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lundi, 04 juillet 2011

Les sens interdits

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Telle est la version domestique de l’église Saint-Bernard. Des comme celles-ci, toutes les villes en recèlent. Il faut s’écarter un peu du centre, sillonner les lieux indiscrets pour en découvrir une. Sans doute sont-elles plus particulièrement émouvantes à marée basse, en bordure des plages atlantiques. Quel drame est à l’origine de cet abandon ? Car il s’agit bien, pour les maisons comme pour les hommes, d’abandon ? On, se le demande, malgré l’évidence qui bée là. C’est comme un arôme, qui saisit une partie de l’être bien plus profonde que la narine, et s’enfuit de l’atelier ouvert à tout vent.

Qu’y confectionnait-on ? Que s’y passa-t-il ? Des morts ont quitté cette maison, autrefois ; pieds devant. Une succession difficile est passée par là. Finalement, en l’absence d’héritiers, l’édifice, seul, demeure, lévitant ainsi entre deux époques, telles les persiennes délabrées entre deux espaces, et comme héritier de lui-même. Se lit encore dans l’agencement même de cette façade des traces de bonheur. Une manière de hisser les persiennes au matin, de les rabattre au soir, de guetter par la fenêtre, d’y arroser quelque plante en pot, d’y attendre quelqu’un. Les sens interdits, le roman reste à écrire. 

La cheminée fumant en hiver, était-ce il y a si longtemps ? L’abandon protège des indiscrets mieux que l’alarme, la poussière mieux que la caméra. Ici, c’est comme s’il n’y avait plus rien (et l’on sait que c’est faux, dans ce genre de lieux trainent toujours des objets, une chaussure, quelque outil à la cave, des bols ou des assiettes même,  laissés dans l’évier) ; ce plus rien possède pourtant une façon unique d’être quelque chose, résidu d’une époque et parfum pâle de gens enfouis. 

19:58 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (10) | | |

Commentaires

Voilà qui serait un prologue au roman "Les sens interdits". Un prologue, ou une amorce. En tout cas merci pour ce texte, ce regard.

Écrit par : Michèle | lundi, 04 juillet 2011

J'ai toujours été fascinée par les maisons laissées à l'abandon. Petite, j'en ai visité une avec des amies. Comme dans les contes fantastiques, tu sais, ces histoires de navires fantômes où l'on retrouve quasiment toujours une table mise pour un repas, mais plus personne à bord, comme dans ces histoires, donc, la table était mise, entre autres curiosités... Je m'en souviens encore.

Écrit par : Sophie K. | mardi, 05 juillet 2011

Je vois le dessin...

Écrit par : solko | mardi, 05 juillet 2011

Les vieux greniers sont également fascinants. Toutes ces vies antérieures qui ont laissé là quelques objets...

Écrit par : Feuilly | mardi, 05 juillet 2011

Les vieux greniers et les maisons fermées en général sont des lieux hautement "feuillyien" (ça se dit, un adjectif pareil ???)

Écrit par : solko | mardi, 05 juillet 2011

Si les habitants de Roissy sont des Roisséens, ils faudrait plutôt dire "feuilléen". D'un autre côté les habitants d'Orly sont appelés Orlysiens. On pourrait donc admettre "feuillysien".

Attendons le petit Larousse 2012, qui tranchera (sourire)

Écrit par : Feuilly | mardi, 05 juillet 2011

Je me rappelle de cette maison en bon état, il n'y a pas si longtemps 5 ans. A l'époque, j'allais juste à coté, à l'IUFM... J'espère qu'elle sera retapée, plutôt que détruite. Le mystère demeure sur les motivations et les Hommes qui y sont passés. Le saura-t-on ? Le temps est une lande brumeuse où il est difficile de retrouver son chemin.

Écrit par : Upsilon | mardi, 05 juillet 2011

Vraiment ?
En cinq ans, on devient comme cela ?
Cela fait froid dans le dos...

Écrit par : solko | mardi, 05 juillet 2011

"Telle est la version domestique de l’église Saint-Bernard."
Leur point commun étant l'abandon, je suis quand même surprise de ce parallèle. J'ai d'abord pensé que cette maison avait été un presbytère...

Écrit par : Michèle | mardi, 05 juillet 2011

Ce sont des lieux absents au monde tel qu'il est à présent. Rien de plus. N'est-ce pas suffisant pour faire un parallèle. Peut-être en chercher d'autres, pour raconter une histoire qui ne se passerait que dans des lieux de ce genre..

Écrit par : solko | mardi, 05 juillet 2011

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