pour et le Contre.

A coups de formules communicationnelles, les deux camps jaugent ainsi leurs forces chez les sondeurs, les militants, les sympathisants. Ces formules dont les mois qui viennent fourniront de nombreux exemplaires (on aura même besoin pour se décider devant l’urne d’un kit complet)  animent ce que Julien Benda dans la Trahison des Clercs appelait la passion politique : ce penchant funeste et si dérisoire qui pousse un intellectuel, au nom du « réalisme », à s’engager dans le champ du politique, à faire rentrer les passions politiques dans ses activités de clercs.

littérature,politique,claude guéant,julien benda,la trahison des clercs,propagande,communication

Julien Benda

Relisons brièvement ces quelques lignes que j’en tire ce matin :« Pour en revenir à l’écrivain moderne et aux causes  de son attitude politique, j’ajouterai que non seulement ils sert une bourgeoisie inquiète, mais qu’il est devenu lui-même de plus en plus un bourgeois, pourvu de toute l’assiette sociale et de toute la considération qui définissent cet état, l’homme de lettres bohème étant une espèce à peu près disparue, du moins parmi ceux qui occupent l’opinion ».

En soulignant l’adéquation entre les changements apportés au statut social des écrivains et la structure de leur esprit, Benda anticipait le monde contemporain : il annonçait déjà la naissance de l’insupportable bobo de gauche, frère jumeau du bien-pensant de droite, la réduction de la vie intellectuelle critique à du lieu commun communicationnel adaptée aux réseaux sociaux et, pour parler bref, la défaite de la pensée. Sa conclusion elle-même, lorsqu’il se fit le chantre de « l’existence désintéressée » face aux « passions politiques » porte tous les germes de l’abstention populaire qui menace les états-majors politiques des deux camps, et qu’ils  cherchent à combattre par ce genre de tactiques de partis aussi minables qu’éculées, qu'on appelait jadis de la propagande.

dimanche, 05 février 2012

Ciel de suie

IMG00207-20120131-0833.jpg

On a souvent comparé Lyon à une ville du Sud, vantant sa lumière et sa pierre gallo-romaine. Mais c'est trop vite céder aux charmes trompeurs de l'été.  L'hiver, Lyon retrouve sa lumière native et sa nature véritable, quand sous le sortilège de son dieu qui lui vint un jour d'Irlande ou des brumes de Norvège, elle se met à ressembler à Bruges ou Dublin, sous la robe  incontestable d'une fille du Nord.

De là vient cette passion froide et cette fidélité extrême qui sommeille au fond du tempérament lyonnais, si l'on en croit toute la littérature écrite en ce pays-là. Tempérament que nul n'a mieux exprimé qu'Henri Béraud dans son roman Ciel de Suie. 

IMG00216-20120202-1738.jpg


06:27 Publié dans La table de Claude | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : henri béraud, littérature, lyon, lug, italie, irlande | | |

samedi, 04 février 2012

Vote utile et double contrainte

Les effets de l'injonction paradoxale dans l’interaction humaine ont été décrits par Paul Watzlawick dans le chapitre 6 de Une logique de la communication, titré « La communication paradoxale ».  C’est  là que s’élabore la fameuse théorie de la double contrainte, popularisée par le Collège invisible de Palo Alto.

Il y explique que la double contrainte se manifeste dès lors que dans une relation intense entre un destinateur et un destinataire,  un message est émis de telle sorte que :

-         Il affirme quelque chose

-          Il affirme quelque chose sur sa propre affirmation

-         Ces deux affirmations s’excluent

Pour que la double contrainte soit portée à un effet maximal, il faut que le récepteur du message soit placé dans l’impossibilité de sortir du cadre fixé par le message, soit par une métacommunication critique, soit par le repli. De sorte que celui qui se risque à dénoncer la double contrainte soit sanctionné en passant pour une sorte de méchant ou de fou.

politique,ps,ump,palo alto,double contrainte,vote utile

Ce qu'affirme l'image et ce qu'affirme la légende s'excluent mutuellement. 

En appliquant cette analyse à la campagne éléctorale qui se met en place, on s’amusera ici à débusquer la façon dont cette stratégie est bien présente à plusieurs niveaux dans les messages qui sont proposés aux électeurs par les différents candidats.

On commencera par un message particulièrement pervers envoyé par les deux principaux, ceux qui sont censés – au nom d’une sorte de droit de cuissage républicain- se trouver de droit au second tour : celui  du vote utile.

La notion de vote utile est utilisée à gauche comme à droite en référence au résultat prétendument tragique du 21 avril 2002 et à la propagande médiatique qui a suivi pour le dramatiser dans l’opinion publique

Elle joue sur cette notion de double contrainte parce qu’elle enferme dans une sorte de culpabilité les électeurs peu convaincus par la capacité des candidats officiels de l’UMP ou du PS à représenter qui la droite, qui la gauche (1), et enclins à utiliser le premier tour pour le faire savoir, dans le discours d’une apparente stratégie qui les conduiraient in fine à plébisciter par deux fois le candidat qui n’est pas à l’origine celui de leur choix, à l’inscrire définitivement dans la connotation « de droite » ou « de gauche » censée être la sienne, et à le plébisciter de la scandaleuse façon dont le fut Jacques Chirac, dont le score en vérité dérisoire fut digne d’un Napoléon III de la Cinquième République.

L’électeur se trouve dans ce cas de figure contraint de voter pour un candidat officiel non pas parce le message de son programme le convainc (il affirmerait quelque chose), mais parce on lui dit qu’il est utile par défaut qu’il  s’en contente. (affirmation sur la première affirmation créant l’injonction paradoxale).

