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mardi, 01 décembre 2015

Pureté du dogme et pureté des dogmes

Dis : « Il est Allah  Unique. Allah, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons.  Il n'a jamais engendré, n'a pas été engendré non plus. Et nul n'est égal à Lui. »

Cette sourate (112), dite de la pureté du dogme, est peut-être celle qui, de toute ma lecture du Coran a le plus glacé mon sang de chrétien jusqu’à, si je la lis en récitant le Notre Père, me faire monter des larmes aux yeux, tant tout ce qu’elle énonce de radical, de fanatique et d’irrémédiable nie violemment tout l’enseignement du Christ et tout ce que son Église tente de représenter depuis 20 siècles à travers ses sacrements, ses rites, et les multiples formes d’art qui firent notre civilisation. Rédigée 7 siècles après la crucifixion, cette affirmation tire un trait violent et méprisant sur le sacrifice de l’Agneau, en affirmant tout d’abord :

- que Dieu est unique, et non pas Trois (« Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit »)

- qu’on doit l’implorer pour ce que nous désirons, et non pas ce qu’Il désire (« Que ta volonté soit faite »)

- qu’il ne possède ni les qualités du Père (Il n’a jamais engendré) ni celle du Fils (il n’a pas été engendré).

Comment, dès lors, ce Dieu Unique peut-il aimer, chérir, pardonner, racheter ? Comment un monde heureux peut-il naître de sa loi ?

La rémission des péchés, élément parmi d’autres du credo de mon baptême, n’est possible que parce qu’un Père, au nom du sang versé par un Fils, et par l’opération d’un Saint-Esprit (de l’acceptation, en soi, et malgré tout ce que notre nature possède de mauvais, d’incomplet, d’un esprit  sanctifiant) pardonne au pécheur. On dit qu’Allah est miséricordieux : mais alors comment pardonne-t-il au musulman pécheur, en l’absence – la négation même - de ce lien de tendresse authentique et incarnée par Celui que des pécheurs juifs et  païens plantèrent de concert  un jour sur une Croix ?

Le Christ, face à la pureté du dogme offrit au monde la pureté de l’Incarnation et, en donnant le Notre Père, nous a initiés à bien plus qu’une simple sourate, puisque « nul ne connaît ce qu’est le Fils, sauf le Père, ni ce qu’est le Père, sauf le Fils » (Luc, 10 22). Chesterton, ce joyeux théologien britannique résume magnifiquement cela dans  son remarquable et pétillant Orthodoxie (1)

« Car pour nous, trinitaires (si je peux le dire avec respect), pour nous Dieu lui-même est une société. C'est en vérité un mystère insondable de la théologie, et même si j'étais assez bon théologien pour en parler directement, il ne serait pas opportun de le faire ici. Qu'il suffise de dire ici que cette triple énigme est aussi réconfortante que le vin, et aussi accueillante qu'un foyer anglais; cette chose qui bouleverse l'intelligence apaise complètement le cœur. Mais du désert, des régions arides et des soleils terrifiants viennent les enfants cruels du Dieu solitaire. Les véritables unitariens, cimeterre en main, ont laissé derrière eux le monde désert. Car il n'est pas bon pour Dieu d'être seul. »

Ce Dieu Unique, Lointain, à qui rien, sinon l’acceptation stricto sensu d’un texte et sa récitation à heures fixes, ne me relierait m’en rappelle un autre qui me laisse autant de marbre qu’Allah : le Grand Architecte de l’Univers des maçons.

Et tout mon sang se fige à nouveau lorsque je pressens les convergences possibles entre les partisans de ces deux conceptions de Dieu, qui ne cachent ni leur goût pour le politique et la gouvernance des foules,  ni leur orgueil de se borner à n'être ainsi que d’austères orphelins.

Depuis peu, l’espace public s’emplit d’un rite non chrétien qui n’est pas la prière des rues, mais la création de  sanctuaires improvisés de mémoriaux innocents établis à la hâte et « dans l’émotion », à la mémoire des victimes. Ce rite arrive des pays anglo-saxons, et plus spécialement de New York, depuis l’effondrement des deux tours du World Trade Center.

Bien qu’il existe des lieux consacrés pour cela, cela paraît louable au début, ces fleurs, ces bougies : quoi de mal martèlent les médias qui ne cessent d’en propager les images jusque dans les coins les plus reculés, quoi de condamnable à manifester une émotion légitime ?  Mais lorsqu’on voit tous les dirigeants politiques, du ridicule Hollande au roué Obama, en passant par la pusillanime Merkel et l’inexistante Hidalgo se prêter au jeu en déposant sa rose ou sa bougie, on finit par se demander si ces gouvernants de villes et d’Etats diversement corrompus n’encouragent pas cette « théologie civile », (2) ne l’appellent de leurs vœux, seraient même prêts à en devenir au nom de l' Universelle Démocratie et des Droits de l’homme les intransigeants évêques et les sourcilleux cardinaux.

