mercredi, 02 janvier 2013
Le chemin de Tardi
Dans l’avalanche d’infos insipides, idiotes ou de pure propagande, les bonnes nouvelles sont suffisamment rares pour qu’on prenne la peine de les saluer ; en voici une : Tardi vient de refuser la Légion d’Honneur Ça ne m’étonne pas.
Tous les lecteurs d’Adèle Blanc-Sec, du Voyage, du Cri du Peuple, du Stalag II B et de La guerre des tranchées le savent : Tardi est un mec bien. Il n’a donc pas envie de se retrouver embourbé dans le régiment aussi folklorique qu’insignifiant des sportifs, humoristes et autres décorés du Nouvel An à qui l’on attribue chaque année cette distinction devenue plus médiatique qu’honorifique. Un ruban tralala, même plus mondain au sens que la bonne société donnait jadis à ce mot et qui, à sa façon, reste un genre d’allégeance. Il refuse, dit-il, de se trouver « pris en otage par quelque pouvoir que ce soit ». Il veut continuer son chemin de solitaire. Il a raison. Emboitons lui le pas. C’est le bon.
Tardi, Mort à Crédit
14:36 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : tardi, légiond'honneur, france, bandes dessinées |
mardi, 01 janvier 2013
Qui l'aura beau le montrera
Nous avions débuté l’année dernière en patois, avec une chanson sur le souhait d’une fête qui s’est métamorphosée, hélas ! en une chanson sur la continuation d’une crise. Voici pour débuter 2013 cette chanson contre Perrichon, un lieutenant de police qui avait interdit les baignades en Saône en 1740 aux gens qui venaient s’y laver. Puisqu’il n’y a plus de saison, comme l’affirme le populaire, cette chanson, publiée pour la première fois par Boitel, dans L’entrée magnifique de Bacchus en 1838 paraît de circonstance pour un 1er janvier, réchauffement climatique et dérèglement planétaire obligent.
Ah que fera chaud ojordi !
Que fera bon, après midi,
Se jeta la têta premire,
De dessus l’arcade du pont,
Et montra à la batelire
A la renvera, lo popon !
Je son cinquanta charboni,
Si je chion, y est tot por li.
L’iau no raffraichie et no décrasse,
La pesta creva lo rogniu !
Je lavons notre tisonasse,
Y n’i a qu’à se buchi lous yu.
Crey-mi ne va pas te bagni
Ma foi, y n’i a rien a gagni.
Que diable vou-tu que je gagne ?
Perrichon l’a défendu.
S’i ne vous pas que je me bagne
Qu’i vienne me lichi le cu
Il a mais d’aime que n’est grand ;
Le diable le chia en volant ;
Y va faire una bella prise !
Les culottes, il emportera ;
Je nes en iran sans chemise :
Qui l’ara biau lo montrera.
Ah qu’il fera chaud aujourd’hui !
Qu’il fera bon, après-midi,
Se jeter la tête la première,
Depuis l’arcade du pont,
Et montrer à la batelière
A la renverse le poupon !
Nous sommes cinquante charbonniers,
Si nous ch…, c’est tout pour lui,
L’eau nous rafraîchit, nous décrasse,
La peste fasse crever le grincheux !
Nous lavons notre pique-feu,
Il n’y a qu’à se boucher les yeux.
Crois-moi, ne va pas te baigner,
Ma foi, il n’y a rien à gagner.
Que diable veux-tu que je gagne ?
Perrichon l’a défendu.
S’il ne veut pas que je me baigne
Qu’il vienne me lécher le cul.
Il a plus d’esprit qu’il n’est grand ;
Le diable l’a chié en volant.
Il va faire une belle prise !
Les culottes, il les emportera ;
Nous nous en irons sans chemise ;
Qui l’aura beau le montrera.
01:11 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : perrichon, saône, lyon, premier de l'an, voeux, patois lyonnais, littérature, france |