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dimanche, 11 janvier 2015

Rions

Autour de leur totem situé au centre du village, représentant une allégorie en bronze d'une divinité païenne qu’ils nomment la République, une partie des habitants de la contrée hexagonale, poussée par un mot d’ordre relayé d’écran en écran, s’est rassemblée aujourd’hui pour marcher derrière son chef et les principaux manitous qui les dirigent en leur distribuant des images. Les chefs et les manitous de tribus voisines, tous ayant nom « Hautes Personnalités » (avec, notons le au passage, un emploi fautif de la majuscule) se sont joints à la célébration, sentant sans doute le parti qu’ils pouvaient en tirer auprès de leurs propres opinions. Ils ont donc défilé auprès des « basses personnalités »  (dénuées de toutes majuscules mais affublées du sobriquet étrange de Charlie, et massées les unes contre les autres). Ces hautes personnalités constituent le clergé de cette étonnante religion sans dieu, autour de laquelle coagulent des milliers de fidèles semble-t-il désemparés. Leurs prêtres, des hommes en costumes gris ou bleus, égrènent la litanie de « valeurs », notions vagues et sacralisées, de plus en plus désincarnées parce que de plus en plus démenties par la réalité de tous les jours, ayant nom liberté, égalité, fraternité, solidarité. Ces paroles magiques forment leur credo inlassablement débité en une sorte de récitation médiatique dont les chaînes d’info sont les temples les plus fréquentés.

Ils ont leur grand prêtre, un individu banal issu de leur rang et régnant pour cela en tyran sur eux tous en s’appuyant sur des corps dits intermédiaires, au nom de la normalité. La normalité est un concept essentiel de leur religion qui vise à faire de l’autre, quel qu’il soit, une sorte de même soumis au diktat de leur justice et au contrôle de leur loi. Ce chef mythomane et délirant se réjouit parmi eux que leur petit village soit devenu, le temps de la célébration et à force de dramatisation « la capitale du monde ».

Par ce genre de marches rituelles, les fidèles pensent ainsi conjurer leurs démons, qu’ils nomment « terroristes », et qui incarnent le contraire de leurs valeurs, c'est-à-dire la « barbarie » la « haine », sans qu’on ne sache jamais quelle politique menée en sous main l’emploi de ces termes creux dissimule. Le plus étonnant, au regard des observateurs impartiaux, est que ces gens sont persuadés qu’ils constituent une société parfaitement évoluée, une sorte de nec plus ultra de l’humanité, une quintessence de la civilisation devant laquelle, au regard du concept creux d’universalisme qu’ils ont inventé entre eux, toutes les autres se trouveraient rejetées dans l’obscurantisme et les ténèbres, et seraient vraiment arriérées. Rire, d’accord, mais avant tout rire de soi, telle est la marque, disent-ils, de l’intelligence et de l’esprit. Espérons que les défenseurs de la liberté d’expression, les apôtres de la tolérance qu’ils prétendent être riront de ce billet. 

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Cette manie ancestrale, d'ériger le totem au centre du village...

13:40 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : république, marche, je suis charlie, hollande, politique, etc | | |

vendredi, 09 janvier 2015

Rien ne change

Ceux qui ont voté pour le changement doivent quand même sérieusement s’en mordre les doigts. J’écoutais tout à l’heure Cazeneuve et Valls, l’un sur une chaîne, l’autre sur une autre, débiter leurs explications sur les événements (ce qu’ils nomment ainsi) un peu comme s’ils étaient les directeurs du collège ou de la crèche républicaine, des nounous de grands enfants. Pas un mot sur leur politique en Irak, en Syrie, au Mali. Pas un mot de géopolitique. Pas un. Surveillants généraux de la grande cour de récréation qu’est devenu le territoire national. Tout comme Chirac annonçant en son temps, le visage empli de tics, la mort de George Besse sans même évoquer Eurodif, la face emplie de rictus de Valls. Nos bons dirigeants nous appellent donc à venir marcher auprès d’eux dimanche avec notre bougie au cœur pour manifester notre solidarité avec je ne sais quel fantôme républicain que de litanies en litanies, ils peinent de plus en plus à incarner. Et ce au nom de la fraternité, la religion dont ils sont les prêtres aussi vides que terrifiants.

 

Je me souviens avoir pris part aux manifestations contre la guerre en Irak, il y a des années de cela. C'est pourquoi la photo de classe se fera sans moi, dimanche, parce que, de Dieudonné à Wolinski, les comiques s’en ramassent trop plein la gueule sous leur gouvernement, vraiment. Rire, disait Rabelais, bien plus qu'une valeur [ je ne peux plus entendre ce mot, je crois ] bien plus qu'une valeur, donc, le propre de l'homme. Mais en ces temps de répression langagière...

L’arbitraire du signe aussi s'en ramasse plein la gueule. Naïf, peut-être, je croyais habiter dans un pays riche de sa culture et évolué, où l’arbitraire du signe avait force de loi. Mais dans le pays des valeurs et de la démocratie , depuis Christiane Taubira, sa révolution sémantique en cours, il est des mots comme des dessins qu’il ne fait pas bon mettre en avant. Un mot, un dessin, et nous voila sous le coup de la loi. Il était inévitable que les mots et les dessins se heurtent, inévitable face à une telle régression culturelle. Légiférer les mots, judiciariser la langue, voilà deux processus dictatoriaux dont les états comme les religions qui sacralisent la loi se régalent. Que des gens songent sérieusement à aller défiler derrière Hollande, Sarkozy, Merkel, Cameron,,Renzi, Rajoy et Porochenko pour défendre des valeurs (1), eux qui balancent des bombes aux quatre coins de la planète et sont les fossoyeurs de nos souverainetés historiques me fout la gerbe, la nausée, le dégoût non pas de mon pays, la France, mais vraiment pour le coup, de la république de France qui faute de pouvoir gouverner le pays, tente de se sacraliser sur son dos. Les valeurs de César, je les lui rends avec plaisir...

La France a fait face, dit le pingouin. La France n'a fait face à rien du tout. Elle est, c'est à dire nous sommes, pour un moment, dans une belle merde, et ce entre autres grâce à lui. Bon défilé à ceux qui défileront dimanche derrière son dos.

 

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 Il n'y a pas que les charognards politiques. Les paris financiers vont aussi bon train. Sur ebay, le dernier numéro de CHARLIE se monnaie 75 350 euros  ( capture d'écran ce vendredi à 23 38, fin de la vente dans 14 heures  - cliquez dessus pour agrandir )

 

(1) Les valeurs, disaient Platon, ce sont le juste, le vrai, le bien, le beau... Nous en sommes (c'est peu de le dire) fort éloignés...