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vendredi, 20 avril 2012

Dans le fond...

Un commentaire du billet précédent m’invite à réfléchir sur mes billets à propos de l’élection en cours, que je cite d’abord avant d’y répondre : « Un président de la République ne devrait pas être élu au suffrage universel. Cette élection personnalise ce qui ne devrait pas l’être. Vous ne parlez jamais du fond, des grands enjeux, de tout ce qui nous a amenés à la situation que nous connaissons. Vous restez au cœur de ce spectacle que vous dénoncez. »

Comme il émane d’une lectrice fidèle de ce blogue, et que nous avons souvent eu des gouts et des points de vue communs, je tiens à y répondre plus longuement que par un simple commentaire.

Tout d’abord, je suis tout à fait conscient que je ne parle pas du fond, pour une raison évidente, c’est que je ne le connais pas, ne le vois pas, ne le sais pas. Comment pourrais-je en parler au su et au vu des informations dont je dispose, à la télé, sur le net et ailleurs ? Je suis conscient du fait que je suis désinformé, caractéristique première des « citoyens » de la société du spectacle que nous sommes. Les grands enjeux, me dites-vous, mais quels sont-ils ? Prenons en un dont tous les candidats causent et sur lequel je serais en théorie plus à même de dire quelque chose qu’un autre : l’éducation nationale. Lorsque j’ai écrit l’Ecole vendue, j’ai commencé à m’y intéresser et j’ai voulu toucher le fond, et je dois dire que ce que j’ai découvert en lisant les rapports de l’OCDE m’a convaincu de la sagesse du vieil adage populaire : « mieux vaut rester ignorant,  hein »…

 J’ai découvert en détail ce dont je ne me rendais compte que grossièrement et en surface jusqu’alors : c’est qu’effectivement, des grandes instances internationales avaient décidé que l’éducation des gens serait désormais un marché comme un autre, que tout ça ne posait aucun problème au gouvernement de gauche de l’époque, cette même gauche et ces mêmes politiciens (Hollande, Aubry, Royal, Mélenchon…) en laquelle je vois tant de gens placer à nouveau leurs espoirs, ce même SNES qui, au-delà de ses défilés aussi spectaculaires que ridicules sous des ballons gonflés et avec ses chansons de colonies de vacances dignes des pires karaokés, négociait ses privilèges avec le ministre de l’époque, et est prêt à recommencer dès l’élection de leur mentor sans scrupules.

Or vous savez comme moi que ce qui est vrai dans le domaine de l’éducation (grand enjeu) l’est aussi dans celui de la santé (autre grand enjeu). J’ai été saisi d’une sorte de vertige en pensant à ce qui devait en être dans les domaines que j’ignorais : industrie, banque, nucléaire, armée… Non, je ne sais rien du fond de ces dossiers, rien de rien.

 Ne parlons pas de la crise, ah, la crise… J’ai commencé à travailler en 1973, j’avais dix-huit ans et j’ai commencé à en entendre parler dès l’an suivant. Depuis, ça n’a pas arrêté. Les socialistes comme les chiraquiens ont précarisé le monde du travail et la jeunesse tant qu’ils ont pu, sous couvert d’établir une « société des loisirs » qui est devenue la société du titty entertainment c’est à dire celle de l’abrutissement des masses. Mais là aussi, que dire et que faire ? Une fois que vous avez posé le diagnostic, quelle solution ?  Je reste au cœur du spectacle que je dénonce, bien sûr ! Que puis-je faire d’autre ? Est-ce moi qui m’y place ? Non. 

On peut toujours se réciter nos vieilles formules, elles sont inopérantes dans la société technologique moderne, qui se passe d’elles depuis longtemps, Hannah Arendt l’a fort bien démontré de son temps. Si bien que ce qu'il faudrait changer, ce n'est pas le président, c'est les gens eux-mêmes, mais ça...

La société du spectacle ? Mélenchon et son show grotesque à la Bastille n’y est-il pas, bien plus que moi, et au même titre que Le Pen qu’il dénonce  ? Et ce après avoir copiné comme je l’ai vu faire un jour sur le plateau de Ruquier avec ce même d’Ormesson que Patrick Verroust et Bertrand vouent aux gémonies ! Au-delà du y’a ka, faut qu’on, de quels enjeux dont il connaîtrait  le fond  nous parle ce sénateur ?

