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mercredi, 13 octobre 2010

Intercontinental ou Hyatt pour l'Hôtel-Dieu ?

En ce mois d’octobre se discute l’avenir de l’Hôtel-Dieu. On saura courant novembre quel projet sera retenu. Pour résumer les choses, le choix doit s’effectuer entre une chaine d’hôtels de luxe et une chaine d’hôtels de luxe. Palpitant ! Intercontinental ou Hyatt ? Telle est l’alternative laissée par le maire socialiste. Et donc, le dossier le mieux bouclé sur les plans juridiques et financiers (avec sans aucun doute d’autres petits arrangements entre frères en coulisses), sera celui qui l’emportera. L’un serait, nous dit-on, plus « lyonnais » que l’autre, en ce sens que le projet soutenu par le goupe Eiffage/Genérim (prometteur et investisseur), AIA Constantin (architecte) et D.Repellin (architecte du patrimoine), projet auquel s’adjoint la chaîne Intercontinental intègre la création d’un pôle sante (musée de la santé et centre de congrès pour accueillir des colloques médicaux) tandis que l’autre, soutenu par le groupe Nexity et l’architecte star Rudy Riccioti joue la carte exclusivement hôtel/ commerces/ bureaux. Si l’on peut préférer le premier projet au second (lequel ouvrirait aussi davantage le lieu à des boutiques et des commerces accessibles), c’est comme on préfère la peste au choléra : car en faisant le choix de ne pas mettre un seul sou d’argent public dans le projet de réaménagement, Gérard Collomb aura montré aux yeux de tous la faiblesse de ses choix culturels, lui si enthousiaste par ailleurs pour soutenir les ambitions pharaoniques de Jean Michel Aulas à Décines.  Ce qu’il fallait faire, c’est faire au moins tout son possible pour éviter le recours au privé dans ce bâtiment public symbole d’une toute autre histoire que l'hôtellerie de luxe.  Il ne l'aura pas fait. Même pas tenté.

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Jean Couty : Dôme de l'Hôtel-Dieu à Lyon

 En réponse au cardinal Barbarin qui souhaitait qu’« un petit 10% » du site restât  «respectueux de ces mille ans d’histoire et d’accueil des malades et de la pauvreté au cœur de Lyon », le discours ironique de Collomb sur les « contraintes terrestres »[1]  révèle l’étroitesse de son esprit au regard de la mission historique et de la politique culturelle qui devrait être celle d’un maire de Lyon. Mais que dire et que faire, dans cette situation de spectateurs, aussi désolés qu’impuissants, dans laquelle nous sommes placés ? Sinon rappeler que cette étroitesse d’esprit, quand on se souvient d’Edouard Herriot et de la Charité, de Louis Pradel et du complexe autoroutier de Perrache, est hélas ici une espèce de tradition locale.

Pousser un coup de gueule même, cela ne sert plus à rien.

En l’absence de toute common decency, nous voici des citoyens fantoches, tant sur le plan municipal que national, face à des princes de mauvais vaudevilles qui, d’un étage à l’autre de la responsabilité politique, se la pètent avec arrogance et jouissent du pouvoir octroyé par leurs mandats pour imposer leurs choix en s’appuyant sur ceux de leurs complices et prétendus opposants. C’est ainsi que Gaudin justifia à Marseille la « contrainte » où il se trouvait de vendre l’Hôtel-Dieu phocéen par la manière dont Aubry avait sacrifié le couvent des Minimes à Lille, ce que Collomb pourra toujours à son tour…

Le serpent nous encercle tout en se mordant la queue.



[1]  « Je suis comme monseigneur Barbarin, j’ai l’espérance du ciel et les contraintes de la terre… » a lâché le maire de Lyon, en  renvoyant le prélat aux conditions tout aussi équivoques dans lesquelles il a vendu son Grand Séminaire : au plus offrant (BuildInvest) pour faire des logements de haut standing, au détriment de deux projets d'HLM pilotés par le Conseil Général pour l'un, la Mairie de Lyon pour l'autre.  

