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dimanche, 11 octobre 2009

Un conte d'après-vendanges et d'avant-dégustation

L’année 2009 accouchera le jeudi 19 novembre 2009 à minuit d’un beaujolais nouveau, qu’on espère à la hauteur des promesses publiées par les viticulteurs cette année. En attendant, voici pour patienter un conte pour veillées d’octobre en patois lyonnais (1888), lorsque que toutes vendanges finies, on attend le premier vin. C’est rapporté par Nizier du Puitspelu, illustrissime conteur, philologue, essayiste et académicien du Gourguillon. Où il est question, comme souvent, de vendanges, de jolie fille, de curé et de malentendus salaces. D’abord le texte, ensuite une traduction.

 

Je vo z-u diré qu’o y aviet ina vès ina joulia bôyi de vais chiz nos, qu’i lyi disiant Parnon, bien bravona, mé in pitit brizon niéci. O v-est parqué sa môre lyi disiet tojors : « Mé Parnon, quant l’ant se-z -ians su lo cu , le bôye sant pô tant betonnes comm’icinqui ! »

Véquia qu’in vépro la Pernon allôve in champ le vaches. Don, bien sûr, o y avié la Bardella, la Frominta, et lo chin Faraud. Don, de l’afère, que la Parnon rincontrô monsu lo curô que lyi disit comm’iquien :

« - Bon sai, Parnon !

-Bon sai, monsu le curô

-Comint que te vôs ?

-Marci bin, monsu le curô, et vos mémo ?

-Marci bien, Parnon. Avis vos fait bona vendêmi ?

-Marci bin, monsu le curô, et vos mémo ?

-Més, Parnon, los curôs font pôs de vendêmi ! Comint que va ta môte ? S’est-elle accuchia ?

-Marci bin, monsu le curô, et vos mémo ?

-Més, Parnon, les curôs ne s’accuchiont pôs ! Te vêquia bien grandette, Parnon ! Quel ajo que t’ôs ?

-Se-z ians, monsu le curô.

-Se-z-ians ! O v-est pôs possible !

-Vèdes vos-mêmo, monsu le curô, rebrique la Parnon, in trossant cott'et chamisi par darri, vèdes vos-mêmo, ma môre disiet qu’o y étôve écrit iqui »

 


Je vous dirai qu’il y avait une fois une jolie jeune fille de vers chez nous, qu’on appelait Parnon, bien brave mais un peu niaise. Voilà pourquoi sa mère lui disait toujours : Mais Parnon, quand elles ont seize ans au cul, les filles ne sont pas bêtasses comme toi !

Voilà qu’un après-midi la Parnon allait faire paître les vaches. Donc, bien sûr, il y avait la Bardelle, la Fromente, la Bayette et le chien Faraud. Donc, à cette occasion, la Parnon rencontra Monsieur le Curé qui lui dit ;

« Bonsoir Parnon,

-Bonsoir Monsieur le Curé !

-Comment vas-tu ?

-Merci bien, Monsieur le Curé, et vous-même ? 

-Merci bien, Parnon, avez-vous fait bonne vendanges ?

-Merci bien, monsieur le Curé, et vous-même ?

-Mais, Parnon, les curés ne font pas de vendanges. Comment va ta mère ? A-t-elle accouché ?

-Merci bien, Monsieur le Curé, et vous-même ? 

-Mais, Parnon, les curés n’accouchent pas ! Te voilà bien grandette, Parnon ! Quel âge as-tu ?

Seize ans, Monsieur le Curé !

Seize ans, ce n’est pas possible !

Voyez-vous-même, Monsieur le Curé, réplique Parnon, en troussant sa robe et sa chemise par derrière, voyez-vous-même, ma mère disait que c’était écrit ici ! »

 

Autres textes en patois :

Le dit de Bredin le Cocu :

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/11/14/le-dit-de-...

Un chant de lavandières du XVIème siècle :

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/11/15/un-chant-d...

Le Noël de Jean Capon

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/12/25/noel-en-pa...

Le curé et le vitrier :

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/11/16/le-cure-et...

Huitain amoureux :

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/11/16/huitain-am...

 

 

 

Commentaires

Voilà propos"propres à chatouiller la rate, pour ce que le rire est ce qui fait le plus de plaisir et ce qui coûte le moins.
Baillez-(nous) licence de vous annoncer que, sur le vu de votre docte (billet) , qui témoigne telle science du vieux langage lyonnais et tel amour de la ville (natale?), et sur la présentation idoine, faite réglément à l'Académie du Gourguillon, par ses membres indignes, par la susdite Académie et à l'unanimité des voix, il (vous) a été octroyé, sieur (Solko) le diplôme de membre de ladite Académie."