Tous les gens sérieux, c'est-à-dire qui ne sont pas politiciens, le disent : les marchés sont incontrôlables à cause de la technique qui délivre des ordres de vente de façon autonome et supranationale. Le fond ?  Je suis dans la situation où leur société me place : incapable d’en dire quoi que ce soit de pertinent, du fond ! En situation de regarder des opportunistes se saisir des strapontins qui se libèrent pour y poser leurs croupions et s’emplir les poches ! (Au fait, à propos du salaire de président, je vous ferai remarquer qu’en ne le baissant que de 30%, le Hollande si vertueux garde les autres 70% d’augmentation due à Sarkozy – ce n’est qu’un détail)  Donc qu’on ne me dise pas qu’Hollande est plus honnête que Sarkozy sur ce terrain ! Ce haut-fonctionnaire teint est du même acabit, de la même taille. Il y a même une chose que Sarkozy aura faite de bien : désacraliser la fonction présidentielle qui n’est qu’une posture, vous en conviendrez ! Eh bien l’autre, qui se prétend normal, avec toute sa cour, va s’empresser de la restaurer dans sa dignité républicaine, vous verrez !  Tant il est tout prêt de reprendre ce visage de cire à la Tonton (spectacle, spectacle…) et entrer en je ne sais quel Panthéon, une tulipe ridicule à la pogne.  Voter pour ça ? Réchauffé, tout ça. Faux. Mauvais spectacle.

 

Il n’y a qu’un domaine où je pourrais parler du fond, parce que je le connais bien, c’est le domaine littéraire. Mais la belle langue n’est pas bienvenue dans le monde moderne qui se gargarise de sigles, d’abréviations, de parler des banlieues, d’une syntaxe démembrée et approximative sur laquelle je me suis abimé les yeux pendant des années en corrigeant des copies.  Parler du fond, ce serait peut-être m’en tenir à ça, en effet. Tel est mon fond, ma bonne Etiennette ! Il n’y aurait donc de vrai que la vie spirituelle…

 Mais ce blog est littéraire et polémique,  et vous savez à quel point, en bon béraldien que je suis, je considère la polémique comme un genre littéraire au même titre qu’un autre.

Elire un président au suffrage universel est une erreur, dites-vous ? Je n’en sais rien. Peut-être, dans un pays où tant de gens à qui on donne le droit de vote ne lisent plus rien, ne comprennent qu’un langage rudimentaire, et pour certains ne font plus la différence entre un député élu et un ministre nommé… Il faudrait alors revenir au système des grands électeurs… Mais qui fera le tri entre ceux qui seront dignes ou pas de voter ?  A vrai dire, je n’en sais rien.

 Un dernier mot, sur la dénonciation. Je ne suis pas dans une posture de dénonciation, non pas, ce serait ridicule vu le peu d’influence que j’ai. Je me maintiens en bonne santé avec ces billets polémiques, c’est tout. Me tiens à l’écart des postures que je vois d’autres prendre, cette foire électorale que la gogôche est en train de nous faire vivre et dont j’ai peur qu’on en paye le prix fort rapidement. Hollande ne vaut pas ce prix.

Gardons notre bonne et joyeuse santé intellectuelle. En amical partage avec les quelques uns et quelques unes qui, s’ils rendent visite à Solko, y trouvent un peu leur compte.

Amicale pensée à vous, Michèle, et à tous. Et bonne journée. 

13:00 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (33) | Tags : politique, société | | |

Commentaires

J'adhère totalement à ce billet.

Écrit par : Jérémie | vendredi, 20 avril 2012

Je suis, souvent,assez d'accord avec Sophie K. Je ne voue pas D' Ormesson aux gémonies , je le laisse à sa place de petit marquis de salon manieur d'aphorismes sucrés et à ses béguins de chroniqueur mondain. Il est amusant un moment mais il n'est pas l'alpha et l'oméga d'une quelconque pensée.

