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mercredi, 01 février 2017

L'affaire Fillon

Nous sommes au spectacle. Le citoyen-consommateur regarde. Le citoyen -consommateur est habitué à prétendre à l’irréprochable (lui, l’est rarement, mais passons…) Il contemple donc, pour s’en réjouir ou non, un meurtre politique commis en direct, conduit grâce à tous les outils de la propagande. Pour être élu président de la République dans ce pays, il y a des erreurs à ne pas faire. Travailler durant des années avec sa femme à un cheminement politique qui passe par Matignon, tout en la rétribuant quand la Loi de l’époque le permet, ça on peut : la preuve, 20 % des parlementaires besognent encore tranquillement ainsi, et on n’a jamais emmerdé Fillon durant des décennies de vie politique pour ça.  

Mais affirmer :

  • Qu’il existe des raisons géopolitiques qui justifient qu’on négocie avec Poutine ou Bachar el Assad
  • Que la laïcité n’a pas à être durcie pour des religions comme le judaïsme, le christianisme, le bouddhisme, car seul l’Islam est un problème
  • Qu’on n’abolira pas la loi Veil, mais qu’on est cependant personnellement contre l’avortement
  • Qu’enfin on s’affirme haut et fort catholique en soutenant de surcroit Sens Commun, dans un moment où pourtant tout le monde s’accorde à trouver friendly le fait qu’un musulman devienne maire de Londres …

Affirmer tout cela, c’est s’exposer à ne jamais pouvoir devenir président de la République, tout simplement. Des secrets fiscaux conservés au chaud dans les placards de Bercy et tout prêts à fuiter si nécessaires, ils en ont bien  d‘autres, de même que des journalistes courageux prêts au lynchage, humour et gros titres garantis, infos en boucle et commentateurs politiques unanimes. C’est le monde dans lequel nous vivons. Les pauvres sont tenus par leurs crédits, et les hommes politiques idéologiquement déviants par leurs arrangements financiers des temps anciens.   Pendant ce temps, un blondinet irréprochable forcément, vu d‘ il vient, dont la campagne est financée par on ne sait trop qui, est bombardé homme providentiel. Jeunes gens, votez pour lui ; c’est lui le monde de demain.

 La moralité la plus austère y règne…  Et ça ne plaisante pas…. Car l'argent et les medias demeurent plus que jamais le nerf de la propagande. 

dimanche, 10 novembre 2013

Le canard déchainé

Je ne sais trop quelle folie commémorative s’abat sur nous. La frontière est toujours tenue, dans ce genre de manifestations, entre recueillement et travestissement, mémoire et lieu commun, symbole et spectacle. Dans Ce que j’ai vu à Berlin, Béraud raconte que les Allemands ont regretté de n’avoir pas avoir eu l’idée du soldat inconnu avant nous. Car même s’il ne le dit pas en ces termes, Béraud démontre que le soldat inconnu est une géniale opération de communication voulue par Clemenceau. Anne Méaux dira la même chose à propos de la Libération de Paris et de la descente des Champs par De Gaulle. La communication politique- propaganda -  naît vraiment au vingtième siècle, l’ère des médias, même si l’Eglise et les Rois ont toujours su pratiquer l’art du spectacle. Nous sommes, avec le media moderne, dans le différé et le retransmis, ce qui change la donne aussi bien dans la création du spectacle que dans ses effets.

On nous annonce donc un calendrier commémoratif. Le Goncourt de cette année, que je n’ai le temps ni de lire ni de chroniquer, a ouvert cette vaste entreprise de marketing. Mieux vaut relire Paul Lintier et Galtier-Boissière, sans aucun doute. Ou même Tardi. La guerre de Troie eut son Homère. Celle de Quatorze aura eu sa multitude de copistes, signe qu’elle fondait un nouveau monde ;  c’était la première fois qu’on utilisait aussi systématiquement l’arme chimique, et qu’on pratiquait avec tant de véhémence le fameux bourrage de crânes. Le Canard Enchaîné, dont la dernière Une raille les velléités commémoratives de l’actuel président demeure le dernier journal à tradition polémique, parmi tous ceux qui naquirent de la contestation de la grande Muette d’alors. Signe qu'une certaine presse, dont on apprend dans les écoles de journalistes que le respect de la ligne éditoriale doit être la seule lettre et le cirage de pompes de la politicaille le seul esprit a, hélas, mis fin à la libre parole, au nom du mythe absurde de l'objectivité et de celui, au moins aussi absurde, de la République . 

béraud,lintier,canard enchaîné,littérature,polémique

lundi, 05 juillet 2010

Le canard déchaîné

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Le premier numéro du Canard Enchainé est  paru le 10 septembre 1915, sous l’impulsion du journaliste Maurice Maréchal. Seuls cinq numéros furent édités durant la première année.  La deuxième et véritable naissance du dernier journal indépendant français a eu lieu le 5 juillet 1916. Contre « le bourrage de crâne », également dénoncé par Galtier-Boissière dans son feu Crapouillot, il s’agissait de tout à la fois « informer, amuser, dénoncer ».

Avec tout le boulot accompli ce dernier mois (Boutin, Blanc, Joyandet), on ne peut que souhaiter au malicieux reporter en noeud pap' et galurin, qui n'a jamais oublié de regarder sur sa gauche comme sur sa droite avant de traverser l'autoroute, un délicieux  anniversaire.

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la Une du 5 juillet 1916

01:07 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : presse, politique, canard enchaïné, actualité, france, informations | | |