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mardi, 23 septembre 2008

Hamlet's performance

Me tombe sous la main le dossier d'une compagnie théâtrale lyonnaise que je ne citerais pas. Je recopierai simplement là ce que je lis, assorti de quelques commentaires bileux entre parenthèses.

HAMLET 4 GO.  Création / Performance. Du 5 au 7 février 2009. 

Performance (Il doit, Kantor, se retourner dans sa tombe) avec comédiens, danseurs, plasticiens  (pas de noms propres cités; on est humble)

D'après Williiam SHAKESPEARE  (on apprécie le d'après, très couru ces temps-ci depuis l'Inferno de Romeo Castellucci d'après le malheureux Dante. Après Dante, donc, Shakespeare tombe en enfer. Dans cette novlangue outrecuidante, d'après signifie en réalité sans - C'est Hamlet sans Shakespeare : c'est pour ça que, plus haut, on parle - de façon un peu péremptoire, certes, de création ) Ceux qui veulent des explications peuvent les trouver là. Je continue :

"Dans ce système, Hamlet sera omniprésent et totalement absent. (La loi des contraires, si chère à René Char et aux présocratiques, servie à la sauce BTS en communication marketting) Nous tâtonnerons individuellement et collectivement. (traduction : nous sommes tous des artistes. Vous aussi, public... Sauf que, NDLR, seuls ceux qui sont sur scène - et qui sont de moins en moins artistes-  sont payés..) Nous jouerons de l'objet téléguidé, nous serons des dominants dominés, nous appuierons sur des boutons. (Cela doit faire référence à quelque scénographie incluant de la technologie : waaaouuuuh : quelle audace ! - pour traduire la dialectique du regardant/regardé, joueur/joué, arroseur/arrosé...)  Nous inventerons, malgré nous, d'autres logiques, nous provoquerons des collisions (appréciez ici l'emploi des indéfinis - autres notamment, qui me rappelle le fameux "faire de la politique autrement" = on fera donc du théâtre autrement. C'est à dire qu'on n'en fera pas. Ou qu'on fera autre chose ). Nous serons les maîtres du monde, nous déciderons du chaos total ou du silence absolu. ( Tudieu !) Nous serons têtus et peut-être pervers. ( Autosatisfaction, quand tu nous tiens, tu ne nous lâches plus...) Nous ne comprendrons rien. ( Ah ça !) Nous/Vous. "

Pour donner à ce discours une touche intello, une citation d'Anne Giffon-Selle rajoute la petite couche, celle qui manquait au ridicule institutionnel, celle du Trissotin savant, qui achève de rendre le ton de cette brochure jaune et non paginée ( pour qu'on ne s'y retrouve pas ?) conforme et terriblement subventionné : "Derrière  la mécanique formelle instaurée par la règle, se joue pour chacun une dialectique entre liberté d'action ou de choix et étroite interdépendance (...) De l'aveu de tous, cette interdépendance entre un individu et un groupe, cette prise d'otage réciproque, génèrent une intimité entre les deux parties, non exempte d'une violence sous-jacente". ( Prise d'otages... Hmmm. Le trait d'époque est creux, maladroit, démago, pour ne dire qu'un mot. )

Ce pauvre Hamlet, (" La dernière figure de l'intellectuel en Occident", disait Yves Bonnefoy dans son cours au Collège de France ) ce pauvre Hamlet, si j'ose dire, resucé a cependant son prix : 12 euros tarif plein, 6 euros tarif réduit. Le jeudi, précise-t-on, c'est gratuit.

On viendra le jeudi, promis.

Avec tomates et oeufs pourris.

Pour foutre le boxon.

 

15:33 Publié dans Des pièces de théâtre | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : théâtre, shakespeare, hamlet, société, performance, lyon | | |

Commentaires

L’ENTRÉE DES ARTISTES

Théâtre de vie à théâtralisation du réel
fornication des miroirs et des masques suspendus
l’art dramatique porte les mots de son devenir classique
coincé entre les Hamlet et les Socrate
les interprêtes cherchent leur meneur de revue

Les planches ne sont que prétextes pour patauger
et jouer en s’éclaboussant par des litres de flaques
les Arlequin ont toujours le costume de deux maîtres
pendant que les Figaro tirent les cordons de la bourse

Le théâtre n’est pas sérieux s’il est tragi-comique
toutes les modernités cloutent en tiroir les sujets en prétextes
de références en références, les essences se sont évaporées
dans les cageots de tomates mûres et d’oeufs pourris
nouvelles senteurs au parfum des délires entrepreneuriaux.