Les clivages qui apparaissent, ici, sont tragiques en ce qu'ils reposent sur des désarrois partagés. "Dans le fond" , ce billet est brillant, une habile mise en perspective mais , par un tour de prestidigitation, il aboutit à des conclusions erronées, si nous ne savons rien des grands enjeux, si nous ne sommes pas en état de nous prononcer, nous ne pouvons pas émettre d'autres opinions autre que celle d'affirmer ne pas pouvoir en avoir et d'en conséquence traiter les postulants à la posture suprême avec équanimité.
Je ne suis pas loin de penser que les professionnels de la politique n'en savent pas plus que nous sur les grands enjeux mais, ils en savent sur nous, sur nos volontés, sur nos lâchetés,sur nos compromissions plus que ce que nous acceptons de regarder de nous mêmes. Les problèmes complexes ne se résolvent qu'en les ramenant à des faits simples.
Il n'est pas besoin de connaître le fond pour dénoncer la lèpre de la pauvreté et concevoir qu'il faille de nouveaux modes de distribution qui mettront en cause les avantages petits ou grands des possédants, petits ou grands... Ce n'est qu'un exemple, ils sont pléthoriques. Nous aurions la volonté individuelle et collective de combattre, sans sombrer dans l'utopisme, les dysfonctionnements les plus criants, nous trouverions des responsables politiques capables de concevoir les politiques ad hoc...

Écrit par : patrick verroust | vendredi, 20 avril 2012

"Je ne suis pas loin de penser que les professionnels de la politique n'en savent pas plus que nous sur les grands enjeux ": ils ne les perçoivent qu'à travers les dossiers techniques qu'on pose sur leurs bureaux quand ils remontent du "terrain", comme ils disent. Nous serons,je crois,Hollande ou pas,de plus en plus livrés à nous-mêmes et aux réseaux de solidarité que nous saurons organiser.

Écrit par : solko | vendredi, 20 avril 2012

Solko, je crois que ce qui biaise le débat que vous avez le mérite d'entretenir, réside dans l'idée que vous vous faites selon laquelle ceux qui voteront Hollande placent leurs « espoirs » dans cet homme. Ce serait faire fi de la catégorie TSS (Tout sauf Sarko) auxquels on ne peut reprocher qu'ils prennent en compte le bilan du dernier quinquennat et qui ne croient pas en le puéril « je ferai mieux la fois prochaine ».
Cette campagne se limite à des signes de visibilité, les lunettes de l'une, la montre de l'autre, le régime du troisième... Histoire de marketing, un peu comme la chemise blanche de B.H.L. et le chapeau d'Amélie Nothomb. Le signe flagrant est que, même sur vos terres, on tombe dans le piège du débat personnalisé qui amalgame le défaut d'argumentation au profit d'argumentaires chez les candidats.
Cette campagne est désespérante, vous en relevez bien son absence de lisibilité : on pourrait ajouter aux enjeux cachés, le chapitre sur cette sorte de néo-colonisation que l'on nous inflige et sur le dos de laquelle les pays riches ne cessent de s'enrichir (que d'accords bilatéraux jamais évoqués sur le fond [le cuivre, les diamants, la banane, et j'en passe]).
Votre regard dans le rétroviseur sur la déséducation des personnes signe une stratégie redoutable, celle-la même qui obère la relève d'une classe politique.

Pour ce qui est de la désacralisation de la fonction présidentielle, j'ai éclaté de rire. Il a introduit les pratiques d'une fonction présidentielle que l'on croise dans les grandes dictatures : le culte de la personnalité à raison d'une omni-présence ostentatoire sur tout et partout avec mainmise sur la communication.

Écrit par : ArD | vendredi, 20 avril 2012

Pour moi, le vote "tout sauf" ne veut rien dire, car il ressemble à un assentiment.Hommes politiques et journalistes, en tous cas, le prennent pour tel. .Mieux vaut une abstention massive.
Quant à la communication politique, c'est Anne Meaux qui disait, je crois, que la première opération de com politique fut la Libération de Paris... Je conseille à tout le monde la lecture d'un petit livre, "les gourous de la com". Toute cette campagne se résume à ça,en effet.

Écrit par : solko | vendredi, 20 avril 2012

Mon commentaire aurait été trop long. Je viens d'en faire un billet.