En tout cas, cette forme de culte inédite sur les trottoirs, les places, les devantures de magasins, pour peu qu’elle ait jamais ait été spontanée, semble leur plaire, puisqu’ils en protègent et en favorisent la pratique jusqu’à crier à la profanation lorsqu’une manifestation publique de militants protestant contre leur convention pour la Planète en renverse quelques bougies. On ne les entend pas bramer ainsi lorsque des Femen envahissent une cathédrale ou que le président des maires de France songe à interdire les crèches dans les lieux publics ; le moins que l’on puisse donc en dire est que leur religiosité est à géométrie variable.

C’est très étrange, oui, ces autels partout improvisés, quand les églises de France sont en partie désertées, et que tous les hommes politiques ne cessent de nous parler de l’Islam, de la nécessité de bâtir des mosquées, d’accepter » le vivre ensemble ». Très… Comme me paraît étrange cet appel très politique de Gérard Collomb, qui a annulé cette année la Fête des Lumières.  Prétendant revenir à la tradition, il demande aux Lyonnais de placer des lumignons sur leurs fenêtres en « hommage aux victimes », quand la tradition véritablement chrétienne voudrait qu’ils les placent en hommage à la Mère de Dieu (lequel n’aurait jamais engendré, mais c’est une autre histoire…). Nos politiques, comme des musulmans, ne veulent plus d’Intercesseur. Tant pis pour eux. C’est en l'hommage de Marie seule que je placerai mes lumignons : et qu’aux malheureuses victimes du fanatisme ambiant revienne Sa compassion maternelle, pour eux et pour nous  tous.

L’empire romain possédait ainsi ses dieux politiques, dont saint Augustin démontra magnifiquement l’incompétence, la vacuité et l’imposture au IVe siècle. On lit dans le livre VII, chapitre 33, de La Cité de Dieu que ces dieux choisis ne sont que des démons très impurs qui « mettent à profit des âmes défuntes ou, sous l’apparence de créatures de ce monde, désirent se faire prendre pour des dieux et, dans leur orgueilleuse impudeur, se délectent d’honneurs prétendus divins, mais en fait criminels et ignominieux (…) L’homme, continue le saint, se libère de leur souveraineté barbare et sacrilège lorsqu’il place sa foi en Celui qui, pour le relever, lui a fourni l’exemple d’une humilité aussi grande que l’orgueil des démons, cause de leur chute.»

Je sais que nous devons nous préparer au pire et que ce pire est inéluctable, tant nos dirigeants sont mauvais et tant il serait urgent d'en changer. On raconte que le pape Pie X, qui ne « bénissait que la paix » mourut de chagrin de n’avoir pu éviter la guerre de Quatorze, parce qu’il avait compris qu’elle était en sa plus grande part une entreprise pour déchristianiser l’Europe, ce que la page Wikipedia qui lui est consacrée appelle un tourment devant « les hostilités qu’il semble avoir pressenties et qui enflammèrent l’Europe ». A présent qu’elle est en partie déchristianisée [je dis en partie seulement car il n’appartient qu’à nous autres, Européens, de peupler à nouveau nos églises], l'alliance entre tous les partisans du Dieu Lointain, qu’il soit Grand Architecte ou Dieu Unique, nous menace sérieusement. La vassalisation de l'Europe en cours risque alors de s'opérer de façon de plus en plus totalitaire. D’une façon qui, du PSG qatari au grand culte républicain de Valls et consorts en passant par le régime de la terreur ne conservera plus rien de chrétien, et, assurément, plus rien de français non plus,  ni plus rien de bon.

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dans le regard de Pie X

 (1) Orthodoxie, chapitre 8, « Le roman de l’orthodoxie », 1908

(2) L’expression est de saint Augustin qui s’emploie à dénoncer la vacuité des dieux romains, exaltés par les puissants d’alors, au mépris de la religion du Christ.

dimanche, 22 novembre 2015

Pourquoi me persécutes-tu ?

C’était aujourd’hui, dans le nouveau calendrier liturgique de 1965, la fête du Christ Roi. Dans toutes les églises de France, de petites grappes de fidèles se sont donc retrouvées pour écouter un prêtre plus ou moins assoupi les entretenir de ce qu’il fallait entendre, en province démocratique, par ce syntagme insolite : « la Royauté du Christ. » Après avoir un peu prêché, les curés eurent sans doute le sentiment d'avoir bien parlé, et les fidèles d'avoir beaucoup sacrifié. Cela se dit en latin Ite missa est, et en français Allez dans la paix du Christ...