Signé : L'illustre compagnie (de vos lecteurs) toute à votre gloire acquise.

Écrit par : Chimèle (porte-parole) | samedi, 10 octobre 2009

@ Chimèle :
Nous acceptons avec d'autant plus de plaisir cette distinction qu'à l'Académie, comme d'ailleurs l'a souhaité son fondateur, toute parole est performative.

Écrit par : solko | samedi, 10 octobre 2009

Dans "La vie à Lyon de 1900 à 1937, par un grand journaliste Pétrus Sambardier", le dernier chapitre s'intitule "En Beaujolais", avec trois articles : Les vendangeurs ; Les fléaux sur le vin ; La résurrection du Beaujolais.

Voici le début de "La résurrection du Beaujolais" :

"Vous verrez que nous finirons par pouvoir boire le Beaujolais, comme naguère, tel que le raisin l'a donné aux cuves. La maladie du sucrage n'est plus seulement dénoncée par les consommateurs. Elle est reniée par les représentants des vignerons. Les Beaujolais se sont aperçus qu'ils faisaient figure de dupes et de "bredins" en s'attachant à donner à leur vin du degré. Ils ont enfin compris que le degré, c'était fait pour les gros vins du Midi.
Un bon vin, cela se goûte. Cela s'évalue suivant le coup de langue d'un bon grumeur. Cela ne se pèse pas avec un appareil, comme un produit pharmaceutique ou comme un mélange de teinture. Le Beaujolais est un vin à bouquet, à parfum. Il se moque du titre d'alcool dont Barthe, roi du Midi, voudrait faire un article de la Constitution Française.
(...)
et la dernière phrase :

Déjà, cette année, on peut facilement, à Lyon, boire au cabaret un pot de ce Beaujolais qui vous dépose son état civil entre la langue et le palais. On va enfin laisser le Degré aux Méridionaux."

Écrit par : Michèle | dimanche, 11 octobre 2009

Eh bien, croyez-moi, voici un conte que vous ne nous avez pas rapporté "en vain".

Écrit par : Chr. Borhen | dimanche, 11 octobre 2009

Ah merci de continuer à publier ces charmants textes en patois : un véritable délice celui-là !

Écrit par : Zabou | dimanche, 11 octobre 2009

Y'eto ptêt ben d'affaire d'y racontcha d'histouaires en pateu lyonneu, mazi j'avos djà ben de la meûsère (vin djeu!)- me, que n'compreno peu de tiou le franchoi- à me dépateuiller devers ctu bafeuille,dzu parlo pas d'vot tradeuctchion (cré nom de Diou !). Z'auriez pas peut y mette un chteu bout de tradeuchtion en patios nabirosiniaut ? Vos y avez dont pas pentsi ? z'aviau pas eu ctu judzotte vos qu'on dit que vos étau conchienchiau d'ordiniare, peurtant ! Bah ? Comment dont qui z'y se faisau ? du coup y'eto comme si dze lisau du tsino (cré nom de boeuf, yeto à rdu)
Sinon, y me pléso bia ! Ah ben ! pense dont !
"Qui dit patoille dit joille" (comme nos z'y dison à Suzy les Tsarolles) . Et comment dont que ça se danse ti vot'chti matsin du Didier Pioupelu ? Vous peuvez ti nos y dire; desfois ?
Sinon, j'y z'y découvro vot'biogue, au l'est ben biau ! dz'u vos z'y félicitau !

Écrit par : La Marie Rasteau | lundi, 12 octobre 2009

@ Michèle :
Si vous me prenez par le Pétrus, vous me prenez par les sentiments. Savez-vous que les Lyonnais de ces temps-là appelaient leur vin "le troisième fleuve" ?

Écrit par : solko | lundi, 12 octobre 2009

@ Christophe : Il vous a plu, le petit conte en patois de Mornant près de Lyon? Je le dirai à la Parnon, qui en garde d'autres au frais dans son puits (pelu).

Écrit par : solko | lundi, 12 octobre 2009

@ Zabou : Merci d'apprécier les jolis contes à la Pernon qui va s'en trouver toute reniaisée devant un tel succès.

Écrit par : solko | lundi, 12 octobre 2009

@ Marie Rasteau
Ouh lô lô ! Lô nabirosiniaut ? C'est bin euloingné d'chia nos,ça ! Faudrin qu'jiô passe un dipleume à l'eucole pour y causiu c'tieu languiu un jôr. Mès z-avez ben vô que j'sô toute beniaute, miô!
Sanz ça, viô complimins m'viô driô au cuer, merci biucô !

Écrit par : La Parnon | lundi, 12 octobre 2009

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