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dimanche, 18 novembre 2012

Le laitier de Noël

 

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Le Laitier de Noël de Roland Counard est un récit d’apprentissage étrangement efficace, à la poésie réaliste et minimaliste. L’histoire se passe dans les années cinquante. Robin, le personnage principal est le narrateur-enfant. Tandis qu'il grandit, ses parents, grands-parents, voisins, prennent corps dans le phrasé par fragments successifs. En ces temps-là, par omission ou pour de bon, on mentait volontiers aux enfants dans les familles : pour leur bien, disait-on; la duplicité et l’inconstance des liens familiaux et sociaux se découvre donc dans un fossé, celui de la fiction qui sépare ce qui se dit de ce qui se fait, au fur et à mesure que l’intrigue se déroule : d’abord un accident, puis un meurtre.

Grandir parmi ces adultes qui sont de tels taiseux revient donc à mener une enquête sur le monde, c’est édifier son propre récit : ce « laitier de Noël », qui arrose de lait des arbres pour qu’ils poussent, entre dans le monde de la parole et de l’action, qu’il découvre être aussi celui du crime, en passant brusquement de l'ignorance à la cruauté. Il signe à chaque fois sa découverte et son apprentissage de la mort d’un litre de lait, laissé auprès du cadavre. Incisif, bref, ludique, poétique et policier, ce récit, qui ne se laisse pas consommer en une seule fois, engage à la relecture. Initialement publié en 1996 par Courant d’ombres, il vient d’être réédité par Jean jacques Nuel aux éditions Le Pont du change. Une des très bonnes surprises de la rentrée.


dimanche, 25 septembre 2011

Les nouveautés du Pont du Change

Avec Le pont du Change, Jean-Jacques Nuel a su créer une maison qui peu  à peu trouve sa place et sa vocation dans la mise en avant de textes rares ou oubliés. Cette rentrée, il poursuit l’exploration de l’œuvre du croix-roussien  Roland Tixier avec la réédition  de Chaque fois l’éternité, recueil datant de 1989, et qui tente de faire revivre l’été de ses dix ans.

 « Devant l’accélération du temps, je sens le besoin de partager des instants », disait ce dernier lors d’une lecture de Simples choses en 2009. A vingt ans d’écart, il est intéressant de constater que depuis ce lointain texte, la motivation première de sa poétique a finalement peu varié. Au risque d’une sobriété minimaliste et épurée, celle-là même qui le porta finalement vers la poétique du haïku,  sa plume s’attachait déjà à formuler la primauté de l’instant dans la perception des objets et des lieux. A capter la présence des gens au travers de leurs mots, qu’ils fussent ultimes traces de patois (chabatz d’entrar),  sigles politiques (F.L.N), noms des proches (Solange) ou des lointains (Françoise Hardy), qu’ils désignassent les outils immémoriaux (le piochou, la faux) ou  ceux de la modernité qui s’installait (la moto, le transistor), les choses ou les animaux du réel (le bol, les genets, la grenouille) ou ceux qui déjà étaient signes (les affiches du cirque, la lettre d’Algérie), les quatrains les égrènent tel que l’enfant de dix ans parut les découvrir, avec leur mystérieux pouvoir de suggestion empli d’un cratylisme à fleur de pages. Ici, les verbes conjugués sont denrées rares, l’action comme éclipsée du regard et du dire : Tixier, qui s’avoua un jour « grand lecteur de Simenon » - et l’on sait quel souci du détail tisse la trame de cette écriture,  pratique une poésie magnifiquement nominale, celle « du monde à portée de main », qui convient au dire de la lecture à voix haute, et au ralentissement.

L’autre bonne surprise de la rentrée du Pont du Change, L’agonie du papier et autres textes d’une parfaite actualité se propose comme un gai florilège de chroniques tirées des œuvres posthumes d’Alphonse Allais, lesquelles intriguèrent tout d'abord le million de lecteurs du Journal de Fernand Xau et Henri Letellier,de 1897 à 1905. Le regard de l’écrivain capte dans l’actualité de son temps les germes de ce qui, pour le pire comme pour le meilleur, forgera les inquiétudes du monde à venir, celui dans lequel nous sommes à présent. Et celui du compilateur sélectionne soigneusement, parmi tous les textes d’Allais, les quelques-uns qui, du langage SMS au féminisme intégral, apparaissent  au lecteur comme des curiosités prophétiques. Car oui, de NRJ à Paris-Plage, Alphonse Allais avait semble-t-il bien tout prévu...

