jeudi, 25 décembre 2008
Noël en patois lyonnais

(Vers 1640)
Musée du Louvre, Paris
Ce Noël en patois lyonnais a été imprimé dans divers recueils six fois de 1757 à 1939. De graphie différente, la dernière strophe est probablement un rajout.
Qu'ét-ay donc cela novela
Ce dit maître Jean Capon ?
Et-ay vray qu'na Vierge-pucella
Que tot le one s'appreta
Per verre lo novio venu
Nos en seran de la feta
Dussian no alla pi niud
Qu'et-ay donc celo grands homme
Que sont bio comme de ray ?
Il an tous trais de couronne
Y'en a un qu'est tot nai.
Grou Guillot, pren ta museta,
Et toi, ton aubois, Michi :
Noz en sera de la fieta
J'ai mon tambor per tochi.
Saint-Joset prit se lunnette
Per avissa qui etoit.
Y cherchi de z-allumette,
Mais la bisa que soflave
Per mas de trenta golet,
Chaque fay qu'i se bessave,
Fessave chere son bonet.
Lo diablo entendit la feta :
Il est veny per la vey :
S'en alla fora la teta
Par un trou de la parey.
Saint Joset prit sa verlopa,
Ly foity una vortollia,
Il en a yu, la charlopa,
Lo groint tout ecarmailla.
La mare s'epoventave,
Se rengrave dans un coin :
A gran coite elle engonçave
L'enfant dens un pou de foin.
L'ano a pou, le bou se confia;
Ly veni sota dessus;
En soflant comme una ronfla
Li foiti se corne u cu.
Lo guiablo, ben en colere,
Se veyant traita ainsy,
V'a ronflant per la charera
Comm'un fouet de charrety;
Et veyant bien qu'i n'avave
Grin d'endret per se logi,
Y trovit une boutasse,
Y s'y alli dandogli.
Traduction :
Qu’est-ce-donc que cette nouvelle ?
Dis, maître Jean Capon ?
Est-il vrai qu’une pucelle
Vient d’accoucher d’un poupon ?
Que tout le monde s’apprête
Pour voir le nouveau venu ?
Nous serions de la fête
Dussions-nous aller pieds nus.
Qu’est-ce donc que ces grands hommes
Qui sont beaux comme des rois ?
Ils ont tous trois des couronnes,
Il y en a un qui est tout noir.
Gros-Guillot, prends ta musette,
Et toi, ton hautbois Michel :
Nous serons de la fête :
J’ai mon tambour pour jouer.
Saint-Joseph prit ses lunettes
Pour voir qui c’était.
Il chercha des allumettes
Pour enflammer son lumignon :
Mais la bise qui soufflait
Pas plus de trente trous,
Chaque fois qu’il se baissait
Faisait tomber son bonnet.
Le diable entendit la fête
Il est venu pour la voir :
Il est allé fourrer sa fête
Dans un trou de la paroi.
Saint-Joseph prit sa varlope
Lui en donna une rossée
Il en a eu , la charogne,
Le groin tout écrabouillé.
La mère était effrayée
Elle se retirait dans un coin
En grande hâte elle enfonçait
L’enfant dans un peu de foin.
L’âne a peur, le bœuf se gonfle :
Il vient lui sauter dessus.
En soufflant comme une toupie
Il lui flanque ses cornes au cul.
Le diable, bien est en colère
Se voyant traité ainsi.
S’en va ronflant par la rue
Comme un fouet de charretier ;
En voyant bien qu’il n’avait
Aucun endroit pour s’abriter,
Il y trouva une mare
Il alla y barboter.
13:18 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : noël, patois, lyon, littérature, poème, poésie |
Commentaires
Écrit par : Porky | jeudi, 25 décembre 2008
Écrit par : solko | jeudi, 25 décembre 2008
Écrit par : soulef | jeudi, 25 décembre 2008
Écrit par : Rosa | jeudi, 25 décembre 2008
Écrit par : solko | jeudi, 25 décembre 2008
Écrit par : Sophie L.L | vendredi, 26 décembre 2008
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