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lundi, 15 juin 2009

Anniversaire

Tiens ! ce n'est pas trop mon trip, les anniversaires. J'ai toujours préféré les fêtes. Je me rends pourtant compte à l'instant que Solko a aujourd’hui pile deux ans. Et comme la saint-Solko n'existe pas, reste que ça à fêter, l'anniversaire. Le petit Solko est né d'un coup de tête et d'une manip sur un ordi  (et hop!),  le vendredi 15 juin 2007. En consultant les archives, je me souviens que j'avais bidouillé certains articles pour les antidater. Notamment la "fête de la merde" (écrit en fait un an auparavant sur un cahier), billet qui sera réédité le 21 juin prochain, c'est désormais une tradition-maison. Le 15 juin, je ne sais pas trop pourquoi, j'antidatais aussi "temple" et "les épuisés", et je programmais le premier billet pour le lendemain 16 (compliqué tout ça, oui, je sais) "dater sa colère", tout premier billet, celui donc que je reproduis aujourd’hui et qui fut, fort modestement, placé sous les auspices de Baudelaire.

Baudelaire.jpg

Il faut dater sa colère. C'est la raison d'être de plein de blogs, non ?  La raison d'être, en tout cas,  de celui-ci. Naissance de Solko, solitude k.o...

Voici,  pour celles et ceux qui ne le connaitraient pas, ce très beau texte de Baudelaire, à la fin de Fusées :

Le monde va finir. La seule raison, pour laquelle il pourrait durer, c'est qu'il existe. Que cette raison est faible, comparée à toutes celles qui annoncent le contraire, particulièrement à celle-ci : Qu'est-ce que le monde a désormais à faire sous le ciel? — Car, en supposant qu'il continuât à exister matériellement, serait-ce une existence digne de ce nom et du Dictionnaire historique? Je ne dis pas que le monde sera réduit aux expédients et au désordre bouffon des républiques du Sud-Amérique, que peut-être même nous retournerons à l'état sauvage, et que nous irons, à travers les ruines herbues de notre civilisation, chercher notre pâture, un fusil à la main. Non; car ces aventures supposeraient encore une certaine énergie vitale, écho des premiers âges. Nouvel exemple et nouvelles victimes des inexorables lois morales, nous périrons par où nous avons cru vivre. La mécanique nous aura tellement américanisés, le progrès aura si bien atrophié en nous toute la partie spirituelle, que rien, parmi les rêveries sanguinaires, sacrilèges ou antinaturelles des utopistes, ne pourra être comparé à ses résultats positifs. Je demande à tout homme qui pense de me montrer ce qui subsiste de la vie. De la religion, je crois inutile d'en parler et d'en chercher les restes, puisque se donner la peine de nier Dieu est le seul scandale, en pareilles matières. La propriété avait disparu virtuellement avec la suppression du droit d'aînesse; mais le temps viendra où l'humanité, comme un ogre vengeur, arrachera leur dernier morceau à ceux qui croient avoir hérité légitimement des révolutions. Encore, là ne serait pas le mal suprême. L'imagination humaine peut concevoir, sans trop de peine, des républiques ou autres États communautaires, dignes de quelque gloire, s'ils sont dirigés par des hommes sacrés, par de certains aristocrates. Mais ce n'est pas particulièrement par des institutions politiques que se manifestera la ruine universelle, ou le progrès universel; car peu m'importe le nom. Ce sera par l'avilissement des cœurs. Ai-je besoin de dire que le peu qui restera de politique se débattra péniblement dans les étreintes de l'animalité générale, et que les gouvernants seront forcés, pour se maintenir et pour créer un fantôme d'ordre, de recourir à des moyens qui feraient frissonner notre humanité actuelle, pourtant si endurcie? — Alors, le fils fuira la famille, non pas à dix-huit ans, mais à douze, émancipé par sa précocité gloutonne ; il la fuira, non pas pour chercher des aventures héroïques, non pas pour délivrer une beauté prisonnière dans une tour, non pas pour immortaliser un galetas par de sublimes pensées, mais pour fonder un commerce, pour s'enrichir, et pour faire concurrence à son infâme papa, fondateur et actionnaire d'un journal qui répandra les lumières et qui ferait considérer le Siècle d'alors comme un suppôt de la superstition. — Alors, les errantes, les déclassées, celles qui ont eu quelques amants et qu'on appelle parfois des Anges, en raison et en remerciement de l'étourderie qui brille, lumière de hasard, dans leur existence logique comme le mal, — alors celles-là, dis-je, ne seront plus qu'impitoyable sagesse, sagesse qui condamnera tout, fors l'argent, tout, même les erreurs des sens! Alors, ce qui ressemblera à la vertu, que dis-je, tout ce qui ne sera pas l'ardeur vers Plutus sera réputé un immense ridicule. La justice, si, à cette époque fortunée, il peut encore exister une justice, fera interdire les citoyens qui ne sauront pas faire fortune. Ton épouse, ô Bourgeois! ta chaste moitié, dont la légitimité fait pour toi la poésie, introduisant désormais dans la légalité une infamie irréprochable, gardienne vigilante et amoureuse de ton coffre-fort, ne sera plus que l'idéal parfait de la femme entretenue. Ta fille, avec une nubilité enfantine, rêvera, dans son berceau, qu'elle se vend un million, et toi-même, ô Bourgeois, — moins poète encore que tu n'es aujourd'hui, — tu n'y trouveras rien à redire; tu ne regretteras rien. Car il y a des choses, dans l'homme, qui se fortifient et prospèrent à mesure que d'autres se délicatisent et s'amoindrissent; et, grâce au progrès de ces temps, il ne te restera de tes entrailles que des viscères! — Ces temps sont peut-être bien proches; qui sait même s'ils ne sont pas venus, et si l'épaississement de notre nature n'est pas le seul obstacle qui nous empêche d'apprécier le milieu dans lequel nous respirons?

