lundi, 26 octobre 2009
Accords parfaits
Entre un texte, une photo et un paysage naissent parfois des accords magiques. Magiques parce que non concertés. Ni le maçon, ni l’écrivain, ni le photographe ne les ont recherchés et pourtant ils sont là : et c’est ainsi que certains grands artistes égalent parfois à leur insu la nature dont ils s’inspirent en nous révélant non plus un accord entre elle et eux, mais un accord entre eux à propos de ce qu’ils montrent d’elle. Il en va ainsi de Blanc & Demilly, Jean Reverzy, et de tous les obscurs qui fabriquèrent ce pont.
« J’étais à Lyon sur les quais du Rhône et sous des platanes extrêmement parfumés. Le soleil se tenait entre d’extraordinaires images dont le relief et l’incandescence me stupéfiaient et à droite de la colline dont la seule image me rappelle l’odeur délicieuse des vieux bouquins de piété. Je me souviens que le Rhône découvrait de longs bancs de cailloux d’une blancheur absolue… Mais n’oubliez pas qu’à l’horizon fondait de l’or et de l’or… Dans la lumière inquiète et blanche du sunset, je vis s’éclairer des fenêtres ; ça et là tremblèrent de minuscules cristaux rouges. Un mystérieux esprit m’envahit, que j’appelle le Mal du Soir. »
09:20 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : blanc demilly, reverzy, rhône, littérature |
Commentaires
Oh! Merci, merci! La photo est sublime. Et l'extrait de Reverzy si beau. "Mais n’oubliez pas que...", admirable - oh, plus que la phrase, ce n'est pas une bribe reprise, c'est un élan retrouvé...
Merci.
Écrit par : tanguy | lundi, 26 octobre 2009
C'est presque sublime cette cohésion des trois artistes...
Je dirais même "quatre", comme pour les Mousquetaires, avec vous, Solko, qui les convoquez ici en même temps et dans un même regard jeté sur le monde.
Beauté.
Écrit par : Bertrand | lundi, 26 octobre 2009
@ Tanguy : Un élan retrouvé, exactement. Comme une journée, un "sunset" qui s'enchâine à un autre... Il y a entre Reverzy, Lyon, l'écriture et la médecine une sorte de lien d'une même nature. J'ai toujours beaucoup de plaisir à le retrouver.
J'en profite pour vous souhaiter de bonnes vacances
Écrit par : solko | lundi, 26 octobre 2009
@ Bertrand : Un quatrième ? Oh là, vous me faites plaisir, car en quelle compagnie me placez-vous ! Il faut vraiment avoir rêvé longtemps sur les quais - mais en ces temps-là, ni parkings, ni automobiles, le clapotis du Rhône, et son odeur - longtemps pour écrire ce paragraphe de Reverzy.
Je me rends compte en écrivant cela que je ne parle pas assez du Rhône dans ce blogue, et que c'est sans doute parce qu'il a disparu lentement de la ville; non pas son eau, mais son silence mélodieux et son odeur.
Il n'y a pas encore si longtemps, si j'en crois des gens de ma famille, on s'y baignait et on courait sur ces galets blancs.
Écrit par : solko | lundi, 26 octobre 2009
Merci à vous Solko...
L'élan se retrouve et se perd. Et se retrouve. "Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais pas déjà trouvé" dit, si je me souviens bien, l'évangile... Ca me parait une "piste" intéressante, que je ne lâche plus...
Bonnes recherches et bonnes vacances.
Tanguy
Écrit par : tanguy | mardi, 27 octobre 2009
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