La vie est un théâtre où les hommes se regardent à foison
sans jamais voir la civilité derrière les jeux d’acteurs
retroussés sur les manches que les couturiers perfectionnent
fausse crédibilité des samedi soir en représentation
après le passage de l’ouvreuse où les pop-corns deviennent héroïques

Le théâtre est la vie où les possibles montent à l’abstraction
car les opéras bouffes ont les notes du n’importe quoi
Offenbach a composé les nouveaux rites bourgeoix
où l’enfant-roi est tout permis pour courroucer la soubrette
et laisser son monologue étourdi finir en une pantalonnade

Une seule réalité théâtrale dans la figure de l’apprentissage
habillée sous les traits des marionnetistes et du Grand-Guignol
où alors les polichinelles ont l’apparence de la vraisemblance
laissant dire à l’homme qu’il est toujours un triste pantin
dont les tyrans secouent les ficelles en sachant les didascalies

Aucune théâtralité dans la vie matérielle de la classe moyenne
pleurant devant les fins de mois et les ronds qui font des bulles
l’attente n’est qu’un mauvais sketch pour rire un bon coup
une petite saynète de vie où les gosses font la gueule
les mimines sur les joystickes du nouveau jeu vidéo
pour manier les nouvelles théâtralités enfantines

L’avant-première n’existe pas, pas plus que la Générale
des représentations fantômatiques de nouvelles mises en place
sous l’écho des rires du public qui feuillette le programme
avant que les saisons ne fassent d’autres reprises

Les acteurs sont intermittents du spectacle
aux larmes de joie succèdent les rires tragédiens
secousses physiques des grands rôles et des figurations
pendant que les mouchoirs tombent à terre
les applaudissements font un tonnerre réverbéré
actionnant les écoutilles du bouche-à-oreille

Le théâtre est une mise en scène de la vie
avec l’existence qui tient un superbe rôle-titre
pour camoufler en un tournemain
les salauds, les puissants et les rustauds
devant un auditoir acquis à la cause
car souvent les jeux d’acteurs
sont dramatiquement vrais
plus que les faux-semblants
ou les mues du présent

Écrit par : pseudonymes1 | lundi, 22 septembre 2008

J'admire l'art de faire une analyse sur un texte qui ne veut strictement rien dire. Quant à la citation d'Anne Potron-Minet, elle est savoureuse : tout ça pour dire qu'il y a une relation entre public et acteurs ! Finalement, comme dirait Shakespeaire l'absent ominiprésent : "much ado for nothing".

Écrit par : Porky | lundi, 22 septembre 2008

@ porky : Si si, il signifie quelque chose, même si cette pauvre performance n'est qu'un exemple parmi des millers : : que le boulot de sabotage continue au sein des institutions culturelles, comme si au nom de la "créativité", rien ne pouvait plus l'arrêter.

Écrit par : solko | lundi, 22 septembre 2008

@ pseudonymes1 ( dites-moi : vous en avez deux ou trois autres ?)
J'aime beaucoup, mais alors beaucoup la référence aux marionnettes. Vous ne pouvez pas savoir à quel point elle tombe à point dans ma réflexion actuelle comme dans ma pratique. Je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il n'y a plus aucune théatralité - allons même jusqu'à dire dramaturgie - dans l'existence des classes moyennes. Pour autant le théâtre qui lui est destiné doit-il être si pauvre, si fade, si commun, si prétentieux aussi ? Autant alors le supprimer pour le remplacer par une série télé ou un talk show projeté sur grand écrant, tous deux ininterrompus. Et à quoi bon déranger le sommeil de Shakespeare ou bien celui de Dante, si tant est que ces inepties, je vous l'accorde volontiers Porky, les dérangent.

Écrit par : solko | lundi, 22 septembre 2008

Bonjour Solko,
Le temps long jugera, Shakespeare sera toujours lu et joué. Cette "création" aura été oubliée depuis des siècles...

Écrit par : Tang | lundi, 22 septembre 2008

Oui, mon cher Solko, comme le rappelle Tang (que je salue au passage), la seule chose rassurante dans toute cette culutre, c'est qu'il n'en restera rien, ou des revues de presse, qui sont la forme ultramoderne du rien.
Bien à vous, et grand merci de vos saluts...

Écrit par : Pascal Adam | lundi, 22 septembre 2008

Vous êtes un sage, Tanguy.

Écrit par : solko | lundi, 22 septembre 2008

Vous en êtes un autre, Pascal.

