mercredi, 09 mai 2012
Combas, le MAC, la Tête d'Or...
A P.A. Bardet et tous ses pairs
Quand on s’entretient d’art contemporain, et quel que soit le propos qu’on s’apprête à tenir, c’est d’argent qu’il faut parler tout d’abord puisque l’art, reflet de la société, est devenu une performance ; et qu’en société libérale, cette performance se doit d’être d’abord un marché : Partie de jambes en l’air entre une négresse sérieusement saloparde et un mec rose à quiquète de saucisse chauffée au bain marie, acrylique sur toile marouflée, signé sur la tranche de 65 x 57cm de Robert Combas, est estimé entre 8 000 et 12000 euros à la vente du 31 mai 2012 d'Auctions.fr (détails ici).
Pour une surface de 167 x 168, comptez de 30 000 à 40 000, avec cette acrylique sur toile Sans Titre signée en bas, à laquelle est joint un certificat de l’artiste daté de 1988 : « Le feeling, dit-il, c’est le rythme, c’est le batteur fou dans la jungle et les danses vaudou, c’est les Rolling Stones copiant les vieux morceaux des noirs, des bluesmen et sans le vouloir, créant une musique nouvelle. Moi c’est un peu comme ça pour la peinture, avoir le rythme (feeling) des écritures et des peintures publicitaires chinoises, arabes, méditerranéennes. Ma peinture c’est du rock»
sans titre
Ces choses étant posées, on peut s’attarder un instant sur la biographie de l’artiste. Fils de parents communistes, il a grandi dans la loge du concierge de la Bourse du travail de Sète, dans cette France d’avant 1981 où la culture était forcément de gauche quand le pouvoir et le pognon étaient naturellement de droite. Robert Combas se félicite d’être un autodidacte ayant poussé dans la culture populaire d’alors, faite de BD, de rock, de SF et de télé, de revendication politique et de libération des mœurs. Il suit les Beaux Arts de Montpellier et, dès 1981 dès participe à la création de la Figuration Libre.
On en arrive avec ce terme au conceptuel, sans quoi il n’est pas d’esthétique qui vaille dans la France des années 80. La Figuration libre se veut à la fois populaire, décomplexée et joyeuse, une compromis entre Dada et le psychédélisme, encore que le premier fut une révolte radicale contre l’émotion de l’art classique après la guerre de Quatorze, et le second une façon plus naïve de la transposer au sein de la contre-culture et de la constestation du consumérisme durant les Trente Glorieuses. Il y a loin, par exemple, entre les figures attrape-tout du français Combas et celles, gravement subversives, du polonais Tadeusz Kantor. Qu’importe. Ce n’est pas non plus la même génération.
Venons-en au fait qui est cette exposition que le Musée d’Art Contemporain de Lyon consacre depuis deux mois et pour encore deux autres à cet artiste. Sur trois étages et 3000 m2, quelques 600 objets (tableaux, sculptures, dessins), le visiteur a de quoi lire, entendre, zyeuter, en un mot ressentir, si je traduis le terme si convenu de feeling par lequel on nous propose d’aborder depuis une cinquantaine d’années tout ce qui n’est pas a priori rationnel. Avec Combas, on est de plain pied et qu’on le veuille ou non sur le registre de l’affirmation de soi : où qu’on se tourne, lignes, formes, couleurs finissent partout par dire le même moi. Il y a la partie exhibée, il y a celle, cachée. Aller de l’une à l’autre au gré de ses pas, c’est accomplir un voyage singulier de ce qu’on appelait jadis, avec le Michel Lancelot de Campus (suivre ICI) , « la contre-culture », à ce qui devint la « culture » (ou la « cuculture ) dans les années 80 ; du dilettantisme révolté à la consécration bien pensée, à travers un parcours qui se professionnalise au fur et à mesure qu’il rencontre et ses admirateurs, et ses détracteurs : J’ai pensé évidemment à ce que Jacques Rancière dit de ces piétas ou de ces portraits d’ancêtres qui, arrachés à leurs églises ou leurs châteaux par les armées napoléoniennes et proposés au badaud dans des espaces museaux perdirent tout leur sens et semblaient chercher, dans « ce milieu nouveau de liberté et d’égalité qui s’appelle l’Art » à en acquérir qui fut commun à tous dans le regard des badauds. Un, qui ne pouvait plus être qu’esthétique.