Écrit par : Sophie | vendredi, 20 avril 2012

La précarité la misère, je les vois depuis longtemps, Sophie, je vous renvoie a ma nouvelle "l'écharpe de Krsteva" Ça ne m'a pas donne la solution politique pour l'éliminer. Et je ne les vois pas dans les propositions du PS. Et je vous rappelle : de quand datent les restos du coeur ?
Il n'empêche.La façon dont les politiciens de gauche utilisent cette situation, dont ils ont été les complices, pour s'emparer du pouvoir et faire la même chose qu'elle est aussi ignoble que ce qu'ils reprochent à la droite.

Écrit par : solko | vendredi, 20 avril 2012

Je ne peux qu'abonder avec toi, Roland. Nous subissons tous de plein fouet la "Stratégie du Choc" de Klein. Le seul moyen d'y voir clair est de plonger les mains dans le cambouis économiste (Jorion aide beaucoup), et, entre autres, de lutter pied à pied pour faire comprendre à la jeunesse qu'une langue maîtrisée, c'est une pensée maîtrisée (et donc, la liberté réelle du choix).

Écrit par : Sophie K. | vendredi, 20 avril 2012

De vendredi en vendredi, Jorion fait d'ailleurs, sur son blog, une drôle de tête. C'est vrai qu'il a au moins l'intérêt de sortir le débat de ce psychodrame franco français et que son expérience plaide en sa faveur, au contraire des beaux parleurs. C'est via son blog que j'ai suivi certains déroulements de Fukushima et de la crise en Grèce. L'effet domino, ça fait deux ans qu'il en parle...

Écrit par : solko | samedi, 21 avril 2012

Merci Solko de votre développement et je me dis qu'il faudra que nous revenions sur "L’ÉCOLE VENDUE" (de la démagogie gouvernementale à la soumission aux marchés), Préface de Bruno Wannebroucq, Postface de Dominique Lyon-Duffourt, L'Harmattan, 2000, que j'ai acheté le 24 juillet 2009.

Je ne connais du fond des questions vives de notre pays que ce que j'en lis et principalement ces temps-ci à travers les analyses d'économistes comme Jacques Généreux et Frédéric Lordon. J'ai lu aussi une analyse par le directeur du journal L'Humanité du "Pacte pour l'Euro plus" (Sarkozy/Merkel). Je ne maîtrise pas tout loin s'en faut mais j'en comprends assez pour savoir ce que je vais voter après-demain, dimanche 22 avril.

Concernant L’Hôtel-Dieu de la Ville de Lyon livré par le maire socialiste à des intérêts privés qui veulent en faire un hôtel de luxe, je vous interrogeais un jour sur le mode de financement des travaux à venir simplement pour vérifier si la Ville restait partie prenante ou pas (je pense aux endettements que les appétits financiers n'hésitent pas à provoquer). Je reste attentive...

Écrit par : Michèle | vendredi, 20 avril 2012

J'avoue que je ne sais pas qui finance les travaux. Exemple (parmi tant d'autres)du moment où cesse l'info quand les choses deviennent aussi précises. Il faut alors aller la chercher, ce que je vais tenter de faire.

Écrit par : solko | samedi, 21 avril 2012

J'ai suivi mon fil, sans garder en tête votre billet et ce qui l'avait motivé. Ce que je voulais dire en parlant de l'élection du président de la République au suffrage universel direct, c'est que cela lui confère une légitimité telle qu'on finit par ne considérer que l'homme (ou la femme) au détriment de son programme. Et en parlant du fond, c'est au programme que je pense, aux choix, aux engagements de celui (celle) qui sera le chef de l'Exécutif. Il en est d'ailleurs de cette élection comme de beaucoup d'autres, la personnalité prime sur les engagements comme si nous ne voyions plus que des hommes providentiels, des démiurges...
Revenant au suffrage universel indirect (les grands électeurs), la personne du président compterait-elle moins, je n'en sais rien. De Gaulle n'a pas été élu au suffrage universel direct en 58, mais il tenait sa légitimité de bien autre chose...

Écrit par : Michèle | samedi, 21 avril 2012

On retrouve les personnalisation à tous les étages de la société. C'est un fait de marketing. Il n'y en a que trois qui, sur leurs tracts de campagne distribués à grands frais dans toutes les boites aux lettres de France disent Je, JE, JE, JE en début de chaque paragraphe, c'est BAYROU, HOLLANDE et LE PEN

Écrit par : solko | samedi, 21 avril 2012

Remettre en cause l'élection du président de la république au suffrage universel revient à considérer que tous les électeurs sont des crétins qui basent leur opinion sur des critères superficiels. Bien sûr il y en a, mais pas que.

