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samedi, 27 juin 2009

Chronique de la fin du mois de juin et de la common decency

Ambiance lourde de fin, planant sur la ville, alors que les débats de comptoirs deviennent, les dernières journées de juin aidant, des débats de terrasses : fin de quoi ? On ne sait trop. Passé le solstice d’été, les jours déclinent, et peut-être est-ce cette fin qu’on commence à ressentir avec ce qui nous reste de feuilles et de racines dans le système nerveux, nous les humains. Les jours déclinent, et voilà que nous retournons vers l’hiver aussi surement qu’un nouveau-né marche vers sa mort, dût-il vivre centenaire. L’hiver approche, donc, et l’on sait déjà qu’il sera fatidique non seulement à de nombreux petits vieux, mais aussi un peu à tout le monde, grippe porcine annoncée. Le gouvernement, toujours prévoyant, a commandé l’enregistrement d’un trimestre entier de cours, de la primaire à la terminale, pour le cas où on se verrait obligé de fermer les écoles. La télévision sur l’estrade, et hop ! L’institut et le prof dans la boîte, et hop ! J’apprends en porcinant. Depuis le temps que les élèves prennent leurs profs pour des postes de télé, ils pourront enfin – s’ils ne meurent tous pas du vilain virus annoncé – les mater d’une oreille distraite et les écouter d’un œil dissipé, en bouffant des peanuts et des sucreries.

Remarquez faut pas rigoler trop haut, car on ne sait toujours pas jusqu’à quel point tout ça, c’est de l’esbroufe ou non. Nous sommes trop déshabitués aux grandes épidémies des temps jadis.  « Le choléra, note le grand Chateaubriand dans la quatrième partie de ses Mémoires, sorti du Gange en 1817, s’est propagé dans un espace de deux mille cents lieues du nord au sud, et de trois mille cinq cents d e l’orient à l’occident : il a désolé quatorze cents ville, moissonné quarante millions d’individus. On a une carte de la marche de ce conquérant : il a mis quinze années à venir de l’Inde à Paris ; c’est aller aussi vite que Bonaparte : celui-ci employa à peu près le même nombre d’années à passer de Cadix à Moscou, et il n’a fait périr que deux ou trois millions d’hommes. »


Aujourd’hui, le choléra aurait pris le train ou l’avion. Avec le transsibérien, il laissait Napoléon et sa Grande Armée déconfits. Comme deux ronds de flan aurait dit nos grands-mères. Ou de flanc, d’ailleurs. J’ignore bien comment s’écrit cette populaire expression. Qu’importe : Avec les transhumances estivales, les virus font aussi vite que le touriste japonais : mieux même !  Les prochains virus ont déjà réservé leurs billets sur les lignes de trains à très grande vitesse, sur les vols de toutes les compagnies mondiales. Une conquête planétaire de quoi laisser baba d’effroi tous les dictateurs du passé.

Du coup, mourir d’une simple crise cardiaque, ça fait un peu petit branleur, sans panache, sans grand éclat du tout. Mais du tout : Est-ce cette soudaine désillusion que Michaël Jackson a ressenti, au moment ultime où il passa l’arme à gauche ? Se retrouver, au final, dans la peau ni noire ni blanche ni cacao d'un mec parfaitement banal ? Dire qu'il aurait pu, à quelques semaines près, défunter comme Apollinaire, d’une souche virale historique ! Historique ! Remarquez, ce n’est que justice, Michael Jackson, malgré tout le respect qu’on doit à ce monsieur en particulier, hein, et aux morts en général, n'est-ce-pas, ce n’est pas non plus le grand Wilhelm Albert Wlodzimierz. La mort du Peter Pan au visage pâle a jeté dans la consternation des millions de fidèles et dans les oubliettes l’autre nouvelle tout aussi people de la semaine : un présentateur vedette de la jet set nommé rue de Valois. François 1er doit se retourner dans sa tombe, devant ce véritable coup de Jarnac. Ambiance lourde de fin, de fini, de finitude, de circulez y'a rien à penser, je vous dis que ça.

