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jeudi, 26 juin 2014

Dernières nouvelles de la gerbe

Parce que l'Algérie rencontre la Russie dans un stade brésilien à 22 heures, le ministre de l’intérieur (qui sera présent ce soir à Lyon) et le préfet du Rhône conseillent aux Lyonnais « d’éviter le quartier ce soir.» Virés de la ville, en quelque sorte. On déploie dès maintenant trois compagnies de CRS à proximité de la place Gabriel Péri, et des engins lanceurs d’eau.

Un ancien ministre des Affaires étrangères, dans le cadre de la révolution sémantique préconisée par la Garde des Sceaux, suggère lui de ne plus employer le mot euthanasie sous prétexte de l’homophonie  avec nazi. Ce serait plus gentil, affirme-t-il

Un ministre de l’Education Nationale envisage le plus sérieusement du monde de dépenser des deniers publics à rassembler des spécialistes universitaires de la docimolologie, psychopédagogues et sociologues de gauche, pour animer 6 mois de travaux afin de trouver un moyen d’éviter les mauvaises notes, « qui découragent les élèves » Je crois que c'est la première fois qu'une pétition regroupe 53 000 signatures de lycéens, profs et parents, qui ont trouvé un sujet de bac trop difficile... 

Ces quelques faits n’ont, en soi, semble-t-il, rien à voir : qui, néanmoins, parmi les progressistes utopistes et autres faiseurs de fable sur la nature humaine des années 70 aurait pu croire que 14 ans après le fameux an 2000, nous en soyons là ?

Et pendant ce temps, inexorablement, la courbe du chômage progresse, comme aspirée vers le haut par la connerie de tous ces gens qui torpillent le monde en prétendant le gouverner : 24 800 nouveaux demandeurs d’emploi en mai, le cap des 5 millions (parmi les chômeurs déclarés) est allègrement dépassé. Le ministre du travail Rebsamen n’entend pas commenter ces chiffres calamiteux. Il estime avoir besoin pour ça d’une période plus longue… Humour noir ?   Allez savoir, avec des salauds pareils ! Il vous avoue dans un interview qu’il publiera en septembre un livre sur la politique et le football ! De la bonne littérature, les gars. Allez-y. Franc-maçon influent et politicien véreux, il n’a pas de mal à trouver un éditeur, lui au moins.

Mais le pire, c’est le pronostic de l’enc... de l’Elysée pour 2017. Tout ça était, il est vrai, cousu de fil blanc.Je vous laisse découvrir ICI; On est au delà, bien au-delà de la tête à claques, non ? 

20:16 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bac, rebsamem, chômage, coupe du monde, algérie russie, docimologie, hamon | | |

vendredi, 05 juillet 2013

Résultats du bac

Surpris ce matin sur la place de la Croix-Rousse un dialogue entre deux lycéens :

- Alors ?

- C'est bon !

- Cooool...

Je vous laisse imaginer de quoi ils parlaient.

Aujourd'hui que le bac n'est qu'une formalité, je me demande pourquoi les gouvernements successifs s'ingénient à le maintenir sous une forme nationale. Pour des raisons électoralistes, sans aucun doute. Dès lors que l'examen n'est plus sélectif, et il ne l'est plus depuis longtemps, cela ne sert à rien de mobiliser toute cette énergie, tout ce temps et tout ce pognon pour le conserver sur le plan national et en gros recaler deux individus sur 10. On pourrait tout aussi bien le faire passer dans les lycées, un peu comme le permis dans les auto-écoles.

Mais je crois que le bac est un des ingrédients de ce qu'on pourrait appeler la fatuité française, ce grand mal bourgeois déjà dénoncé par le bon La Fontaine en son temps. Or la fatuité est un des élements constitutifs du vote en démocratie. C'est peut-être la raison pour laquelle  l'état, qui est un grand rusé, aura préféré renoncer à sa monnaie et à ses frontières; plutôt qu'à ce rite de passage archaïque, dont il ne fait plus, à grands frais, qu'organiser chaque année la pantomime. Il sait bien que quand tout le monde est bourgeois, au moins en apparence, il n'y a plus de prolétariat ni de défavorisés.. Du moins, en apparence.

