vendredi, 23 janvier 2015
Le Gentilhomme Cabaretier
« C’est « au très vivant, très fier, très impavide baron du Saint-Empire de la Fantaisie, au gentilhomme cabaretier Rodolphe Salis, fondateur du Chat Noir et découvreur de celui qui signe ces pages » que Léon Bloy, « communard converti au catholicisme », dédicaça en 1884 ses fameux Propos d’un entrepreneur de démolitions. Ce n’était nullement, précise-il en exergue, une fumisterie ni une réclame pour le fameux cabaret, mais plutôt la reconnaissance amicale d’un homme endetté. Les éditions du Pont au Change ont tiré du recueil quatre « propos », Le Gentilhomme Cabaretier (consacrée précisément à Salis et à sa revue), Le choix suprême (dédié au jour des morts), Le père des convalescents (à Coquelin Cadet), Le dixième cercle de l’enfer (Une chronique sur un roman de Barbey d’Aurevilly – dont Bloy fut le secrétaire – , Ce qui ne meurt pas ).
« J’ai passé l’âge d’être éducable et j’arrive de diablement loin » note sarcastiquement Bloy dans cette dernière. Au moment même où le gouvernement Valls sort de ses cartons à la faveur des événements récents un enseignement de la morale et de la laïcité pour tous les élèves de l’école publique, relire cette dernière est assez savoureux. Ces lignes, entre autres : « Catholique des plus hauts et des plus absolus dans un temps où personne ne veut plus du catholicisme, il [Barbey] pense que ce n’est pas l’affaire d’un laïque de prêcher une morale quelconque et d’avertir de ses devoirs le charbonnier le plus rudimentaire. Mais il faut que la Vérité soit dite et c’est son art même qui lui a donné le secret de la dire sans violer le territoire des gardiens de la Parole. »
intérieur du Chat NOIR ( photo d'archives)
Le Gentilhomme Cabaretier et autres chroniques du Chat Noir, par Léon Bloy, aux éditions Le pont du change, Une plaquette de 16 pages, format 12 x 21 cm, cousue fil, sur papier ivoire 100 grammes, couverture jaune 160 g. 6 € port compris.
13:00 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : le gentilhomme cabaretier, rodolphe salis, le pont au change, léon bloy, barbey d'aurevilly, catholicisme, laïcité, république, littérature |
Commentaires
Merci, Roland.
Je vois que tu as lu "Propos d'un entrepreneur de démolitions" ! C'est l'un des très rares livres de Bloy à ne pas avoir été republié. C'est aussi le plus inégal (car oeuvre de jeunesse) à tel point que Bloy a dit "Je me démolis moi-même". Mais j'en ai extrait de beaux textes pleins de puissance et de violence verbale.
Curieux de lire Bloy à notre époque, lire une parole gorgée de sens qui nous change du discours aseptisé !
Écrit par : Nuel | vendredi, 23 janvier 2015
Il n'y a que trois auteurs dont je puis me prévaloir d'avoir lu l'œuvre entière, c'est Bloy, Béraud, GuilloUX.
Écrit par : solko | samedi, 24 janvier 2015
J'ignorais que Bloy fût le secrétaire de Barbey d'Aurevilly...
Écrit par : Michèle | samedi, 24 janvier 2015
de manière bénévole, je crois. Barbey étant pingre ou fauché (ou les deux)...
Écrit par : solko | samedi, 24 janvier 2015
Ils étaient voisins, rue Rousselet, laquelle se chargea des présentations.
Bloy, qui aurait pu être son petit-fils, tomba sous le charme et se convertit au catholicisme.
Barbey a toujours vécu de la rente laissée par son oncle. Les racines normandes…
Les plaques sont toujours présentes, dans la rue.
Écrit par : tamet de bayle | samedi, 24 janvier 2015
Qu'est-il écrit sur ces plaques ?
Écrit par : Michèle | lundi, 26 janvier 2015
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