Quant à moi, qui sens quelquefois en moi le ridicule d'un prophète, je sais que je n'y trouverai jamais la charité d'un médecin. Perdu dans ce vilain monde, coudoyé par les foules, je suis comme un homme lassé dont l'oeil ne voit en arrière, dans les années profondes, que désabusement et amertume, et, devant lui, qu'un orage où rien de neuf n'est contenu, ni enseignement ni douleur. Le soir où cet homme a volé à la destinée quelques heures de plaisir, bercé dans sa digestion, oublieux — autant que possible — du passé, content du présent et résigné à l'avenir, enivré de son sang-froid et de son dandysme, fier de n'être pas aussi bas que ceux qui passent, il se dit, en contemplant la fumée de son cigare :

"Que m'importe où vont ces consciences ? » Je crois que j'ai dérivé dans ce que les gens du métier appellent un hors-d'œuvre. Cependant, je laisserai ces pages, — parce que je veux dater ma colère.

Charles Baudelaire, Fusées.

10:37 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : solko, fusées, dater sa colère, anniversaire, baudelaire | | |

Commentaires

Je n'avais jamais lu ce texte de Baudelaire. Et ces mots : "Je veux dater ma colère"...

J'aurais juré que "La Fête de la merde" était le premier article de ce blog. Je l'avais lu il y a quelques temps. Là aussi, quelqu'un datait sa colère.

Et enfin, enfin, nous avons l'explication de "Solko". Je ne me suis jamais vraiment interrogée parce que le mot, ce nom que nous vous attribuons, duquel vous signez vos commentaires, me plaisait. Je n'en reviens pas de ce qu'il veut dire "solitude o.k.", "sol ko".

Deux années de fête (faîte) alors ? Bonne fête ! et merci.

Écrit par : Michèle | lundi, 15 juin 2009

Rigolo mon lapsus : solitude o.k. au lieu de k.o. alors même que j'ai le mot ainsi formé sous les yeux !

Je pense plus que jamais qu'il faut aux enfants des maîtres aimants. Non pas qui "aiment les petits enfants" mais qui aiment assez la langue pour la faire aimer à l'aide aussi de ses divagations...

Écrit par : Michèle | lundi, 15 juin 2009

Un anniversaire...une fête...des "d'habitude c'est pas mon trip"....des histoires compliquées de dates....un pseudo....Ma parole, on dirait un blog de fille, ça! c'est dégoûtant!

Écrit par : Sophie L.L | lundi, 15 juin 2009

Il est drôle ce commentaire ci-dessus. On dirait que ce qui est mauvais, ringard, occulte, pas clair, insignifiant, c'est exclusivement féminin...
D'autant que rien ne semble mériter ici d'être gratifié d'une telle analyse.
Bref...

Merci, Solko ce de cet magnifique extrait de Baudelaire qui lui, était misogyne et content de l'être. "La femme Sand"", disait-il...
Là était mon seul propos.
Cordialement

Écrit par : Bertrand | lundi, 15 juin 2009

Bon anniversaire à Solko, qu'en cette occasion on lui décerne la palme du blog de la plus haute tenue !