C’est alors que la question de l’exposition revient à nouveau, face à la production de Combas, production si contemporaine que lui-même fait partie de l’exposition : la virulence un peu naïve du trait et de la couleur, où se mêlent des souvenirs de Matisse, de Picasso comme de Popeye et de Mickey, aurait besoin de l’environnement urbain pour redevenir significative et vraiment festive. L’institution lui sied cher mal : livrée à elle-même, l’œuvre d’art se résume à la mise en scène d’une contre-culture devenue mainstream dans la loi du marché. Elle suscite, de mon point de vue, une relation bien trop narcissique et bien trop paradoxale. Le bourgeois bohème, celui qui a réussi songera peut-être (outre le fait que ça peut être un bon investissement) qu’il y rencontrera à chaque regard cette partie de lui-même, qu’il nomme en effet son feeling. Aussi, sur la paroi blanche d’un loft bien éclairé, l’œuvre, se murmure-t-il à lui-même, pourrait trouver sa place. Mais le petit bourgeois, pour sa part, regagnera ses pénates en songeant que non, vraiment, il ne mettrait jamais ça chez lui. A Rue 89, Combas affirme : « Si à 70 ans on me donne les honneurs, je monte sur la table et je pisse sur la table ». Quoi de plus générationnel que l’académisme un peu surfait d’une telle déclaration ?
Le musée et ses prétentions à l’Universel fut longtemps le lieu de la conservation et de la tradition ; il est devenu celui de l’entre soi culturel, un peu comme le parc de la Tête-d-Or, sa roseraie et son lac artificiel non loin de là le fut pour la bourgeoisie du Second Empire. Quand on entre dans le M.A.C lyonnais, qui fait face à Ciné-Cité, on est prié de laisser son sac dans une poubelle, qui fait office de vestiaire. Après tout, pourquoi pas ? L’exposition qu’il offre au consommateur, débarrassé de ses objets intempestifs qu’il croit personnels, est certes à connaître pour ce qu’elle dit du narcissisme aussi luxueux qu’insouciant de toute une génération. Ce qu’en pense un djeune, comme on dit, je me le demande. Les commentaires sont ouverts à tous les amateurs et tous les détracteurs.
Liens : Le Musée d'art contemporain et la visite virtuelle assez réussie, c'est ici
05:46 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (32) | Tags : robert combas, mac, lyon, peinture |
Commentaires
Je ne suis jamais entré dans ce musée d'art contemporain, voilà une occasion. Je ne promets rien mais peut-être que j'y ferai un tour dans les jours à venir.
Qu'entendez-vous par "entre soi culturel" ?
Le problème avec "l'art contemporain", c'est qu'on ne sait jamais par quel bout le prendre... et par là comment le comprendre...
Concernant les tableaux de Combas, je n'ai jamais rien vu de pareil, il faut le reconnaitre (il faut aussi reconnaitre que je ne suis pas un spécialiste en tableaux, encore moins contemporains !). Un peu agressifs à l'oeil mais finalement pas si déplaisants, dans la mesure où ils donnent à contemplation. Les "statues" me plaisent beaucoup moins.
A mon sens, ce genre de peintures contemporaines manque d'ancrage dans la réalité, et ainsi elles ne sortent pas de l'exposition, dans l'esprit comme dans le cadre.
Une oeuvre est également liée au temps, il lui faut de l'Histoire ; mais ça c'est une autre histoire (!), et les auteurs n'y peuvent rien...
Bon... j'arrête ici les âneries. Vous m'avez piégé : le sujet est vaste et on s'y perd facilement.
Juste pour finir, je crois que les djeunz préfèrent toujours le Parc aux musées !
PS : Je crois que vous avez fait une faute à "jeune" : le nom ne prend pas de "d" ... ^^ . J'admets cependant que la prononciation du mot à l'anglaise est une question de ... circonstances !
PPS : Ca va jusqu'où un djeune ? Simple curiosité.
Écrit par : Benoit | mardi, 08 mai 2012
Écrit par : solko | mercredi, 09 mai 2012
Question à mille euros ?
Pour moi, ça va jusqu'à l'entrée dans la vie active. Mais tu sais que je suis un peu vieille école sur la question,. ¨Pas question de soulever des polémiques....
Écrit par : solko | mercredi, 09 mai 2012
Écrit par : gmc | mercredi, 09 mai 2012
La lutte contre le narcissisme florissant est un des mes chevaux de bataille, en particulier contre le narcissisme des éléphants qui considèrent que leur mémoire doit survivre à l'histoire et qu'il faut être un éléphant tôt...Donc, je ne peux que soutenir votre dénonciation. Mais vous esquivez quelques questions. De votre point de vue ,Combas apporte t-il quelque chose à l'art? votre louable esprit critique succomba t-il devant ses propositions? Fûtes vous interpellé,bousculé, interloqué, ému par son travail ?
