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dimanche, 10 novembre 2013

Le canard déchainé

Je ne sais trop quelle folie commémorative s’abat sur nous. La frontière est toujours tenue, dans ce genre de manifestations, entre recueillement et travestissement, mémoire et lieu commun, symbole et spectacle. Dans Ce que j’ai vu à Berlin, Béraud raconte que les Allemands ont regretté de n’avoir pas avoir eu l’idée du soldat inconnu avant nous. Car même s’il ne le dit pas en ces termes, Béraud démontre que le soldat inconnu est une géniale opération de communication voulue par Clemenceau. Anne Méaux dira la même chose à propos de la Libération de Paris et de la descente des Champs par De Gaulle. La communication politique- propaganda -  naît vraiment au vingtième siècle, l’ère des médias, même si l’Eglise et les Rois ont toujours su pratiquer l’art du spectacle. Nous sommes, avec le media moderne, dans le différé et le retransmis, ce qui change la donne aussi bien dans la création du spectacle que dans ses effets.

On nous annonce donc un calendrier commémoratif. Le Goncourt de cette année, que je n’ai le temps ni de lire ni de chroniquer, a ouvert cette vaste entreprise de marketing. Mieux vaut relire Paul Lintier et Galtier-Boissière, sans aucun doute. Ou même Tardi. La guerre de Troie eut son Homère. Celle de Quatorze aura eu sa multitude de copistes, signe qu’elle fondait un nouveau monde ;  c’était la première fois qu’on utilisait aussi systématiquement l’arme chimique, et qu’on pratiquait avec tant de véhémence le fameux bourrage de crânes. Le Canard Enchaîné, dont la dernière Une raille les velléités commémoratives de l’actuel président demeure le dernier journal à tradition polémique, parmi tous ceux qui naquirent de la contestation de la grande Muette d’alors. Signe qu'une certaine presse, dont on apprend dans les écoles de journalistes que le respect de la ligne éditoriale doit être la seule lettre et le cirage de pompes de la politicaille le seul esprit a, hélas, mis fin à la libre parole, au nom du mythe absurde de l'objectivité et de celui, au moins aussi absurde, de la République . 

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mercredi, 02 janvier 2013

Le chemin de Tardi

Dans l’avalanche d’infos insipides, idiotes ou de pure propagande, les bonnes nouvelles sont suffisamment rares pour qu’on prenne la peine de les saluer ; en voici une : Tardi vient de refuser la Légion d’Honneur Ça ne m’étonne pas.

Tous les lecteurs d’Adèle Blanc-Sec, du Voyage, du Cri du Peuple, du Stalag II B et de La guerre des tranchées le savent : Tardi est un mec bien. Il n’a donc pas envie de se retrouver embourbé dans le régiment aussi folklorique qu’insignifiant des sportifs, humoristes et autres décorés du Nouvel An à qui l’on attribue chaque année cette distinction devenue plus médiatique qu’honorifique. Un ruban tralala, même plus mondain au sens que la bonne société donnait jadis à ce mot et qui, à sa façon, reste un genre d’allégeance. Il refuse, dit-il, de se trouver « pris en otage par quelque pouvoir que ce soit ». Il veut continuer son chemin de solitaire. Il a raison. Emboitons lui le pas. C’est le bon.

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Tardi, Mort à Crédit

14:36 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : tardi, légiond'honneur, france, bandes dessinées | | |