mardi, 18 septembre 2018
Mélanie Calvat, bergère, sainte, martyre...
Difficile de ne pas entendre, dans les avertissements de la Sainte Vierge, Reine du Ciel, à Mélanie Calvat : « Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième, et on ne veut pas me l’accorder, c’est ce qui appesantit le bras de mon fils », ou encore : « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller la main de mon Fils : elle est si lourde et si pesante que je ne puis la retenir », difficile de ne pas entendre alors résonner la si belle phrase de Marie de Nazareth dans le Magnificat : « Déployant la force de son bras, il disperse les orgueilleux de cœur ».
La Vierge ne parle pas à tous les hommes, elle parle à « son peuple » : or personne ne peut, en ce peuple, s’arroger le droit de critiquer l’Église, puisque nous en sommes, nous chrétiens, chacun un membre et que le principe de la paille et de la poutre y règne de façon souveraine. « Jamais je ne dirai du mal de l’Église », écrit Kerouac dans son plus beau livre, les Visions de Gérard, qu’il dédie à son frère, « l’Église Solennelle, laquelle, nous le savions tous, était de l’Or Pur, la Lumière Pure ».
Pourtant chacun constate avec effroi à quel point l’Institution ecclésiale (je ne parle pas là du corps mystique du Christ) s’est délitée depuis le 19 septembre 1846 : le scandale de l’homosexualité et/ou de la pédophilie de certains prêtres, évêques, cardinaux… les scandales financiers récurrents, la complaisance à l'égard des idéologies contemporaines, la disparition quasiment institutionnalisée de la Sainte Messe tridentine, bref… La Vierge de la Salette pleure et nous sommes les causes de ses larmes. Quant au bras de son fils qui s’abat sur son peuple, comment ne pas le voir dans tous ces événements qui humilient profondément les orgueilleux que nous sommes, et dont je ne dresserai pas ici la longue, absurde et désolante liste.
Que Mélanie Calvat ne soit toujours pas canonisée est un aveu de faiblesse du Vatican, une fin de non-recevoir de sa part au plus cristallin du surnaturel. Gilles Bouhours ne l’est pas davantage et l’on a du mal à comprendre pourquoi certains autres le sont. Comment l’institution ecclésiale actuelle peut-elle prétendre se porter bien, en ignorant de tels saints et de si précieux messagers ?
Voici l’extrait d’une lettre de l’abbé Rigaux, l’un de ces prêtres qui assistèrent la fin de l'errante vie de Mélanie, en France comme en Italie : « J’ose affirmer devant Dieu qui me jugera bientôt que jamais je n’ai rencontré une âme aussi humble, douce, pure, obéissante, vierge si pure, caractère si fort, victime si résignée dans d’épouvantables épreuves, martyre dans son corps stigmatisé dès l’âge le plus tendre. Témoin de ce prodige renouvellé devant mes yeux, j’ai vu couler le sang de cette privilégiée. J’ai touché ses mains ensanglantées, ma bonne tante a vu sa couronne d’épines saigner devant elle et je ne m’étonne pas de la lettre du saint évêque d’Altamura m’écrivant ses regrets d’avoir perdu l’angélique bergère. Le 16 avril 1907, il pouvait nous dire : exhumant Mélanie de sa tombe, je l’ai retrouvée fraiche, intacte et souple. Que Dieu pardonne à ses détracteurs. Quel cri d’amour quand ils sauront par Dieu qu’elle a expié pendant 73 ans les fautes du Clergé qui la méconnait. »
Le bras du Christ, ce bras si étincelant, si dense, si juste, si beau, si adorable : à travers Mélanie, c’est bien l’Esprit qui s’adressait à l’Église farouchement pécheresse du dix-neuvième siècle, et, relisant les lettres aux sept églises d’Asie qui ouvrent l’Apocalypse, je frémis à la pensée de ce qu’il aurait à dire à celle, toujours aussi farouchement pécheresse, du XXIe débutant, dont nous sommes les membres individuellement…
Mélanie Calvat
21:11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mélanie calvat, la salette, vierge marie, christianisme, apparition |
samedi, 08 septembre 2018
A un écologiste athée