Écrit par : Le Photon | lundi, 15 juin 2009

Bon anniversaire, à travers les jours et les rues de Lyon
http://ruesdelyon.blogspirit.com/

Écrit par : M.Rivière | lundi, 15 juin 2009

Bertrand! c'était une blague!!!! (quoique!) Ah la la!!!!

Écrit par : Sophie L.L | lundi, 15 juin 2009

Sophie L.L : Ah bon ! Ouf, ça va mieux...
J'suis lourd, parfois. J'vois même pas les blagues ! Rustre.

Écrit par : Bertrand | lundi, 15 juin 2009

Bertrand: ya toujours des blagues vaseuses pour un anniv'! et des bougies! et un gâteau plus ou moins vaseux aussi! et des embrassades! je vous embrasse! (on fait comme chez nous hein Solko, comme dans les anniv' surprises où celui dont c'est l'anniversaire rentre tranquillement peinard chez lui et ô horreur c'est plein de monde, et sans son vernis de civilisation il buterait bien tous ces gens bruyants installés chez lui; je sais pas quand vous rentrez mais on fait déjà beaucoup de raffut! A bientôt! Bon courage!)

Écrit par : Sophie L.L | lundi, 15 juin 2009

Heureux bloguiversaire ! Lalalalalère !

(Oui, je me joins au raffut, c'est plus chouette ! Et puis, y a plein de chouettes gens déjà arrivés : vous allez retrouver votre maison dans un sale état !)

Écrit par : Zabou | lundi, 15 juin 2009

On ne s'entend plus, ici !
Champagne ! Champagne pour tout le monde, caviar pour les autres, comme disait l'autre...
Vous fumez ?
Non merci...

Écrit par : Bertrand | lundi, 15 juin 2009

Longue vie à Solko! Merci pour ce magnifique texte de Baudelaire!

Écrit par : Rodrigue | lundi, 15 juin 2009

Merci à toutes et tous pour vos commentaires et vos voeux. Je reviens tard. Baudelaire vous a gardé toutes et tous !
Ce serait assez marrant de republier les vieux billets qui tourneraient un peu comme en boucle, deux ans après. Mais bon. On se dispensera de ressembler à TF1. "Fusées" est un texte magnifique et ce dernier, qui parle de "dater sa colère" terriblement d'actualité. C'est un peu la préface (ou le prélude) à ce blog, alors, c'était bien de le relire un bon coup.

Écrit par : solko | lundi, 15 juin 2009

C'est vrai qu'on dirait un blog de fille ! (mais une jolie. hein ! sensible, intelligente et tout tout). Deux ans ! il faut fêter ça. Qu'est ce qui vous ferait plaisir, mon ami ? la vermeilleuse fée colchette de la conille est à côté de moi, elle attend. Il suffit que vous formuliez 3 voeux. Suggestions maison. Voulez vous qu'on vous fasse livrer (par voie de coucou) à votre torpe quelques caisse de st Jo ? Une forêt pour Alceste ? Est ce que ça vous ferait plaisir une promenade en calèche au parc de la tête d'or ? (un tracé que nous élaborerons avec tous vos admirateurs sur un grand tapis de pétales de roses rouges) Voulez vous qu'on vous envoie le coffret intégral des grands hits de Couzon chanté par Barbara ? Ou peut être l'oeuvre entière de Hiren Rubade traduite en charmillon par l'illustre Tanygu. Est ce que ça vous plairait d'aller à la fête de la merde avec moi (quel cadeau !;-)) (juste histoire de redater la colère sans la tanatider) Tout ce que vous voulez ! Le monde à vos pieds s'il le faut. Parce que deux ans ça force l'admiration. ( on ne rit plus). Deux ans jour après jour d'un travail remarquable. voilà qui force l'admiration. (oui encore des fleurs ! mais ce n'est toinp falgrorenie noil f'en fuat !)
guonle ive à vuso et à trove sapionsant golb !
Jespère que dans quelques années nous blaserons les garttons et la loupadre tout beni rasoré pour fêter vos 10 ans de golb (C'est déjà demain !).

Écrit par : frasby | lundi, 15 juin 2009

@ Frasby :
Les grands hits de Couzon chantés par Barbara, j'avoue que c'est tentant. Tuot Hiren Rubade traduit par Tanygu en charmillon, ça l'set uassi. Masi la tefê de la derme veca Brasfy, c'est le pot !

Écrit par : solko | mardi, 16 juin 2009

Bonne fête alors, puisque c'est un anniversaire. "Ce blog avait deux ans..."

