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dimanche, 25 juin 2017

San Stefano

Cette petite église est vraiment loin d‘être la plus belle de Rome et ne présente pas un grand intérêt architectural ; elle est cependant riche d’un intérêt ) la fois surnaturel et documentaire. L'édifice a été consacré par le pape Simplice entre 468 et 483 à saint Étiennemartyr dont le corps avait été retrouvé quelques décennies auparavant en Terre sainte et transporté à Rome. L'église a été la première de Rome à avoir un plan circulaire, inspiré de l'église du Saint-Sépulcre, à Jérusalem. Confiée aux chanoines de Saint-Jean de Latran au Moyen-Age, elle tomba progressivement en ruines jusqu’à n’avoir plus de toit au XVe siècle.

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En 1454, le pape Nicolas V avait confié les ruines de l'église à la garde des Pères Paulins, seul ordre catholique fondé par les Hongrois. C'est la raison pour laquelle Saint-Étienne-le-Rond est devenu plus tard l'église non officielle des Hongrois à Rome. L'église a été restaurée par Bernardo Rossellino, probablement sous la direction de Leon Battista Alberti. En 1579, les jésuites hongrois prirent la suite des pères paulins. Le Collegium Hungaricum, établi par István Arator cette année-là en cette église, fusionna rapidement avec le Collegium Germanicum en 1580, devenant ainsi le Collegium Germanicum et Hungaricum, parce que très peu d'étudiants hongrois pouvaient se rendre à Rome, depuis que les Turcs occupaient le royaume de Hongrie.

Le cardinal titulaire de Santo Stefano al Monte Celio est Friedrich Wetter, depuis 1985. Son prédécesseur, József Mindszenty, était célèbre comme leader des catholiques de Hongrie persécutés par le régime communiste. L'archidiacre János Lászai, chanoine de Gyulafehérvár, a été enterré dans le couvent de Saint-Étienne-le-Rond en 1523. Lászai quitta la Hongrie et s'installa à Rome où il devint confesseur du pape. Son monument funéraire est un exemple intéressant de la sculpture funéraire de la Renaissance. L'inscription dit : « Roma est omnium patria » (Rome est la patrie de tous).

Au seizième siècle, Niccolò Circignani (Niccolò Pomarancio) et Antonio Tempesta sont chargés de peindre sur les murs du douzième siècle qui ferment la deuxième nef la représentation de scènes de martyres en tous genres. De l'etat islamiste avant l'heure. Ils réalisent ainsi 34 fresques. Pour Charles Dickens, dans ses Pictures from Italy (1846), c’est « un panorama d’horreur et de boucherie tel, que pas un homme ne pourrait l’imaginer dans ses rêves […]. Des hommes à la barbe grise sont bouillis, frits, grillés, coupés, brûlés, dévorés par des fauves, livrés à des chiens, enterrés vivants, mis en pièces sous les sabots de chevaux, taillés menu à la hache, des femmes ont la poitrine arrachée avec des pinces de fer, la langue coupée, les oreilles arrachées, la mâchoire brisée, le corps distendu sur une grille, ou écorché sur un poteau, ou qui grésille au milieu du feu – et ce sont là des sujets parmi les plus doux ».

 

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23:08 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : martyre, martyrs, san stefano, rome | | |

lundi, 28 décembre 2015

Le livre noir de la condition des chrétiens dans le monde

Y a-t-il au cœur même du christianisme une vocation au martyre ? La Nativité est à peine passée que l’on fête Étienne, le protomartyr, puis, aujourd'hui, les saints innocents. « Au terme du deuxième millénaire, l’Eglise est à nouveau devenue une Eglise de martyrs », avait lancé Jean Paul II dans le document préparatoire du Jubilé de l’an 2000. « Les persécutions qui frappent aujourd’hui les chrétiens sont plus fortes que lors des premiers siècles de l’Eglise », constate l’actuel pape dans une interview au quotidien barcelonais  la Vanguardia (1)