Écrit par : solko | lundi, 22 septembre 2008

Bonjour ou plutôt bonsoir... vu l'heure qu'il est!
Tout d'abord, je tiens à vous remercier pour votre commentaire sur mon blog!
Aussi me suis-je empressé de vous rajouter sur les références de mon blog!
Pour info, sachez que j'ai bcp de plaisir à visiter les blogs de Léopold Revista, de Frasby et de tant d'autres encore!
Alors merci à vous, et à bientôt!

Écrit par : eeeelsoliver | lundi, 22 septembre 2008

Tout au plus mon commentaire le fût. Et c'est bien assez. Bonsoir vous deux.

Écrit par : Tang | mardi, 23 septembre 2008

J'ai une culture theâtrale aussi mince qu'une crêpe (tiens, j'ai déjà entendu cette expression quelquepart ;-))
Mais là, voyez vous , il me semble retrouver un théatre qui se faisait il y a + de 20ans (et pour ma sortie d'adolescence ,ça allait avec tout le reste surtout avec le biactol et le pétard à la peau de banane pilée...C'était à la même époque , où je me retrouvais donc dans un theâtre en plein air pour une pièce d'après je ne sais qui , (un grand nom ! de toute façon, russe avec plein de K, ça faisait genre le K) .On nous fit croire que nous faisions la pièce à mesure ,voyez, rien à voir avoir le living theatre qui avait sûrement du propos en son temps.. et aussi on nous amena des cartons de terre, il fallait touiller, les doigts dedans ,tandis qu'on nous repétait que nous réalisions le spectacle tout en même temps qu'on nous faisait réciter des mantras tout en même temps qu'on nous faisait bien comprendre que nous étions coupés de la conscience cosmique.. d'autres spectateurs acteurs trahissaient abondamment leurs camarades en leur collant des couronnes de fleurs en papier crêpon sur la tête, entre temps un acteur se roulait à poil sur la scène-herbe sortant isolément une phrase de Maiakovski sur fond de dead kennedys (déjà que j'avais du mal avec les adaptations de Molière sur des mobylettes) mais là voyez, quand il a fallu que je serre dans mes bras un fortuit, camarade "spectateur -acteur" de cette pièce, mon sentiment n'y étant pas du tout avec cette personne là , j'ai fait mon caprice du style page 123 ,pour m'entendre dire dans un porte voix que j'étais aliénée par le système. tout cela pour vous dire que je suis la première à défendre toute expérience artistique expérimentale (étant dévouée dans mon autre vie, à ce domaine je serai bien mal placée pour jeter la pierre à certaines expériences contemporaines, theâtre ou musique ou plastiques voire même je les défends bec et ongle) sauf qu'il ne faut pas être malhonnete , et faire avaler des couleuvres au public qui est souvent bon joueur, bon enfant , prêt à beaucoup, disponible , voilà le mot ...sauf que ces spectacles là , (qui nous servent de l'interactivité à foison et des discours du genre "Nous sommes tous des artistes") marchent sur les plate bandes de ceux qui réalisent de vrais belles expériences en laissant au public la liberté de s'y coller ou pas, donc avec un respect scrupuleux du public. Nous ne sommes pas tous des artistes ...il faudrait arrêter avec ces manip- pretextes à nous offrir n'importe quoi à bon prix . Comme vous dites (sauf que les acteurs sont payés) soit ! qu'ils payent le public déjà si le public fait le spectacle que soit d'égal à égal.
il faudrait arrêter d'ambiancer le public avec des slogans qui ressemblent au "on se lève tous pour danette" mâtiné de pseudo living théatre corrigé Raël (et Danone)...
Il faudrait que sur ces injonctions qui se font passer pour de l'esprit libre ,pour Danette, on ne se dérange pas et qu'on sorte par la grande porte non sans avoir piétiné auparavant, quelques fauteuils...que le public ose refuser, d'être acculé à la regression parce que l'artiste peut aussi abuser de ce pouvoir là, hélas ! Par contre je n'ai pas vu ce spectacle , celui dont vous parlez . donc je m'arrêterais là . En espérant n'avoir pas exagérement digressé...