Contraint de voter pour un candidat qui n’est pas vraiment le sien  au premier tour et pour « le moins pire » au second, l’électeur se trouve ainsi enfermé dans un ultimatum électoral qui n’a, si on regarde de près le processus, plus grand chose de démocratique, mais dont la propagande médiatique lui dira qu’il participé à « la Victoire » ou à « l’Histoire » en étant un « bon citoyen ».

Deux seules façons de s’échapper de cette double contrainte aliénante, soit métacommuniquer, soit fuir : dénoncer publiquement l’imposture ou ne pas voter. Dans les deux cas en effet, les sectateurs zélés qui défendent « le parti » ne manqueront pas de lui dire qu’il est soit un « méchant », soit un « fou »

(1)             Signifiés il faut bien le reconnaitre de plus en plus abscons

13:06 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, ps, ump, palo alto, double contrainte, vote utile | | |

jeudi, 02 février 2012

James Joyce a 130 ans

manuscrit.jpg

A la main. Pas encore, l'ordi. Pas encore. Le papier se gratte. Faut que ça crisse. Traits, tracés, lettres. Partir et revenir. Bruire. C’est aujourd’hui l’anniversaire de Joyce. L’ aurait 130 ans. Des pleins et des déliés. 130. Bigre, le bougre.

130 ans ! Il y a peu, Le Figaro titrait : « Vivre 130 ans, l’incroyable révolution de la science ». Assembler ses molécules comme des legos. Régénérer les organes. Hop là ! Tripatouiller le dedans. Laboratoires sans fin. Dans leur folie démocratique, les scientifiques de mes deux déclarent « abolir les inégalités génétiques ». Finirai par plus adhérer du tout à l’égalité si ça continue. Sauver ses gènes de leur sans-gène.  L'égalité à tout prix. Envers et contre tous. Jusque dans la programmation céleste. La ruche sans issue. Pour tous, en plus… Pouarkkrr…. De quoi vous  dégouter, si le spectacle de leur propagande électorale ne l’avait déjà fait. Pour de bon. Sarkozy déplumé. Hollande enfariné. Pitres pour des pitres. Jamais d'honneur, là-dedans. Jamais.

130 ans, c’est Jeanne Calment + 8. Mais Jeanne n’a laissé aucun écrit. Nothing, nada. Oubliée, la Calment. S'est laissée séchée paresseuse. Dans le trou, à présent. Comme tout le monde. Le trou, la tombe, la fin du voyage. C’est le point crucial. Le point où convergent toutes les lignes de Joyce. Le point de création, d’où tout sort, aussi. Ithaque la pure. Le cœur qui bat, la tombe. « Un  type pourrait vivre dans son coin tout seul toute sa vie. Oui, il pourrait. Mais tout de même il aurait besoin de quelqu’un pour le descendre dans le trou qu’il aura pu creuser lui-même » Ça aussi, ça sort d’Ulysse. Page 162. Collection folio, tome 1.

C’est tout le contraire de ce qu’ils disent, les scientifiques, les politiques, les chiens de garde. Vive la mort ! Sans mort, pas de solidarité. Pas de talent. James Joyce a eu 130 ans tout seul. Comme un grand. Un très Grand même. A force de gratter sa plume. A la poigne de la rature. Comme un vieux merle. Du dandysme, là-dedans. Pas peur de son élitisme. De sa morgue. En a fait quelque chose, lui.

Nous quittons tous la maison paternelle comme le fit Stephen, pour chercher infortune. « Peut-être pourriez vous y retourner », suggère Bloom, dans l'Abri du Cocher. La taverne, tout est là. Suggestion de l'impossible retour. Retour, quand même : « Il revient  après toute une vie d’absence à ce point du monde où il est né, où il fut toujours, jeune ou vieux, un témoin silencieux, et là, son voyage terminé, il pante son murier. Et meurt. La séance est levée.»

130. Le bon âge des patriarches : «Le nombre de mes années de migrations est de cent trente. Les jours de ma vie ont été peu nombreux et mauvais et je n'atteindrai pas le nombre des années qu'ont duré les migrations de mes ancêtres. », se plaint Jacob à Pharaon. Durer et puis durer. Dieu s'endure. Pas tous capables de tenir. Pas tous. Et Ulysse, combien ? Qui me dira l'âge d'Ulysse au dernier instant ? 

Lira-t-on encore Joyce dans 130 ans ?  Demander, interroger, mener l’enquête autour de soi, sondages Ipsos, Sofres, Opinion Way : qui a lu Ulysse d’un seul trait ? Sondez, sondez voir, pour voir. Et Finnegans ? Qui s’est tapé Finnegans ? Les Morts, à la limite. Huston au secours. La pellicule, plus la page. Triche. Mais qui s’est tapé Finnegans sans ciller ? Moi pas. Moi pas pu. Qu’importe ! A partir de quand un écrivain survit-il à sa disparition physique ? Je veux dire, à partir de combien de lecteurs, pour exister, grand âge ? Chêne qu'on n'abbat plus. Combien longtemps ? Comme le descendre dans son trou, tout ça, tout pareil. Lire, descendre dans ses mots. L’enrober Pastiche. Dure encore. Dure encore, aujourd’hui. Un feuillet de lui, là-haut. Fortiche.

Aujourd’hui, James Joyce aurait 130 ans. Aujourd’hui, James Joyce a cent trente ans. 

00:00 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, james joyce, 130 ans, ulysse | | |

mercredi, 01 février 2012

La gazette de Solko n°16

gazette-de-solko-16.gif

06:17 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : moodys, standard and poor's, hiver, neige | | |