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jeudi, 24 octobre 2013

La grève des milliardaires et le courroux du philosophe

jean birnbam,le monde,finkielkraut,ligue1,grève de footballeurs,zlatan,taddeiLes footballeurs devraient s’entourer de quelques conseillers en communication. Déjà, parler de grève dans une profession dont le revenu moyen mensuel s’élève à 50 000 euros a quelque chose d’obscène. Cela fait penser à la sortie d’Evra, pourtant reconduit en sélection nationale par le comique Deschamps, traitant de clochards Courbis et autres consultants presse. Mais pousser le vice jusqu'à la faire pour de bon, je crois que c'est suicidaire.

J’étais, je m’en souviens, en Avignon en juillet 98. Nous jouions mon adaptation du Moine de Lewis et je planais bien dans ma bulle. Pour une affaire de comédienne ayant eu un nez cassé, nous avons eu vent de ce qui se passait aux urgences de l’hôpital cette nuit là de coupe du monde, et qui était proprement terrifiant. Le carnaval de la culture foot, c'est à dire du foot érigé en culture débutait dans ce malheureux pays, récupéré par un pouvoir politique qui avait à vendre du black blanc beur, pure ineptie en lieu et place du  bleu blanc rouge. Je me souviens qu’à l’époque, j’avais trouvé le slogan inepte sans plus m’y arrêter. Subtil subterfuge par lequel la race prenait la place de la classe dans la mythologie politique post-moderne. Là-dessus la zone Europe avec ses états historiques privés de leur souveraineté monétaire. Là-dessus la crise orchestrée par le monde de la finance internationale, la mondialisation, les délocalisations Là-dessus les peurs galopantes et sans doute légitimes sur le sort de cette humanité à 7 milliards d’epsilons complètement dépendants en général et sur le sien en particulier.

Dans le Monde de ce soir,:Jean Birnbaum accuse Finkielkraut de lepénisme pour avoir écrit L’identité malheureuse. Je ne l’ai pas lu, je ne le lirai pas, mais je salue au passage le courage de Birnbaum ! quel vaillant acte de résistance vraiment, petit gars planqué au Monde des Livres ! On peut suivre encore aujourd'hui sur France 2 la video du passage de Finkielkraut  chez Taddei dans Ce soir ou jamais . On a le droit d’être ou non d’accord avec lui, mais le traiter de lepéniste comme le fait le petit journaleux du Monde, c’est simplement dégueulasse. A moins que ce ne soit la mode, de se faire Finkielkraut entre la poire et le fromage. Finkielkraut a, comme Zemmour, la chance d'être juif, ce qui fait qu'on n'ira tout de même pas le traiter de fasciste parce qu'il tient le stand de la francité (quel mot!) dans la foire d'empoigne actuelle. Mais on sent que ça démange certains de ces plumeux, 

J'avais rencontré Finkielkraut lors du conflit contre Allègre et son programme contre l'école - qui entre temps a été adopté et sur-adopté, même. Et il m'avait dit : ça va être très difficile de ne pas finir fou dans le monde qu'ils nous préparent. Nous avions parlé de l'école, de l'OCDE, des positions sur le sujet de Régis Debray, de Danièle Sallenave. J'ai une vraie sympathie pour cet homme-là qui croit encore à la complexité du monde et des idées. Une autre fois, je l'ai croisé dans le Luxembourg. Il marchait la tête en avant, les mains dans le dos, l'une tenant l'autre, comme si on l'attendait encore au Procope. Mais il s'est arrêté à la brasserie du Luxembourg, où il a pris le thé avec une vieille dame.

