Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 30 mai 2014

Fin de course

Tout respire la fin de course. Les éléments de langage ressassés par les politiciens véreux, la morosité d’événements sportifs qui s’enchaînent, les milliardaires cannois qui s’entre-congratulent à l'occasion d’un palmarès dont tout le monde se fout. Ce n’est pas de l’Europe que les gens sont lassés, mais de la sous culture – ou plutôt du déni de sa propre culture – que les économistes ont engendrée ; pendant ce temps, l’inexorable déclin des moyens de production se poursuit. Depuis l’arrivée du président Plan-Plan, un président d’un autre siècle, vraiment, une sorte de contre-sens, c’est l’équivalent d’une ville comme Lyon qui a été jetée au chômage. Crise, courbe, impôts, euros, impôts, violence, guerre : les infos répètent en boucle les mots d’ordre démonétisés de ce paysage dévasté.

On peut, certes, fermer les écoutilles et se plonger dans son monde à soi. Depuis quelques semaines, quand mon boulot m’en laisse le temps, je vis ainsi au rythme des aventures de Merlin et de Uter, après celles de Joseph d'Arimathie. La Table Ronde tout juste fondée, le duc de Tintagel est mort et Uter s’est empressé d’ensemencer, comme on le disait alors, la noble Ygerne . Le roi Arthur vient donc de  naître, grâce à un divin ou diabolique malentendu sur les apparences, et Merlin vient de le confier, nourrisson, à Antor. Le Graal pour tout salut : Se ressourcer à d’anciens mythes collectifs ; dans la débandade narcissique qui s’est saisie de chacun pour la plus grande joie des marchés et des actionnaires repus, cela ne peut pourtant être qu’un ressourcement individuel, loin, bien loin d’une véritable fête collective, réparatrice. Mais c’est au moins ça. Comme disait les gens d’autrefois, « ça que les Boches n’auront pas ». Ce qui est tout dire...

merlin,arthur,table ronde,tintagel,graal,

Ygerne abusée par Merlin et Uter, iconographie du Merlin, BNF Paris

 

Commentaires

"cela ne peut pourtant être qu’un ressourcement individuel, loin, bien loin d’une véritable fête collective"

Il n'y a pas, il n'y a jamais eu, et il n'y aura jamais(fort heureusement)de véritable fête collective sans ressourcement individuel.

La fête collective sans le ressourcement individuel ça donne, au mieux, la fête de l'huma, au pire, le congrès de Nuremberg.

Écrit par : Bertrand | vendredi, 30 mai 2014

Quand la politique s'en mêle, oui...
L'Europe dont dont on nous rebat les oreilles n'a pour toute fête collective que les parties de bronzettes organisées chaque été sur tout son littoral,les embouteillages sur les autoroutes que leurs célébrations ridicules occasionnent, et la grande foire à la conso de Noël, étonnez vous que ça ait foiré leur grand machin communautaire à la Monnet (monnaie)
A propos de fête collective, il y en a une que nous n'avons jamais su, depuis les Grecs, qu'en partie restaurer, et qui a fini par littéralement crever sur place, c'est celle du théâtre.

Écrit par : solko | vendredi, 30 mai 2014

Le cycle arthurien, c'est bien, mais avez-vous essayé de lire des chansons de geste ? ça pourrait vous plaire.

Écrit par : Mat | vendredi, 30 mai 2014

Avec le prénom qu'on m'a donné, je n'ai pas pu ne pas mettre un jour mon nez dans la Chanson de Roland, à l'époque où je croyais que c'était le neveu de Charlemagne mon saint-patron. En réalité, il s'agit d'un ermite italien reclus dans une forêt après avoir fait voeu de silence...
J'en avais même, m'en souviens, appris les premiers vers par cœur.

Écrit par : solko | vendredi, 30 mai 2014

... Que de parfums de saines lectures ! Oui, cela paraît tellement décalé dans un monde de fous furieux !
Vous avez grandement raison pour le théâtre...

Écrit par : Bertrand | vendredi, 30 mai 2014

Et vous n'imaginez pas à quel point avoir raison m'attriste...

Écrit par : solko | vendredi, 30 mai 2014

C'est Le roman du roi Arthur et de ses chevaliers de la Table Ronde de
Thomas Malory que vous avez ? Je l'avais acheté il y a 10 ans, mais je ne l'ai pas encore lu.

Écrit par : Jérémie S. | vendredi, 30 mai 2014

C'est "le livre du Graal", du moins le 1er tome de la Pléiade, qui contient Joseph d'Arimathie, Merlin, et Les premiers faits d'Arthur. Il y a trois tomes.
Tout cet ensemble, qui reprend sous forme d'un cycle complet des versions antérieures, date du XIIIème siècle et forme un ensemble abouti. Les tomes 2 et 3 contiennent le Lancelot, la Queste du Graal et la mort du roi Arthur. La Pléiade édite le texte complet du manuscrit de Bonn en AF, ainsi que sa traduction. Pour une fois, elle a fait un très bon boulot universitaire. La ompilation de Malory est plus tardive.
Finalement, la niaiserie que j'ai vue au TNP aura eu du bon, merci Roubaud !

Écrit par : solko | vendredi, 30 mai 2014

J'aimerais que soit développée l'affirmation selon laquelle "la fête du théâtre" aurait crevée sur place" ....Pourtant , vous semblez y prendre plaisir au théâtre!

Écrit par : patrick verroust | samedi, 31 mai 2014

Bien sûr, Patrick, même si je reste critique comme en témoignent mes billets.
Mais c'est un plaisir individuel, la reconnaissance d'un joli travail chez un metteur en scène, un comédien ou un technicien, un moment d'étonnement furtif ou sous-jacent. Ce qui s'est figé, c'est la fête collective - quasiment politique puisque c'est ce que nous évoquions Bertrand et moi - le théâtre de la cité tel qu'on a pu l'idéaliser un jour à partir des Tragiques. Sous le règne des metteurs en scène, le théâtre s'est comme "personnalisé". Certains ont leur fan-club et sont devenus quasiment intouchables. La ferveur populaire manifeste, la "fête collective", au théâtre aussi, se mue en sacre de l'individu.

Écrit par : solko | samedi, 31 mai 2014

Les commentaires sont fermés.