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vendredi, 13 février 2009

L'ancien pont Morand

La planète entière a récemment été le témoin d'une résurgence d'intérêt imprévue pour un illustre bâtiment qu'on croyait à tort oublié, le pont Morand à Lyon. Ce regain est dû à la fouineuse Frasby, dont le malin appareil photo est allé à plusieurs reprises caresser les formes de la somptueuse dame de pierre qui orne la place Liautey dans le sixième arrondissement, flanquée de ses malins génies, pour réinventer la forêt Morand. Deux lyonnais dont l'avis fait autorité sont aussitôt intervenus pour rappeler à quel point l'ingénieur Morand avait marqué de sa griffe ce quartier, et que non seulement le pont, mais également la place (Liautey) et mêmement le cours (Vitton) portèrent jadis le nom de celui à qui la ville doit sa progression vers l'Est. Je cite Mère Grand qui évoqua avec charme les balconnets du vieux pont Morand construit en 1890 et détruit lors de la construction de la ligne A du métro, et Marcel Rivière qui retraça avec érudition l'histoire de la place et celle de la Grande Allée. Une sorte de hasard (mais le hasard fait bien les choses) fit que là-dessus votre serviteur épluchant pour d'autres raisons les collections du Progrès Illustré de la Bibliothèque de la Part-Dieu tomba nez à nez, dans le numéro 10 du dimanche 22 février 1891, avec un bref article où le dessinateur Giranne rendait hommage au premier pont Morand (1772-1890) celui que même Mère Grand n'a pas connu, qui était construit en bois, et que les Lyonnais du dix-neuvième siècle avaient nommé le pont rouge, parce que Morand avait obtenu des recteurs de l'Hôtel-Dieu sa gratuité pendant la Révolution. Voici donc le lien avec la page et les illustrations de Giranne, une gravure du tout premier pont en bois, et le commentaire  de Giranne reproduit en dessous :

L'ancien pont Morand. - L'inauguration du nouveau pont Morand est si récente (14 juillet 1890) qu'il est encore d'actualité de parler de la vieille et pittoresque passerelle qui l'a précédé en lui laissant son nom. Elle fut construite par l'ingénieur Morand, en 1774, pour relier le quartier des affaires (les Terreaux) au quartier des plaisirs (les Brotteaux), vastes plaines verdoyantes où les Lyonnais allaient se réjouir le dimanche. Les salles de danse, les cafés-concerts, les théâtres guignol, rien n'y manquait. On se rendait au Pavillon chinois, aux Bosquets de Paphos, aux Jardins d'Italie, à l'Elysée lyonnais. Le pont Morand, tel que nous le représentons, a été dessiné sur nature, en 1887, alors qu'en aval on pouvait voir encore le long bateau des Bêches, qui fut entraîné par le courant au moment de l'avant-dernière crue du Rhône. Plus près du pont du Collège, il y avait aussi un autre bateau curieux, soit par ses dimensions, soit par son architecture. Il fut détruit par un incendie en 1887. En aval du pont Morand se trouvaient d'autres bateaux, dont il reste encore quelques spécimens vermoulus et tremblants, les Moulins de Saint-Clair. Nous en avons précédemment parlé. Ils forment avec les plattes, les bachuts des marchands de poissons, les sapines et les radeaux, toute la flotille du fleuve. Llentrée du pont Morand, flanquée de ses deux pavillons, d'abord construits pour le péage et qui servirent plus tard de poste de police : C'est de là que, pendant l'Exposition de 1872, partait ce curieux chemin de fer, suspendu sur un seul rail, qui transportait les visiteurs à l'entrée du Parc de la Tête-d'Or. Le pont Morand, quoique construit en bois (16 travées), avait résisté à la fameuse débâcle des glaces de 1789 et aux inondations de 1840. Il subit le siège de Lyon et si l'on s'en rapporte aux gravures du temps, la canonnade aurait dû singulièrement l'endommager. Il portait donc vaillamment encore ses 115 ans quand il fut remplacé, l'année dernière, par le pont monumental qui existe actuellement.

11:08 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : lyon, pont morand, histoire, culture, littérature | | |

Commentaires

Ah, le pont Morand... Toute une histoire... Quand ferez-vous l'éloge du quartier de la Part-Dieu ? Ne mérite-t-il pas un petit billet, ne serait-ce que par la présence là-bas de quelqu'un fort intéressant ?...

Écrit par : Porky | vendredi, 13 février 2009

Belle histoire que celle de ce pont Morand de 115 ans d'existence, qui a résisté à bien des vicissitudes.
Ce billet a été l'occasion d'une visite aux "Neiges d'antan" de Mère Grand, aux "Certains jours" de Frasby et aux "Rues de Lyon" de Marcel Rivière.

Écrit par : michèle pambrun | vendredi, 13 février 2009

L'histoire du pont, de la place et du cours Morand n'aura donc jamais de fin ! J'ai entendu dire que les héritiers de l'ingénieur Morand auraient souhaité, ce qui sans doute aurait été plus juste, que tout le quartier des Brotteaux portât le nom de leur aïeul. En effet ce dernier a plus fait pour l'urbanisation de la rive gauche que les brots, modestes joncs hantant les marécages dont on fit les beaux quartiers. En même temps, les brots furent les premiers habitants des lônes du Rhône. C'est donc justice qu'on garde mémoire d'eux.

Écrit par : MRiviere | vendredi, 13 février 2009

Je crois que ce regain est plutôt dû à vous Solko ... (il faut rendre à César..." comme dit Michèle Pambrun, qui est venue, grâce à vous et pour mon plaisir, me faire une petite visite à C.J, je l'en remercie ) C'est par votre indirecte (ou involontaire) entremise que je suis allée "fouiner" là bas dans la "forêt" (quoique "fouiner" pour "la dame de pierre", pas la peine, elle est grandement là sous nos yeux, et ne demande pas d'investigation secrète pour se laisser désirer ( d'un désir vaste, rêverie asexuée sans concupiscence, nous sommes d'accord ;- ) Puis un autre grand monsieur (M. Rivière) (rendons à César encore...) en soulevant des voiles, (de l'Histoire, pas les voiles de la Dame, bien sûr, M. rivière est un gentleman;-) activa doublement le regain, nous voici maintenant en pleine "Morand'mania" planètaire- et ça ne s'arrêtera plus désormais...
Avec ce billet ci, on touche presque au nirvana. (je dis "presque" pour nous -vous- donner l'espoir d'évoquer encore le sujet dans un avenir + ou - proche... façon -détournée d'en redemander, ah ben ! ;-)
Merci encore de nous rappeler l'émouvant témoignage de Mère grand qui rajouta les arômes au paysage
(comme quoi on peut bien faire la vogue même sans manèges.)
En lisant ce billet très ancien inclus dans le vôtre, personnellement j'ai un peu du mal à retrouver mon chemin, par rapport à aujourd'hui, mais vous nous faites voyager dans le temps avec la page et les illustrations de Giranne , c'est magique... On devient nostalgique. Merci de vos liens, c'est très gentil à vous, et bravo d'exhumer pour nous toutes ces merveilles (le petit pont de bois, pont rouge etc ... ) à peine imaginables même pas en rêve .

Écrit par : frasby | vendredi, 13 février 2009

@ Frasby : La morand'mania : voilà un super concept !
Je vous assure, vous ne rêvez pas. Le vilain pont en béton qui traverse la Saône n'est qu'une illusion éphémère, chimérique... Qui passera à son tour... Si, si...

Écrit par : solko | samedi, 14 février 2009

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