Écrit par : frasby | mardi, 23 septembre 2008

à Frasby : Moi non plus, Frasby, je ne l'ai pas vu. Je ne réagis qu'au dossier de presse que j'ai entre les mains, à l'instrumentalisation de Shakespeare, à l'institutionnalisation de la performance qui perd tout son caractère subversif pour devenir un spectacle bourgeois-bohême, un spectacle de connivence aussi frelaté au final - non, bien davantage - que le premier vaudeville venu.
Mais comme le disent Tanguy et Pascal ; A quoi bon s'énerver ? Ce simulacre ne sera pas le dernier et sera bien vite oublié. Bonne journée à vous tous.
@ eeeelsoliver : j'avais repéré votre "griffe" ça et là. A bientôt

Écrit par : solko | mardi, 23 septembre 2008

Depuis le temps qu'il est malmené, Shakespeare ne se retourne même plus dans sa tombe ! Il est devenu philosophe ... Ce qui m'agace surtout au théâtre, c'est l'ingérence des technologies modernes, écrans et projections qui ne font que détourner l'attention du public et même celle des comédiens dispensés du coup d'approfondir le texte. Or, comme le théâtre est le reflet de la société, il ne faut pas s'étonner d'y retrouver du n'importe quoi. On adapte, par conséquent on trahit mais le pire est que les 3/4 du temps, le " d'après untel " est éludé. On ajoute la falsification à la trahison.

Écrit par : simone | mardi, 23 septembre 2008

Sans compter que cette ingérence se croit "créative" et que, hormis quelques cas qu'un manchot compterait sur les doigts de sa main... Glissons sur ce point-là

Écrit par : solko | mardi, 23 septembre 2008

Amusant, j'ai le programme entre les mains puisque le théatre auquel tu te réfères est dans mon arrondissement. Tu as raison, la présentation est mauvaise. J'ai appris à ne pas trop m'y fier néanmoins, leur programmation étant beaucoup plus intéressante qu'il n'y parait de prime abord (Lambeaux de Charles Juilet en particulier). C'est donc noté pour le jeudi 5 février.
P.S. Tu fais comment pour avoir des oeufs pourris toi ?

Écrit par : Trublyonne | mardi, 23 septembre 2008

Tu les achètes en grande surface dès maintenant, et tu les laisses jusqu'au mois de février dans un carton à chaussures dans un coin des WC. D'ici février, on aura le temps d'en reparler !

Écrit par : solko | mardi, 23 septembre 2008

@Solko : Oui, je m'emporte, j'ai tort.(je fourre un gros mouchoir dans ma poche, n'en parlons plus )
C'est que le sujet m'est cher voyez vous ... Et que l'on n'en sort pas.
Et puis aussi, le fait de voir certains amis metteurs en scène surdoués, qui se refusent au marketing artistique, en train de se décourager et de renoncer à leurs projets (magnifiques) pour gâcher leur énergie et leur talent à aller donner des cours dans l'ain ou dans l'isère (afin de manger et d'échapper au précaire rmi)
m'attriste au plus haut point...
P.S :
Pour la petite recette si vous n'arrivez pas à pourrir assez vos oeufs, je vous conseille, certains fruits chinois (dont, je ne vous donnerai pas le nom ici, déjà rien qu'en les nommant,
ça sent... Allez donc rue Passet, Je fais confiance en votre flair;-). Il est 5H00, Lyon s'éveillera dans une heure.
Excellent mercredi .

Écrit par : frasby | mercredi, 24 septembre 2008

Lambeaux de charles Juliet en pièce de théâtre ! Je me demande ce que ça va donner. Déjà que ce somnifère pour dépressifs profonds vous tombe des mains à la lecture, quid en ce qui concerne la représentation ? J'espère que le directeur de salle a prévu des ceintures de sécurité pour éviter les chutes "spectaculaires" pendant la période de sommeil profond...

Écrit par : Porky | vendredi, 26 septembre 2008

Ah ! ça c'est drôle ... Les chutes auraient pour effet bénéfique de réveiller les autres, non ? Mais les accoudoirs et le peu de place pour les jambes calent bien le spectateur. Finalement, ils ont tout prévu. Parfois, il s'élève des ronflements que les voisins se gardent bien d'interrompre, accueillis par des sourires narquois. N'importe, les comédiens ne méritent pas cela, quand même ...

Écrit par : oculaire témoin. | vendredi, 26 septembre 2008

ça me rappelle quand j'ai été voir la dame aux camélias par Adjani au théatre Marignan. un type s'est mis à ronfler. crime de lèse majesté ! il avait bien raison, le spectacle était ennuyeux à mourir (de phtisie galopante bien entendu)

Écrit par : Trub | vendredi, 26 septembre 2008

Je suppose que vous parlez de Marigny ? ... 1515 vous a traumatisé(e) ... Etant donné que je fuis les vedettes comme la peste, je n'y suis pas allée. Neuf fois sur dix, quand on devient " vedette " ou " star " (!) on cesse d'être artiste.

Écrit par : simone | vendredi, 26 septembre 2008

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