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lundi, 08 février 2010

Tout bas

J’ai retrouvé dans ma bibliothèque un exemplaire de la Poétique d’Aristote. J’ai pu constater l’autre mois en allant à Paris que la librairie où je l’avais acheté n’existe plus. Le livre est, lui, toujours-là, encore que quelque peu oublié, sur mes rayons : « Collection Poétique », aux éditions du Seuil, 1980. Des lignes, auxquelles je ne faisais pas attention à l’époque se découvrent. A la page 9, par exemple :

« La publication de ce livre a été facilitée par des aides financières de l’Ecole Normale supérieure et de la Compagnie IBM France. Que MM Jean Bousquet et Michel Hervé, directeurs de l’ENS, et M René Moreau, directeur du développement scientifique à la Compagnie IBM, soient ici remerciés de leur généreux appui. »

 

240_SH20_OU08_.jpgCe n'est qu'alors que je m'aperçois que l’édition est bilingue, ce dont je ne me souvenais pas du tout. Cela fait longtemps que mon regard ne s’était pas posé sur des paragraphes en grec ancien. Je ne saurais dire pourquoi, à cette heure, c’est si reposant. En couverture, le détail d’un bas relief de la cathédrale de Chartres, représentant Aristote. La préface est de Todorov et la traduction de Roselyne Dupont-Roc et Jean Lallot. Le texte et sa traduction occupent très exactement 107 pages (de la page 32 à la page 139). S’y rajoutent 270 pages de notes et une soixantaine d’autres, d’index et de bibliographie.

Ce livre, avant de vous le décrire, je l’ai feuilleté en rêvant. Et puis je me suis demandé – juste à titre de curiosité – combien il coûtait à l’époque. J’aurais voulu comparer avec ce qu’il coûterait à présent. Mes yeux se sont machinalement dirigés au bas du quatrième de couverture, là où il se trouve d’habitude. Surpris, je n’ai rien vu.

                                                                                      

Et puis je me suis rendu compte à quel point j’avais oublié l’état dans lequel se trouvait le  monde dans lequel j’avais grandi. Forcément. Ni l'évolution qu'il a subi.  C’est arrivé peu à peu, tout bas. C’était avant la loi sur le prix unique du livre. Bel apologue, finalement, dont je laisse à chacun tirer la morale.

samedi, 06 février 2010

Common indecency

On apprend que le centre des monuments nationaux vient de commander une étude  pour permettre l’implantation d’une activité d’hôtellerie gérée par des entreprises privées dans une vingtaine de monuments, parmi lesquels l’abbaye de Montmajour, le château de Bussy-Rabutin, l’hôtel de Sade, l’abbaye de la Sauve-Majeure, la forteresse de Salses, le monastère de Saorge… Cette étude a été commandée dans le cadre d’’une convention visant à rendre le patrimoine français « rentable », laquelle a été passée entre le ministre de la Culture  (Frédéric Mitterrand) et le ministre du Tourisme (Hervé Novelli)

 

On trouvera sur le site de François Bon le détail des explications sur ce qui concerne le monastère de Saorge, jusqu’à présent résidence d’écrivains, ainsi qu’un lien permettant d’envoyer une pétition contre ce dernier projet.

 

J’avoue que les bras m’en tombent.

Car à Lyon, c’est l’Hôtel Dieu, après l’hôpital de l’Antiquaille et celui de Debrousse, qui est menacé du même sort, par un type du nom de Gérard Collomb qui se déclare opposant à la politique de Sarkozy mais fait la même chose que ses ministres, faute peut-être de participer à son gouvernement. La pétition est toujours en lien, d'ailleurs.

 

Ces politiques de prédateurs sont rendues possibles par plusieurs facteurs :

Une relative indifférence de l’opinion publique, tout d’abord, qui, pour sa plus grande part a, en temps de crise, d’autres chats à fouetter.

Pour conduire ce genre de projets aussi ahurissants que putassiers, il faut aussi rappeler que les politiques, de quelque bord qu’ils soient, disposent  d’une argumentation béton que leur ont peaufinée depuis vingt ans de fumeux mais efficaces théoriciens.

En gros, et pour faire court, cela se déplie ainsi :

 

1.      Le patrimoine public est une notion historiquement datée de la Révolution Française.

2.      A cette époque, un certain nombre de bâtiments récupérés par l’Etat (châteaux, couvents…) ont vu leur valeur d’usage transformée : ils ont servi à l’éducation du peuple en devenant des lieux à vocation culturelle (musées, résidences d’artistes ou d’écrivains…)

3.      Les peuples disposant en ce XXIème siècle naissant, avec l’inauguration de l’ère du virtuel, de moyens d’éducation autrement plus efficaces, légers et pour tout dire économiques que des bâtiments de pierres (le musée virtuel est un concept  très tendance) ces derniers n’ont plus besoin d’être voués à cette noble et attachante mission.