Ne nous leurrons pas depuis le fin fond de l'histoire de l'art, les artistes qui vécurent et vivent richement par la marchandisation, qui connut force avatars, furent légions. Ils ont laissé quelques œuvres qui témoignent du génie humain. Je constate sans approuver. Je pense qu'il y a quelque chose de gratuit dans toute création, en particulier, artistique qui devrait la faire appartenir au patrimoine collectif.
Je pousse un cri quand j'apprends à quel prix fut négocier l’œuvre de Munch.
Écrit par : patrick verroust | mercredi, 09 mai 2012
Écrit par : solko | mercredi, 09 mai 2012
En fait, j'aime bien les artistes évolutifs, je crois. Peut-être que le fait que Combas soit toujours dans le même type d'expression me pose un problème.
Enfin. je rêverai toujours plus devant un Hopper, n'importe lequel.
Écrit par : Sophie K. | mercredi, 09 mai 2012
Hopper, c'est ton côté nostalgique assumé (?) De toute façon, je suis d'accord, y'a pas photo entre les deux
Écrit par : solko | mercredi, 09 mai 2012
Écrit par : Sophie K. | mercredi, 09 mai 2012
La dernière fois où je suis allée au M.A.C, c'était pour l'exposition sur Keith Harring et j'en étais sortie pleine de joie. Quand on visite une exposition, il me semble que nous sommes dans un autre espace temps, pourrait- on dire que les inconscients se parlent, le notre et celui de l'artiste. Et qu'il est possible ainsi de pouvoir réellement rencontrer l'artiste. Mais "çà" est valable aussi pour la littérature, le cinéma.
Moi je rêverai toujours devant un Van Gogh ¨"La nuit étoilée" ou "la chambre"
Écrit par : Anne D. | mercredi, 09 mai 2012
Écrit par : Sophie K. | mercredi, 09 mai 2012
Pour ma part, je trouve l'art contemporain d'une platitude lunaire. Je peux me tromper, mais ces toiles de Combas sont immondes. C'est vrai que mes goûts vont plus à des tableaux ayant la même facture que "Les dernières cartouches". Mais bon.
Écrit par : Jérémie S. | mercredi, 09 mai 2012
Écrit par : Sarah. S. | mercredi, 09 mai 2012
Ah Keith Harring! Mais des gars comme lui sont bien trop rares... Keith Harring avait décidé d'aimer inconditionnellement l'humanité, en dépit de toute la barbarie de son époque car, à leur façon, elles furent bien barbares ces années 80... L'art de Keith Harring c'était la vie et l'amour, qu'il lançait sur les murs comme on monte à l’assaut des barricades. Il souffre encore d'être bien mal connu, et très mal compris, pourtant lui qui fut un artiste brillant et un homme de bonne volonté...
Écrit par : Sarah. S. | mercredi, 09 mai 2012
"L’institution lui sied cher mal : livrée à elle-même, l’œuvre d’art se résume à la mise en scène d’une contre-culture devenue mainstream dans la loi du marché."
Je trouve que cette phrase résume parfaitement l'exposition. Cependant, et c'est la raison pour laquelle j'écris ce commentaire, j'ai discuté aujourd'hui avec un homologue et ami de Combas et Di Rosa. Plus jeune d'une dizaine d'années que ces derniers, son style, ses références s'apparentent clairement aux artistes de la figuration libre. Nous avons discuté. Il se définit comme un "ouvrier d'art", jamais comme un artiste. Cette nuance est tout à son honneur. Bref, il m'a poussé à entamer une réflexion. Ah oui, il s'appelle Fernando Davila. Voici un résumé de notre discussion : L'art a toujours été élitiste me dit-il, démystifier cet art c'est donc la raison d'être du 20ème siècle, notamment de Combas et de tous ces artistes "underground". Rien d'extraordinaire. Il m'a surpris lorsqu'il me dit que l'art, en plus d'être élitiste intrinsèquement (ce que je pensais moi), se distingue par le fait que les artistes eux mêmes viennent de l'élite (j'entends par "élite", la bourgeoisie). Je lui cite alors Modigliani ou Van Gogh qui sont mort dans la misère. Il me rétorque que c'est l’existence (faite d'absinthe par exemple) de ces derniers qui les ont fait mourir dans de piètres conditions. Les deux sont nés de bonnes familles. Deuxième arguments de ma part : le fait qu'à la renaissance et au moyen âge les artistes n'étaient autres que des artisans au service de nobles. Il me dit alors que ces artistes étaient bel et bien des "artistes" et non des artisans. Le roi/les nobles plaçaient justement au rang d'artistes les peintres qu'ils voulaient (je pense maintenant comprendre l'origine de "De Vinci").
