lundi, 18 juillet 2011
Le ministère de la Parole des papes d'Avignon...
2012 : Imaginons qu’un des candidats socialistes en goguette à Avignon ce week-end entre in fine à l’Elysée. L’une de ses premières prérogatives devrait être, je crois, de nommer l’un de ses copains au Ministère de la Parole, tant ils auront passé leurs primaires à blablater sur du vent dans ce qui n’apparait qu’une opération pour faire du buzz chaque jour, six mois avant le début de la campagne officielle, au risque de lasser tout le monde.
La polémique du WE fut donc celle initiée par les propos de François Fillon reprenant ceux d’Eva Joly. Tous nos arpenteurs des trottoirs avignonnais de se déclarer choqués, indignés, scandalisés. Le pompon, comme toujours, revenant à la fille de Delors qui, avec l’allure de la bourgeoise décontractée, adopte de plus en plus le ton ferme de la dame patronnesse faussement outragée : « Si j’étais présidente de la République, j’aurais un Premier Ministre qui traite comme ça un de mes citoyens (notez ici le déterminant possessif), eh bien je lui demanderais de partir »
Or qu’a donc dit Fillon ? Que quelqu’un qui propose de remplacer un défilé militaire par un défilé citoyen « n’a pas une culture ancienne de l’histoire et des valeurs françaises », une allusion -finaude ou pas- à la bi nationalité d’Eva Joly étant évidemment sous-entendue : mais quoi, n’est-ce pas la vérité ? Il se trouve qu’Eva Joly est bien norvégienne et française, il se trouve visiblement qu’elle n’a pas une culture ancienne des valeurs françaises pour proposer un truc pareil. (les candidats socialistes l’avaient d’ailleurs tous reconnu la veille). Fillon ne dit là que deux vérités, en faisant mine d’établir un lien entre les deux. Il en rajoute avec raison depuis, en taxant Joly de mauvaise foi, qui comparait les défilés des Champs Elysée avec ce qui se passe en Corée du Nord (toujours cette rhétorique éculée). Il faudrait pourtant, dixit Martine, le révoquer
Fut un temps où les candidats socialistes visitaient des usines ; aujourd’hui ils jouent les papes et se baladent dans les festivals huppés (le populo et le in d’avignon, n’est-ce pas…). Fut un temps où ils faisaient de réelles propositions, aujourd’hui, histoire de marquer leur fameuse différence, ils ne proposent que des indignations (Décidément, Hessel a fait des émules). Et nous expliquent à longueur de lieux communs comment il faut penser. Il est à craindre que leur fameux changement, si ces doctes personnages arrivaient au pouvoir, se limite donc à peu de choses. A la création d’un Ministère de la Parole, sorte de Halde institutionnalisé ? Ça fait rigoler le chaland, bien sûr. En attendant de faire froid dans le dos.
Palais des papes, ministère de la parole
00:06 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : socialistes, aubry, avignon, eva joly, françois fillon |
Commentaires
Rien à voir, mais qu'est-ce qu'il est beau, ce Palais des papes... :0)
Écrit par : Sophie K. | lundi, 18 juillet 2011
Ouaip.
Et je pense à toutes les compagnies qui peuplent en ce moment le off, tractant toute la journée, paradant dans les rues pour attirer le chaland, draguant la presse pour un entrefilet misérable, quand il suffit que ces pingouins/pingouines, professionnels de la récup' se pointent pour avoir une couverture médiatique nationale en boucle,laquelle ne leur sert qu'à leur propagande anesthésiante. Quand j'entends Aubry parler culture devant les caméras comme je l'ai vu filer une pièce de 2 euros à un pauvre devant ces mêmes caméras,tirant la couverture à soi à soi et à ses lieux communs, j'ai envie de sortir mon flingue...
Écrit par : solko | lundi, 18 juillet 2011
ce doit être un phénomène d'acculturation, les gens croient qu'un palais des papes est fait pour papoter. Mais , il faut avouer qu'ils ne sont guère,conciliants. Les politiques pensent conjurer les drames, les tragédies,en jouant la comédie pour veaux de ville et veaux des champs.
Écrit par : patrick verroust | lundi, 18 juillet 2011
Excellentissime.
Écrit par : solko | lundi, 18 juillet 2011
Après les pirouettes de Patrick, je reviens au "raplapla" du ton sérieux, qui n'en est pas moins amical. :)
Eva Joly a, à mon sens, rappelé que la "nation", c'est aussi un "peuple" et sans doute la droite et la finance supportent-elles très mal la notion que recouvre ce mot...
Joly n'a sans doute pas de leçon à recevoir quant à ses connaissances sur la défense nationale, puisqu'elle a suivi (certes, c'était il y a 15 ans) une formation à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN, établissement public chargé de former des civils et des militaires aux questions de défense).
http://www.ihedn.fr/userfiles/file/institut/decret/Extrait%20JORF%2024%20juin%202009.pdf
Le Palais des Papes, j'aimerais bien y être en ce moment...
La présence des politiques à Avignon : on peut toujours penser que cela ne sert à rien... Les discussions ne m'ont jamais semblé inutiles. Et puisqu'ils vont dans la rue, ces politiques, allons donc les y interpeller.
Écrit par : Michèle | lundi, 18 juillet 2011
Franchement, je ne crois plus aux politiques. Si je m'en prends plus à ceux de gauche sur ce blog, c'est parce qu'ils m'énervent plus que les autres à jouer les vertueux, à illusionner les gens. Joly est aussi populiste avec sa proposition que ceux de droite, Le Pen comprise, qu'elle critique. Aubry n'est jamais dans la rue sans les caméras. Ils ne sont pas dans la rue, la rue et les gens ne sont que des décors qu'ils prennent en otage pour l'émission. Interpeller ? A quoi cela sert-il. Regardez ce qui est arrivé à celui qui a interpellé Sarkozy récemment ? Croyez vous que ceux de gauche soient moins arrogants ?
On est soit dans la société du spectacle, soit dehors. Entre la fille de Delors et Sarkozy, contrairement à ce que la dame veut faire croire, pas l'ombre d'une différence...
Écrit par : solko | lundi, 18 juillet 2011
Moi non plus, Solko. Je ne crois pas aux politiques. Pour la bonne raison qu'il n'y a pas à croire ou ne pas croire. Nous n'avons pas trouvé mieux que la représentation-délégation, mais il ne dépend que de nous d'être vigilants et d'exiger le respect des contrats.
Pour le reste, ce qu'ils disent les uns des autres, de préférence dans les oreillettes et sous l’œil des caméras, nous savons bien que ce n'est que pour se chasser mutuellement de l'auge dans laquelle ils ont ou avaient le groin...
Écrit par : Michèle | mercredi, 20 juillet 2011
ces messieurs dames veulent la clef du garde manger pour s'en mettre plein la lampe le plus longtemps possible...
Écrit par : prelle | vendredi, 26 août 2011
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