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samedi, 22 septembre 2007

L'agenda des présidents

Hasard de la mise en page ou volonté délibérée ? L'édition du Monde du 23 septembre place en vis à vis un article sur la méthode de Sarkozy en France, un autre sur celle de Chavez au Vénézuéla.  A lire les deux articles, on voit bien que les deux présidents ont la même obsession ; remplir leur agenda, afin d'occuper à temps plein chaque jour et chaque heure. Gouverner via les médias. D'un certain côté, Nicolas parait un peu amateur puisqu'on apprend qu'Hugo Chavez, dans une émission titré Allo président, a tenu l'antenne 7 heures et 43 minutes !!!... De quoi essouffler PPDA mais, se dit-on, peut-être pas le vaillant tchatcheur ...

D'u7ff227b5595bd911c4b886b4f682e686.jpgn autre, Chavez a quand même un sacré foutu train de retard sur Sarkozy ! La même édition du Monde ne m'apprend-elle pas, dans son supplément TV (page 11), que sera diffusé mardi prochain 25 septembre un téléfilm sur l'affaire de la maternelle de Neuilly, dans lequel un acteur ( Frédéric Quiring, c'est un type connu, ça ?) tient le rôle de l'actuel président français, à l'époque (qui l'ignore encore ?) où il n'était que maire de Neuilly et rival de Jacques Martin. Nicolas Sarkozy ferait donc mieux que Chavez, puisqu'il est, lui, porté deux fois à l'écran, une fois par Sa Majesté Lui-même et une autre fois par une doublure. Si ça, c'est pas de la french touch !

 Il fait aussi mieux aussi que De Gaulle, que Mitterrand et que Jean Paul II, lesquels durent quand même attendre de mourir pour se voir enfin porter sur la scène ou bien à l'écran. Au passage, petit compte rendu, page 21, de l'inquiétante mise en scène de Robert Hossein qui raconte au Palais des sports la vie du défunt-pape en 33 tableaux dans son "N'ayez pas peur" Ironie du journaliste, qui se plaint que rien ne soit montré des "trois heures que ce pape politique et visionnaire passait chaque jour à genoux dans sa chapelle". Voilà qui me donne l'idée d'une mise en scène : le public assis trois heures dans le silence et dans l'obscurité (si! si!), trois heures devant un homme qui prie... A l'heure du bagout officiel et de la bougeotte présidentielle, cela m'ouvrirait-il la Cour des Papes l'an prochain ?

Rappelons quand même, puisque Robert Hossein l'a oublié, que celui qui allait devenir Jean Paul II fut un véritable homme de théâtre, lui. Qui inaugura jadis le théâtre de Cracovie, lieu où devait exceller, quelque temps plus tard, le magnifique et irremplacé Tadeusz Kantor... Lequel n'avait pas peur de faire perdre (ou gagner) son temps au public. Mais il serait sans doute plus judicieux de ma part de jouer le sacre de Nicolas, si Yasmina Reza, qui veille au grain, n'est pas déjà sur le coup. Ou Le sacre de Chavez au Vénézuela ?

 

18:25 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : actualité, théâtre, sarkozy, société, robert hossein, politique | | |

mardi, 18 septembre 2007

Tiens, voilà du Boutin !

Le réaménagement de la place Bellecour ne prévoyait pourtant que le remplacement des anciens marronniers (qu'on dit malades) par des  tilleuls, afin de rendre à la place son allure du bon vieux temps. Au lieu de ça - et avec, on l'imagine, la bénédiction de la mairie et de son locataire socialiste -, la place Bellecour se métamorphose en ministère du logement ! Elle devient au vu et au su de tous, le squat de la ministre du logement et de son staff décontracté. Mââme Boutin, tout droit débarquée de Paris avec sa lampe-empire et le portrait de son président, campe, tel un ouvrier en bâtiment, dans une cabane ALGECO et bosse dur, dans l'incognito très people de la foule des passants qui s'entrecroisent en se demandant ce qu'elle fout là. 

On a parlé beaucoup des frais occasionnés (250.000 euros !) pour une opération qui rappelle, versus officiel, celle des Don Quichotte de l'hiver dernier. On a moins parlé de la surveillance et de la sécurité policière que le badaud découvre, étonné, pour le moins : Traverser la place relève de la gageure, d'ailleurs on n'en a même plus envie tant pullulent les uniformes. Mais de la gueule de qui se fout-on, franchement ? Le citoyen contribuable devrait-il s'en réjouir ? Tiens, je me demande, plutôt,  si je ne vais pas aller à mon tour camper un de ces jours sur la place Bellecour, histoire d'exposer moi-aussi ma bobine aux caméras et rencontrer quelques éminences du Régime.