4.      Ne pouvant retrouver leur valeur d’usage initiale, reste à en inventer une qui soit économiquement rentable. Le tourisme culturel ou la culture du tourisme est un marché prometteur, bien entretenu par les médias : le secteur de l’hôtellerie, tout particulièrement lorsqu’il s’agit de bâtiments somptueux, est donc le secteur vers lequel se tournent les administrations pour les reconvertir.

 

Il y a, on le voit bien, un lien direct entre le bradage des éducations nationales des pays européens et celui des patrimoines nationaux. Les deux procèdent d’une même logique et suivent une même gouvernance. Et contre les deux, il est très difficile de lutter en demeurant isolé. D’autant plus difficile que se sont effondrés les principes moraux ou  éthiques qui tenaient debout, dans le peuple de droite comme dans celui de gauche, une sorte de common decency, comme aurait dit Orwell. Dans le monde de la common indecency, quoi de plus normal que les plus riches, pour quelques biftons, aillent partouzer dans un hôpital des pauvres, un ancien monastère, une résidence d’écrivain… On vous dira que si vous ne pouvez pas le faire, vous, c'est que n'êtes qu'un aigri. Un jaloux.

06:33 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : monastère de saorge | | |

vendredi, 05 février 2010

Scandaleux,sordide,fascisant...

Scandaleux, sordide, fascisant

Que n’ai-je entendu sur le débat suscité par Besson à propos de l’identité nationale.  Tandis que Besson et son inquiétant rictus politicien sortait du bois, Peillon instrumentalisait le non-débat pour placer ses billes dans son parti décomposé.

Et puis, comme on le fit de l’épidémie de la grippe A, on déclara le débat terminé.

Jusqu’à ce que ce que, pour faire parler de soi, à droite comme à gauche, ces deux partis interchangeables que sont le PS et l’UMP trouvent autre chose.

Scandaleux, sordide, fascisant : ce débat est surtout inutile, imbécile et sans issue. Il me rappelle ces espèces de questions bidonnées que posait Delarue dans son talk-show : comment vit-on avec un paraplégique ? Y-a-t-il une vie après un troisième divorce ?

Qu’est-ce qu’être français ?

Etre français, c’est avoir épousé, comme un italien, un russe, un marocain, ou un esquimau, les contours d’un certain particularisme au sein de la grande famille universelle. Mais j’emploie des mots que l’idéologie dominante, à l’élaboration de laquelle PS et UMP auront bien contribué de pair (1), n’aime pas : l’idéologie dominante préfère mondialisé à universel, et communautariste à particulier. Demander aux français résidents en France de se poser la question de leur identité, cela revient à les considérer comme une communauté parmi d’autres. Or nous ne sommes pas une communauté parmi une autre. Car le communautarisme est une imposture autant idéologique qu’historique, nous le savons tous. J’en veux pour preuve cette réflexion identitaire que je viens de conduire à travers nombreux textes sur le fait d’être lyonnais : réfléchir au particularisme sans déboucher sur l’universel, c’est se perdre dans le communautarisme, comme le lit d’un torrent qui prendrait la mauvaise pente et n’arriverait plus ensuite à trouver la route de la mer.

Le marché mondialisé a besoin de penser le monde sans histoire et sans transcendance : c'est-à-dire sans particularisme et sans universel. Le monde a besoin d’un seul marché et le marché a besoin qu’il n’y ait face à lui qu’un monde fait d’individus et de communautés qui auraient besoin exclusivement de lui pour trouver (et se payer) de pauvres repères afin de survivre dans une idéologie et une histoire faites de bric et de broc. S’interroger sur une quelconque identité dans un tel contexte, cela revient à renoncer (ou faire mine de) à la sienne. Seul celui qui est perdu se demande qui il est. Et ce qui était vrai, jadis, sur un plan uniquement ontologique, l’est devenu, aussi dans ce monde post-moderne et foireux, sur le plan identitaire. Dans un tel contexte, et au vu des échéances électorales qui se préparent, nous n’avons pas fini d’entendre un peu partout des âneries en cascades. Je viens par exemple d'apprendre hier soir qu'on pouvait, au XXIème siècle, porter le voile pour les beaux yeux de Mahomet et militer dans un parti d'obédience marxiste. Visiblement, il n'y a pas que la religion qui est l'opium des peuples... Vive les facteurs !

