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dimanche, 14 décembre 2014

A quoi sert Fleur Pellerin ?

De Fleur Pellerin, je n’attends rien. Je rigole juste de constater qu’elle possède, comme tous les socialistes qui jouent double voire triple jeu, l’art de s’enfoncer dans la m… dès qu’elle a posé un talon dedans ; personne ne lui demandait, en effet, de revenir sur sa bourde déjà ancienne dans l’affaire  Modiano. Piquée au vif dans son ego, la jeune inculte y est pourtant revenue. «Un ministre, en 2014 ou en 2015, n'est pas quelqu'un qui est payé pour lire des livres chez soi.» Ah ? Connaît-elle beaucoup de gens payés pour ça ? Curieuse conception de la lecture, curieux aveu aussi, qui postule que lire n’a de raison d’être que si on est rémunéré. L'argent, au coeur de nos soucis... Quand je contemple ma bibliothèque, je me dis que j’ai davantage payé qu’on m’aura payé pour lire. Cela soulève d’ailleurs une autre question : à part écumer les plateaux télé, à  quoi est payée Fleur Pellerin ? A quoi sert Fleur Pellerin ?  Avec de tels propos, la gauche touche évidemment le fond, bien plus qu’avec l’affaire Macron, le bon élève de la classe maquée avec sa prof de français. Cette gauche qui avait tout renié, tout sali, ne lui manquait plus que mépriser la lecture. La prétendue ministre, pour excuser son inculture, ne trouve d’autre argument que la référence aux temps présents, qui seraient la clé de tout parce que tout serait mieux à présent. « En 2014 ou en 2015… », dit-elle, fière d’être bête. Oui, le monde a changé, c’est peu de le dire.

Je me souviens du sentiment ambigu qui fut le mien lorsque j’achetai, il y a longtemps, l’anthologie française concoctée par Pompidou. J’étais jeune. Entre président et poésie, bien que les mots  eussent la même lettre à leur début, une incompatibilité d’humeur et de propos, pour le moins (1) Elle doit dormir au fond d’un de ces rayons juste à côté de moi. Mais de fait, quand je compare Hollande et Pompidou, quand je vois cette inélégance, cette non-éloquence, ce narcissisme et l’insipidité de  ces éléments de langage ânonnés inlassablement dans sa morne bouche, j’ai presque peur. C’est le pingouin qui nomma Pellerin. Ni Pompidou, ni Mitterrand, ni même Sarkozy ne s’y seraient risqués, assurément.

Quitte à voter se disait sans doute le populo de jadis, autant voter pour des gens cultivés. Mais il est vrai que ça ne court plus les couloirs des partis. Cela expliquerait-il les chiffres himalayens de l'abstention ?

 

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(1) Sur ce rapport entre poésie et politique, voici l'extrait d'un texte de Georges Pompidou lu le lundi 28 avril 1969 par Jacques Toja, lors d’une soirée poétique de la Comédie-Française. Certes, cela sent son normalien. Son intérêt principal n'est pas dans le contenu, mais dans ce qu'il donne à entendre de l'évolution de ces trente dernières années en matière d'appauvrissement culturel, pour parler comme l'institution.

« Poètes et politiques doivent avoir la connaissance intuitive et profonde des hommes, de leurs sentiments, de leurs besoins, de leurs aspirations. Mais, tandis que les poètes les traduisent avec plus ou moins de talent, les politiques cherchent à les satisfaire avec plus ou moins de bonheur.

Poètes et politiques doivent être guidés par une conception du sens de la vie et, j’ose dire, un besoin idéal. Mais les poètes l’expriment et les politiques cherchent à l’atteindre. Pour les poètes, c’est trop évident. Mais quand Alexandre part de Macédoine pour aller jusqu’aux confins de l’Euphrate, de l’Oxus et de l’Indus et mourir enfin Babylone, qu’est-ce qui le guide, sinon une vison poétique de son propre destin? Quand Napoléon est pris à son tour du mirage oriental quand il déclare : «Je ne vis jamais que dans deux ans» ou : «J’ai fait mes plans avec les rêves de mes soldats endormis», qu’est-il, sinon un poète qui se sert des hommes et de l’action pour réaliser un songe?