Lorsque Pie XI institua la fête, en 1925, il espérait qu’elle parviendrait à réparer « cette apostasie publique, si désastreuse pour la société, qu’a engendrée le laïcisme. Dans Quas Primas, il dépeint avec minutie la manière dont la religion du Christ fut assimilée par les Etats aux fausses religions et placée, sans la moindre honte, au même niveau qu’elles. C’est d’ailleurs ce que l’on enseigne dorénavant dans les écoles de la République de France, toutes les religions mènent à Dieu... « On la soumit, ensuite, à l'autorité civile et on la livra pour ainsi dire au bon plaisir des princes et des gouvernants. Certains allèrent jusqu'à vouloir substituer à la religion divine une religion naturelle ou un simple sentiment de religiosité (1). Il se trouva même des États qui crurent pouvoir se passer de Dieu et firent consister leur religion dans l'irréligion et l'oubli conscient et volontaire de Dieu »

Qui s’émeut, dès lors, que la religion du Christ se retrouve soumise au bon vouloir de dirigeants versatiles et aussi bas-de-vue qu’ils sont soumis à l’opinion ? D’un renégat comme le président des maires de France, François Barouin, lequel souhaite décréter en digne franc-maçon l’interdiction des crèches dans les mairies de la République pour Noël ? D’un manœuvrier vénéneux comme François Hollande lequel, après s’être fait élire en ânonnant une liste de mensonges, ne voit aucun inconvénient à faire subir sur tous les fronts à sa politique un tête-à-queue intégral, en espérant ainsi sauver sa tête en 2017 lors du verdict rituel des Français ? Dire dans quelle estime il tient ces derniers, dont il n’hésite même plus à étreindre les quelques spécimens qui lui tombent entre les paluches à chaque catastrophe ou attentat, comme s’il était un homme de religion, tant l’impudicité et la fausseté lui tiennent lieu d’âme ! Un président, somme toute, bien normal...

La souveraineté du Christ Roi demeure bel et bien la seule qui puisse éradiquer, pulvériser Daesh (2), si la France - si son peuple du moins - voulait bien redevenir chrétienne… 

Au sein d’un tel bourbier laïc et républicain, des mensonges incessamment relayés par les défenseurs invétérés de l’Islam wahhabite et salafiste, et du concert dissonant de toutes ces fameuses opinions qui se valent et dont rien, sinon un long dépérissement du peuple, ne se dégage, nous chrétiens ne pouvons  que nous extraire, nous abstraire et prier sans fin. Car la souveraineté du Christ qui ne se mesure ni dans les urnes ni sur les écrans ne se laisse entendre que dans le silence de la contemplation assidue du Saint-Sacrement :

« Sais-tu combien d’hosties furent dévorées, depuis le Golgotha ?

Bien plus que l’Antiquité n’égorgea de taureaux et de moutons !

Mon corps est aussi grand qu’il te demeure invisible,

Aussi disséminé qu’il est  glorieux

D’avoir été pour eux tous la pierre vraiment angulaire…

La vie que sacrifia ton Dieu, ton Roi,

C’est cela l’incompréhensible Hostie, et aussi

Le sacrifice de ton frère

Que tu n’as plus besoin de faire. » (3)

Certes, la Royauté du Christ échappe sans cesse à notre entendement borné et à notre conception étriquée du pouvoir, du savoir comme du devoir. Il convient néanmoins de dénoncer sans cesse le mensonge du vivre ensemble laïcard prôné par ces bègues et ces aveugles qui tiennent notre pays ; un pays où l'on parle dorénavant plus des attentats que des évangiles, où l'on croise en bien plus grand nombre des femmes intégralement voilées que des curés en soutane ; un pays enfin qu'ils auront, prétendant le réformer de septennat en quinquennat, entrainé à grande vitesse au bord du précipice.

 

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Chemin de Damas, 2015

(1) Valls, cureton magnifique pourrait servir d'illustration à ce propos, mais tant d'autres également...

(2) Qu'était-ce donc que ce Saul de Tarse, sur le chemin de Damas, sinon Daesh en personne,  « rêvant de menaces et de tueries contre les disciples du Seigneur,» soulignent les Actes des Apôtres (9 - 1/19), avant que ce dernier lui lance à la face le fameux : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?»

(3) Écrit en l'église saint-Georges de Lyon, août 2015