On peut juger les gens à l'emporte-pièce, certes. On peut coller aux idéologies et aux préjugés de son temps. Je préfère m'appuyer sur les hasards des rencontres et ce que j'apprends des faits. La vie, la vraie, son tissu qui donne sens et fait mémoire est là. Et pour passer du coq à l'âne, mais toujours dans la rubrique des faits, en feuilletant un prospectus pour des bouquets de chaines TV l'autre jour,je m'étonnais, moi théâtreux exalté de 1998 égaré avec ma troupe au milieu de klaxons hystériques, je déplorais même qu'il y ait des bouquets cinéma, des bouquets variétés, des bouquets sports, des bouquets cul, des bouquets séries tv, des bouquets nature et découverte, et même des bouquets histoire du monde ou musique classique, mais pas, mais rien, rien du tout sur la littérature ou le théâtre. Pourtant, et même en restant dans du mainstream pur jus, entre toutes les archives de l'INA, les retransmissions télé, les émissions pseudo littéraires à la Pivot et consorts, les documentaires et les archives de tous les théâtres, il y aurait de quoi faire au moins  une seule chaîne. Mais rien, nadaBéraud, qui ne manquait pas d'humour, écrivit un jour que le meilleur moment du théatre, c'est quand on rentre à pied chez soi. Il a écrit un livre très drôle sur le sujet, dans lequel il consigne ses critiques théâtrales, et qu'il a appelé Retours à pieds. J'espère avoir le temps d'en parler ici un jour. Mais Dieu, que le temps passe vite.

En guise de consolation, j'ai trouvé ce portrait de Dullin en Avare que je trouve à la fois élégant et nostalgique. Les deux, dans le meilleur sens du terme. Je clonclus donc ce billet pas décousu du tout avec lui.


Commentaires

"Le meilleur moment du théâtre, c'est quand on rentre à pied chez soi": ah, j'adore ça !

Écrit par : Sophie | vendredi, 25 octobre 2013

J'aime vos billets décousus :)

J'ai entendu et écouté (ou écouté et entendu) Finkielkraut l'autre soir chez Taddei, et alors que je ne l'apprécie pas spécialement, j'ai été très intéressée par ce qu'il disait. Il avait en face de lui une espèce de roquet, un historien dont je ne retiendrai pas le nom et un réalisateur d'origine algérienne. Avec le réalisateur il y a eu un échange, avec le roquet c'était comique, Finkielkraut a dû faire un effort pour rester assis et ne pas fuir les propos de ce monsieur. Cet historien est peut-être quelqu'un d'intéressant je n'en sais rien je ne le connais pas, son attitude envers Finkielkraut était en tout cas d'un minable absolu.
Qu'ai-je compris de ce que disait Finkielkraut, qu'une France qui aujourd'hui n'assimile plus, n'intègre plus les "étrangers" (La France est une République une et indivisible, avec la laïcité comme principe constitutionnel et valeur de civilisation), et qui laisse s'installer la juxtaposition de communautés, un multiculturalisme mal compris, cette France-là court à la catastrophe. Car si l'on se met à définir et reconnaître les gens par leur appartenance, c'est l'exclusion assurée pour tous ceux qui sont extérieurs à "l'appartenance". Autant d'exclus que d'appartenances.
Je me plante peut-être complètement dans mon interprétation car ce ne sont bien sûr pas les mots de Finkielkraut. Je vais acheter son livre.

Quant à Béraud, ah Béraud, j'ignorais qu'il eût écrit "Retours à pieds". Si vous parvenez à publier votre roman, peut-être alors s'en suivra-t-il la publication de tous vos travaux et votre somme sur Béraud. Rêvons, il nous reste au moins ça.

Écrit par : Michèle | vendredi, 25 octobre 2013

Le lien avec l'article putassier de Birnbam. A la fin du troisième paragraphe, on comprend la raison de sa charge contre Finkielkraut.
http://www.lemonde.fr/livres/article/2013/10/23/alain-finkielkraut-une-deroute-francaise_3501717_3260.html