L'art serait donc selon lui un milieu élitiste pour bourgeois. Avec cette vision de l'art, j’accepte entièrement maintenant la démarche de Combas et plus généralement de l'art post année 60. Selon moi, ces artistes/"ouvriers d'art" mêlant le pop à l'art (Combas reprend d'ailleurs des Marylin de Warhol) ne sont que des images, des représentations esthétiques des "vilains" readymade dadaïste, encore trop élitiste et pas assez « mainstream ». Par INDUCTION (j'ai bien retenu ma leçon suite à l'oral...), de ma discussion à l'expo de Combas jusqu'à l'art du 20ème, j'arrive mieux à comprendre et cerner cet art mainstream (malgré lui ou non) que je trouvais pauvre. Ma certitude ? Votre phrase est mieux construite que mon gros pavé et en dit autant. J'ai cherché à amener cette discussion que j'ai eu car la vision de cet artiste rend cohérente toute la figuration libre et presque tout l'art anti élite. Personnellement, ma position serait plutôt proche de le votre. A savoir, la désacralisation de l'art entraîne un nivellement par le bas de la culture (je pense ne pas trop me tromper en disant ceci). Combas et son expo confirme tout à fait ce raisonnement en intégrant dans un même lieu les figure de Mickey, de Lautrec ou encore des Sabines. Cependant, si art et élites (dans les sens évoqués auparavant) ont toujours étaient de pairs, il est peut être légitime pour le peuple d'y mettre son grain de sel (tant dans les sujets que dans les créateurs)… Au risque d’avoir et de continuer à provoquer un bon gros diabète ! La pub est passée par là !
Je comprends mieux aussi votre envi de changement, vous qui avez vu dérouler une bonne partie de cet art « pop ».
Écrit par : erwan E. | vendredi, 11 mai 2012
Il faut bien s'entendre, tout d'abord, sur ce qu'on entend par élitisme, car dans notre fièvre démocratique la plupart du temps peu raisonnée, nous avons souvent malmené et même oublié le sens de ce mot.
Il y a un élitisme détestable, celui qui aboutit à une forme de confiscation d'un bien, qu'il soit culturel ou économique, par un groupe X, qui en fait un code pour vivre entre soi contre d'autres. D'une certaine façon, derrière sa prétendue démocratisation, l'art contemporain s'écrase souvent dans ce grossier travers.
Mais il y a un élitisme très sain, très bon, très louable, intrinsèque à l'émulation et à l'excellence, qui consiste à chercher la perfection en toute création. Or l'égalitarisme, idéologie nauséeuse désormais partout répandue dans l'éducation nationale (surtout dans les milieux dits à présent de gauche) a participé à l'érosion des exigences de l'oeuvre, du mérite personnel et de la reconnaissance qui l’accompagne (y compris celle des marchés qui ne font que de la spéculation).
L'art, comme l'artisanat, a toujours été élitiste. Ce qui sous-tend la discussion que Fernando Davila et vous avez menée, et dont je vous remercie de nous faire part ici, c'est le présupposé que ce serait un mal.
Mais c'est un bien ! L'ouvrier est celui qui fait l'oeuvre: il faut vous souvenir que dans les anciens compagnonnages que le franc maçon Lepeletier a interdits pour soutenir (prétend-il) "la cause du peuple", il fallait entre six à dix ans à un tisseur de fil d'or et d'argent, par exemple, pour devenir maître ouvrier et être reconnu pleinement par ses pairs en réalisant son "chef d'oeuvre". Le véritable sens de la démarche de ce membre "éminent" de la Constituante et du Grand Orient était de libéraliser l'économie de l'Ancien Régime et surtout de permettre la libre entreprise, y compris par des bourgeois "non formés" (10 ans pour croiser du fil à la perfection, c'est long!)...
Résultat : tout et n'importe quoi fleurit sur le marché; l'un des "acquis" de la Révolution aura été la perte d'un grand nombre de techniques artisanales éprouvées.
L'art est élitiste dans ce sens. Et c'est Tant mieux...
