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mardi, 04 novembre 2014

Quand les mots se la coulent douce

Longue et belle journée de lecture à l'abri de la pluie, une pluie longue, constante, musicale. Ailleurs, plus bas en Ardèche, dit-on sur les écrans, l’eau a fait des ravages. Elle n’a fait par ici qu’y ruisseler tout le jour, y rafraîchir l’air, y planter pour de bon l’automne qui tardait à venir, au mépris de la Toussaint et de ses mornes randonnées de survivants à travers les tombes.

Lire, donc. Dans un pays politiquement éteint, lumière des Lettres.

Ecrire, tout autant. Et mêler la satire à sa nostalgie, la dérision de la dénonciation à celle de l’aveu de soi, amorcer ce retour au sein de l’Heimat infidèle.

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La littérature est un univers en soi, une chambre close, quand les mots se la coulent douce.

19:38 Publié dans Des poèmes, Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, lecture, novembre | | |

dimanche, 02 novembre 2014

Coïncidences

Plus nous vieillissons, plus le mois de novembre débute tard. Je veux dire, non plus le premier jour, comme tous  les autres mois, mais le deuxième, véritablement, le jour des Morts, de ces morts qui se sont accumulés avec fracas derrière nous, et parfois à l’orée de notre existence, pour que nous comprenions bien qu’elle ne serait pas davantage que la leur une partie de plaisir.

Malgré le déplaisir, nous n’avons pourtant pas désespéré de cette vie, sachant combien les pubs sont mensongères, et qu’il serait vain de réduire la vie à un seul sentiment, si exaltant soit-il, tel celui, si ambigu, du bonheur. S’il y avait une pub à concevoir pour l’existence, je ne sais pas trop ce qu’il faudrait en dire, ni comment la présenter. L’existence n’est ni un plaisir, ni un déplaisir, ni un malheur, ni un bonheur. Elle est une faculté, et c’est déjà beaucoup en dire.

Je me suis réveillé ce matin parmi eux. Eux, les morts. Songeant, les yeux clos, rêveurs, qu’ils vivaient là, rodant en moi, bien que le fil de leur existence soit rompu. Quant à moi, encore soumis à l’économie des vivants, leurs regards, leurs désirs, leurs exigences, leurs attentes,  leurs rancœurs, espérant toujours d’eux malgré toutes les déconvenues je ne sais quel tenace amour, je me suis demandé si je n’étais pas mort en réalité. Ce sentiment n’avait rien de peinant, au contraire. Rien de réjouissant non plus, au contraire.

 

Un peu plus tard dans son sermon, le prêtre n’affirma rien d’autre, que ce que les Morts connaissent de la mort les rend Vivants en nous pour jamais, quand ce que nous en ignorons fait de nous des cadavres en sursis, qui avons besoin de Dieu. Et je me suis alors demandé si la religion, dont la fonction est de rassembler ce qui a été séparé, de relier, n’est-pas en essence une pure coïncidence, au sens étymologique, et presque miraculeux du terme.

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Ossuaire de l'église San Bernardino alle Ossa, Milan

D'autres, à visiter ICI

 

18:18 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : religion, toussaint, jour des morts, christianisme | | |