jeudi, 10 mai 2012
Vivre sans gouvernement...
Nous avons la chance, et nous ne nous rendons pas compte à quel point c’en est une, de vivre quelques jours sans gouvernement. Celui de Fillon a tenu hier son dernier Conseil, celui du nouvel élu n’est pas encore constitué. La Belgique a tenu 535 jours sans, rappelant à l’Europe entière cette lapalissade que ce sont les grands Commis d’Etat ainsi que les Hauts Fonctionnaires qui tiennent en réalité le pays. Combien de temps tiendra Hollande, qui semble penser qu’être normal, c’est passer son temps à signer des autographes devant des caméras dès qu'on quitte sa voiture avant d'entrer chez soi ? Le brave bougre nous a promis que nous apprendrons le nom du Premier Ministre le 15. Tous les paysans du pays nantais le connaissent, paraît-il , mais chut… ça doit être une surprise.
Vivre sans gouvernement : Ces campagnes électorales sont ainsi much ado about nothing. Sauf que ce nothing, c’est l’air du temps plus ou moins pourri dans lequel chroniqueurs et journalistes nous font vivre. On vient de passer un an dans un antisarkozisme frénétique et délétère, qui, comme l’océan se retire, risque de laisser vide la plage sur laquelle le cadavre de la gauche noyée par Mitterrand est en décomposition assez avancée depuis bon nombre d’années. Combien de temps la gôgôche sera-t-elle capable d’illusionner le chaland ?
On nous annonce Vincent Peillon à l’Education nationale. Je peux déjà vous dire que ce sera, comme au beau temps de la cogestion, le bureau national du SNES qui sera ministre, la première mesure de Hollande en la matière étant, paraît-il, d’annuler l’intolérable réforme de la notation des professeurs par leur chef d’établissement que conteste le tout puissant syndicat qui s’apprête à retrouver son café et ses croissants rue de Grenelle. En cet Olympe pédagogique, on doit déjà penser à la réhabilitation prochaine des IUFM ainsi qu’au démantèlement programmé des quelques filières d’excellence qui demeurent en France, à savoir les classes prépas. Ces gens-là sont des forcenés de l’égalitarisme qui ne savent depuis toujours penser les talents et les compétences qu’en termes de pourcentages et de statistiques.
Europe Ecologie Les Verts, une autre officine forte des 2% de Madame Joly, pétitionne (rien que ça) pour faire entrer cette dernière place Vendôme, où elle incarnerait derrière ses lunettes vertes, comme dans une série TV, « une justice indépendante et irréprochable ». Que fera-t-on de l’inénarrable Cécile Duflot ? J’avoue qu’à la place du bon François, je serais bien embêté. Pas au ministère de la radio, par pitié.
« Qui pourrait tenir les rênes de la Rue de Valois ? Et qui serait à même de relever le gant des années Lang, restées phares aux yeux des socialistes » s’interroge Le Figaro. Ah Ah ! Jack Lang ! Ils n’auront tout de même pas le culot de nous le ressortir du congélateur. On prend peur cependant quand on apprend que circule de nom de Martine Aubry, qui avait déclaré au dernier festival d’Avignon s’intéresser vivement à « la culture ».
Il ne nous reste que quelques jours avant la traditionnelle photo pour profiter de ces instants exceptionnels où les affaires courantes semblent se régler d’elles-mêmes et où la piste du salon Murat, vidée de ses clowns, reste agréable à contempler.
Pendant ce temps-là, l’Islande et la Grèce sont elles aussi plus ou moins sans gouvernement, mais pour de vrai….
06:19 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : salon murat, gouvernement, politique, vincent peillon, eva joly, belgique |
Commentaires
Finalement, cette idée d'être gouvernés, au fond... est-ce si judicieux ? Je m'demande...
Écrit par : Sophie K. | jeudi, 10 mai 2012
Écrit par : Jérémie | jeudi, 10 mai 2012
Écrit par : Sarah. S. | jeudi, 10 mai 2012
Écrit par : solko | jeudi, 10 mai 2012
Tyrannie des maths, aucune culture, d'accord, entièrement d'accord. Qu'on veuille être médecin, architecte ou même assisante sociale, si on n'a pas le bac S on est fichu. Les maths, c'est ce qui coute le moins cher à enseigner, il suffit d'un tableau et d'un marqueur. C'est peut-être pour ça.
Écrit par : Julie des Hauts | jeudi, 10 mai 2012
Au Japon ou j'ai passé quelques temps, le système scolaire est assez catastrophique (compétition forcenée, bourrage de crâne sans réflexion, stress, sacrifice des heures de sommeil, etc) j'ai pu constater qu'il avait au moins un mérite: une vrai enseignement des matières artistiques (on apprend au moins les base du dessin et de la peinture, on apprend à chanter juste, etc) une valorisation des activité sportives, tous les jeunes sont encouragés à pratiquer des activités extra-scolaires, qu'il s'agisse de sports ou d'activités créatives, de langues...
