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dimanche, 05 juin 2011

Qui sait ?

Après Benoît et son Artémis, j’accueille aujourd’hui un heureux chantre de la Charente. Certes, les strophes ne sont pas d’une égale mélodie, et quelques alexandrins sont  faux. Mais le texte contient l’écho juste et prégnant d’un romantisme à la fois idéaliste et grave, un romantisme que n’aurait pas entachée l’époque actuelle, sa veulerie, ses renoncements. L’homme qui a écrit ces vers a tenu à conserver l’anonymat. Pour paraphraser Vigny et sa Bouteille à la mer, « Il tient dans une main cette vieille campagne » dont il sait le luxe. A vous de l’apprécier :

 

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Qui sait ?

Notre mère avait dit de garder ce refuge
Pour les jours de détresse ou de calamité,
Or personne ne pense au retour du déluge,
Personne n'y croit plus, mais moi je dis « qui sait? »

Lorsque viendront les jours où l'Afrique et l'Asie
Se seront essaimées par nos villes par millions
Et qu'insidieusement, ou bien par tyrannie
Se seront répandues leurs mornes religions,

Paris débordera sur la Beauce et la Brie
Chartres et Tours ne feront qu'une même banlieue
On cherchera en vain à trouver un abri
Regrettant le bon temps que connurent nos aïeux.

Notre Dame, qui sait, aura son minaret,
On refera qui sait, la queue au  ravito
Mais à B… l'église gardera son clocher
Les légumes au jardin pousseront à nouveau.

Quand seront épuisées nos sources d'énergie,
Que pour se réchauffer il faudra faire du feu,
L'âtre sera toujours là pour des brûleries
Et l'on fera encore rouler le vélo bleu.

Qui sait s'il s'agit là de vaines conjonctures
Pour des demains lointains et des temps hasardeux...
Mais aujourd'hui déjà,  dans sa douce verdure,
Le calme charentais est un luxe fabuleux.

Juillet 2006

09:39 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : poésie, littérature, charente, vigny | | |

Commentaires

j'ai peut-être tort de me forcer à l'optimisme par ces temps qui courent bien trop vite. ce poème m'a touchée cependant. J'y lis nos craintes sans doute, une certaine sagesse peut-être, une vision de l'avenir? j'espère que non.
Cordialement,

Écrit par : librellule | dimanche, 05 juin 2011

Oui, dans un monde où la science et la politique jouent les Madames Irma, avec leur précision monstrueuse, qui sait ?
Moi aussi ce poème m'a touché. J'apprécie.

Superbe illustration. Vous allez trouver ça bête, mais je ne parviens pas à distinguer s'il s'agit d'une véritable photo ou d'une peinture. Ca lui donne une aura particulière.

Écrit par : Benoit | dimanche, 05 juin 2011

Je ne pense pas que ça arrivera. Car le temps que ça arrive, tout aura déjà pété, comme en Grèce.

Mais c'est bien d'essayer de préserver la culture lyonnaise.

Écrit par : Myrelingues | dimanche, 05 juin 2011

C'est vrai ce que dit Benoit: on ne sait pas si c'est une photo ou un tableau...Une photo sans doute? Les arbres l'été cachent certainement le moulin, l'hiver le fait voir, qui se reflète dans l'eau. Tous ces moulins à eau ne tournent plus. Mon arrière grand-père avait un moulin comme ça, exactement comme ça. Quand j'étais enfant, sa grande roue tournait encore. Le meunier s'appelait Michelet. (Pas Jules. On l'appelait: "le petit père Michelet" et il était blanc de farine, les cheveux blancs, la moustache blanche, ses sabots blanchis aussi par la farine qui était d'une finesse que je n'ai jamais retrouvée dans aucun paquet)

Écrit par : Sophie | dimanche, 05 juin 2011

C'est une bonne idée, finalement, de recevoir ici des hôtes qui écrivent des poèmes. J'ai envie de dire, avis aux amateurs, vous connaissez tous ma boite mail (en haut, à gauche). Une condition : que le poème soit versifié. L'écriture sous contrainte, y'a rien de mieux...

@ Benoit : le moulin, au fait, c'est une photo

Écrit par : solko | dimanche, 05 juin 2011

Tout à fait d'accord ! Un poème sans contrainte : quel intérêt ?...

Écrit par : Myrelingues | mardi, 07 juin 2011

Un poème sans contraintes... je suis en train de me demander si ça existe vraiment. Un poème dit libre est-il un poème sans contraintes?
Je n'en suis pas si sûre.

Des contraintes s 'imposent d'elles-mêmes dès lors que nous tentons d'écrire non?

Bonne soirée ou nuit.

Écrit par : librellule | dimanche, 12 juin 2011

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