dimanche, 13 mai 2012
Le changement, c'est Maintenon
Nul ne semble s’émouvoir qu’aux côtés de François Hollande une «compagne» non mariée siège déjà à ses côtés en posture de future petite mère des peuples. Comme si le sujet était tabou, on parle déjà de cette dernière comme d’une « Première dame de France », ce qui laisse pantois : la Première Dame de la République serait donc celle qui partage la couche du monarque, et dont il peut changer au gré de ses humeurs. S’il fallait pourtant la comparer à quelqu’un, Valerie Trieweiler serait au mieux une Françoise de Maintenon, en rien une Anne d’Autriche.
Si je me livre à ces analogies aussi approximatives que ridicules - Hollande en Louis XIV, je sais… (1), c’est parce que la dame, se comparant elle-même aux épouses des présidents précédents (et se présentant déjà comme une sorte d’anti Carla Bruni Sarkozy, sur le mode de François contre Nicolas…) a l’air bien décidée à s'attribuer elle-même cette fonction honorifique (mais pas seulement), sans se rendre compte de la dimension purement carnavalesque qu’elle prend pourtant dans son cas : Valerie Trieweiler n’est ni élue ni mariée au Chef d’Etat, que je sache. Par conséquent, Valérie Trieweiler n’est rien, absolument rien si j’en crois le protocole républicain : rien pour moi, rien pour nous, rien pour le peuple autrement dit, sinon une journaliste de Paris Match deux fois divorcée entretenant une liaison avec le nouveau Président.
Valérie saluant le peuple français à la Bastille
Il y a dans cette posture un mélange de modernité (la revendication à l'amour libre, au non-engagement) et de goût pour les fastes anciens (être la Première Dame de France), un mépris pour la puissance et pour l'ordre traditionnels qui n'a d'égal que le désir de les caricaturer l'une et l'autre sur le plan individuel, qui dévoilent bien toutes les ambigüités de cette gauche qui s’installe au Pouvoir pour cinq ans : Un composé d’orgueil et de fausse modestie, le mélange d'une volonté affichée de changement et d'un réel goût pour la posture, lesquels tiennent du travestissement le plus abouti. Avec l’adoubement du Prince consort, auquel une chaîne publique s’est livrée en direct, et auquel cet excellent billet de Nauher a rendu justice, cette posture à la fois roturière et seigneuriale augure mal du style de cette nouvelle Présidence, placée dans un-delà - ou plutôt un en-deça- du bling-bling sarkozien, qu'on pourrait appeler le toc hollandais...
(1) Tandis que Mélenchon a prononcé le mot de monarque (avant de le retirer), Montebourg a osé un "François Hollande est pour moi le Franklin Roosevevelt de l'Union Européenne". Ah ! ah ! ah !
18:11 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (72) | Tags : valérie trieweiler, république, protocàle, élysée, hollande |