La "défaite de la pensée" a été, en son temps, un essai qui a compté. Finkielkraut est un homme de culture. Ce qu'il dit de la conception de la galanterie française passe sur la tête des deux autres. Oui, ils sont venus se le faire pour des raisons de carrière et de buzz. C'est aussi une génération qui s'en paye une autre.
Quand Finkielkraut dénonce le militantisme compassionnel comme forme consumériste de l'amour de soi, il dérange, mais pas plus. Quand il explique que la laïcité n'étant pas dans le monde un modèle universel, il faut dorénavant exiger de la vivre dans le pré carré français en ne cédant pas au modèle anglo-saxon, il fait plus. S'attaquer au sophisme du tous égaux = tous pareils, ça gène beaucoup de monde. Mais se déclarer ouvertement l'ami de Renaud Camus, apparemment, ça ne passe plus. Et pas pour les raisons qu'on croit, là encore, Le Pen sert d'épouvantail à moineaux. Cela revient à soutenir une conception de la culture et de la liberté à la fois élitiste et historique, héritée de la France de l'ancien régime, non pas réservée à quelques uns mais impossible à acquérir sans un effort de l’être constant, contre les tenants de cette culture divertissante qui plait à tout le monde, ne nécessiterait aucun effort et surtout ne fonderait aucune identité, se réclamant du mondialisme libéral le plus béat et le plus anglo saxon
Au fond, Finkielkraut pense encore avec la tradition. Il hiérarchise et c'est ce qu'on lui reproche. Au nom d'un défaut terrible : la vanité.

Écrit par : solko | vendredi, 25 octobre 2013

"Ce n'est pas parce qu'on gagne de l'argent qu'on n'a pas le droit d'avoir notre avis. Quand on est à l'usine et qu'on n'en gagne pas beaucoup, on a le droit de s'exprimer. Pourquoi un footballeur ne pourrait-il pas le faire ?"
Un argument de Cedric Barbosa relevé sur cette page http://www.lefigaro.fr/football-ligue-1-et-2/2013/10/25/02013-20131025ARTSPO00270-la-greve-vue-par-les-joueurs.php

Écrit par : La lapine | vendredi, 25 octobre 2013

Complètement d'accord avec toi pour Finkielkraut, que je trouve en général parfaitement juste et nuancé. Qu'un crétin du Monde (ou d'un autre média) s'en prenne à lui de cette manière, on s'y attendait, je l'attendais.
Ca devient éprouvant de lire ou de voir des cons (parce que, désolée, mais le raisonnement binaire rend con) s'en prendre à des intelligences d'envergure. Et malheureusement, le Spectacle actuel l'encourage et le légitime, et l'ennui et la colère nous gagnent de plus en plus. Car Finkielkraut fait le boulot que ni la droite ni la gauche ne font plus, par manque de courage et de lucidité, par dogmatisme aussi. Que ces crétins ne s'étonnent donc pas de se voir couler dans les sondages, et de laisser la porte ouverte aux extrémismes. C'est effondrant.
Quant à cette gauche (qui n'a plus de gauche que le nom), elle me fait penser aux bonnes dames du XIXe, toutes blindées de certitudes et de portes mentales verrouillées, allant à "leurs pauvres" pour se nettoyer la conscience, mais incapable de repenser les choses pour réellement les dénouer.

Écrit par : Sophie K. | samedi, 26 octobre 2013

Ancien gaucho, ancien soixante-huitard, le nouveau Finkelkraut est vomi de ses ex-amis.
Voilà une banalité.
Ce qui l'est moins, c'est la montée de l'exécration qui lui est vouée, dans la sérénité de son impunité.

La dernière émission de Taddéi a montré les visages v!périns d'un historien du CNRS, c'est-à-dire un inculte muni d'une patente, et d'un scénariste du sérail, c'est-à-dire un autre inculte muni de sa horde de nègres.
La mission de ces deux incontestables étaient de dévoiler au monde - enfin - l'ignominie de Finkelkraut.
Le spectacle a su répondre à cette gageure.
Faces distordues, les deux riens étaient là, hallucinés, fanatiques, imbus, sans autre objet que celui "de se payer le facho".
Avec le soutien sans réserve du monde cultureux, ce soir là représenté par le service public.
Ah, cette haine !
Une saine haine.

Et Taddei souriait à ces hommes qui ricanaient pour avoir l'air de rire.
Et chacun se félicitait de gober leurs mensonges.
Et nul ne quittait le plateau.
Car telles étaient les valeurs de la République !
Ah, cette haine !
Une saine haine.

Écrit par : Tamet de Bayle | samedi, 26 octobre 2013

Finkielkraut a le double défaut de réfléchir et de ne pas agonir d'injures l'Etat d'Israël quand il est de bon ton de dire que le Hamas n'est pas si mal que ça.

Écrit par : Francesco Pittau | vendredi, 01 novembre 2013

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