 

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Roland Tixier, Simples Choses (2009) et Chaque fois l'éternité (2011), Alphonse Allais, L'agonie du papier (2011) aux éditions du Pont du Change (Suivre le lien en cliquant ICI

Roland Tixier sera à la maison de quartier de Lyon 3 le 12 octobre 2011, à l amaison de Pays de Mornant le 15 octobre et au carré 30, rue Pizay, le 25 octobre 2011

vendredi, 07 mai 2010

Les assis du roman

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C’est bientôt la troisième édition des Assises du Roman, qu’organisent de concert le journal Le Monde et la Villa Gillet à Lyon en partenariat avec France Inter. (du 24 au 30 mai, aux Subsistances, à Lyon). Sur la page de garde du programme , je trouve ce slogan décourageant : « le roman, tout dire ? » Et à l’intérieur : « Comment le roman nous parle-t-il du monde ? De quelle façon la littérature peut-elle non seulement refléter la réalité, mais aussi, pourquoi pas, la transformer ? » Les problématiques retenues fleurent bon la réflexion d’un boutonneux qui bachotte, mais bon : pas de préjugés, n’est-ce pas ! Un énoncé comme « de l’école primaire à l’université, vivre la littérature à tout âge », d’emblée, comme ça, me laisse sceptique. Mes amis ! Toute la fine fleur du Monde du livre sera là ! Même qu'on pourra les vouére !

Me reviennent en mémoire ces lignes si fameuses du Temps retrouvé de Proust : « La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature. Cette vie qui en un sens, habite à chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez l'artiste. Mais ils ne la voient pas parce qu'ils ne cherchent pas à l'éclaircir. Et ainsi leur passé est encombré d'innombrables clichés qui restent inutiles parce que l'intelligence ne les a pas développés»...

Les Assises du roman sont-elles le lieu où l'on éclaircit les clichés, ou bien celui où on les sème à tous vents ? Grande question ! Que ne suis-je, moi, un chinois sans talent qui se bat pour les Droits de l’Homme en Chine ! C’est ce que je me dis en découvrant la promo du livre Yan Lianke, Songeant à mon père dont voici la dernière phrase : « ses romans très populaires en Chine ont obtenu des récompenses littéraires et ont souvent été interdits par la censure ».  Ce dernier critère retenu ne m'encourage guère, je l'avoue, à découvrir (comme ont dit à présent) ce romancier ; ce romancier  interdit par la censure dirait-il  ce fameux tout évoqué par le titre, et dont on perçoit à présent les limites ? Yan Lianke, un exemple parmi d’autres de ces écrivains sont je ne lirai jamais une ligne. Allez sur le programme voir le bétail exposé, c’est le salon de l’agriculture en plus intello… Et remarquez au passage que, comme les années précédentes, pas un lyonnais n’est invité. (Ah,si, le journaliste Pivot... Je dis rien que des bêtises...)

 

Des écrivains, pourtant, j’en connais quelques-uns qui vivent ici, si si : Lyon n’est pas seulement la capitale d’Aulas et le paradis libéral où se bazarde l'Hôtel-Dieu. On peut encore y faire quelques rencontres authentiques avec des gens normaux, je veux dire par là, des gens qui ne font pas commerce de tout bois : Mercredi prochain, le 12 mai  à 18h30 à la bibliothèque de la Part Dieu, Patrick Dubost reçoit par exemple Roland  Tixier et Christian Cottet Emard, deux auteurs de la maison d’édition Le Pont du Change pour « La scène poétique »

Durant cette soirée,  les deux auteurs liront des extraits de leurs livres :  Simples choses, pour Roland Tixier (haïkus urbains) et  Tu écris toujours ? pour Christian Cottet-Emard (chroniques littéraires et humoristiques). Vous pouvez y aller. Là, contrairement aux Assises où sont les people, on ne paye pas 5 euros l’entrée.