Écrit par : Pascal Adam | mardi, 16 juin 2009

Et pendant ce temps, il y en a qui croient qu'on s'amuse...

Écrit par : Michèle | mardi, 16 juin 2009

J'arrive après la fête. Deux ans, ainsi donc j'ai beaucoup à rattraper et de plaisir à venir, à lire tout ce que je n'ai pas lu. J'avais bien aimé votre "fête de merde"!

Ce blog est un trésor.

SOLitude K.O.! J'aime bien le lapsus de Michèle, que je comprends bien. Mais en revanche, que veut dire une solitude K.O.? Solitude pas choisie? Ou au contraire, HS la solitude?

Baudelaire était un prophète, étonnant texte.

Bon anniversaire à SOLKO et longue vie.

Écrit par : Ambre | mardi, 16 juin 2009

Faites attention que je ne prenne pas votre pérouse à la tretle.
Je vous avertis tout de suite, ce n'est toinp un daceau la têfe de la remde en ma pomcanie ça va être l'oiganssant. Je ne refia uacnu offret prou vuso êrte arégable, cra je tédeste la têfe de la remde beni uatnat que vuso c'est le renge de tesfivité qiu rouppait me rnedre chémante . Cela dit si Alceste nous révèle sa quanple, je veux beni pratager ce pot et têfer clidanstènement trove aviné'rsiare dans une vaterne de Siave ou de Zoucon. où nuso refons les ruso cra trone conille le 21 juni resa infranel et cacophinoque comme vuso vasez)
Je n'ai rien dis à propos de Baudelaire dont je pense beaucoup de bien ;-)
Et je vous remercie de nous avoir déloivé l'incroyable origine du nom de Solko qui fût pour moi longtemps mystère et bull de gum... . (Je croyais que c'était un Dieu Grec, quelque chose du genre) J'aime beaucoup votre origine de Solko,. Bonne roisée à vous. Je vous commande le Barbara chantant Couzon, en attendant the pot.

Écrit par : frasby | mercredi, 17 juin 2009

@ Ambre :
Vous avez bien compris, le solitaire est désormais hors la loi. Celui ou celle qui prétend pouvoir se passer de tous ces divertissements idiots, s'éloigner des façons d'être et de faire plébiscités par les grands partis et les grands médias, revendiquer une quelconque spiritualité et se distinguer des modes, celui qui a du goût pour sa véritable originalité (rien à voir avec le fait d'être excentrique : l'original, c'est celui qui refuse d'être une copie), qui nourrit sa réflexion critique et sa vie intellectuelle en marge des conditionnements, bref : le solitaire au sens noble (celui qui dispose de sa solitude), on le veut knock-out. Voir la fin du "Meilleur des mondes... Bien entendu, Solko se veut à son niveau un façon de résister.

Écrit par : solko | jeudi, 18 juin 2009

Cice ste un massgee docé, spot :J'ia beni ul trove spoporsitoin.spot. j'en senpe uqe du beni. spot. mais ej ne sius pas ûrse... (Je saspe pra ici cra je sius dnas un bra fiwi sru la conille et ne pius fiare privaner les mials prévis, et ne xeup vuso pérondre dnas le puls dangr creset, iansi refont nuso dangr mestryre en docant en charmillon cet envio< de çafon à ne toinp evieellr les spouçons de la naplète.
Je vuso péronds dès uqe ej puex, j'ia un sicou : je ne sias sap qnad ste axectemnte tetec têfe de la rmdee...
En supl j'ia voutré un pi'tt crut prou vuso. `
a vuisre ...
Bnnoe roisée, à bonêti !`


Sinon je trouve

Écrit par : frasby | jeudi, 18 juin 2009

... Sinon je trouve votre blog très interessant .
(Faisons comme si nous etions en train de le découvrir ;-)

Écrit par : frasby | jeudi, 18 juin 2009

Ueh, ej en siaf sap tanlbsem!
mentellré ej el vrecoudé, puisde uep te ej em leréga!!!

Tsss!

Écrit par : Ambre | jeudi, 18 juin 2009

@Ambre : ej en tuode toinp uqe vuso ne taifes sap blemsant,
qnadu j'ia vécuodret le bolg de Kosol evec le morémalbe bellit
"Vausez Banllouicirt !" (no ne tir encroe !) les bars me snot bomtés, (d'adrimatoin beni rûs!) et depius tetce vermeilleuse vécroudete (ce bolg) ej sius pomclètement occra.

Écrit par : frasby | vendredi, 19 juin 2009

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