 

00:00 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : hotel-dieu, gérard collomb, hyatt, intercontinental, politique, lyon | | |

Commentaires

Je le croyais con, le Collomb, c'est pire : il est cynique.

Écrit par : Chr. Borhen | mercredi, 13 octobre 2010

je pencherais plutôt pour hyatt, le personnel y est au top et l'ambiance moins cold que dans certains autres hôtels du même genre.
enfin, je dis ça mais je ne bouge plus qu'à l'aide d'une grue et d'un treuil, c'est dire comme je me sens concerné^^

Écrit par : gmc | mercredi, 13 octobre 2010

j'aime assez le "prometteur" générim

Écrit par : gmc | mercredi, 13 octobre 2010

Quelle tristesse... le sort de ce lieu comme le manque d'imagination.

Comme vous le dites, Lyon en a déjà connu beaucoup d'autres.

A se (re)demander ce qui "fait" une ville. Belle question en soi.

Certainement pas ce type de choix en tout cas..

Écrit par : thomas p | jeudi, 14 octobre 2010

Comme Herriot et Pradel, Collomb est victime de cette maladie rare quoique virulente : celle du "baron local" un brin mégalomaniaque, celui qui soigne ses copains (Aulas) et qui se saoûle au restaurant le Passage régulièrement...
VOus avez raison de souligner sa pauvreté culturelle, lui l'agrégé qui semble avoir renié le passé de la ville naguère si bell, y compris dans sa dimension sociale.
Cependant qu'il y a encore un espoir pour que l'Hôtel-Dieu ne devienne pas totalement un énième centre commercial pseudo culture. Quand on voit ce qu'est devenu l'îlot Grolée...
La parole du Cardinal n'y est sans doute pas étrangère. A suivre.

Écrit par : Y. | jeudi, 14 octobre 2010

J'avais, à l'époque où vous dénonciez ce scandale qui commençait à se savoir, signé une pétition, dit mon indignation.
Je me dis aujourd'hui que si TOUS les gens étaient éduqués, lisaient, réfléchissaient, on pourrait faire reculer ces appétits ignominieux...

Ce lien, pour le bonheur d'un regard
http://remue.net/spip.php?article3763

Écrit par : Michèle | vendredi, 15 octobre 2010

@ Michèle : Je viens de lire ce beau texte de Bailly. Et c'est en effet le bonheur d'un regard. Et la tristesse de ressentir que ce regard, les dirigeants d'aucun bord ne l'ont plus. Collomb fera de l'hôtel-Dieu un "non-lieu", comme du centre ville il a fait un lieu sans syntaxe autre que commerciale. Et que dire des mutations de Paris depuis une trentaine d'années ? J'ai beaucoup aimé en effet cette assimilation de l'architecture urbaine à la syntaxe, pour dire le poétique et le politique absents conjointement de la ville contemporaine. Et comment s'étonner que ce qui arrive à "la ville", cet éparpillement, cet émiettement, cette distorsion, ce démembrement, arrive aussi à la société elle-même ?

Écrit par : solko | vendredi, 15 octobre 2010

@ @ Y : Je crains que le seul espoir que l'hôtel Dieu ne devienne pas une centre commercial, c'est la crise, qui décourage les entrepreneurs repreneurs de se lancer dans l'aventure. Mais c'est un espoir faible, et je crains qu'entre les mains d'un tel bonhomme,entouré ma foi d'élus assez pleutres, les dés soient joués...

Écrit par : solko | vendredi, 15 octobre 2010

@solko, je ne me fais guère d'illusion concernant ces élus affairistes qui traînent indignement leur beaux souliers vernis dans la cour de l'Hôtel de ville.
De façon systématique, cette ville vend les bijoux de famille au "Grand Capital". Bientôt elle dansera nue devant les patrons pour qu'on lui lance des sous. Elle aura tout perdu, y compris son âme.

Écrit par : Y. | samedi, 16 octobre 2010

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