Ambiance lourde de fin, en même temps, c’est trop vite dit. Car pour en revenir aux terrasses des cafés, je trouve que de jeunes parents y amènent de plus en plus une jeune et nombreuse progéniture. Voilà qui serait sympathique si cette progéniture ne s’y montrait aux yeux de tout le monde  de moins en moins bien élevée. Ou plutôt de plus en plus pas élevée du tout, qui vous court dans les pattes, qui vous aboie dans les oreilles et se croit, du simple fait d’être en vie, plus ou moins tout permis : promesse d’une aube nouvelle ? assurance d’un déclin inévitable ? en considérant cette jeune humanité (parents compris), on ne sait trop. Après tout, la naissance d’un être humain est comme sa mort : l’événement le plus banal qui soit, commun à tous les êtres, moustiques et sauterelles compris, depuis le commencement du monde. Il n’y a bien que nous, les humains,  pour vivre tout ça sur le mode du pathétique ou de l’extraordinaire, en passant par exemple des avis dans les journaux. La tête de certains jeunes parents, de même que le texte de certains faire-part, valent le détour en terme d'idiotie caractérielle. Signe des temps, signe de la disparition, dans tous les cas, de ce qu’Orwell nommait la common decency. Devenue l’indécence commune, la convivialité mondaine ne ressemble à plus rien du tout. Jet set à tous les étages. Culture illégitime, culture de neveu, assurément. Culture de terrasses de bistrot, où l'on sirote des alcools qui n'ont pas tous l'heur d'être des poèmes. En attendant la grippe du cochon.

Et c’est ainsi qu’Alexandre est grand.

Commentaires

Comment ça, vous apprenez en porcinant ? Copieur !

Écrit par : Porky | samedi, 27 juin 2009

Oh la la Solko, je ne savais pas qui était Wlodzimierz! ni qu'il était né polonais! merci!( Bon, sinon oui dans 6 mois noël sera déjà passé! ) bon samedi!

Écrit par : Sophie L.L | samedi, 27 juin 2009

Oh la la ! Vous me faites penser que je n'ai toujours pas acheté les boules pour mettre sur mon sapin. Mais peut être que cette année je mettrai un sapin en plastique (pour sauver la planète).
Quant au présentateur vedette nommé là où on sait, j'ai tout de même entendu 3 fois sur France Info qu'il se nommait François, qui dit vrai ? S'il ne se retourne pas dans sa tombe c'est peut-être qu'il revient ?
Il y a trop de thèmes dans votre bellit. Vous croyez que les gens ont la tête à ça ? C'est les soldes mon ami, 60% sur les bermudas chez Tati. Qu'est ce que vous voulez interesser le monde avec Gregeos Worell et Welihm Elbrat Wlidzozermi ?

Quant aux textes de certains faire part, (de naissance surtout) ouais... J'en ai reçu un récemment qui se finissait par "Hein biloute !", d'un point de vue humain, c'est gênant .
Toute ces obscènités d'un coup, c'est trop de souffrances.
Quels solutions ? Un petit coup de balai sur la poussière ?
d'où "l'importance du plumeau".

Écrit par : frasby | samedi, 27 juin 2009

PS dans la série "je dis ce que je pense"!: à mes yeux le nouveau ministre donc de la culture c'est pas Stéphane Bern quand même. Bon, je vas aux bermudas!

Écrit par : Sophie L.L | samedi, 27 juin 2009

@ Porky : Vous savez bien que l'homme est un animal mimétique .
PS : Mais pas le cochon...

Écrit par : solko | samedi, 27 juin 2009

@ Frasby :
Il faut créer une unité de valeur nouvelle : le polonais en charmillon. Vous y excellez déjà. Mais je sais que vous êtes une fidèle de Wilhelm.
"Hein biloute", c'est dans l'air du temps, en effet. Il ne faut pas répondre dans ce cas, et laissez les imb... se reproduire entre eux. Cela fera du boulot pour les gens qui travaillent dans le social, vous savez, assistantes, thérapeutes, psychologues, sans compter ceux qui remplissent les formulaires & ceux qui corrigent les picots, heu, heu...