 Autrefois, il y avait à Bellecour, une célèbre voiture aux chèvres qui, pour quelques sous, baladait les gosses autour du cheval de bronze. Aujourd'hui, il y a la Boutin qui ballade les caméras autour de sa personne. Et derrière les caméras les gosses que nous sommes. Un peu plus en arrière, le général de Castellane, Gouverneur de Lyon, venait y promener son bedon et passer sa revue militaire hebdomadaire sous le Second Empire. Ainsi, la place Bellecour a toujours été le lieu privilégié des parades de propagande. En quatorze, c'est là qu'on exposait les chars d'assaut capturés au front, afin de rassurer l'Arrière. Aujourd'hui, Sarkozy délègue Boutin pour y assurer sa communication sociale et rassurer les foules : « Tiens, voilà du Boutin ! Voilà du Boutin ! PoPoPoPoôôômmm ! »

L'enterrement de Jacques Martin a lieu jeudi; on peut donc imaginer que la zélée ministre du logement, qui n'aura qu'à traverser le pont pour se rendre à la primatiale, viendra se fendre d'un coup de goupillon à la mémoire du héros défunt. On peut imaginer aussi que quelques officiels ayant fait le déplacement en profiteront pour aller la visiter dans ses éphémères mais très médiatiques baraquements forains.  

 

17:00 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, lyon, boutin, actualité, sarkozy, société, logement | | |

samedi, 15 septembre 2007

Jacques a dit

La canonisation des people : voila une nouvelle invention médiatique, un genre nouveau qui relève de celui de la téléréalité funéraire ; l'Elysée est peut-être (ou peut-être pas)  en deuil... En tout cas, dans une chambre du Grand Hôtel de Biarritz, un ex-membre de la nombreuse & recomposée famille présidentielle vient de rendre ce qui lui restait d'âme. Jacques a dit « je me tire », en début du septennat de son ex, une bien étrange première dame de France, il est vrai. Quant à Nicolas qui, depuis qu'il préside les destinées du pays ne rechigne pas à se rendre aux enterrements, fera-t-il cette fois-ci le déplacement ? Question que tout le monde se pose, n'est-ce pas ?

Le fait est que le Petit Rapporteur fit se gondoler une France qui en avait bien besoin en 1974. Giscard d'Estaing (dixit Le Monde) aurait salué alors en cette émission "le journal le plus amusant de France". Desproges et Collaro qui y sévissaient  avec leur boss (déjà un peu ventripotent) distillaient un vent de délire salutaire sur des midis dominicaux pas toujours bien enchantés. De là à regretter, admirer, célébrer, vénérer... Un animateur-producteur, dont la carrière s'est finie en caca-boudin dans l'Ecole des fans n'est plus. Soit. Que cela nous permette aussi de rappeler à quel point les années soixante-dix furent avant tout celles du commencement de la merde télévisuelle tous azimuts. Jacques Martin, mais aussi Guy Lux, Bernard Pivot (tiens, un autre lyonnais), Drucker, tant d'autres qui auront chacun dans son domaine contribuer à peopoliser, neutraliser, et finalement, avec leurs nombreux clones et héritiers, gogoliser un peuple tout entier scotché à son écran. Tout cela contre une tradition culturelle face à laquelle ils avaient, sans doute, une revanche à prendre. Mythifier cette période d'inanité intellectuelle relève de l'imposture. C'est entre autres depuis plusieurs années le boulot de la Star'Ac qui, si tout ça continue, deviendra une Académie Française à soi tout seul. D'ormesson n'a qu'à bien se tenir, qui ferait un joli Immortel dans une ferme des animaux relookée en ferme des célébrités. .

La canonisation des people, comme celle d'ailleurs des politiques (Saint Barre, Saint Messmer...), c'est le prolongement frelaté d'une espèce d'Apocalypse culturelle, laquelle entérine définitivement la défaite de la pensée : Songez que les célébrités du baby boom n'ont pas encore vraiment commencé à claquer ! songez donc à la cohorte d'ex présidents, d'ex-premières dames de France, d'ex-premiers ministres, d'ex speakerines, de comédiens-comédiennes, de chanteurs-chanteuses, de présentateurs-présentatrices du 20 heures, de grands reporters qu'il va falloir regretter, et sortez vos mouchoirs pour le quart d'heure de condoléances qu'on leur doit à chacun, si ! si !, nous pauvres téléspectateurs qui leur devons tant et tant... Le quart d'heure funéraire, conséquence inévitable de ce qu'Andy Warhol appelait le « quart d'heure de celébrité »...