Comme demeure d'actualité, dès lors, cette remarque de Léon Boitel dans ce passage où il justifie l'existence de la revue qu'il vient de créer en 1835 :

«  Au milieu des graves préoccupations qui dominent notre société, au milieu de tant de partis qui la déchirent, de tant de corruption et de scepticisme qui l’envahissent, au moment enfin où, à voir les transes convulsives qu’elle éprouve, on devine l’enfantement de nouvelles idées et l’agonie d’idées anciennes ; nous dirons qu’avec les révolutions matérielles il nous faut les révolutions intellectuelles ; qu’aux hommes ballottés par la politique décevante et irritante, il faut souvent une page où reposer l’esprit. »

 

 

 

(1) L’encartage politicien mis à part, rien ne ressemble plus à Nicolas Sarkozy que Dominique Strauss-Kahn. Les sondages qui discrètement nous rappellent l'existence d'une opposition entre eux deux en témoignent. Rien, hélas, ne ressemble non plus tant à Martine Aubry (M.A) que Michèle Alliot Marie (MAM).

 

 

 

 

 

23:52 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, ps, france, régionales, actualité, société, identité nationale | | |

mercredi, 03 février 2010

Avatars

Par les temps qui courent, c’est pas le genre de pari un peu dingue, une conférence (1) sur la littérature lyonnaise du siècle dernier, par temps neigeux, dans un cinéma de quartier, non ? La société du divertissement manque cruellement de fantaisie, c’est bien cela le problème. Et je maintiens qu’elle a besoin de tête à queue de ce genre pour ne pas sombrer tout à fait dans le pire des conformismes. Le conventionnel absolu. Je ne sais pas pourquoi - et ça n’a semble-t-il rien à voir avec le Schmilblick - mais que Patrick Partouche ait été placé en garde à vue, ça m’a fait très plaisir, même si je ne suis pas dupe de l’info. (Fin de la parenthèse.)

Dans la société du spectacle, donc, on est condamné à se répéter sans cesse. C'est pas une nouveauté. Le spectre de la routine guette et rode. Oh, ce n’est pas l’ennui (le vrai). Mais une sorte de désœuvrement collectif à fleur de peau.

Il s’agit donc de retrouver de l’intérêt, du vrai intérêt, sonnant et trébuchant, pour des idées et des faits qui, sur le marché de la culture et du divertissement officiels, ne valent plus clopinettes.

Léon Boitel & Pétrus Sambardier, je vous dis que ça : des avatars, pour de vrai…

(1) Voir affiche deux jours plus tôt…

 

 

04:35 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, littérature lyonnaise, avatars, léon boitel | | |

mardi, 02 février 2010

Déni de réel

Un collègue me fait remarquer cet après-midi qu’il a entendu ce titre à la radio : « 600 000 enfants sont mal logés en France ».

C’est vrai que la place prise par « l’enfant » dans cette société a quelque chose de monstrueux et qui a à voir avec le déni du Réel.

Une autre collègue me disait que tout cela lui paraissait dû au fait que les parents pondaient leur marmaille de plus en plus tard.

Vrai que la démission des adultes devant tout ce qui touche à la jeunesse a quelque chose de lamentable.

Vu, hier, sur un écran, le visage de Sylvie Vartan : plus une seule ride. Et pourtant, l’air vide et vieux. Visage sans expression. Comme si son existence s’était dérobée de ses traits.

Autre déni du Réel.

Ceux qui traitent avec tant d’égards une jeunesse ainsi réifiée - au point que bientôt la fessée sera illégale (on ne touche pas à des objets de collection) – sont pourtant les vrais violateurs de la jeunesse.

L’Etat totalitaire.

 

Enfin.

Bien triste pour tous ces pauvres enfants, si mal logés.

Pas vrai ?

00:43 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : société, actualité | | |

lundi, 01 février 2010

Littérature lyonnaise

Après La fabrique d'un quartier et Charles Clément, canut lyonnais,

L’ESPRIT CANUT propose :

REFLETS DU TERRITOIRE DANS LA LITTERATURE LYONNAISE

Conférence par Roland Thevenet

Le Mercredi 3 février à 20h 30

Cinéma Saint-Denis

77 grande rue de la Croix-ROUSSE

Entrée 5 euros

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De Sénèque à Jules Michelet, de Maurice Scève à Jean Reverzy... C’est surtout entre 1830 et 1930, alors que le destin de la ville et son identité sont liés presque exclusivement à la Fabrique de la Soie, que cette Comédie Lyonnaise eut pleinement droit de Cité. Nous suivrons durant cette soirée sa naissance difficile, ses heures de gloire et son déclin, tout en nous posant la question de ses enjeux et de sa légitimité.

06:21 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : esprit canut, conférence, littérature lyonnaise, solko | | |