dimanche, 06 septembre 2009
Mort de Sim
Allez savoir pourquoi m’attriste la nouvelle de la mort de Sim ?
Jamais je ne pensais à lui
Pas de sympathie particulière :
Je déteste Philippe Bouvard et les Grosses Têtes,
J’avais même oublié son existence…
De son vrai nom Simon Berryer, à ce qu’il paraît.
C’est sa gueule biscornue sans doute,
Qui s’est logée il y a fort longtemps dans un coin de ma mémoire
Et depuis lors a fait partie du voyage.
Comme un cadre accroché par d’autres sur le mur du salon,
Qu’on voit tous les jours sans le remarquer. Sim…
Un bien affectueux diminutif...
Ou bien c’est d’avoir rigolé à l’une de ses pitreries,
L’une de ses grimaces, naguère,
On est toujours redevable à ceux qui nous ont fait rire…
La baronne de la Tronche-en-biais.
Montent en moi, à cette nouvelle,
Les souvenirs mêlés de Gaston Ouvrard (1890-1981), d’Alice Sapritch (1916-1990),
De Jacques Dufilho (1914-2005), Dary Cowl (1923-2006),
De Fernand Raynaud (1926-1973), Francis Blanche (1921-1974 )
De Raymond Souplex (1901-1972), Jean Yanne (1933-2003),
De Jane Sourza (1902-1969), Jacqueline Maillan (1923-1992)…
Allez donc savoir pourquoi ceux-là, pas d’autres…
Cette troupe de comiques français de l’avant dérision institutionnalisée, joyeux drilles de l’avant Collaro-Gassio SARL, du temps que le rire n’était pas cette académie médiatique et réactionnaire, parfaite pour rendre idiots les Français entre deux coups de pubs, deux campagnes électorales et un match de foot.
Sim, avec son drôle de pseudo, évoque pour moi la lointaine télé en noir et blanc, les dialogues d’Audiard, le studio des Buttes Chaumont, un petit croissant matinal trempé dans du jus noir rue des Pyrénées dans le vingtième, un roman de Marcel Aymé, une chanson de Juliette Gréco, des rues pavées sur lesquelles crapahutent quelque aronde ou quelque 404 un peu cabossée, une brasserie aux portes qui tournent dans la bise d’hiver, place d’Alésia…
Rien de moins, rien de plus.
Un vinyl de 1971 qui tourne aussi, aux paroles parfaitement imbéciles.
Allez savoir pourquoi ?
16:57 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : sim, simon berryer, actualité, cinéma, comique, disparition |
Commentaires
Mon dieu, j'avoue: j'ai hâte de lire les commentaires sur ce billet!!!
Écrit par : Sophie L.L | dimanche, 06 septembre 2009
Je suis toujours saisie d'entendre résonner des choses que j'ai connues et auxquelles je pense rarement pour ne pas dire plus du tout.
Je pense qu'il n'y a guère que l'écriture pour aiguiser la conscience de tous ces mondes disparus qu'on porte en soi.
Écrit par : Michèle | dimanche, 06 septembre 2009
Excellent ! Un billet qui doit laisser perplexes vos lecteurs habituels et qui retient la plume des commentateurs. est-il sérieux ou plaisante-t-il ? Ah!Ah!Ah! Ceci dit moi aussi gamin, j'ai eu l'occasion de rire des pitreries de Sim ... Félicitations pour votre franchise.
Écrit par : Corboland78 | lundi, 07 septembre 2009
Sans doute parce que quand il n'y a plus de clown le chapiteau s'effondre.
(Ceci n'a rien avec cela, mais Sim, un jour, précisément chez Bouvard, s'était étonné de sa ressemblance physique avec Voltaire. Là-dessus, réplique de l'animateur : "Pourtant, Voltaire n'avait pas de soeur. " Ce fut alors Jean Yanne qui déboula : "Mais Simplet a un frère jumeau.")
Écrit par : Chr. Borhen | lundi, 07 septembre 2009
Sim. C'est quand même mieux que BHL, à dire vrai. D'ailleurs, ces amuseurs-là (qui ne sont guère ma tasse de thé) au moins ne prétendaient pas être autre chose que ce qu'ils étaient, ou gardaient ça pour leur vie privée.
