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jeudi, 02 avril 2015

Le parrain

En sortant de la messe chrismale hier soir les gens se comptaient, « revigorés », disaient certains. L’amphithéâtre principal et toutes les salles attenantes emplies, c’est vrai que l'Eglise de Lyon avait repris des couleurs !  Atavique ce besoin -et ce qui que l’on soit - électeurs, fans, abonnés, clients, groupies, de se compter.  Me rends compte combien j’ai toujours été solitaire, n’aimant rien de moins que les messes de Fourvière à sept heures du matin, ou celles, anticipées du samedi soir à Saint-Denis. Un lien, peut-être avec la dislocation de ma famille, antérieure déjà à ma naissance, comme un goût de péché originel ou de malédiction antique.

On enterre ce jeudi mon parrain qui n’a pas voulu de messe – tout le paradoxe d’une France entière qui n’a plus de contact avec sa religion historique que culturel, et encore, en cette seule phrase -  et voilà qu’à la messe chrismale, tout à l’heure, oui je dis bien la messe chrismale, cet homme qui m’a porté jadis aux fonts baptismaux avant d’égarer sa foi dans la folie du siècle, cet homme avec son apparent déni de Dieu flotta en ma compagnie ou moi en la sienne, je ne sais plus, tandis que le cardinal Barbarin sur écran géant –nous n’avions pu entrer dans la salle et nous nous contentions du relais video – parlait de saint-Chrème, de baptême et d’extrême onction.

Et moi, fou, je demandai à Dieu tel un autre signe qu’il nous envoyât pour porter l’hostie dans ce hall gigantesque où tout le monde attendait, debout ou assis à même le sol,  un prêtre connu de moi parmi la multitude qui se trouvaient autour de lui, et ce fut le recteur Cacaud lui-même, le recteur même de la primatiale saint-Jean qui vint par devers nous. Etait-il, ce parrain, comme une amie me le suggérait hier soir, dans l’amour implicite de Dieu, « plus proche de Dieu, en effet, que bien des bigots » ? C’est en effet ce que je ressentais, dans cet instant de communion.

Il sera enterré ce jeudi. Un jeudi saint.

Requiescat in pace.

08:24 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : louis carlier, lyon, france | | |

Commentaires

Si le paradis existe, je pense que son patron accueillera volontiers votre parrain.

Écrit par : Julie | mardi, 07 avril 2015

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