jeudi, 05 septembre 2013
Le loriot de septembre
« Et la couleur est seule
A chanter ses chansons.
Apaisement. Silence »,
écrit Richepin dans le poème qu’il consacre à Septembre (l’écouter PAR ICI). C’est peu dire que les politiciens ne prennent jamais les poètes au sérieux, ni ne les écoutent autrement, que dans le cadre d’une religiosité feinte. Pourtant ils tiennent à ce que les enfants apprennent leurs poésies à l’école, comme ils font du macramé ou de la morale laïque. Dans l’Antiquité, la poésie et la guerre pouvaient marcher de pair, voyez Homère et Virgile.
Mais la guerre technologique a brisé ce lien essentiel : le lyrisme des politiciens n'est qu'une obscénité linguistique, une sorte d'usurpation, car à présent, ni la guerre ni la poésie ne fondent plus la cité. Parce que la guerre n'est plus un combat de corps à corps où pourrait s'immiscer quelque loyauté, mais un jeu cynique et politicien avec la vie d'autrui et les caprices de l'opinion. Relisons ces trois vers de René Char, poète et guerrier à sa façon, qui écrivit le 3 septembre (décidément) 1939 ce poème, le loriot. On ne peut mieux dire l’incompatibilité moderne entre guerre et poésie :
« Le loriot entra dans la capitale de l’aube
L’épée de son chant ferma le lit triste
Tout à jamais prit fin. »
Alors pourquoi nous parle-t-on de lyrisme à propos du discours des va-t-en guerre ? Béraud l'a aussi dénoncé, ce lyrisme de faussaires, en rappelant dès son retour du front, des armes chimiques, justement : la guerre n'est pas un sujet de littérature. Me demande ce qu'il penserait de tous ces députés, des absents comme des présents, jouant à donner des avis sérieux sur une réalité que ni eux ni moi ne saurions imaginer dans nos existences molles et avachies. Je me demande ce que c'est que de vivre à Damas aujourd'hui, d'entendre ces menaces de lointains pingouins entretenus, jouant avec une force qui n'est pas loyale, qui n'est pas leur, de ressentir dans toute sa fibre la précarité de soi, de sa maison, de ceux qu'on aime. A cette pensée, je me sens comme un gadget inutile, et je considère tous ces faux puissants que l'Occident et sa technologie ont inventé, comme des êtres sans chair ni substance, même pas des usurpateurs, du vide, du vent. Et vraiment, il me prend le mal de Dieu.
05:04 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : septembre, poésie, rené char, jean richepin, littérature |
Commentaires
La marine de guerre s'en est allée, les vieux gréements vont la remplacer dans le port de Toulon. Les charpentiers de l'arsenal ne pourront pas réparer quelques avaries, la scierie sera en chantier naval.
Il faut reconnaître que c'est un drôle de gus, le Bachar. S'il a eu le bac, ce n'est pas avec l'option "latin". Il semble s'indigner du sort qu'on lui promet, il considère les futurs assaillants comme des amis,l'ignorant! Alors que "Qui bene amat,bebe castigat"...Quel benêt (d'âne)...
Écrit par : patrick verroust | jeudi, 05 septembre 2013
"Alors pourquoi nous parle-t-on de lyrisme à propos du discours des va-t-en guerre ?"
en creusant un peu plus loin que la question de surface, on peut également se demander pourquoi aphrodite est la seule des dieux à ne pas craindre, voir même à apprécier, ares.
en fait, la guerre et la violence génèrent également une forme d'esthétique à qui d'aucuns peuvent attribuer une certaine beauté.
Écrit par : gmc | dimanche, 08 septembre 2013
Ce que vous dites était vrai du temps des Grecs et des corps à corps. Et peut-être jusqu'à Napoléon. La guerre de 70, puis celle de 14 et les suivantes ont cessé d'être des guerres"lyriques". C'est d'ailleurs ce que montre très bien Lintier dans ses deux journaux de guerre.
Si ce connard de Hollande et cet autre connard d'Obama voulaient aller s'empoigner en corps à corps avec Bachar, on les laisserait aller. Je ne sais pas si ça serait esthétique, au moins ça serait plus inoffensif.
Mais j'ai bien peur que les guerres technologiques menées par des bureaucrates au nom d'idéologies laissent Arès et Aphrodite de marbre.
Écrit par : solko | dimanche, 08 septembre 2013
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