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mardi, 10 septembre 2013

La guerre, la retraite, les impots et mon chat.

Mon chat est un sérieux. Un grave, même. Cela semble non pas un trait de son caractère, mais un effet de l’âge. Il demeure figé et silencieux sur un coussin, observant  de la fenêtre non plus ce qui se passe dans la rue, qui a cessé de l’intéresser depuis longtemps, mais plus loin, derrière l’immeuble d’en face, derrière l’horizon qui, comme lui, plisse souvent les yeux. Cela le ramène au mystère de son for intérieur, qui me ramène au mien. Nous sommes deux guetteurs.

Mon chat aime aussi s’installer dans le fond d’un pot pour y somnoler. Sa somnolence n’est pas si éloigné de son guet. Quand il somnole, il se détend longtemps, après s’être étiré longuement. La marche du monde, il semble s’en écarter, et pourtant il n’est qu’un grain de ce chaos, tout comme moi. Comme moi, il ne chasse plus depuis longtemps, et sa nourriture, comme la mienne, se manufacture ailleurs qu’en son instinct. Nous sommes deux guetteurs somnolents et vaincus.

Alors, n’allez pas lui demander ce qu’il pense de la guerre. Il vous fera comprendre d’un clignement de paupière qu’il ne supporte plus tous ces salonnards qui « veulent y aller », sans même concevoir ce qu’est en réalité un champ de ruines. Ne lui demandez pas ce qu’il pense de la retraite. Un froissement de sa moustache suffira à vous faire comprendre aussi ce qu’il pense de cette jeunesse, aussi éloignée de la retraite dans le temps, que le sont les salonnards de la Syrie dans l’espace.

Même le racket fiscal sans précédent organisé par l’Etat hollandais l’indiffère. Il sait que toute relation n’est qu’un rapport de force, de chasseur à chassé, de chat à souris. Pas de citoyenneté dans une meute, où les plus beaux parleurs sont les plus beaux salauds. Alors, si les souris votent stupidement pour un chat qui les méprise et les bouffe, ça ne le regarde pas.

SI vous glissez votre doigt sous son cou, il le tend et vous offre un ronronnement régulier comme le déroulement du temps. Il sait combien il est seul dans ce monde inversé, que certains de ses congénères adespotes crèvent dans les rues d'Athènes, pendant que d'autres subissent des mises en plis, avant de concourir dans des expositions californiennes. Il se résigne à son sort, qui me ramène au mien. Le guetteur est aussi philosophe.

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20:37 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : littérature, chat, syrie, impôts, retraite, réforme | | |

mardi, 26 octobre 2010

La ligne blanche,

Me disait-il. Il y avait naguère comme deux mondes antagonistes, aussi faux l’un que l’autre mais qui s’équilibraient l’un l’autre et permettaient aux gens de vivre dans un espace commun. Mais désormais, il n’y a rien, qu’une ligne droite, cette ligne tracée par le capitalisme, comme une ligne de fuite, et que tous suivent. Et de chaque côté de la ligne, plus rien n’est éclairé, ni derrière, ni devant, alors ils vont.

Continuait-il

Il a fait toutes les manifs et ce que j’apprécie chez lui, c’est qu’il n’est pas dans l’auto-persuasion ni dans la fierté ou le moralisme de tant d’autres, ni dans leur machinisme, mais… « ça va arriver, me dit-il, ça peut arriver à n’importe quel moment, cette chose (il frotte le bout de ses pouces contre les phalanges de ses index) – quoi ? Le grand soir, je fais, presque ironique ?

Mais c’est à cause de cette ligne, qu’il me répond, il ne peut pas encore pendant des années n’y avoir qu’elle, tu vois, il la figure avec ses deux mains parallèles, d’un geste vif devant son visage vers le mien  - je vois - alors je te dis pas que ça va se passer comme ça, jeudi ou la semaine prochaine, mais ce qui est sûr, c’est que ça va a-de-ve-nir, parce que ça dépasse complètement cette histoire de retraites et ni Sarkozy ni les soc'es,  n’y peuvent mais, ni les syndicats non plus, ça va arriver à cause de cette ligne qui trace comme un cheval sans guide, qui ne sait plus où elle va, qui peut pas continuer comme ça…

Si, le mur, je pense. C’est peut-être ça qu’il veut dire. L'envie. Et qu’avant de rentrer dedans, plutôt que d’entendre crisser les pneus sur le grain du goudron toute sa vie, une stridence à s’en crever l’ouïe, c’est sauter de la bagnole qu’il faudrait, d'un coup, le laisser se viander comme un vieux machin en tôle qui vaut pas plus qu'une bagnole, le système, et manger l'asphalte, c'est comme ça qu'on dit ? mordre la poussière ?  oui, non, sait-il ? sais-je ? qui sait …

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18:42 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : politique, littérature, france, société, actualité, réforme, retraites | | |

jeudi, 04 juin 2009

Les impuretés de Pécresse

Trouvé cette perle de Pécresse dans le "Métro" d'aujourd'hui :  "Il est très difficile de convaincre 57 000 enseignants chercheurs que nos intentions sont pures, surtout quand tant de fausses informations circulent sur les blogs ". 

"Sur les blogs": première généralité, premier lieu commun. Tous les blogueurs sont donc des menteurs. Dans le même genre, madame la Ministre, je vous propose d'autres aphorismes dignes de votre hauteur d'esprit : tous les fonctionnaires sont des faineants, tous les ministres sont corrompus, tous les élèves sont nuls, tous les commerçants sont des voleurs, tous les financiers sont des salauds et toutes les blondes sont des imbéciles. A méditer, n'est-ce pas ?

" de fausses informations circulent sur les blogs" : Vous nous livrez là, implicitement, votre curieuse conception du blog. Jusqu'à preuve du contraire, un blog, de quelque bord politique (ou apolitique) qu'il soit, n'est pas un organe d'information, non ? Ne confondons pas ce qu'est un blog et ce que sont ces "gratuits" dans lesquels vous et vos congénères faites votre propagande au ras des paquerettes et dans les rames du métro.

"nos intentions sont pures" : J'avoue que les bras m'en tombent. Prenez-vous à ce point les gens pour des crétins ? Sans doute, oui... Remarquez... vous avez peut-être bien raison. Tout passe, dans ce discours tissé de lieux communs qui est celui de la propagande politique.  Le pire, voyez-vous, c'est qu'il ne rencontre plus d'opposition, Ségolène et Besancenot tenant le même discours à leur manière : Nous sommes purs. La vie politique est pure. Nos intentions sont bonnes. Nous vivons tous une grande histoire d'amour dans le paradis retrouvé de nos engagements dévoués à la cause commune...  n'est-ce-pas ?

"Qui fait l'ange fait la bête", pourtant. La grosse bête, même. Il est vrai que les Pensées de Pascal ne sont plus de mise, dans un pays où La Princesse de Clèves est un livre subversif...