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dimanche, 01 décembre 2013

L'art du possible

« La politique est l’art du possible », écrit Pavese le 15 mai 1939. Toute la vie est politique » Belle connerie. Que le monde le soit, que la société ne puisse, comme une horloge de son ressort, s’en passer, certes.  Mais la vie, ma vie, n’est pas politique. Le politique n’est qu’un des rouages de la répétition. Et la répétition la condition de toute domination. Loi des horlogers, des finitudes.

Ceux qui dans les hôpitaux ne luttent plus que pour la seconde qui vient le savent bien. Pour ne pas finir, justement.  Ils n’ont plus rien à prouver au monde qui se fout bien d’eux. Seul un instant de vérité qui soulève leurs côtes. Un pas plus loin, plus la moindre pantomime où s’engager. Une seconde de gagnée, ils savent où la placer.

Que signifie d’ailleurs être politisé, sinon être avili, jeté hors de soi, joint sans ménagement  à un principe d’éternelle reconduction du Réel en un futur de papier déjà passé ? Drapé dans l'arrogance des slogans. Se garder des idoles, la politique en étant devenue la principale fabrique. Finalement, l’art du possible serait l’art d’échapper à la politique.

01:02 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : politique, pavese | | |

Commentaires

L'art est le moyen d'échapper à la politique
N'est-il pas son contraire très exact ?

Écrit par : tamet de Bayle | dimanche, 01 décembre 2013

En théorie oui.
Mais dans une culture de masses dont la gouvernance est mondialisée et les pratiques assujetties soit à l'idéologie soit au marché, l'individu n'est guère plus libre de "faire de la politique" que de "faire de l'art". Car il ne peut faire dans son coin que l'art ou la politique vers lesquels le système tout entier et ses codes tout puissants le conduisent. Or rien ne ressemble plus à un programme politique actuel qu'une oeuvre d'art contemporaine : à la fois vide et soumis au diktat . La beauté est traitée avec le même dédain que la liberté.

Écrit par : solko | dimanche, 01 décembre 2013

La politique est bien l'art du possible L'impossible est inclus dedans. Nous y sommes, même tenus. Pour résumer, la politique est devenue l'art de dire "possible, un jour" mais "impossible maintenant". La realpolitik ,c'est : "Pourquoi accorder aujourd'hui, ce que nous reprendrions demain?"

Écrit par : patrick verroust | dimanche, 01 décembre 2013

En Sciences, un problème peut trouver une solution. En politique, une solution est un problème.

Écrit par : patrick verroust | dimanche, 01 décembre 2013

C'est pour cela, sans mauvais jeu de mots, qu'on a inventé les sciences politiques ?
Je ne crois pas que la politique soit à la hauteur des idéaux qu'elle professe. C'est la raison pour laquelle ses chapelles sont en pleine crise et s'arc-boutent sur des arguments qui sont sans prises sur le réel. Ou sur l'injure implicite, ce qui est pire.

Écrit par : solko | dimanche, 01 décembre 2013

Je suis mille fois d'accord avec vous, Solko. La civilisation d'aujourd'hui a confisqué les lettres et les arts.
Mieux que les kalachnikovs de Staline.

Mais il reste l'espoir d'un avenir moins gris.
C'est la seule chose qui nous divise, Solko : vous savez que je crois en le futur de la vieille Europe.

La vieille Europe, fille de la Grèce, ne peut pas mourir !!!

Écrit par : tamet de Bayle | dimanche, 01 décembre 2013

vous êtes bien optimiste alors même que vous ne pourrez trouver un seul historien d'art capable de vous expliquer pourquoi le dauphin est l'emblème d'apollon (ou pourquoi la chouette est celui d'athéna); remarquez que les grecs reconnaissaient au moins 5 europe différentes^^..

Écrit par : gmc | dimanche, 01 décembre 2013

On ne sait pas davantage pourquoi le dauphin devint, en France, une province et un titre.
( même si l'hypothèse la plus vraisemblable est la labialisation de "do vinno", cad de Vienne. )

L'ahurissante fresque de Knossos laisse à penser que l'idée du dauphin en ambassadeur est aussi naturelle qu'incontestable.

Quant aux cartes de Strabon, on ne dira jamais assez qu'elles servaient aux marins jusqu'au XVIème siècle !

Mais de grâce, ne me dites pas qu'une civilisation aussi fabuleuse meurt demain !
Après demain, je veux bien puisque tout est mortel.
Mais demain, non !

Écrit par : tamet de Bayle | lundi, 02 décembre 2013

déjà, je préfère l'emploi du terme "culture" (au sens ethno ou anthropo du terme) à celui de "civilisation", terme dont je ne me lasse pas de dire la vacuité et l'arrogance qu'il porte (voir étym.).
la culture antique grecque est toujours vivante, il suffit juste de savoir en lire la symbolique (cf l'exemple du dauphin ou de la chouette, ce n'est pas donné à tout le monde manifestement, bien que cette idée d'ambassadeur soit assez sympa ); mais il en va ainsi d'à peu près toutes les cultures, le monde étant peuplé de sourds (volontaires), il n'y a pas lieu de penser que cela puisse changer demain, seules resteront les traces des poètes, à voltiger au milieu du silence..
on ne peut décemment penser que la culture coca-macdo-iPhone-ipad et autres prothèses mécaniques en tous genres qui règne ici soit une émanation de la culture grecque - ou alors une émanation de type fosse sceptique -, pardonnez-moi de le formuler ainsi; même si certains s'en revendiquent, c'est loin d'être le cas.

Écrit par : gmc | lundi, 02 décembre 2013

Les marins, si je puis me permettre, jusqu'au XVIème siècle, se servaient aussi et surtout des cartes de Ptolémée, seulement éditées à la fin du XVe...
Solko, j'entends bien ce que vous dites, mais tout n'est pas si simple.La dichotomie entre la politique et l'art n'est pas si évidente.
La vie, notre vie, n'est pas politique, c'est vrai. Mais les conditions qui lui sont faites, le sont pour une bonne part.
ET c'est peut-être même pour fuir et échapper à ces conditions que nous nous essayons à l'art, à l'écriture pour ce qui nous concerne. Non ?

Écrit par : Bertrand | lundi, 02 décembre 2013

J'avoue que parfois, je ne sais plus bien. Il n'y a pas une grille de motivations unique, c'est sûr. Mais une flemme terrible me prend quand je sors des cours en ce moment. Carbonisé.

Écrit par : solko | lundi, 02 décembre 2013

Même la flemme est politique :) Elle prend la mesure de notre impossibilité à repousser les murs, de notre insignifiance , aussi.
Il ne faut pas confondre l'art et ses servants. L'art quand il devient reconnu , officiel, s’insère dans le politique. Pour une œuvre admise,combien de récusées et pas pour leurs qualités, dans un cas comme dans l'autre. Les seuls artistes qui fracassent hors les codes sont ceux qui arrivent à reformuler l'humaine condition. Mais, le débat ne peut pas s'enfermer dans une seule grille de lecture.

Écrit par : patrick verroust | lundi, 02 décembre 2013

« Le mot de “vertu politique” est un non-sens.  »
Napoléon Bonaparte

Écrit par : Jérémie | lundi, 02 décembre 2013

Les commentaires sont fermés.