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jeudi, 21 novembre 2013

L'Europe des déchets

Je découvre par hasard que cette semaine qui s’achève était la semaine européenne des déchets. Je connaissais l’année du Dragon, le mois du muguet, la journée de la femme, la minute de silence, mais j’ignorais que les semaines étaient aussi à l’honneur. Le temps, comme l’espace, est  donc encombré, saturé jusqu’à la nausée. Une semaine des déchets, curieuse idée qui n’a pu germer que dans la cervelle désœuvrée d’un fonctionnaire européen et belge de surcroît. Une tête blonde, peut-être, allez, ce serait la totale, blonde, belge et européenne, comme on dit de nos jours..

Tout ça pour propager dans les écoles, associations, institutions, et jusqu’au fond de nos hameaux  l’idée du tri sélectif et de la réduction des déchets.  Le terme ne doit pas être confondu avec la bonne vieille ordure, du vieux français ord qui signifiait « sale ». On peut être une ordure sans être un déchet, n'en déplaise aux bien-pensants. Ni avec  détritus, issu d’un verbe signifiant user en frottant.

Le déchet, qui provient du verbe déchoir,  a quelque chose à voir avec la déchéance, la fin de vie, la fin de race comme aurait dit Ludwig II. D’une certaine façon, nous autres Européens désormais  condamnés à survivre dans une zone entourés d’objets culturels indéterminés, nous sommes tous des déchets. Le fonctionnaire illuminé a donc eu  une bonne idée de créer cette semaine-ci. C’est la semaine de l’euro, celle  de la zone et de sa Commission,  des lobbies et des partis, des technocrates et des stars de football, des règlements abusifs et des taxes.

L’Europe des déchets. Que voilà un beau titre pour une toile crachée en quelques minutes, jaillie de la matière même de son peintre ; ou pour un roman de cent deux pages écrits avec 600 mots sans jamais dépasser la structure sujet verbe complément et lisible dans toutes les langues du marché. Ou pour un bâtiment délirant et bouffeur de subventions, entre le Bauhaus et la fraise-tagada, qu’une ministre de la CuCullture dans le genre de FiIippetti viendrait inaugurer en pensant à tout ce qu'elle doit à sa mère devant un parterre d’élus  somnolents. Ou pour un french-blockbuster racontant les mésaventures d’un garçon qui voudrait être une fille pour satisfaire les instincts mortifères de sa vieille maman, et finirait en tireur de l'ultra-gauche à moitié suicidé dans une caisse au fin fond d’un terrain vague.Ou pour les embrassades d'un ex-président de Chiraquie complètement gâteux et d'un nouveau en passe de le devenir. Faire semblant use.

Des déchets, rien d'autres. Faut s'y faire. Absolument, ou mourir. En se consolant dans les pages de Robert Challe ou d'un autre Illustre Ancien. Ou bien en suppliant une vieille chapelle romane du  Brionnais de nous accorder pour de vrai un bref et salutaire asile, loin de la furie du temps et du spectacle qui tourne en boucles des capsules.

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Commentaires

Les déchets, c'est, selon Zygmunt Bauman, la nouvelle référence de notre contemporanéité. Déchets d'un excès consumériste, d'une obsolescence édictée en principe économique majeur (il faut du déchet,sans cesse, pour que s'activent les profits), déchets des hommes infiniment substituables. On lira avec profit (?!!) deux livres de lui : "La vie liquide" et "L'éthique a-t-elle une chance dans un monde de consommateurs ?"...

Écrit par : nauher | vendredi, 22 novembre 2013

Une promenade dans les bois frisquets cet après midi, les sentiers constellés de sacs plastique, de boites de bière, d'ordinateurs éventrés, et autres joyeusetés. Je précise que la ville met à la disposition de tous une déchetterie gratuite et bien située. J'enrage.

Écrit par : Julie des hauts | samedi, 23 novembre 2013

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