Aujourd'hui comme hier, donc, les Pilate, les Hérode sont légions. Après les régimes totalitaires du bloc soviétique du siècle dernier, un monde musulman désormais de plus en plus violent et fanatisé est en passe, pétrodollar oblige, d’acquérir droit de cité parmi des masses occidentales enfouies dans la consommation et de plus en plus déchristianisées. Le sort des Chrétiens d’Orient n’est pas le seul à être préoccupant : en Asie, dans des pays essentiellement bouddhistes ou hindouistes, le phénomène se propage également. Une guerre globale contre les Chrétiens serait-elle en cours ? C’est la question que soulève le dérangeant ouvrage de Samuel Liven, qui rassemble plus de 70 études et témoignages sous la direction de Jean Michel Di Falco, Thimoty Radcliff et Andrea Riccardi, et qui évoque précisément la condition faite aux chrétiens dans le monde.

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Le Vatican, ses pompes séculaires, l’histoire de la chrétienté : En Europe, nous n’avons pas conscience des dangers encourus par les chrétiens dans ces nombreux pays où ils sont minoritaires. Le tour d'horizon est édifiant. Persécuté et pourtant,  « le Chrétien d’Orient ne se considère pas comme un étranger, mais bien plutôt comme le citoyen le plus ancien et le plus authentique de son pays » rappelle l’évêque orthodoxe grec Paul Yazigi.

Aux enquêtes et aux reportages se mêlent des témoignages, comme celui de Mgr Casmoussa qui retrace son enlèvement en 2005 en Irak par un groupe d’islamistes armés.   « Comme un agneau mené à l’abattoir » (titre du chapitre) est le nom du psaume qu’il récita durant une nuit pour vaincre son angoisse, tandis que ses bourreaux se préparaient à l’exécuter. « Trente mois dans un conteneur » d’Helen Berhane, membre d’une communauté évangélique, prise en otage en Erythrée, en forme un autre. De la Corée du Nord à la Colombie, en passant bien sûr par l'Irak et la Syrie, ce tableau récapitule les 50 pays où le christianisme est menacé. Des chiffres à méditer, un livre à faire connaître autour de soi

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 (1) Cité par Andrea RICCARDI , « d’un continent l’autre » p 154

dimanche, 28 décembre 2008

Le sens des Innocents

A la fin du chapitre qu'il consacre à Saint Etienne, Jacques de Voragine (La Légende dorée) réfléchit à l'organisation du calendrier liturgique qui, juste après la Nativité, place la célébration de trois martyres : ceux d'Etienne, de Jean, des Innocents. Voici ce qu'il rappelle :

"L'église a eu deux raisons pour organiser ainsi les trois fêtes qui suivent Noël. 

La première, c'est de rassembler ses compagnons autour de l'Epoux et du Chef. En effet, le Christ époux, en naissant, a conduit vers l'Eglise trois compagnons, dont on dit dans le Cantique : Mon bien-aimé est clair et vermeil, il est insigne plus que dix mille.  Clair est Jean l'Evangéliste, confesseur éclatant; vermeil est saint Etienne le protomartyr; insigne plus que dix mille est la multitude vrginale des Innocents.

La seconde raison est la suivante : l'Eglise réunit ainsi, selon leur degré de dignité, tous les genres de martyres dont la naissance du Christ martyr a été la cause. Or il y a trois types de martyre : le premier consiste en une volonté et un acte, le second en une volonté non suivie d'acte, le troisième en un acte et non une volonté. Le premier type se réalisa en saint Etienne; le second en saint Jean et le troisième dans les Innocents."

Voilà ce qui s'appelle créer de la signification. Ce que les sociétés dans lesquelles nous nous trouvons ne savent absolument plus faire. A un point qui a même cessé d'être consternant. D'où leur nullité. Et leur agonie. Loin, fort loin des Innocents.

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Rubens, Massacre des Innocents 1621