lundi, 19 octobre 2009
Le député tatami
Le vote Douillet est certes un épiphénomène, somme toute anecdotique au regard de « l’Histoire ». Sarkozy et ses sbires y ont déjà trouvé une occasion de le tirer du mauvais pas où l’avaient jeté et son fils à papa de président de fils, et son neveu de président de ministre. La vie dorée pour l’un, la mauvaise vie pour l’autre, deux éléments que les citoyens de base en temps de crise ont heureusement encore un peu de mal à pardonner même s’ils ont l’oubli bien facile.
Et certes, il y a eu des gens pour voter UMP derrière le vote Douillet, et venir au secours de l’autorité, comme ils disent.
D’autres, pourtant, et c’est avec ces autres qu’on fait une majorité de nos jours, ont voté non pas pour l’UMP, mais pour Douillet lui-même qui avait fait de la députation, publiquement, un challenge personnel. Ceux-là m’interrogent. M’interrogent vraiment.
De quel type de représentation le croient-ils capables ? Que signifie faire de la politique un challenge personnel ? Sans doute ces curieux électeurs auront-ils trop entendu dire à la télé que ce sportif-là représentait jadis la France aux J.O… Et sans doute la confusion entre un type de représentation symbolique et ce qu’est réellement la représentation politique a-t-elle jouée dans certains cerveaux un peu inexpérimentés.
De même, à force de jouer avec le vote, par minitel, puis par téléphone, par portable, par SMS, pour tout et n’importe quoi, on aura fini peut-être par transmettre à toute une frange d’une génération une vision du vote fort curieuse, vote pour qui te plait, vote pour le plus fort, vote pour qui te séduit…
La démocratie va mal. La société démocratique aussi.
La politique spectacle n’est plus une vue de l’esprit. C’est désormais un fait. Voilà ce que signifie le vote Douillet.
La dérision qui a gagné tous les esprits et souffle dans tous les étages de la société risque bien de nous réserver certaines gueules de bois, le PS comme l'UMP jouant sur ce terrain les mêmes cartes, celles qui consistent à tirer du bénéfice en et de toutes choses, au nom d'un pragmatisme cynique contre lequel il faudra bien qu'un jour la population se révolte pour de bon.
Au train où vont les choses, il se peut même, voyez-vous, qu’on regrette un jour le très bling bling et hautement caricatural Sarkozy dont on dira : c’était encore, lui, un homme politique, tout comme j’ai entendu des gens regretter Chirac et lui trouver rétrospectivement (ce qui ne manque pas de sel) une hauteur d’esprit et une certaine suite dans les idées…
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David Douillet élu judoka député dans les Yvelines.
Et bientôt, lequel président ? Zidane ? Arthur ? Mimie Mathy ?
Voilà qui sent si bon la France qui gagne
Vu et voté à la télé...
23:04 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : politique, david douillet, sarkozy, palais bourbon, n'importe quoi |