Écrit par : solko | vendredi, 11 mai 2012
Merci Solko pour votre blog.
Écrit par : Anne D. | vendredi, 11 mai 2012
C'est un beau nom de rue pour un ébéniste car il paraît que les ébénistes aimaient travailler, jadis, en le chantant.
Écrit par : solko | vendredi, 11 mai 2012
Pour moi ce n'est pas un mal, loin delà. J'ai voulu retranscrire son point de vu que j'ai trouvé intéressant car cohérent avec la démarche de ces artistes pop. dont combas et lui font parti.
Mon point de vu (intuitif car manque de références culturelles) est le même que le votre.
Écrit par : erwan E. | vendredi, 11 mai 2012
Écrit par : solko | vendredi, 11 mai 2012
Je n'ai pas les clés, je n'ai pas les codes, j'aime la peinture pourtant et l'éventail de ce que j'apprécie est vaste. Je manque sans doute quelque chose.
Écrit par : Julie des Hauts | vendredi, 11 mai 2012
Écrit par : solko | vendredi, 11 mai 2012
Écrit par : Anne D. | vendredi, 11 mai 2012
Écrit par : Julie des Hauts | vendredi, 11 mai 2012
"J'allais sous le ciel, Muse! et j'étais ton féal;" (Rimbaud)
Écrit par : Anne D. | vendredi, 11 mai 2012
Je vis dans sa ville, qu'il détestait, mais il aurait pareillement détesté toute ville n'importe où, il n'aimait que Zanzibar où il n'est jamais allé.
Écrit par : Julie des Hauts | samedi, 12 mai 2012
L'été dernier, à Florence, j'ai eu des frissons devant un tableau inachevé de Léonard de Vinci, dans la galerie des Offices. Au milieu du réalisme et de la beauté qui se dégageaient de la toile (pas très grande, pas monumentale, une soixantaine de centimètres, simple et sans prétention), il y avait un espace vide presque circulaire, d'un diamètre d'environ 15 centimètres, rempli de gris. En m'approchant, j'arrivais enfin à distinguer au sein de ce no man's land pictural, une tête d'ange, tracée au crayon.
Une vive émotion m'a alors étreint. J'avais sous les yeux le crayonné de Leonardo, et le statut inachevé de l'oeuvre n'arrivait pas à lui conférer cette impression de "figé", bon à mettre en photo dans les manuels d'histoire. Ces traits de crayon, c'était comme si de Vinci était encore là, c'était indescriptible, j'étais ébahi, je n'étais bon qu'à me dire, en fixant cet espace inachevé : "il était là, il l'a fait, Leonardo n'a jamais été aussi vivant qu'à travers cette absence de peinture".
J'ai aussi en mémoire une toile dont je regrette l'oubli, mais qui m'avait marqué au Musée des Beaux Arts. Qu'il me pardonne, mais j'ai oublié l'artiste. Qu'elle me pardonne, mais j'ai oublié son époque. Tout ce que je sais, c'est que cette toile de petit maitre, est venue me parler autant que celle inachevée du grand maitre florentin.
Un paysage de l'Ain (je ne me souviens que de cela), fait d'herbe aussi verte que le ciel était gris, sur une espèce de colline dominée par un arbre maigrelet mais bien dans ses racines. On se croyait en mai, quand éclatent les premiers orages électriques. Cette toile puait l'herbe coupée qui se couche sous les rafales du vent, cette toile sentait cette atmosphère particulière qui annonce le premier craquement de foudre. Oui, vraiment, de ce tableau, se dégageaient les senteurs de la pluie qui va tomber, il faisait chaud et humide rien que de la parcourir du regard. J'avais l'impression que l'arbre était là pour attirer la foudre du ciel gris-noir à l'horizon, et je me surprenais à emmêler mes sens : la "vue" du tableau me faisait "entendre" le roulement lointain de la foudre. Oui, ce tableau me parlait.
Je me souviens de ces deux tableaux classiques. Je ne me souviens d'aucune toile de Combas.
Ma critique de l'oeuvre Combas tient donc et se résume dans les deux phrases ci-dessus.
Écrit par : P.-A. Bardet | lundi, 21 mai 2012
Écrit par : solko | mardi, 22 mai 2012
Écrit par : Benoit | dimanche, 27 mai 2012
Écrit par : solko | dimanche, 27 mai 2012
(Ou alors je paye le coup à l'ami)
Écrit par : Benoit | mardi, 29 mai 2012
Écrit par : solko | mardi, 29 mai 2012
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