Je ré'edite pour l'occasion un texte de 2009  (comme quoi, rien ne change) qui, en substance mais de manière plus humoristique, disait déjà ça :


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11:39 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bac, éducation, france, culture, société, résultats | | |

mercredi, 04 juillet 2012

78,4 % (Lisbeth)

 C'est un classique du mois de juillet pour les étudiants et lycéens : l'attente des résultats. Nous avons tous connu cette sensation mitigée, faite de certitude et de doute, d'espoir et de crainte, d'envie de faire autre chose et d'incapacité à penser à autre chose justement, bref. Les résultats du bac cette année sont le 6 juillet. Plus que deux jours à poireauter. 

En attendant, histoire de prendre un peu de recul, et d'en rire, je republie ce petit croquis qui depuis 2009 demeure d'actualité :


78,4 % de réussite au bac du premier coup.  Les 80 %  qu'ambitionnait le ministre Chevènement à la fin des années quatre-vingts seront bientôt atteints. Alléluia. Moi qui ne connait qu'un dixième seulement des tripatouillages administratifs et des petits arrangements pédagogiques à l’origine du phénomène  (mais un dixième, c’est suffisant pour avoir une idée approximative de l'ensemble), je garde raison et ne m’enflamme pas : l’humanité, dans sa version occidentale (et plus spécifiquement franchoullarde)  n’est pas soudainement devenue plus intelligente, plus spirituelle, plus cultivée - si tant est que l’obtention du bachot ait jamais été un symptôme d’intelligence, de spiritualité et même, osons le mot, de culture. Et tous les petits Français ne sont pas des génies, loin s'en faut. Mais le chiffre est séduisant et brille sur le papier de tous les quotidiens : 78,4%... Et on se dit : qu'en sera-t-il après le fameux rattrapage ?

Tout à l’heure, j’étais dans un bar tenu, disons, par Lisbeth. Lisbeth est aussi volumineuse que son mari est long et sec. Lisbeth est vive, autant que son mari parait éteint. J’aime bien leur bar, parce qu’ils ne servent pas de repas à midi, ne font pas chier les gens ni avec de la musique ni avec la radio, ne demandent pas à être payés dès la consommation posée sur la table et savent encore, comme les gens d’un siècle désormais enfoui dans l'ère pré-technologique, rester tranquilles en silence ou en papotant discrètement derrière leur comptoir. Bref Lisbeth et son mari sont des gens, disons, normaux.

Mais aujourd’hui, grand émoi.

La fifille à Lisbeth vient d’avoir son bachot.

Lisbeth, elle ne tient donc plus en place et le clame à la terre entière, par portable interposé.

Elle fait, semble-t-il, le tour des mères des copines et des copains de Fifille, laquelle s’est déjà barrée, entre parenthèses, pour une semaine sur les bords d’un lac suisse, en raison de cet exploit remarquable. Laquelle, à entendre sa mère s’épuiser en longs récits, s’est déjà saoulée toute la nuit avec des poteaux. On la sent, Lisbeth, en pleine communion spirituelle avec Fifille, qu’elle voit déjà, débordante de vanité filiale et d'espoirs middle-class, sur les bancs d’HEC.

Seulement voilà.

Lisbeth découvre, au fil des appels, que tous les rejetons & rejetonnes des copines à qui elle annonce la bonne nouvelle ont aussi gagné le gros lot. Les bourgeons s'embourgeoisent.

Au début, elle est vachement contente pour eux, ça se voit aux petits gloussements de dinde qu’elle émet. Et de partager leur expérience commune de mamans ravies. Quand même, on n'est pas si mauvaises que ça !

Une fois.

Deux fois

Trois fois.

Quatrième fois, une ombre se glisse dans la joie jusqu’alors limpide du visage grassouillet de Lisbeth.

Ah bon, il a eu son bac aussi ? Avec mention AB aussi ? Ah bon ? Les traits se figent.

Ah bon !

Elle se retourne vers, disons Robert, l’air dépité : T'entends ? ( non, il entendait pas, Robert. Il trainait son pas lent derrière le comptoir, un torchon sur le polo Lacoste, et pensait on sait pas trop à quoi, d'ailleurs... ) Cédric Machin l’a eu aussi, qu’elle gueule. Tout le café en profite.

Et ce n’est pas tout.

Voilà qu’elle apprend, non c’est pas possible, elle a toujours été nulle, que Charlotte Truc aussi a décroché le pompon, que l’autre idiot de Guillaume Bidule, aussi, et Magali, et Thomas, et Virginie, bref, tout le quartier a eu son bac, le bac à Fifille, "incroyable", qu'elle finit par lancer à son mari, c’est affreux …

Lisbeth, vaniteuse et décomposée se pose sur une banquette.