Cette opinion me rappelle l'époque pas si lointaine où on refusait le droit de vote aux femmes sous des prétextes aussi fallacieux.

Écrit par : Julie des Hauts | samedi, 21 avril 2012

Il faut reconnaître que sans être forcément des crétins, la plupart des électeurs n'ont pas l'information ou la culture nécessaire pour appréhender la complexité de cette élection, votent sur des slogans ou des affects ou des humeurs : il n'y a qu'à voir les variations de l'opinion sensibles dans les sondages. Voyez Bernays, sur le site "Zones","Propaganda"
L'élection au suffrage universelle présuppose une croyance dans le jugement éclairé de tous les individus ce qui est franchement loin, hélas, d'être le cas. Et quand je dis ça, comme je le souligne dans le billet, je me mets dans le lot. Exemple : si mon choix seul faisait l'élection, si j'en portais seul la responsabilité, je poserais un certain nombre de questions à tous les candidats et surtout je me documenterais beaucoup plus auprès de responsables divers...

Écrit par : solko | samedi, 21 avril 2012

Si on restaurait une monarchie héréditaire et constitutionnelle, au moins on serait débarrassé de ces elections présidentielles qui deviennent de plus en plus médiocres.

Écrit par : Jérémie | samedi, 21 avril 2012

Faute de Louis Philippe Egalité, vous aurez Louis François Egalité, vous allez voir....

Écrit par : solko | samedi, 21 avril 2012

Qui, dans ce cas, est suffisamment éclairé pour voter ? Il faut sélectionner, passer un "permis de voter" ? C'était forcément mieux quand le président était élu par les grands électeurs ? Je n'en suis pas certaine.

Écrit par : Julie des Hauts | samedi, 21 avril 2012

C'est la question que je pose moi aussi à la fin du billet.Je n'en sais rien car je ne dispose pas de tous les éléments pour en juger sereinement En réalité, chaque système a des modalités spécifiques pour être perverti. La propagande de masses s'est développée au fur et à mesure que s'instaurait la démocratie. La propagande est liée à la démocratie,comme la censure autoritaire à l'ancien régime. Au temps de Louis XIV, on se fichait bien de ce que pensait le paysan au fond du Cantal, puisqu'il n'exerçait aucun droit. C'est aujourd'hui différent dans les démocraties d'opinion. On lui demandera ce qu'il pense de son papier toilette jusque sur son trône. Et jusque sur son trône, on viendra lui dire pour qui il doit voter...

Écrit par : solko | samedi, 21 avril 2012

Ma seule interrogation à travers cette élection au suffrage universel direct, c'est celle de la légitimité ainsi accordée. Je suis pour que le peuple (chacun de nous) ait son mot à dire, mais je voudrais aussi qu'on regarde quels pouvoirs sont utiles pour un président de la République et quels sont de l'abus (de pouvoir).
Quelle contrebalance aussi il y faudrait, quelles organisations du peuple en prise citoyenne directe...

Écrit par : Michèle | samedi, 21 avril 2012

Ne croyez vous pas que ce qui fait obstacle à "l'organisation du peuple en prise citoyenne directe", c'est tout simplement le nombre, c'est à dire au fond le peuple lui-même? ... Autant une voix possède encore un sens dans un groupe de 1000, voire 10 000 ... Autant dans ce type d'élection...

Écrit par : solko | samedi, 21 avril 2012

Dans ce type d'élections, on tombe dans les pourcentages dont on connaît l'effet perverti puisqu'on s'empresse toujours d'oublier de quel pourcentage de votes exprimés on obtient son pourcentage de voix. Les pourcentages affichés, ramenés à l'échelle du nombre de votants possibles (dont certains ne s'inscrivent même pas sur les listes), diraient autre chose que ce qu'on leur fait dire...

Et ce qui me met en boule, c'est qu'un président de la République puisse tirer sa légitimité du peuple, alors qu'il passe son temps à agir sans la moindre considération des besoins de ce même peuple...