Infos à suivre sur le blog blog des éditions Le Pont du Change

 

Et, pour ne pas quitter ce qu'on appelle à présent la vie culturelle, sur le blog de Nauher (Off-shore) un excellent billet sur le marché de l'art...

samedi, 14 novembre 2009

Lecture de Roland Tixier

J’ai rencontré hier un homme charmant. En compagnie duquel nous avons passé, une poignée d’auditeurs et moi-même, un moment de poésie – oui, ce mot galvaudé peut encore retrouver, à l’occasion de moments comme ceux-ci, un peu de sens.

De poésie donc

 

Roland Tixier, a lu dans l’intimité du premier étage des Xanthines, l’intégralité de son recueil,  Simples Choses. (1) J’avais déjà lu les 180 haïkus (2), mais j’avoue qu’ainsi parlés, oralisés, racontés – et par celui qui vit dans leur rythme mental depuis – dit-il – une dizaine d’années, ils ont pris une sorte d’existence intérieure tout à fait étonnante.

 

Pour parler de sa poésie et de sa façon de mettre en relief les mots, Roland Tixier évoque, un rien malicieux, les expositions de mots auxquels les surréalistes aimaient s’adonner, ou bien encore les films sous-titrés. Il parle également du vocabulaire et du style de Georges Simenon, cité par Vialatte (« Simenon écrit comme tout le monde, mais personne n’écrit comme Simenon ») Mettre en valeur les mots simples des gens simples, afin de restituer le dénuement d’un simple moment, tel pourrait être son art poétique.

 

La lecture de Tixier est très régulière. Psalmodiant, il s’interrompt pour préciser, parfois : « Ce haï-ku, c’est un jour de soldes, à Monoprix… » Ou encore, « là c’était devant la mairie de Vaulx en-Velin, quand les pigeons viennent grappiller les grains de riz juste après les mariages… » ; « Là, c’était deux amoureux sur l’avenue Bianqui, deux amoureux qui s’embrassaient au lieu de faire un créneau… »  «  le poilu moussu, c’est dans le quartier Montchat… »

 

Il est des mots dont la mise en relief est inquiétante :

 

Je ne vois plus l’homme au chien

Ont-ils quitté le quartier ?

Ou peut-être pire ?

 

Cette strophe est d’ailleurs la seule, dans tout le recueil, à posséder deux points d’interrogation. Les autres sont non ponctuées, comme liées ensemble car, dit-il «un haïku n’a de sens  que dans le nombre »

 

Avec humour, Roland Tixier nous raconte que pour voyager aujourd’hui, il n’est plus besoin d’aller au Japon. Changer de rue lui suffit .

Et lorsqu’il lit ce haïku :

 

causerie dans l’entrée

il ne fait pas très froid

si on regarde bien

 

il prend le temps de nous expliquer : « j’allais sortir, et la voisine m’a dit : Il ne fait pas trop froid, si on regarde bien ».

 

Magnifique sous-titrage, poète ! Magnifique sous-titrage avec ces mots de rien, ces mots du quotidien. Et on a envie de lui dire qu’en effet « il ne fait pas très froid si on le lit bien… »

 

 

(1) Simples Choses Roland Tixier, Éditions Le Pont du Change

13 € - ISBN : 978-2-9534259-0-1

(2) Premier billet ICI

15:11 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : poésie, roland tixier, le pont du change | | |

vendredi, 13 novembre 2009

Le piéton du pont du Change

Roland Tixier sera au café associatif Les Xanthines, vendredi 13 novembre à 18 heures, pour lire des extraits de son dernier recueil, Simples choses, un ensemble de 180 haïkus urbains paru aux éditions Le Pont du Change.

Les Xanthines, café associatif du commerce équitable

33 rue de Condé, 69002 Lyon - métro Perrache ou Ampère.

Entrée gratuite sur consommation équitable.

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