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mardi, 15 avril 2014

La semaine sainte est un théâtre sacré

Semaine sainte. Nous y sommes : originalité, radicalité du Christ, terrible pour ces temps bizarres et salis, où Google voudrait éradiquer la mort, et les hommes partout la travestissent ou la nient… Passion : cette manière de l’accepter, l’assumer, plonger dedans ses mains, son regard, tout son corps comme dans l’eau des larmes, après la résurrection de Lazare, la sienne propre, Christ, semaine sainte. Terrible et comme antique prise en mains du mourant par celui qui lui survit dans le même corps, du cadavre, du décomposé, de la conscience et de l’âme, là même où ça respire.

Les sales temps modernes ne lui  pardonnent rien, ces temps qui ne comprennent que la paix et ne veulent que du plaisir, et crachent sur le rite, même plus par insoumission mais par ignorance et bêtise. Préfèrent Bouddha ou Mohammed, plus faciles à comprendre tout ça, la Loi tu la suis ou tu la suis pas, mais il n’y a rien de purulent à contempler en soi, de plaies vives à étreindre, rien de décomposé à adorer, et toutes ces craintes à épurer, ces duretés à attendrir, cet orgueil à amoindrir, ces ponts à franchir devant les obstacles des hommes qui savent, ah ! ah !…

Préféreraient même ce Christ sans croix, ce Christ accommodant, sans calvaire ni Golgotha, ce Christ irréel et presque technologique, sans devenir. Ou bien cette croix sans Christ, juste un symbole car c’est moins rude à comprendre un symbole, moins éprouvant à presser contre son cœur, ça signifie de loin, dans l’abstrait de la philosophie encore discutable.  Ou encore  rien, juste le vivre incertain, l’écran du vide comme la toile de l’écran quand rien ne s’y projetait encore et que le film n'avait pas commencé, ni sang ni souffrance ni ombre ni trahison, et qu’on peut encore croire à tout sans se soumettre à rien, le Grand Rien, le vide de toute chair - mais ô mon Dieu, la semaine sainte est un théâtre sacré qui planta un corps sur une croix, devant lequel comment cesser d'être celui qui ne fit que passer ou conspuer ?

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06:54 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : christ, semaine sainte, paques, littérature, religion, christianisme | | |

Commentaires

La Semaine Sainte... Ca me fait toujours penser au sublime roman d'Aragon.

Écrit par : Jérémie S. | mardi, 15 avril 2014

Beau billet. Difficile d'y ajouter quelque chose.

Écrit par : Mat | mardi, 15 avril 2014

Oui, " devant lequel comment cesser d'être celui qui ne fit que passer ou conspuer?"
Magnifique.

Écrit par : Sophie | mardi, 15 avril 2014

Le christ sans croix est le christ ressuscité, et il n'a rien d'accommodant, comme vous dites. Porter une croix, chacun sait faire - pour ce qui est de l'amour et de la paix, c'est une autre paire de manches.

Écrit par : Lapinos | mardi, 15 avril 2014

C'est pas faux : Jésus n'est pas réductible à sa croix. C'est une vision partial et partielle. La postérité de Jésus, c'est sa résurrection.

Écrit par : Jérémie S. | mercredi, 16 avril 2014

Je ne suis pas théologien, je ne parle qu'à partir d'un ressenti: il ne s'agit pas de réduire Jésus à sa Croix, mais de ne pas réduire la Croix à l'instrument de torture. et de la voir comme l'instrument paradoxal non plus du supplice, mais de la résurrection, non plus comme l'instrument de l'injustice, mais comme celui de la justice. Certes cette résurrection pourrait se passer de la croix. Mais il le dit lui-même, elle doit passer par là : " Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père, qui mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d'anges ? Mais alors, comment s'accompliraient les Écritures ?)

C'est ça le sens sidérant de la Passion, le cheminement consenti vers le surnaturel de la Résurrection, accompli pas à pas à travers le naturel même de la mort. Et celui, à travers une condamnation injuste et révoltante, d'une justice qui transcende toutes les autres, "l'alliance répandu pour la multitude"
Voilà pourquoi je dis que le Christ sans croix n'est pas le Christ

Écrit par : solko | jeudi, 17 avril 2014

"[...] il ne s'agit pas de réduire Jésus à sa Croix, mais de ne pas réduire la Croix à l'instrument de torture. et de la voir comme l'instrument paradoxal non plus du supplice, mais de la résurrection, non plus comme l'instrument de l'injustice, mais comme celui de la justice."

C'est très intellectuel, mais c'est vrai.

Écrit par : Jérémie S. | jeudi, 17 avril 2014

Ce Christ souffrant m'émeut énormément, moi qui ne suis pas croyante. Il symbolise tous les corps souffrants, depuis l'origine. Je vais le voir à chacune de mes visites à Colmar.

Écrit par : Julie | mercredi, 16 avril 2014

Ce Christ souffrant vous émeut parce que, croyante ou non croyante, vous êtes mortelle. La force du christianisme, c'est qu'il n'est ni une religion du bonheur ni une religion de la Loi, mais une religion de l’incarnation, de la chair.

Écrit par : solko | mercredi, 16 avril 2014

Oui, Jésus symbolise tous les mortels que nous sommes, Marie est l'incarnation de toutes les mères, souffrant des souffrances de leurs enfants.

Écrit par : Julie | samedi, 19 avril 2014

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