Écrit par : Michèle | samedi, 21 avril 2012

Ces considérations (cet enfonçage de portes ouvertes que je fais depuis un moment) ne m'empêchent pas d'aller avec bonheur et fierté demain porter ma voix à un programme que je pense juste et réalisable. Bonheur parce que rien n'est plus terrible que n'être pas partie prenante, fierté parce que comme l'a dit Julie le vote des femmes n'a pas été une évidence et c'est avec le sentiment de dire non à tous les obscurantismes que je glisserai mon bulletin dans l'urne demain, dès l'ouverture des bureaux de votes.

Écrit par : Michèle | samedi, 21 avril 2012

Non, non, il faut rester au suffrage universel, bien entendu ! C'est le moins pire de tous les système de gouvernance. Il y a une chose qu'on oublie, c'est la responsabilité de chacun. A nous de nous battre, de chercher des solutions, de réfléchir, on est assez grands pour ça, même si on ne peut pas tout contrôler. Le peuple est déjà suffisamment méprisé par les élites, qu'au moins celles-ci aient un peu peur de lui, et de ses réactions. Parce que sinon, les derniers freins à la gabegie sauteraient dans un grand "PING !"

@ Jérémie : si vous avez lu mon lien sur la Grèce, vous aurez vu que le pouvoir héréditaire n'est pas absent de la démocratie. Sinon, l'Histoire a prouvé à maintes reprises qu'un humain ne pouvait, juste par naissance, être plus compétent qu'un autre. (Enfin, je sais que vous le savez.) :)

Écrit par : Sophie K. | samedi, 21 avril 2012

Je pense surtout, qu'au delà du caractère et des compétences du monarque héréditaire, mais sans grand pouvoir (comme en Espagne), on évitera la perpétuelle campagne présidentielle que nous vivons depuis 1969.

Écrit par : Jérémie S. | samedi, 21 avril 2012

Jérémie : oui, enfin en même temps, regardez-les, ces momies confinées dans leurs palais, qui se croient tout permis au point d'aller chasser l'éléphant. Non, je ne cautionne plus ça non plus (je n'ai jamais aimé plier les genoux devant une couronne, sauf celle des chevaux, et encore). Et puis faudrait s'appuyer encore plus de mariages royaux. La barbe. :D

Écrit par : Sophie K. | samedi, 21 avril 2012

Oui, voilà, la responsabilité est tellement grande, Sophie K., que si l'on ne parvient pas à se décider pour un imposteur ou un démagogue affûté, voire un Homme Providentiel de gauche, on est coincé !

Écrit par : ArD | samedi, 21 avril 2012

ArD : Oui, c'est tout le problème. Vous savez (enfin, non, vous ne savez pas, pardon :), je suis en train de terminer la lecture du très beau "Band of Angels" (l'Esclave Libre" de Robert Penn Warren. Tout ce dilemme y est déjà posé, avec le sort des esclaves en plus. Tout y est écrit (et magnifiquement) : la guerre de Sécession, bien sûr, mais surtout l'après-guerre, c'est à dire le temps des trahisons, la pire chose qui soit, durant lequel ceux qui ont levé haut les couleurs de la liberté, l'ayant emporté par les armes, la revendent ensuite au prix fort, sacrifiant les esclaves affranchis pour un profit vainqueur, et devenant par là (et même parfois en pire) ceux-là même qu'ils avaient combattus. Il faut avoir aussi la lucidité de voir ça, sans pour autant baisser les bras.
Moi je me sens coincée, effectivement, mais tant pis, j'irai voter, même si c'est pour jeter dans l'urne un bulletin nul. Et après, on verra. Penn Warren le résume joliment, humblement quand il dit (je résume) qu'il faut oeuvrer simplement pour soi, pour être en paix avec soi-même. C'est déjà un acte suffisant, même si le reste échappe à notre volonté.

Écrit par : Sophie K. | samedi, 21 avril 2012

Je crois qu'il y a quelque chose de très mauvais, c'est cette "mystique du vote" qui fait passer ce qui est un droit pour un devoir et fait mine de culpabiliser les abstentionnistes. Hollande fera du Sarkozy, de toute façon, Jorion sur son blog l'explique très bien et son "baroud d'honneur" ne sera qu'un show de plus pour se fabriquer une légende personnelle. Voter pour lui c'est un leurre.
Au premier tour, on peut toujours se défouler sur qui on veut, ça ne règle pas la question du second qui me fait songer aux options avec ou sans anchois dans une mauvaise pizzeria.