Un écologiste qui ne mange que les produits issus de la Biocoop ou La Vie claire, qui s’astreint systématiquement au tri sélectif, qui se considère citoyen du monde ou enfant de la terre, qui pense que la liberté n'a pas de prix et que la démocratie est l'aboutissement de la civilisation tout en méprisant souverainement les électeurs de Trump, Poutine, Le Pen, Orban ou Salvani, qui cultive cet entre soi satisfait si propre aux habitants des centre-ville, qui est persuadé de finir plus que centenaire en comptant les pas qu’il fait chaque jour sur une application, en surveillant ses carences en oligo-éléments sur une autre, la qualité de son sommeil sur une troisième et en gérant son IMG comme un portefeuille d’actions, qui trouve enfin chez Matthieu Carrière le sommet de sa vie spirituelle, chez Nicolas Hulot celui de son intelligence, et dans l’individualisme libéral le modèle de toute politique, et qui par ailleurs jamais ne rend grâce au Père, jamais ne porte attention au sacrifice du Fils, jamais ne se tourne vers la beauté de la Vierge, mais considère l'existence de Satan tel un conte pour enfants et se plait à penser qu’il est lui et ses congénères la merveille la plus aboutie de ce pauvre monde; un tel homme se révèle incapable de comprendre qu’il constitue la part la plus subtile, la plus complexe et surtout la plus perverse de l’orgueil qu’il dénonce, et de la raison pour laquelle la planète qu’il veut tant sauver court à sa perte...
12:22 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, orgueil, satan |
samedi, 01 septembre 2018
Du salut de la méduse
Si le Père a décidé que toutes les âmes qui l’accepteraient sans être contraintes mais en usant pleinement de tout leur libre arbitre iraient un jour à sa rencontre, le verraient, l’adoreraient dans toute sa plénitude, et puisque le Fils a enduré ce qu’il a enduré dans ce dessein, alors sa volonté sera évidemment faite un jour, comme nous l’en prions : Il est éternel et il a le temps : tous les hommes qui s’ouvriront à sa grâce, à sa volonté, à son amour, seront donc sauvés.
Cependant, comme la justice veut que chacun paie ses dettes, et la miséricorde que chacun soit sauvé, justice et miséricorde allant de pair puisque toutes deux relèvent du même Dieu elles ne peuvent s’opposer l’une à l’autre, par combien de purgatoires toutes les âmes vont-elles devoir passer ? Cette seule pensée devrait suffire à persuader les plus endurcis, les plus réticents, les plus sauvages des hommes… Si le Père a décidé que toutes les âmes qui l’accepteraient sans être contraintes mais en usant pleinement de tout leur libre arbitre iraient un jour à sa rencontre, le verraient, l’adoreraient dans toute sa plénitude, et puisque le Fils a enduré ce qu’il a enduré dans ce dessein, alors sa volonté sera évidemment faite un jour, comme nous l’en prions. Il est éternel. Il a le temps : tous les hommes qui s’ouvriront à sa grâce, à sa volonté, à son amour, seront donc sauvés.
Cependant, comme la justice veut que chacun paie ses dettes, et la miséricorde que chacun soit sauvé, justice et miséricorde allant de pair puisque toutes deux relèvent du même Dieu elles ne peuvent s’opposer l’une à l’autre : par combien de purgatoires, bien plus rudes que cette terre déjà très hostile, toutes les âmes qui se refusent vont-elles devoir passer ? Cette seule pensée devrait suffire à persuader les plus endurcis, les plus réticents, les plus sauvages des hommes… Cela nous prouve que la raison est insuffisante à convertir et qu'il y faut autre chose : une nécessité d’aimer Dieu et d'être aimé de Lui.
Et cette nécessité, en quel abime chacun va-t-il la puiser ? C'est un peu le mystère que Dieu partage, précisément, avec chacun, et qui fait que ses voies demeurent absolument impénétrables.
Rubens, Tête de Méduse
22:38 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française, Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) |