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jeudi, 26 mai 2011

Un président normal et un patient illustre

1.       Un président normal, c’est un président qui :

-         - Paye ses factures d’électricité comme De Gaulle

-        -  Appelle sa femme Bibiche dans l’intimité comme Pompidou

-         - Joue de l’accordéon comme Giscard d’Estaing

-         - Reste chébran jusqu’au dernier jour comme Mitterrand

-         - Flatte le cul des vaches comme Chirac

-         - Fait son jogging régulièrement comme Sarkozy

-         - Ou son barbecue comme Obama

2.    Le dernier candidat prétendant incarner le Français moyen et souhaitant être un président normal que j’ai connu s’appelle Marcel Barbu (voir photo ci-dessous) .  Il a obtenu 279 685 voix en 1965, soit 1,15% de l’électorat de l’époque. A cette élection, De Gaulle avait rassemblé presque 11 millions de voix dès le premier tour.

 

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3.      Si le fils Hollande atteint sa majorité politicienne en 2017, et si nous ne  sommes pas tous morts à cette date-là, on aura peut-être une chance de le voir se présenter, après sa mère et après son père à la magistrature dite suprême. Il est des obsessions purement familiales.

4.  Finalement,  je regrette le septennat. On nous faisait chier avec les campagnes, précampagnes et autres, d’une façon beaucoup plus espacée. Le storry-telling, depuis que le personnel politique (spécialement de gauche), est devenu si médiocre, demeure l’unique manière d’alerter et de fidéliser l’électeur durant de longs mois. Un peu comme le feuilleton radiophonique d’antan.

5.  De tout ça, y compris de l’affaire DSK (a-t-il bien fait son caca aujourd’hui ?), on ne parlera assurément  plus du tout d’ici peu de temps. C’est ce qui tient lieu et place des « ragots de Cour » dont Saint-Simon emplit plusieurs tomes en son temps.

6.  Un homme de 82 ans m’a expliqué hier qu’en s’y prenant à trois fois, on avait fini par lui extraire une tumeur cancéreuse de la vessie de 3cm de diamètre, en passant par les orifices naturels. Voilà qui laisserait songeur, je crois, le duc de Saint-Simon, toujours avide de potins médicaux.

      7 J’ai ressorti mon vieux Montaigne (l’édition de Pierre Villey aux PUF), et trouvé de prime abord, avec grand étonnement - qu’il sentait encore le tabac.  Je fumais beaucoup, la première fois que je l’ai lu. Différence fondamentale avec les pages virtuelles du livre numérique, dont on nous fait grand cas : ces pages là seront incapables de conserver de telles odeurs. Ni les remarques en marge. Ni les empreintes, ni les taches de chocolat…

       8. Montaigne et les médecins,  Montaigne et sa gravelle : « Il n’y a que les fols qui se laissent persuader que ce corps dur et massif (il parle de la pierre) qui se cuit en nos rognons se puisse dissoudre par breuvages ; par quoi, depuis qu’il est ébranlé, il n’est que de lui donner passage ; aussi bien le prendra-t-il »

     9 Voilà pour faire écho à ce que me disait mon vieillard d’hier. Laissons à Montaigne, le patient le plus illustre qui fut, le soin de conclure  « Mais tu ne meurs pas de ce que tu es malade : tu meurs de ce que tu es vivant. »

14:39 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : montaigne, marcel barbu, françois hollande, politique, gravelle, littérature, essais | | |

mardi, 21 décembre 2010

Defense et illustration des oisivetés hivernales

Oisif proviendrait en ligne courbe du latin otium. Courbe, parce que comme beaucoup de mots de formation populaire, il fit un détour par la langue vulgate, ce latin machouillé médiéval, d’où en 1350 jaillit ouesif, lequel donna d’abord oiseux, puis, par changement de suffixe savant, oisif. Quand je lis chez Robert les définitions des deux mots, je me demande quelle connotation tinte le mieux à mon oreille :

Oiseux : « Qui ne sert à rien, ne mène à rien »

Oisif : « Qui est dépourvu d’occupation, n’exerce pas de profession ».

Le mieux n’est-il pas de ne mener à rien ?

 

De oisif est dérivé oisiveté, qui est l’état qu’on imagine d’une personne oisive  (pas nécessairement oiseuse) C’est un mot qui ne s’emploie, semble-t-il, qu’au singulier (on dit crânement que l’oisiveté serait la mère de tous les vices). Le terme s'utilise également au pluriel, pour qualifier un genre littéraire des plus agréables à pratiquer, les Oisivétés.

Les Oisivetés sont des textes qui se reconnaissent au fait d'être nés sous la plume  d’un oisif. Peut-être même d’un oiseux, puisque les textes, songes, récits en question ne mènent pas nécessairement à grand chose. Sénèque, en conseillant à Lucilius de ne mener d’otium que studieux, n’était guère éloigné de l’Oisiveté entendue comme telle. Montaigne non plus, qui dès le huitième de ses essais, évoqua des « terres oisives » et, causant de son esprit, déclara qu’il ne pouvait lui faire de plus grande faveur « que de le laisser en pleine oisiveté, s’entretenir soi-même, et s’arrêter et rasseoir en soi » L’oisiveté favorise le bon comme le mauvais imaginaire, et si le mauvais est le prix à payer pour le bon, il ne faut point être avare de ses vices, contrairement à ce que prétend le proverbe.

Les Oisivetés ne sont guère éloignées non plus des Loisirs, autre genre littéraire oublié du siècle ignare où nous sommes.  Le Loisir pourrait après tout être l’œuvre de l’oisif, même si les étymologistes nous soufflent à l’oreille qu’il n’en est rien.

Comme les Divertissements, les Loisirs sont davantage tournés vers l’extérieur. Dans cette forme de littérature assez libertine, le bourgeois narre des épisodes galants qui l'arriment davantage du réel, et deviennent donc assez rapidement ennuyeux, comme avec les Promenades ou les Souvenirs. Les Loisirs sont partie prenante du printemps, me semble-t-il. Les Promenades de l’été, les Souvenirs de l’automne. Tandis que les Oisivetés, comme les Divagations, dépendent foncièrement de l’hiver. Tous deux sont ensemble comme l'ongle à la main. C’est en ce sens qu’elles coiffent de haut tous les autres genres susnommés. Et qu’en ce 21 décembre, elles sont, plus que jamais, de saison.