J’entends bien qu’il n’y a pas que des Alexandre et des Napoléon, et certains diraient volontiers «Heureusement». Il n’en reste pas moins que ce sont ceux-là qui vivent longtemps dans l’imagination des hommes, et qui, d’ailleurs, inspirent les poètes. Et puis, bien sûr, il y a de piètres politiciens. Mais que de mauvais poètes aussi ! » 

 

 

 

 

22:11 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : france, fleur pellerin, culture, lecture, société, pompidou. | | |

Commentaires

J'ai trouvé tonique le début de votre billet sur l'inculture.

Le "fier d'être bête" m'a fait rire de bon cœur, pas de façon sarcastique. Le côté à la fois absurde et candide de la phrase m'a attendri le cardio.

Par contre je n'ai pas aimé la fin du billet. Napoléon ! Des hommes qui rêvaient d'aller se faire empaler au nom d'un rêve ? Quel rêve ! j'appellerais plutôt cela un cauchemar !
Les dictateurs : non merci. Comme quoi la poésie est une question de perception, celle prétendue des soldats de Napoléon, je ne la vois pas comme telle. Par contre je vois Lagardère, personnage fictif, de roman, comme un poème en soi. Napoléon et bien fade à côté de Lagardère, pensez-y.
C'est de démocratie participative dont je rêve : La Parole réfléchie donnée aux citoyens pas seulement au moment de voter.

Écrit par : sauge | mardi, 16 décembre 2014

"le sentiment ambigu" qui fut,aussi, le mien face à l'anthologie pompidolienne en dit long sur le rapport assez pauvre au fond que nous entretenons avec le politique et les détenteurs de pouvoirs , en général.
Il ne faut pas s'étonner de la pauvreté intellectuelle et culturelle apparente prêtée à ces" élites "dont on tolère qu'ils forment une classe ou plutôt une caste à part...Vive la République!!!

Écrit par : patrick.verroustp | mardi, 16 décembre 2014

Vive la République si celle-ci reste garante d'une démocratie respectueuse, pas en cas de république bananière.

D'un pays monarchique à l'autre c'est différent. Je ne suis pas du tout convaincue par les émirats à cause de leur colossale richesse matérielle, par contre du côté de la Belgique on dirait qu'il se passe quelque chose de plus intéressant... le roi n'ayant plus qu'un pouvoir qui concerne l'éthique peut se placer en position de modérateur... Fabiola a fait beaucoup pour les handicapés en Belgique, alors que la condition des handicapés en France reste souvent un scandale pour ceux qui ne sont pas protégés par un milieu argenté.

Je rêve d'une maturité profonde du peuple, laquelle conduirait à une démocratie véritable, le respect de soi et des autres, tout simplement. Mais cette simplicité est ardue à atteindre !

Écrit par : Sauge | mercredi, 17 décembre 2014

Ce que n'a pas l'air de savoir la ministre de la Culture et c'est là que le bât blesse évidemment, c'est que l'art est indispensable à la vie.

L'art (littérature, musique, peinture, etc.) dispose constitutivement de tous les moyens d'affecter, de faire bouillir les sangs et les sens, de rétablir dans leur intégrité les consécutions brisées, les liaisons perdues. L'art donne une densité.

La littérature double la vie, madame la ministre de la Culture. Elle donne à l'émancipation toute sa dimension poétique, à la fois éthique et esthétique...

Écrit par : Michèle | mercredi, 17 décembre 2014

Puisqu'il est question de la Belgique dans le commentaire de Sauge, j'ajoute que je salue ceux qui s'insurgent en Belgique, je parle de la grève générale du 15 décembre, point d'orgue d'un mouvement social qui a commencé à la mi-octobre. Et je souhaiterais que le peuple de France ait la même maturité de dire non à un gouvernement qui fait autre chose que ce qui était inscrit dans son programme. Où est la légitimité démocratique d'un gouvernement lorsqu'il trompe ses électeurs ?

