dimanche, 22 juin 2014
La culture sauce hollandaise
«La culture, ça fait partie de la République et le rôle du chef de l'Etat, c'est de défendre toujours et encore la culture. Je le ferai, y compris dans ces moments où il y a un certain nombre de professions qui s'inquiètent pour leur avenir. (...)Ma responsabilité, c'est de faire en sorte que la culture prenne toute sa place en France et que la France rayonne partout dans le monde grâce à la culture. »
François Hollande, samedi 21 juin à la fête de la musique, Institut du monde arabe à Paris
Première contre vérité : « la culture fait partie de la République. » Quel aveu ! Non, la République est un élément de la culture si l’on veut, en tant que système d’organisation politique du monde, au même titre que n’importe quel autre système politique. Imagine-t-on un roi dire que la culture « fait partie de son royaume » ? La culture n’a pas commencé avec la République, Dieu merci, et surtout pas la culture française, qui rayonna sur l’Europe aux XVIIème et XVIIIème siècle, et qui sans aucun doute lui survivra puisqu’elle est présente dans toutes les sociétés humaines, et de tous temps. Elle n’a donc pas à être vassalisée et instrumentalisée pour la cause républicaine, surtout quand cette cause se révèle aussi piètre que sous un tel gouvernement, traître aux intérêts et aux idéaux de son propre pays de surcroît. Je rajouterai que ni la République, ni la culture n’ont de même à être sacralisés.
La responsabilité du Chef de l’Etat : le Chef de l’Etat surtout quand il est partisan, sectaire et derechef inculte comme celui-ci, s’il pouvait se mêler le moins possible de la culture, on lui en saurait gré. Le rôle du chef de l’Etat n’est donc pas de défendre la culture, à moins de réduire cette dernière à la propagande de sa propre idéologie. Son rôle serait plutôt de participer à sa diffusion, en se montrant lui-même sous un jour moins partisan, précisément, plus ouvert aux différences et respectueux des réelles diversités parmi lesquelles nous comptons la Tradition. On en revient sans cesse au novlangue d’Orwell : Le mot culture, dans la bouche d’un tel homme, signifie tout autre chose. Appelons ça secteur économique en crise, si l’on veut, ou mélasse idéologique à bout de souffle…
Méfions-nous par ailleurs des gens qui évoquent leur responsabilité ou leur devoir à propos de tout et de n’importe quoi. Il faut quand même une sacrée dose imbécillité, quand on s’appelle monsieur 3%, qu’on vient de brader Alstom aux Américains, après avoir imposé les cours en anglais à l’université, pour affirmer sans la moindre conscience de son propre ridicule, que la culture va « prendre toute sa place en France » grâce à son action personnelle. Quant au rayonnement de la France, on prend peur à se dire que c’est avec la sous culture du PS et de la promotion Voltaire que ces gens prétendent l’étendre partout. Car ces gens-là sont bel et bien une insulte à l’esprit et à la raison qu’ils prétendent incarner.
12:02 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : culture, hollande, république, intermittents, littérature, théâtre, beaux-arts |
Commentaires
Qu'Alstom aille dans le giron de Général Electric ne me dérange pas du tout (cela dérange surtout Montebourg, hahaha !) Mais faire de la culture un organe de propagande personnel (on a déjà vu ça !) en pensant, bien évidemment, qu'il n'y a qu'une forme de culture (la "bonne", c'est à dire celle qui est subventionnée, d'ailleurs toujours aux mains des mêmes), la barbe. Je lisais récemment que "l'ère Jack Lang" avait laminé la peinture française. On ne voulait plus entendre le mot "peinture" dans ces années-là, c'était soi-disant "dépassé", du moins en France, alors que dans le même temps, tous les musées nationaux se ruaient sur les peintres américains pour acheter leurs œuvres à prix d'or. Résultat : 20 ans après, une poignée de peintres français, plus malins ou plus introduits que les autres, surnage à l'international, mais nous n'avons plus de "peinture française" (de la même manière que nous n'avons plus d'architecture française digne de ce nom depuis Pétain, à part quelques stars intouchables pour faire comme si). C'est effondrant.
Écrit par : Sophie K. | lundi, 23 juin 2014
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