Après cela, jacques Martin reposera dans le cimetière de la Guillotière, dont la femme du gardien prit – véridique- pour amant le fameux truand Jules Bonnot…

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Cecilia & ses filles, primatiale Saint-Jean, Lyon

vendredi, 07 septembre 2007

Yasmina en quête de marguerites...

« Ce qui m'interésse, c'est de contempler un homme qui veut concurrencer la fuite du temps ». Eh bé! Rien que ça, Yasmina ! Profitant du récent boom de la littérature people ou de la littérature politique, bref, de l'avènement de la non-littérature, la Réza a flairé un bon coup éditorial. Un coup dans le genre d'Art, mais en encore plus démago, par ce que susceptible de toucher le grand public, c'est à dire l'ensemble des GFrançais qui ont voté ou n'ont pas voté pour le Sarko nouveau qui vient d'arriver. Il faut croire que parier sur la connerie des gens, c'est après tout un bon placement puisque ça marche ! Le Monde des livres, évidemment, qui depuis déjà bon nombre de rentrées n'a plus honte de rien, suit l'aventure de près. Et publie chaque semaine, avec un satisfecit ragoutant, la progression fulgurante de la miss, au box-office de la rentrée.

L'aube, le soir ou la nuit, on sait que c'est comme ça que ça s'appelle : manière de dire que Sarko-Reza (autre variante du coupleba78875aeb8e77c9eacc1b1d1638725a.jpg Sarko-Dati), cet étrange attelage, il n'a jamais une minute pour lui, quoi : l'existence, c'est boulot, boulot, boulot... En véritables pros qu'ils sont, l'un de la politique-comm', l'autre de la littérature-comm'. 192 pages de littéraire, donc, (forcément littéraire, aurait dit Marguerite Duras, illustre devancière de Yasmina dans ce genre d'entreprise qui consiste à légitimer le quelconque, du footballeur Platini au joggeur Sarkozy) durant lesquelles la Reza guette le regard plat, le détail insipide, voulant sans doute faire "un livre sur rien". Seulement voilà, ça fait lurette que n'est pas Flaubert qui veut. "C'est une étreinte que j'ai vue mille fois", dit-elle à propos de l'étreinte Clavier / Sarkozy... Son livre, c'est un livre qu'on a lu mille fois, quelque chose comme le carré vide qui a trôné au centre de la campagne électorale, qui trône au centre de notre époque. Le style de Reza, puisqu'il parait que ce récit ne tient que sur le style, c'est comme la cravate de Stéphane Bern dans un talk-show, voyez, ça défrise pas grand chose et c'est triste à mourir :

« Metteur en scène de cette superproduction, Teresa Cremisi, toute-puissante directrice littéraire de Flammarion. Pas question que les « épreuves » circulent auprès des journalistes politiques et des critiques.  Faire circuler le livre l’aurait défloré et aurait abîmé son caractère littéraire, explique-t-elle. Les anecdotes auraient été éparpillées et les gens auraient eu le sentiment d’avoir déjà lu le livre. »

Pas d’interviews, sauf une seule avec Le Nouvel Observateur. Pas de photos non plus. Leçon élémentaire de teasing : moins on montre, plus le désir grandit. Bien sûr, la stratégie échoue : fuites ou double jeu, Le Point a décortiqué l’ouvrage malgré l’embargo et des extraits copiés-collés ont fleuri un peu partout. L’éditeur habituel de la dramaturge, Richard Ducousset, directeur d’Albin Michel et coéditeur de L’Aube…, est un peu désabusé. « Même si c’était un mauvais livre, le succès serait là. C’est significatif de notre époque », déplore-t-il. Alors que les tirages habituels de Reza oscillent entre 50 000 et 80 000 exemplaires pour un roman et entre 20 000 et 30 000 pour une pièce, son nouvel ouvrage devrait rapidement devenir un best-seller." (Jean-Sébastien Stehli -L’Express)

Significatif de notre époque, en effet. Que faire ? Pendant ce temps-là, les Bleus de l'équipe de France ont déjà leur portrait dans le Figaro Littéraire. Je conseille à Yasmina d'ouvrir l'enquête dans les vestiaires où se cache peut-être son futur best-seller. Faute d'y trouver l'inspiration, elle y savourera du muscle et de la sueur, de quoi concurrencer la Duras en termes de forcément sublime ! ... Et puis, avec les nombreuses disparitions d'Immortels ces derniers temps, il y a des fauteuils à prendre à l'Académie. Elle peut, en continuant à ce train là, espérer marcher sur les traces d'une autre Marguerite. Mais Yourcenar, en ces temps-là, il est vrai, c'était une autre pointure, un autre calibre, une autre classe.

 

10:20 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : écriture, sarkozy, société, actualité, littérature, connerie | | |