Écrit par : Michèle | mercredi, 17 décembre 2014

Hum! Le roi des Belges n'a pas que son autorité morale. Il valide ou pas les lois, nomme les ministres..Arrangement à la belge, il se fait "mettre en impossibilité de régner" quand son éthique le lui interdit. Sur cette fameuse éthique, les mânes de Patrice Lumunba auraient beaucoup à dire...

Écrit par : patrick.verroustp | mercredi, 17 décembre 2014

Dès lors que la corruption ne touche pas les syndicats, et que la gangrène de la volonté de pouvoir pour le pouvoir les épargne, vive les syndicats, qui restent toujours utiles... La seule forme de noblesse qui vaille au fond c'est cette mise au service de l'autre.

Les rois Belges d'autrefois, je sais bien que ce n'était pas la joie pour les Africains qui se plaignirent de ce qu'on pourrait nommer abus de pouvoir... reste néanmoins l'action de Fabiola en des temps moins lointains. J'ai appris ce qu'elle a fait pour améliorer la condition des handicapés dans son pays lors d'un reportage après sa mort qui est très récente... où l'on se rend compte qu'il peut effectivement y avoir des nobles chez les nobles. Et des corrompus même là où elle est d'autant moins acceptable.

Je suis d'accord avec le propos de Michèle sur la culture qui double la vie etc. ; un livre peut la changer positivement, et même la sauver en certains cas... les mauvais livres peuvent aussi bien faire l'inverse chez les adolescents, la prudence est de mise, qui éveille l'esprit critique par ailleurs, lequel pimente la vie dont il est question avant tout, le hic dans le domaine de la peinture c'est la défiance quasi permanente qu'elle inspire trop souvent c'est temps-ci, et pour cause... on aimerait tout simplement s'émerveiller de temps à autre aussi devant une peinture.

Écrit par : Sauge | jeudi, 18 décembre 2014

Michèle, tu n'es pas tendre avec Hollande ! Un peu de commisération, voyons ! J'ai lu que ce pauvre homme ne toucherait QUE 15 000 euros mensuels de retraite ! Tu te rends compte ? QUE 15000 euros !
Qu'est-ce que tu peux faire avec ça quand t'es un socialiste ?!?

Écrit par : Bertrand | jeudi, 18 décembre 2014

Cher Solko, le règne des incultes, dont Fleur Pellerin est un exemple remarquable, montre bien que l'analyse bourdieusienne de la hiérarchie socio-culturelle n'est plus exactement opérationnelle. Aux lettrés, qui, souvent, œuvraient dans les temps passés, ont succédé les technocrates sans âme parce que sans pensée, et sans pensée, parce que sans culture, et sans culture parce que l'immédiat et le présent perpétuel (lequel étaient pour les héritiers de Saint Augustin une image de l'enfer) ne sont pas une culture, ne sont pas une pensée : l'esprit absorbé par le seul visible (et ce n'est pas un hasard si nous sommes dans le règne de l'image "sans recul") finit par s'effacer.
Votre dégoût de Fleur Pellerin (méfiez-vous, mon ami : c'est une femme, de la diversité : deux raisons pour le fascisme intellectuel au pouvoir de vous dresser un procès stalinien...) n'est rien moins qu'une réaction "normale" (car de la normalité, il faudrait reparler), "saine". Il en serait autrement que vous devriez alors vous renier et renier ce qu'on vous a appris, transmis, légué (et de ce legs qui n'a rien à voir avec la comptabilité et les lignes bancaires : le legs de ce qui nous constitue, le legs d'une lecture de Proust aux premières heures d'un enfant, par exemple...)

Écrit par : nauher | samedi, 20 décembre 2014

Etre payé pour lire..... j'aurais bien aimé. Moi, j'ai toujours payé, un peu ou beaucoup, pour lire, dans le bus, le train, chez moi... Elle est un peu sotte, cette ministre.

Écrit par : Julie | lundi, 29 décembre 2014

Elle n'était pas mauvaise, l'anthologie de Pompidou. Je l'ai achetée jadis, j'y ai découvert entre autres poètes Paul Jean Toulet que je connaissais pas.

Mme Pellerin est un peu sotte, à mon humble avis.

Écrit par : Julie | lundi, 29 décembre 2014

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