lundi, 03 mai 2010
Après Vialatte
« Le réel n’est qu’une habitude » écrivit Alexandre Vialatte, dans une chronique qui parut le 29 décembre 1964. Il y a dans cette phrase, à quelque niveau qu’on se la remémore, quelque chose d’étrangement juste, d’étrangement grave. peut-être même d'étrangement angoissant : tout dépendant de l'amplitude que l'on donne à ce mot étonnant : Le Réel... Pour mesurer l’étrangeté de cette justesse et de cette gravité, il suffit de poser le corollaire de la formule : ce qui est irréel est ce à quoi je ne me suis pas encore habitué. La phrase ainsi posée, se comprend mieux l'angoisse qu'elle soulève implicitement : quelle forme extrême d'Irréel serai-je (serons-nous) capable, par la force de l'habitude, d'admettre, d'engendrer ?
00:22 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : alexandre vialatte, littérature, esso, publicité |
dimanche, 02 mai 2010
Sacré, le maillot bleu ?
Qu’elle était belle, Esmeralda, lorsqu’elle dansait avec sa chèvre, qu’il était romantique, Quasimodo, lorsqu’il sonnait les cloches de Notre-Dame. Mais là, ils ne font plus rêver personne. Même le président de la Fédération française de football (FFF), Jean-Pierre Escalettes, estime que l'affaire de prostitution qui éclabousse Franck Ribéry et d'autres joueurs de l'équipe de France est regrettable.
« Mais, nuance-t-il, cela existe dans tous les milieux, pas seulement celui du football »… Ah ! Moi qui avais cru comprendre que le foot, c’était mieux qu’ailleurs (« que du bonheur » !), les valeurs, le sport, la compétition, lalala … D’ailleurs, Rama Yade a affirmé que le maillot des Bleus, c’est sacré. Rien que ça… Quitte à être sacrilège, on se demande alors pourquoi le mec qui s’est torché avec le drapeau français à la Fnac de Nice ne s’est pas plutôt essuyé le cul avec ce maillot-là.
Si au moins cette histoire post moderne entre une Belle version pute de luxe et une Bête version Bayern de Munich pouvait définitivement mettre un terme à tout le bourrage de crâne de cette ridicule ère Zizou, ouverte un soir de juillet 98, ça serait, me dis-je, toujours ça de gagné…
Mais j’en doute fort. Cette année, Paris aura eu sa coupe, Marseille son championnat, Lyon sa demi-finale… Et tout va pour le mieux dans le Royaume de France… Comme a dit un chef de l'enquête, «On ne bouge pas avant la Coupe du Monde», avant d'ajouter «la fille reconnaît qu'elle ne leur a jamais dit qu'elle était mineure. De plus, sur les photographies d'elle à 16 ans, elle parait bien plus âgée. […] Et comme elle le dit, Benzema n'avait que 18 ans. Il n'y a pas urgence. Il n'est pas utile d'aller très vite. Les conséquences peuvent être trop lourdes.»
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08:45 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : ribéry, escalettes, rama yade, football, actualité, maillot bleu, politique |
samedi, 01 mai 2010
Stats du mois d'avril
Merci une fois de plus à tous ceux qui passent par là, visiteurs connus et inconnus, et qui donnent à l'écriture de ce blog une raison d'être et de se prolonger.
Visiteurs uniques | Visites | Pages | Pages par jour (Moy / Max) | Visites par jour (Moy / Max) |
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Statistiques quotidiennes
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15:34 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : solko, avril 2010 |
Vécu dans le vingtième
« Un peu plus d’un an après ma naissance, la guerre de 1914 éclata. L’avance de l’ennemi fut, comme on disait alors, foudroyante » (Roger Caillois, Le fleuve Alphée, 1978)
« Dès avant même de sortir de l’enfance, il me semble que j’eus, très net, ce sentiment qui devait me dominer pendant toute la première partie de ma vie : celle de vivre dans un monde sans évasion possible, où il ne restait qu’à se battre pour une évasion impossible »
(Victor Serge, Mémoires d’un Révolutionnaire - 1940)
« Que quelques-uns de mes derniers poèmes soient convaincants ne retire pas de son importance au fait que je les compose avec de plus en plus d’indifférence et de répugnance (Pavese, Le métier de vivre, 1935)
« Je suis né rue Notre-Dame –des-Champs dans un appartement dont je ne garde aucun souvenir » (Raymond Aron, Mémoires, 1983)
« Toute ma vie, je n’ai vu que des temps troubles, d’extrêmes déchirements dans la société et d’immenses destructions… » (Debord, Panégyrique, 1989)
On pourrait continuer encore longtemps cet alignement, cette juxtaposition, ce catalogue de premières phrases de récits autobiographiques, toutes piochées chez des auteurs qui eurent en commun le bonheur fou d'avoir vécu dans le XXème.
Bergère, ô Tour Eiffel ...
00:00 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, autobiographie, vingtième siècle |