En France, on est soit sportif et con, soit intello et empoté. Et quel souvenir détestable de ses cours d'éducation musicale, au collège! Sans parler de ceux "d'arts plastiques" où l'on voulait nous faire pondre du concept (tiens!) sans nous apprendre quoi que se soit, ni technique, ni notion d'histoire de l'art... Atroce!
Écrit par : Sarah. S. | jeudi, 10 mai 2012
Écrit par : solko | jeudi, 10 mai 2012
Écrit par : Julie des Hauts | jeudi, 10 mai 2012
Écrit par : Sarah. S. | jeudi, 10 mai 2012
Il m'inspire à moi aussi les plus vives inquiétudes car j'ai bien peur de trop bien deviner de quels ayatollahs de l'égalitarisme il s'est entouré.
Le projet de suppression des classes préparatoires n'est que l'ultime attaque contre le savoir, la rigueur, l'exigence et le contenu. Préférons donc avec Vincent Peillon et ses amis la convivialité, le bien-vivre, le bonheur d'être ensemble au sein de la classe, l'interactivité, l'interdisciplinarité et par pitié supprimons ces tristes professeurs d'un autre temps qui, sur l'estrade, expliquent doctement à leurs élèves de profondes et belles choses.
Quand je lis certains commentaires à propos de la tyrannie des maths, je crois rêver. Que ceux qui sont inquiets de cette dictature soient pleinement rassurés: elle n'existe que dans leurs cauchemars. Ca fait belle lurette qu'au niveau du lycée les mathématiques ont quasiment disparu - et je parle en connaisance de cause. La matière - voire même les heures d'enseignement - subsiste, mais comme des cache-misères. Les concepts, les théories y ont été à ce point édulcorés et appauvris que c'en est devenu simplement pathétique: j'ai vu de mes yeux un sujet proposé à des secondes dans lequel on présentait des courbes et il fallait dire si elles montaient ou si elles descendaient. Des élèves de 15 ans au cerveau en ébullition et qui ne demandent qu'à apprendre et qu'on occupe en leur jetant de telles cacahuètes! C'est une honte!
D'une manière générale - et que ce soit en maths ou ailleurs - la politique générale vise à supprimer toute réflexion - réfléchir, chercher un exercice plus de cinq minutes est devenu proprement intolérable. Fondamentalement, si Peillon et consoeurs ( de droite comme de gauche) n'aiment pas les classes prépas, c'est parce qu'elles demeurent comme des îlots de difficulté; c'est tellement mieux ce qui est facile, tellement plus fun.
Pour vous faire rire - si le coeur vous en dit - je vous envoie lire un petit billet que j'avais écrit au sujet ( en partie) des iufm.
A une prochaine fois
Zeno
http://lejournaldezeno.hautetfort.com/archive/2012/03/03/le-dipterophile-car-la-methodologie-est-un-gros-mot.html
Écrit par : zeno | vendredi, 11 mai 2012
Écrit par : Sarah. S. | samedi, 12 mai 2012
Écrit par : Julie des Hauts | samedi, 12 mai 2012
Écrit par : Sarah. S. | samedi, 12 mai 2012
Il y a aussi langage et language....
Écrit par : solko | samedi, 12 mai 2012
Écrit par : Jérémie S. | samedi, 12 mai 2012
Tâche < tasche... An anglais : task !
Écrit par : Jérémie S. | samedi, 12 mai 2012
La tyrannie existe peut-être, mais surtout dans la tête des gens - ce sont les gens, les parents d'élèves qui veulent qu'on sélectionne par les maths.
Un exemple particulièrement frappant: la réforme de 95 visait à briser l'hégémonie des maths en classes de math-sup en créant deux filières strictement égalitaires: une fléchée physique-chimie, une autre fléchée maths; les deux filières offraient les mêmes débouchés, par exemple le même nombre de places à l'X... qu'a-t-on canstaté au bout de moins de deux ans de fonctionnement? tous les meilleurs éléments étaient en math-sup option maths et les parents considéraient comme un échec le fait que leur progéniture se retrouvent en math-sup option physique.
Les gens veulent cette sélection. Pourquoi?
Peut-être parce qu'ils se rendent bien compte que les mathématiques constituent le moins inégalitaire des moyens de sélection. Il suffit par exemple de comparer le nombre de fils d'ouvriers qui intègrent la rue d'Ulm en maths avec le nombre de fils d'ouvriers qui intègrent la rue d'Ulm en lettres... Je sais plus qui disait plus haut que pour un cours de maths il y avait juste besoin d'une craie et d'un tableau, de même pour devenir bon en maths y a pas besoin de séjours en Angleterre, de trois sorties par semaine au théâtre, de s'acheter une bibliographie de livres longue comme le bras...
Écrit par : Zeno | samedi, 12 mai 2012
Le marché de l'emploi, toujours lui, conditionne la remise en cause actuelle de ce statut des maths comme matière d'excellence, car il recherche surtout des profils purement opérationnels. On remarque au passage, et pour cause, que cela ne réhabilite pas les enseignements du latin et du grec, tous deux passés à la trappe
Écrit par : solko | dimanche, 13 mai 2012
Les commentaires sont fermés.