lundi, 20 juin 2016
Monsieur Hollande : premier bilan
On entend dire un peu partout, et c’est sans doute vrai, que le quinquennat de monsieur Hollande s’achève avec cette loi El Khomri que le gouvernement va faire passer au forceps sitôt l’été un peu engagé, l’année qui vient étant une année de campagne électorale. Il est donc temps de commencer à dresser un bilan en s’essayant à l’objectivité, pour peu que cette notion ait du sens en politique.
Sur le plan législatif, l’action de ce président sera associée à trois lois, celle du « mariage gay », abusivement nommée « mariage pour tous », celle du pacte de responsabilité, celle sur le travail. Ce président qui se voulait à la fois « homme de la synthèse » et « président normal » sera parvenu avec la première et la dernière à se mettre à dos deux des plus vieilles institutions du pays : l’Eglise et la CGT, les catholiques [et bons nombres de musulmans] ainsi que les communistes. Avec la deuxième, il s’est décrédibilisé auprès de son cœur de cible, le PS historique. La feuille de route que lui ont tracé ses propres maîtres apparaît ainsi clairement en creux : réformer en profondeur et les mœurs et les marchés, déstabiliser le pays à la fois sur un plan social et moral afin de faire triompher en France ce que les codirigeants de l’ordre mondial font triompher dans les autres pays européens. Est-ce manquer d’objectivité que de dire que monsieur Hollande n’est qu’un valet de pied du système, et non un chef d’Etat ? Son quinquennat, c’est le moins qu’on puisse dire, ne fut pas drôle : outre l’assassinat des dessinateurs de Charlie, coupables d’avoir caricaturé outrageusement le Prophète, une décision sans précédent du Conseil d’Etat interdit les spectacles du comique Dieudonné, coupable de railler l’ordre sioniste perché sur son inlassable devoir de mémoire dû aux morts de la Shoah ; je retiendrai au passage que ce président qui s’illustra en acceptant « par tradition » son titre de chanoine de Latran sans daigner se rendre même au Vatican pour le recevoir, fut davantage un visiteur de mosquée et de synagogue que d’église ou de cathédrale, en tout cas sous l'œil (comme on dit) des caméras. Nul doute que son souci, ce faisant, était de s’inscrire dans ce que lui et son staff appellent « la modernité ».
Sur un plan extérieur, sa politique vis-à-vis de Poutine – à qui il refusa de vendre des porte-avions alors qu’il décora un prince saoudien – comme vis-à-vis de Bachar-al-Assad, dont il soutint les adversaires avant de faire volte-face sous la pression des attentats ne fait pas de lui un haut stratège ni un grand visionnaire. Sous son quinquennat, la France aura vendu plus d’armes qu’elle n’aura diffusé d’idées nobles et de projets culturels. C’est même sur ce plan là que, reniant ses fondamentaux pour soutenir des minorités incompatibles entre elles (les gays et les musulmans par exemple), elle aura été le plus ridicule.
Bref. Que garder de monsieur Hollande ? Sa fameuse courbe nous dit-on va s’inverser et, pour abaisser totalement la fonction présidentielle, certains disent qu’il songe à se présenter aux primaires que son parti tente d’organiser, afin de retrouver un peu de crédibilité. Texto. Les communistes moins les catholiques moins les musulmans moins les socialistes – je veux dire, dans les trois cas, pratiquants, cela explique la popularité du monsieur dans les sondages. Quand on pense à ça, à l’énergie qu’il déploie [et à l’argent qu’il dépense] pour préparer déjà sa réélection, on se dit qu’en terme d’honneur également, le candidat est en déficit. Quant à moi, j’ai retrouvé sous son quinquennat les taux les plus élevés d’impôts, alors que je ne suis ni ce qu’on appelle un héritier, ni ce qu’on appelle un nanti. Pour autant, je n’ai jamais vu tant de gens tendre la main dans la rue, dormir sur des cartons, boire de l'alcool et parfois s'entretuer ; je n’ai donc jamais senti la fameuse paix sociale à ce point compromise, non par des syndicalistes enragés comme les médias à la botte du système le susurrent à longueur d'éditoriaux, non par des groupuscules d'extrême droite comme les mêmes sont prêts à le dire à la première occasion, mais par les tensions palpables entre les uns et les autres, les communautés diverses et les individus multiples à l’heure de la guerre entretenue entre tous et chacun, entre chacun et tous. La France, en bref, n'a jamais été autant pauvre et clivée depuis la Libération. De quoi réfléchir avant de pénétrer prochainement dans l’isoloir, si un tel acte possède encore un sens à ce degré de délitement démocratique et de mépris souriant du peuple.
Un président normal...
21:21 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : françois hollande, france, europe, primaires socialistes, politique, vote, dieudonné, charlie |
Commentaires
Tableau affligeant, tableau au plus proche de la réalité...
Tu aurais pu aussi rappeler ceci :
A peine installé au palais, la guerre au Mali et cette réflexion ahurissante : "c'est le plus beau jour de ma vie politique!"
Sous prétexte de droits de l'homme, partout bafoués surtout en Arabie Saoudite, ce Monsieur a porté chez nous le sang et les larmes de janvier et de novembre 2015.
Son impéritie, son ignorance totale des clivages entre les mondes et les cultures ont fait de lui le premier responsable des horreurs perpétrés à Paris.
L'Histoire retiendra....
Et, de la part du peuple français, ce serair un aveu d'idiotie que de le reconduire dans les fonctions auxquelles il ne comprend rien.
Écrit par : Bertrand | mercredi, 22 juin 2016
Très beau texte. En revanche, je ne vois pas ce que les croyants peuvent reprocher à la réforme du marriage... civil.
Écrit par : Jérémie S. | vendredi, 24 juin 2016
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