Écrit par : Pascal Adam | lundi, 07 septembre 2009
J'ai toujours ri de ses pitreries et en même temps j'ai toujours éprouvé un sentiment de malaise. Je savais bien qu'il utilisait son aspect physique et qu'il en jouait: c'était un homme très intelligent.
Mais combien restent solitaires parce qu'ils ont un aspect qui en rebute beaucoup de cette société soi-disant démocratique, moderne etc...
Quant aux amuseurs actuels( BHL c'est qui celui là?)je ne les connais pas ( pas de télé, rarement la radio, très peu de journaux et plus du tout de revues)je ne fais qu'écouter la rue en promenant mon chien.Actuellement c'est la grippe qui tracasse les gens!
Au revoir Sim
Écrit par : La Zélie | lundi, 07 septembre 2009
Vous savez Solko, parfois je suis heureux d'avoir vécu ailleurs jusqu'à mes dix-huit ans, de ne pas partager les références de "ma" génération. Pas en termes de supériorité, disons, le sentiment d'avoir été à l'abri de la crasse médiatique dans laquelle j'aurais tout aussi bien pu baigner.
Sim, est d'une génération plus haute, je ne sais rien de plus. Il ne m'a pas fait rire, mais je ne l'ai pas vu donner des leçons de moralité sur les plateaux. C'était donc une autre époque.
@Michèle: vous êtes indulgente. Merci, j'essaierai de ne pas abuser non plus de votre indulgence.
Écrit par : tanguy | lundi, 07 septembre 2009
Merci vraiment à vous tous, pour toutes ces réactions et ces commentaires, qui satisferont, je l'espère, la curiosité de Sophie.
Oui, Michèle a raison de le dire : l'écriture seule a cet effet de rendre un peu vivants, quelques instants, ces continents engloutis que nous portons en nous, et je dois dire que ce personnage de Sim, l'annonce de sa mort, m'a bien touché sous cet angle là. De là ma franchise, Corboland, et vous avez bien senti que je suis sérieux en le disant. Sim est un peu comme ces anciens billets en francs, un personnage à signification variable.
J'aimais bien aussi Jean Yanne dont Christophe cite le mot. Bouvard s'étonnant "de la ressemblance entre Sim et Voltaire", j'avoue que c'est quelque chose qui me réjouit, n'étant pas un fan de Voltaire (on pourrait s'étonner de la ressemblance entre Voltaire et Simplet)
Que Sim soit mieux que Bernard Henri Lévy, mon cher Pascal, je vous l'accorde. Et je rajoute : mieux aussi qu'Arielle Dombasle. Pour la raison exacte que vous citez : pas d'étalage du petit "moi", un sens de cette fameuse "common decency" qu'ont perdu les comiques actuels, immergés dans un humour narcissique qui n'est pas drôle du tout vous avez vu juste. Cela nous évitera de passer pour d'indécrottables nostalgiques.
De ce point de vue, la Zélie nous donne une leçon à tous en nous disant qu'elle ne fait "qu'écouter la rue en promenant son chien"
(Zélie, doit-on vous croire ?)... Ne pas connaitre BHL est en tout cas un gage de bonne santé intellectuelle, je vous rassure !
Et pour finir, Tanguy se félicitant d'avoir grandi loin de ces références vous donne raison. En réalité je m'aperçois que ce qui me touche dans la disparition de Sim, c'est la disparition de cette époque où les amuseurs comme le dit Pascal étaient de simples amuseurs et non pas comme Bigard ou Debouzze des quasi gurus...
Merci encore pour vos réactions. Les commentaires restent ouverts.
Écrit par : solko | lundi, 07 septembre 2009
Le saisissement pour moi, dans votre billet, c'était le nom d'Alice Sapritch. Vous m'avez rendu Alice Sapritch que j'avais complètement oubliée. Je la revois avec son porte cigarette et son air faussement arrogant. Sapritch qui fit une composition étonnante de Folcoche, la mère terrifiante de Brasse-Bouillon.