Écrit par : solko | samedi, 21 avril 2012

Oui, Solko, mais voter pour Sarkozy reviendrait à entériner un quinquennat qui a hébergé des options effrayantes.

Pour les non votants, le vote ne revêt aucune mystique, c'est bien là que le bât blesse pour ceux qui y voient une attitude et non un mode d'expression.

Le coup du referendum européen qui a transformé un «non» en un «oui» a bien démontré que le suffrage universel n'est absolument pas le garant d'une quelconque démocratie.

Écrit par : ArD | samedi, 21 avril 2012

Parole d'expert :
« Les socialistes qui se sont posés en réformistes, ont fini par collaborer au système des valeurs capitalistes et donc à la politique de droite. La collaboration échappe difficilement à son destin qui est de trahir ». (François Mitterrand – in « Un socialisme du possible » 1970)

Écrit par : ArD | samedi, 21 avril 2012

Une amie me fait parvenir un courriel diffusable :

En Islande,
- le peuple a fait démissionner un gouvernement au complet,
- les principales banques ont été nationalisées et il a été décidé de ne pas payer la dette qu’elles avaient contractée auprès de banques de Grande Bretagne et de Hollande, dette générée par leur mauvaise politique financière
- une assemblée populaire vient d’être créée pour réécrire la Constitution.

Et tout cela, pacifiquement.
Toute une révolution contre le pouvoir qui a conduit à cette crise.
On ne nous a rien dit. Nous n'avons pas été informés.
Peur d'une contagion chez les citoyens européens ?

Brièvement, voici le déroulé des faits :
- 2008 : La principale banque du pays est nationalisée. La monnaie s’effondre, la bourse suspend son activité. Le pays est en banqueroute.
- 2009 : Les protestations citoyennes contre le Parlement font que des élections anticipées sont convoquées et qu’elles provoquent la démission du Premier Ministre et, en bloc, de tout le gouvernement.
La situation économique désastreuse du pays persiste. Par le biais d’une loi, il est proposé à la Grande Bretagne et à la Hollande le remboursement de la dette par le paiement de 3.500 millions d’euros, montant que paieront mensuellement toutes les familles islandaises pendant les 15 prochaines années à un taux d’intérêt de 5%.
- 2010 : le peuple descend à nouveau dans la rue et demande que la loi soit soumise à référendum.
En janvier 2010, le Président refuse de ratifier cette loi et annonce qu’il y aura une consultation populaire.
En mars, le référendum a lieu et le NON au paiement de la dette remporte 93% des voix.
Pendant ce temps, le gouvernement a entamé une investigation pour régler juridiquement les responsabilités de la crise.
Les détentions de plusieurs banquiers et cadres supérieurs commencent.
Interpol lance une enquête et tous les banquiers impliqués quittent le pays.
Dans ce contexte de crise, une assemblée est élue pour rédiger une nouvelle Constitution qui reprend les leçons apprises de la crise et qui se substitue à l’actuelle qui est une copie de la constitution danoise.
Pour ce faire, on a recours directement au peuple souverain.
On élit 25 citoyens sans filiation politique parmi les 522 qui se sont présentés aux candidatures. Pour cela, il faut être majeur et recueillir le soutien de 30 personnes.
- L’assemblée constituante commence ses travaux en février 2011 afin de présenter, en partant des avis collectés dans les diverses assemblées qui ont eu lieu dans tout le pays, un projet de Grande Charte.
Elle doit être approuvée par l’actuel parlement ainsi que par celui qui sera constitué après les prochaines élections législatives.
Voici, en bref, l’histoire de la Révolution Islandaise :
- Démission en bloc de tout un gouvernement
- Nationalisation de la banque
- Référendum pour que le peuple puisse se prononcer sur les décisions économiques fondamentales
- emprisonnement des responsables de la crise et
- réécriture de la constitution par les citoyens

Écrit par : michèle | samedi, 21 avril 2012

"l'élection, ce n'est pas la démocratie", une interview assez sympa de jacques ranvière sur bibliobs, histoire de contribuer à clarifier les points de vue.

Écrit par : gmc | samedi, 21 avril 2012

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