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samedi, 14 novembre 2009

Lecture de Roland Tixier

J’ai rencontré hier un homme charmant. En compagnie duquel nous avons passé, une poignée d’auditeurs et moi-même, un moment de poésie – oui, ce mot galvaudé peut encore retrouver, à l’occasion de moments comme ceux-ci, un peu de sens.

De poésie donc

 

Roland Tixier, a lu dans l’intimité du premier étage des Xanthines, l’intégralité de son recueil,  Simples Choses. (1) J’avais déjà lu les 180 haïkus (2), mais j’avoue qu’ainsi parlés, oralisés, racontés – et par celui qui vit dans leur rythme mental depuis – dit-il – une dizaine d’années, ils ont pris une sorte d’existence intérieure tout à fait étonnante.

 

Pour parler de sa poésie et de sa façon de mettre en relief les mots, Roland Tixier évoque, un rien malicieux, les expositions de mots auxquels les surréalistes aimaient s’adonner, ou bien encore les films sous-titrés. Il parle également du vocabulaire et du style de Georges Simenon, cité par Vialatte (« Simenon écrit comme tout le monde, mais personne n’écrit comme Simenon ») Mettre en valeur les mots simples des gens simples, afin de restituer le dénuement d’un simple moment, tel pourrait être son art poétique.

 

La lecture de Tixier est très régulière. Psalmodiant, il s’interrompt pour préciser, parfois : « Ce haï-ku, c’est un jour de soldes, à Monoprix… » Ou encore, « là c’était devant la mairie de Vaulx en-Velin, quand les pigeons viennent grappiller les grains de riz juste après les mariages… » ; « Là, c’était deux amoureux sur l’avenue Bianqui, deux amoureux qui s’embrassaient au lieu de faire un créneau… »  «  le poilu moussu, c’est dans le quartier Montchat… »

 

Il est des mots dont la mise en relief est inquiétante :

 

Je ne vois plus l’homme au chien

Ont-ils quitté le quartier ?

Ou peut-être pire ?

 

Cette strophe est d’ailleurs la seule, dans tout le recueil, à posséder deux points d’interrogation. Les autres sont non ponctuées, comme liées ensemble car, dit-il «un haïku n’a de sens  que dans le nombre »

 

Avec humour, Roland Tixier nous raconte que pour voyager aujourd’hui, il n’est plus besoin d’aller au Japon. Changer de rue lui suffit .

Et lorsqu’il lit ce haïku :

 

causerie dans l’entrée

il ne fait pas très froid

si on regarde bien

 

il prend le temps de nous expliquer : « j’allais sortir, et la voisine m’a dit : Il ne fait pas trop froid, si on regarde bien ».

 

Magnifique sous-titrage, poète ! Magnifique sous-titrage avec ces mots de rien, ces mots du quotidien. Et on a envie de lui dire qu’en effet « il ne fait pas très froid si on le lit bien… »

 

 

(1) Simples Choses Roland Tixier, Éditions Le Pont du Change

13 € - ISBN : 978-2-9534259-0-1

(2) Premier billet ICI

15:11 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : poésie, roland tixier, le pont du change | | |

Commentaires

Merci pour ce complément sur le poète. Quand je lirai ses textes ils me parleront plus(sss)!
Rideau de pluie ici et vent déco(r)nant. Les crêpes volent bas!
Cà ferait-y pas un haïku çà?

Écrit par : Ambre | samedi, 14 novembre 2009

Moi aussi j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Pourtant je n'aime pas trop les textes courts en général et les haïkus en particulier.
mais chez Roland Tixier aucun effet de mode. il marche, il écrit comme on respire par nécessité. Et puis ainsi lus ses textes courts construisent un long poème qui vit au rythme du temps, au rythme de ses pas.
Enfin beaucoup de générosité chez cet homme qui partage sa passion de poète avec les enfants d'une banlieue plutôt déshéritée, avec des enfants venus d'ailleurs auxquels il a fait découvrir la langue française par la poésie.

Écrit par : Rosa | samedi, 14 novembre 2009

@ Ambre : J'ai appris vendredi soir que, contrairement à la tradition au bon haï-ku n'est jamais solitaire. Alors, à votre plume !

Écrit par : solko | dimanche, 15 novembre 2009

tendu
concentré,
coup râté

Tsss, suis nulle... Hi!

Écrit par : Ambre | dimanche, 15 novembre 2009

Oh zut ! je venais voir la date des lectures,je croyais que c'était ce mardi 17 ! je suis déçue, on peut pas rembobiner les aiguilles par hasard ? Les jours m'échappent c'est de pire en pire. En plus j'avais repéré les Xanthines de loin, pour pas me perdre dans la grande ville. J'avais réservé mon poteau à vélo. j'avais organisé tout bien. Me voilà triste. bouh ! triste ! Et bien puisque c'est ça, (puisque vous avez trafiqué les dates quand j'avais le dos tourné)
je pose là le premier vrai HIUKA lyonnais dramatique, en charmillon !

Achatter un lévo
Au topeau des Thaxinnes
Le rusmendelain

Écrit par : Frasby | mardi, 17 novembre 2009

@ Frasby : Devant le CIFA, mercredi, faut-il réserver un poteau à vélo ? Ce serait le poteau VIF. (very important Frasby).

Le rusmendelain = le lendemain sûr (j'ai un problème en charmillon...)

Écrit par : solko | mardi, 17 novembre 2009

J'ai reçu Simples Choses.
J'aime celui-ci, parmi quelques autres :

atteindre encore des mots
aux heures avancées
dans la nuit de la ville

Roland Tixier a lu l'intégralité de son recueil! dites-vous. Pour moi les haïkus se savourent en petite quantité, un, deux ou trois mais pas tout d'un coup.

Et celui-ci, avant de s'endormir :

j'avance parmi vous
est-il possible enfin
d'être plus heureux?

Bref, c'est rempli de petites merveilles.

Écrit par : Ambre | mercredi, 18 novembre 2009

@ Ambre : Et pourtant la lecture de la totalité du recueil produit un effet magnifique : chaque haïku s'enchaînant à l'autre, comme un pas dans une marche.

Écrit par : solko | jeudi, 19 novembre 2009

Les commentaires sont fermés.