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jeudi, 22 mai 2014

La zone me rend triste.

C’est devenu une mode, Valls aidant, une tendance de se proclamer patriote, français. Je l’entendais brailler dans un poste tout à l’heure, le Manuel :  « Moi j’ai choisi la France, ce qui ne m’empêche pas de me sentir  fier de mes origines catalanes. » Grand bien lui fasse. D’ailleurs, il fait son meeting de campagne à Barcelone pendant que l’Allemand Martin Schultz dégoise dans l’hexagone. On nous prépare au fédéralisme, à petites doses. Moi, me dis-je en entendant le tout jeunot Prime Minister moi, je n’ai pas choisi la France. Je suis tombé dedans quand je suis né, un peu comme Obélix dans la potion magique. Et ça a fait un grand plouf. 

L’autre jour,  nous étions quatre profs attablés à une pizzeria. L’une (prof d’espagnol) commence à  expliquer que sa famille maternelle vient de Murcie, d’un ton très feutré. Une autre (prof de gestion) réplique que du côté de son père, on était catalan. La dernière (prof d’anglais) est née au Maroc. Soit. On dirait de nouveaux aristocrates se régalant de leurs frais blasons. L’ambiance est très cosy, bobo (très prof), ça fait aussi parvenu, sans réelle hauteur d’esprit. Vous me direz, à l’heure des pizzas... Me dis soudain qu’il n’y a plus que moi dans cette honorable assemblée à n’avoir pas le passeport élargi de la zone. A être par conséquent un vrai roturier. « Ma mère est née à la Croix-Rousse et mon père à Villeurbanne », je lâche, un brin excédé par cet entre soi gélatineux qui feint de se trouver des accointances. « Mais j’ignore lequel a traversé  le Rhône le premier.» Et je rigole un coup, parce que je sens qu’on se demande autour de moi si c’est du lard ou du cochon, et quelle réaction il convient d'adopter. Cosy, bobo, n'est-ce pas.... 

Oui ça me fait chier ce souci d’être français et cette fierté d'être d'ailleurs, revendiqués comme un compte en banque bien garni, parce que je ne me sens pour ma part pas fier d’être français, juste français. Et encore : La culture française s’est tellement dilapidée, dégradée ! A moitié moins français que mes parents, et pour un quart seulement quand je pense à mes grands parents. Je me souviens de ce que prophétisait cet irakien rencontré un jour, à propos des Américains : « Ils veulent qu’il y ait autant de différences entre moi et mon petit-fils qu’entre vous, Français, et vos grand-pères.» (LIre ICI) Oui, la zone me rend triste. La zone sonne faux. Elle est en toc, emplie à nouveau d'imbéciles heureux qui sont nés autre part. chanterait Brassens s'il revenait parmi nous, Parce que cette sociabilité des origines n’a pas plus lieu d’être chez les nouveaux ou récents arrivants que chez les Français de souche, comme on dit dans la presse dite progressiste, pour ne pas dire les Deschiens. Sale presse, sale époque,où l’esprit se réduit comme une peau de chagrin, et la sociabilité, livrée à la seule dimension du consumérisme normé, n’a pas plus de goût que la crème allégée qu‘on nous sert en dessert....

07:00 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : france, français, europe, société, culture | | |

vendredi, 15 juillet 2011

Pitoyable Joly

.A la phrase parfaitement cohérente de Fillon : «Cette dame n'a pas une culture très ancienne des valeurs françaises », Eva Joly, qui vient de contester la tradition du défilé militaire au profit d’un défilé citoyen (on craint le pire…) répond par « Cela fait cinquante ans que je vis en France et donc je suis Française.»

Autrement dit elle confirme qu’en effet, elle n’a pas une culture très ancienne des valeurs françaises. Cinquante ans, qu’est-ce, au regard de Valmy ?

Pour ma part, je ne suis pas un militariste convaincu, je ne regarde jamais le défilé du Quatorze Juillet ; pourtant, je sais les liens entre la culture française, sa littérature, sa peinture, sa musique et Valmy, la Grande Armée napoléonienne, les poilus de Quatorze Dix-huit. Et je vois bien que les propos de cette femme ne relèvent pas du domaine du scandaleux, mais de celui de l’arrogance. C’est ce discours du contemporain, toujours le même, ce discours qui prétend que tout ce qui n'est pas nous est « dépassé » : c’est au fond l’argument des imbéciles. Comme celui, d'ailleurs, qui consiste à confondre la France et les Français ( et donc, dit-elle). La France existe depuis le Moyen Age. Les Français, qu'ils soient de souche ou issus de l'immigration, - comme on dit aujourd'hui - n'existent que depuis qu'en leur coupant le cordon ombilical, on leur fit un nombril. Cette dame pitoyable devrait s'en souvenir plutôt que de jouer aussi vulgairement qu'elle vient de le faire en se prétendant attaquée (alors que c'est elle qui sort des conneries grosses comme elle) la carte populiste de la discrimination. 

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