Et je suis toujours étonnée de voir ce que vous faites remonter : le 25 février (je viens de le rechercher), vous évoquiez Michel Lancelot, mort le 25 février 1984. Michel Lancelot et son Campus de 68 à 72. Michel Lancelot et son livre évoqué à Radioscopie "Le jeune Lion dort avec ses dents".
C'est cette capacité à redonner tout ça qui m'épate mais ne m'étonne pas. C'est l'écriture qui rend ça vivant oui, c'est elle qui va chercher, c'est elle qui gratte.
Écrit par : Michèle | lundi, 07 septembre 2009
Ah les commentaires restent ouverts!Alors bon,il me semble que la chanson "j'aime pas les rhododendrons" avait un côté de mauvais poil et ronchon assez jeanyannesque et de bon aloi, non?!?
Écrit par : Sophie L.L | lundi, 07 septembre 2009
@ Michèle : Un grand moment de télé, oui, Sapritch jouant Folcoche. Et sa voix. Vous souvenez-vous de cette voix grave, cette voix d'outre Tombe et en même temps, si enjouée parfois ?
Quant à Lancelot, merci de rappeler sa mémoire. Je republierai un de ces jours ce billet.
Écrit par : solko | mardi, 08 septembre 2009
@ Sophie : A la réécouter cette chanson un peu dingue, il y avait aussi un côté bobby lapointe assez prononcé (mince, boby, bobby ... ? Boby watson ? On nage en pleine confarfitude...)
Écrit par : solko | mardi, 08 septembre 2009
J'aime beaucoup Bobby Lapointe! Avec un faible pour: "La maman des poissons elle est bien genti-lleu". Bonne nuit!
Écrit par : Sophie L.L | mardi, 08 septembre 2009
Un billet sur Sim, je rêve ! j'arrive un peu en retard mais je ne regrette pas d'être venue. Sim ici ? juste en dessous de "Lazare", les bras m'en tombent quand même. Le disque vaut son pesant de cacahuètes, "j'aime pas les rhododendrons" c'est d'une mauvaise foi digne des routes départementales (s'il faut en citer quelques autres, ou de la "confiture" des frères Jacques). Avez vous écouté, regardé plutôt, la reprise de "où est ma ch'mise grise ?" autre disque de Sim (avec patrick Topaloff !)où Sim finalement, dans le visuel sauve cette malheureuse affaire (on aurait préféré qu'il soit tout seul), parce que si on ne regarde que SIM, et qu'on coupe le son, c'est assez gratiné. Sim est vraiment rigolo (rigolotte). Voilà un artiste qui nous a prouvé que le ridicule ne tuait pas.
http://www.dailymotion.com/video/x1o6yz_sim-et-patrick-topaloff-parodie-de_fun (j'insiste: juste pour le visuel de Sim only, coupez bien le son quand même). Sim, prêt à se déguiser en femme, en libellule ou en rocker (voir sa reprise de "Quoi ma gueule" de Johnny, capable de trucs assez brintzingues, et puis bon un comédien discret, fantaisiste consciencieux) l'hommage est bienvenu. Inattendu aussi. Dans les gros electrochocs gouleyants de la blogo on avait déjà (le regretté) Léopold qui nous avait scotchés avec un billet sur la "chanson des verts" et bien maintenant on a Solko et son billet sur Sim ! en attendant les billets de 1000 francs (les Sims psychédéliques, on compte sur vous!)
Écrit par : Frasby | mardi, 08 septembre 2009
Ah! oui BHL = Bernard Henri Lévy, la BHreL soi disant philosophique qui, du temps où j'avais la télé, me faisait changer d'émission.
(Zélie, doit-on vous croire ?)oui, cela fait 2 ans que j'habite une ville où je ne connaissais personne. Grâce à un chien très social ( Radjah,bichon de 9 ans)que je promène à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, je rencontre et j'entends beaucoup de gens.J'ai le temps de m'attarder et d'écouter.
Écrit par : La Zélie | mardi, 08 septembre 2009
Pour moi... la télé en noir et blanc parce que mes parents n'en avaient pas.
Et une fin de vie réussie : privilège assez rare finalement.
Je le connaissais si peu.
Écrit par : Rosa | mardi, 08 septembre 2009
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