Écrit par : solko | samedi, 27 juin 2009

@ Sophie:
Ah bon, c'est pas Stéphane Bern ? Mince alors, je croyais bien...
Pourtant il est arrivé à son premier conseil des min... avec un sac à dos de collégien. La classeuhh chez les mit....

Écrit par : solko | samedi, 27 juin 2009

Je suis MDR
Après un départ bucolique, l'enseignement porcin, une étude sur la vitesse de propagation des virus, un constat du crétinisme caractériel de notre société et finir sur Alexandre le Grand, vous m'avez épaté!!!!!!

A chaque fois que je relis , je ris, je ris , je ris.....

Je finis avec "le grand Wilhelm Albert Wlodzimierz". Je ne connais pas. Donc j'ai rendez-vous avec Exalead

Bonne fin de semaine à tous

Écrit par : La Zélie | samedi, 27 juin 2009

Guillaume Apollinaire!

Quelle inculte je suis.

Écrit par : La Zélie | samedi, 27 juin 2009

@SophieLL : Mais si ce n'est pas Stéphane Brne alors
c'est QUI ???

@Solko : Charmillon polonais mais pourquoi pas ?
sauf que je suis une fidèle de Wilhelm tendance Fruitwrangler (vous savez les blue jeans avec la guabette sur les côtés)
Ah ah ! charmillon poloniâs que nous sommes snobs Solko ! Peut-être faudriât il rapler le charmillon françois couramment ? le rapler hein ? pas l'ircère !
A propos du "hein biloute !", Vous pensez sincèrement que j'ai répondu ??? Chaque fois qu'un de mes amis fait un enfant, je perds un ami (c'est toujours à cause du faire part ou du prénom). Je suis de celles pensent que le diable se loge dans les détails. Pas de quartier, allez hop ! du balai !
On en revient toujours au plumeau de Lavitate...
En même temps, avec qui les gens pourraient se reproduire si ce n'était pas entre eux ? (ça ferait un très bon sujet de bac ça )
Et surtout n'allez pas confondre le morfuliare et le picot, le picot c'est très évoumant. Le picot est une serponne ;-)

Écrit par : frasby | samedi, 27 juin 2009

Je persiste mais n'insisterai pas plus! Frédéric Mitterrand c'est un type qui autrefois a mis les mains dans le cambouis pour le cinéma d'art et d'essai, je trouve beau son film déjà ancien "lettres d'amour en somalie", et sa voix est merveilleuse! et il a écrit des choses justes et il sait écrire et...bon, ce n'est pas Hortefeux.
Maintenant, qu'il soit ministre de la culture n'apportera strictement rien, évidemment. Mais bon voilà je l'ai dit: moi je l'aime bien ce type! Allez je file! Bon week-end!!

Écrit par : Sophie L.L | samedi, 27 juin 2009

@Sophie LL / Oui ! vous avez raison d'insister pour le cinéma art et essai, Frédéric Mitterrand a vraiment mis les mains dans le cambouis, c'est vrai ! Il s'est risqué à la création, (au moins il sait ce que c'est), il a défendu des auteur commercialement indéfendables, ne soyons pas injustes. J'emets juste une petite réserve quant à l'effet "spectaculaire" de cette nomination. Après faut voir... Fréderic Mitterrand à côté de la banette toute raide c'est sûr qu'il très schamallow, vraiment glamour. De toute façon peut-on faire pire que la Banette ?
(Nous sommes d'accord Sophie ? ;-)

Écrit par : frasby | samedi, 27 juin 2009

@ Zélie : Merci à vous. Ces "chroniques de la colline" sont faites pour cela (rire). Et pour rendre un "pastichieux hommage," évidemment, à celles d'Alexandre Vialatte, à jamais perché sur sa "Montagne".

Écrit par : solko | dimanche, 28 juin 2009

@ Frasby et Sophie: Certes, certes. Lang avait aussi un beau passé au théâtre : voyez comme tout cela s'est achevé...

Écrit par : solko | dimanche, 28 juin 2009

L'approche de l'hiver vous inspire Solko.
Ce billet est sensass comme disait ma mère.

"Chaque fois q'un de mes amis fait un enfant, je perds un ami".
Mouhahahaha! Moi aussi.