Bon, dit-elle à la dernière de ses interlocutrices, je fais quand même l’apéro prévu la semaine prochaine, le bac, ça reste le bac qu’elle fait, hein, euh…

78,4… De toute façon, croyez-moi, et c’est sans doute pas plus mal, ce Bac Big-Bazar vit probablement ses dernières années : un contrôle continu suffira bientôt pour faire la circulation routière dans les voies sinueuses de l’orientation scolaire.

Mais quel bon connaisseur du genre humain a dit un jour : « C’est important d’être heureux, à condition que les autres ne le soient pas ?

diplbac.gif

jeudi, 02 juillet 2009

Un sur quatorze

 Ne pas désespérer. C’est pourtant très long, une journée d’interrogations. Surtout lorsque c’est la toute première de la série. Et qu’elle commence tôt. Putain de bachot. Cela faisait longtemps que je n’avais pas mis les pieds (& tout le reste) dans la banlieue de Lyon : La vraie ; Décines, qui bientôt sera new Gerland, puisque c’est par là-bas qu’Aulas et Collomb veulent implanter leur OL Land. Bref.

Sur l’ancienne ligne de l’Est, longtemps désaffectée, un tramway flambant neuf. Au matin, 7h10, ne reconnais plus les lieux du tout.  Friches industrielles et friches tout court, champs à moitié terrains vagues et terrains vagues à moitié champs, des chantiers partout qui défilent, murs tagués, poteaux noirs, barres d'immeubles, des champs, et puis des champs à nouveau.  Petits lotissements en moellons. Allées goudronnées. Hangars à commerces.  Impression d’être dans le RER, au-delà de Tremblay-en -France. Comme si ce que j’avais fui, décidément, me courait après. Mais non, non... Je ne suis pas le centre du monde. Balle de flipper projetée dedans, plutôt, à toute vitesse. Monde partout pareil, hélas. Les banlieues se ressemblent et c'est pourquoi il ne faut que les traverser. Parmi d’autres qui lisent des gratuits. Lyon Part-Dieu-Décines-Grand large, c’est comme devenu Chatelet-Tremblay, désormais.  Les banlieues de capitales s'exportent. Sauf qu’à Décines, y’a le Grand Large quand même qui demeure, une large boucle de Rhône javellisée à la limite de l’Ain, sur laquelle on ne pourra pas construire. Javellisée, certes. Mais Rhône quand même ! Au moins pour le dégagement visuel qu'il offre généreusement. Des canards y barbottent encore, figurez-vous. Même si des bouteilles de bière flottent à la surface. Sordide humanité. S'est voulu inoubliable sur Terre. C'est réussi !

Les candidats ( je dis ça comme ailleurs on dirait les clients ou les patients, ou les canards), les candidats défilent.

De quoi pour longtemps torpiller la littérature et toute envie d'écrire, d'être écrivain, vous savez ? Le champ lexical de ceci, le champ lexical de cela…par  ici la personnification… Et par là le texte nous montre que….  J’espère que « les miens », comme ont dit  dans la profession, ne sont pas en train de répéter la même chose à un autre prof mirliton.. Leur ai expliqué mille fois qu’un texte n’a pas de doigts. Mais bon. Barre à la tête, à force. Gosier sec. J’écoute.. Moulinets à bac, les Don Juan, les Fleurs du Mal, les Madame Bovary et autres Cid ou Candide se débitent à la tranche.  Discours appris, répétés, c’est d’ailleurs ça, un prof, un répétiteur, alors l'élève d'un prof, que peut-il d'autre, le malheureux …

Quand soudain en voilà un.

Un sur quatorze.

Je ne dirai pas, ici, sur quel texte il a brillé. La littérature, c’est ça. Briller ou rien.

Mais voilà soudainement que les choses retrouvent du sens. Les mots  leur sens. Incroyable, non ? Et extrêmement simple.

Osiris recomposé : la signification.

Un sur quatorze, qui ne répète pas du par cœur, qui ne bredouille pas, ne zézaie pas, ne joue pas au loto avec ce qui pourrait être juste ou faux, ne reste pas silencieux en disant voilà ,  ne soupire pas, mais comprend le texte et dit ce qu’il comprend.

Merci à cet élève, unique en cette longue journée, cet élève qui soudain a des allures de Rhône, parce qu'il m'explique un texte aux allures de Grand-Large…

 

LarusCanus.jpg
Larus canus au grand large...