Oui ambiance de fini, finitude, nous entrons dans la période estivale, celle préférée des travailleurs et détestée des paresseux(ses) en vacances toute l'année. J'en suis, je déteste l'été.

"C'est dimanche, jour de merde par excellence"
Louis Calaferte (Septentrion)

Écrit par : Ambre | dimanche, 28 juin 2009

J'étais furieuse des ondes encombrées de Michael Jackson, et même la une de "mon" quotidien national.

Et puis voilà ; un écrivain contemporain fait un livre sur les Rolling Stones en 2O02, sur Bob Dylan en 2007, sur Led Zeppelin en 2009 et il apparaît que ce sont enquêtes, explorations sur nos propres adolescences qui sont faites là : les romans d'une époque.
Cet écrivain c'est François Bon, né en 1953.

L'incipit de "Bob Dylan, une biographie" (F. Bon, Fayard) :
"C'est soi-même qu'on recherche.
A l'époque, nous n'avions pas même l'idée de ce qu'il aurait fallu comprendre, archiver. Tout allait trop vite, et nous étions trop jeunes. Sans doute en va-t-il ainsi pour toutes les générations, sur ce bord qu'on n'affronte qu'une fois. Mais cette bascule-là, nous y sommes encore."

En exergue de "Rolling Stones, une biographie" (F. Bon, Fayard) :
"Les annales humaines se composent de beaucoup de fables mêlées à quelques vérités : quiconque est voué à l'avenir a au fond de sa vie un roman, pour donner naissance à la légende, mirage de l'histoire." (François-René de Chateaubriand, "Vie de Rancé")
et
"Darling, this thing is bigger than both of us"
(Keith Richards, à Mick Jagger)

Et le même François Bon écrit sur " MichaelJackson", ici : www.tierslivre.net
dans le blog journal, sous le titre "Le nez de Gogol & MichaelJackson"

Écrit par : Michèle | dimanche, 28 juin 2009

@ Michèle : Oui, oui... Je comprends très bien ce que vous dites. Encore faut-il que, adolescent, on ait participé à cette "mythologie", comme l'aurait sussurré gravement Barthes (car alors, Michael Jackson, c'est un peu comme la DS, l'abbé Pierre ou le steack frites, n'est-ce pas ?). Trop institutionnel, tout ça.
Mes mythes adolescents étaient plus du côté de l'homme aux semelles de vent, qu'ils aient noms Albert Londres ou Rimbaud. Foutre le camp, quoi... Et puis aussi Monique Serf, alias Barbara, que j'ai suivie durant trois ans partout où elle se produisait. Tout ce qui était anglo-saxon, confusément, j'en avais horreur, comme ces surboums que les ados de l'époque justement organisaient dans les garages ou les greniers de leurs parents, ou les coins paumés (déjà) de la cité ... Surtout quand ça se voulait musical...

Écrit par : solko | dimanche, 28 juin 2009

@ Ambre :
Oui. Calaferte fut un bon lecteur de Laforgue
(je hais les dimanches... )
"Ils enseignent
Que la nature se divise en trois règnes
Et professent
Le perfectionnement de notre Espèce"...

Écrit par : solko | dimanche, 28 juin 2009

Si vous pouviez ne pas chercher pas à me convaincre
que notre nouveau mintriste de la trucule va dnas le rum, j'en serai fort iase. Parce que je ne nourris aucune sorte d'illusion à ce sujet. Je modulais quelques a priori par comparaison, mais je ne peux avoir la moindre sympathie (ni empathie) pour une personne qui accepte de collaborer avec un gouvernement pareil, Fred (freddy fredo) me fait plutôt l'effet d'un vieux monsieur pathétique qui va à la gamelle. (et pas à la culture)
Rus ec ej suvo housiate nue ebeno inf ed manedich (toinp prto dremique)

Écrit par : frasby | dimanche, 28 juin 2009

Fernando Pessoa, sur son lit de l'hôpital Saint-Louis-des-Français, écrit sa dernière ligne :
"I know not what to-morrow will bring".

(in "Sept Villes" - Olivier Rolin - Editions Rivages 1988)

Écrit par : Michèle | dimanche, 28 juin 2009

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