mercredi, 20 avril 2011
Piss-Libé
Yvon Lambert, propriétaire de la collection à laquelle appartient le désormais tristement célèbre Piss Christ, contre lequel des catholiques viennent d’exprimer une légitime colère, s’insurge : « C’est le Moyen Age qui revient à grands pas ». Amusant. Ce monsieur témoigne d’une connaissance vive du Moyen-Age qui s’est complu, c’est vrai, à exposer un peu partout le Christ en croix dans de l’urine. Au moins en ce temps-là connaissait-on la valeur et le risque du blasphème. Je doute qu’on puisse en dire autant de monsieur Serrano, le confortable imposteur new-yorkais qui est l’auteur de cette idiotie. Jean-Claude Aillagon et Frédéric Mitterrand, de leur côté, déclinent l’air de la vertu culturelle outragée. « Un acte de régression très inquiétant », dit l’un. C’est bien l’hôpital qui se fout de la charité. Une atteinte à un principe fondamental de « la liberté de création et d’expression », dit l'autre. Tiens, je vais prendre la photo de Mitterrand, l’exposer dans un bocal plein de merde, et gare au premier qui proteste. Le créateur, it's me...
Quant à la presse de gauche, Libération en tête, dans la foulée des papes du PS du coin, elle s’insurge contre les vandales, les fanatiques, les intégristes... Libé, le pisse-vingaigre déclinant toujours les mêmes poncifs, mettant de côté tout esprit d’analyse et tout esprit critique dès lors qu’il s’agit d’assimiler catholicisme et extrême droite, alors qu’il eût été peut-être plus intelligent d’engager une réflexion sur l’art contemporain et les dérives qui enrichirent tant monsieur Aillagon et consorts, et sur le bien-fondé d’exposer à Avignon, en pleine semaine sainte, une photo du Christ en croix baignant dans de l’urine.
Piss-Libé en pleine majesté décidément, une fois de plus…
08:39 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : andres serrano, piss christ, galerie lambert, avignon, politique |
Commentaires
Je suis un béotien aussi je ne voudrais pas rentrer dans le lard de cet artiste au nom prédestiné de jambon. Mais je suppute qu'il fait de l'art comptant pour rien. Il n'y a pas de limites à la bêtise, elle trouve, toujours un écho en répons.
Écrit par : patrick verroust | mercredi, 20 avril 2011
J'ai bien fait d'arrêter de lire Libération.
Écrit par : Sophie K. | mercredi, 20 avril 2011
Chère Sophie K.: tant de personnes autour de moi disent cela "j'ai arrêté de lire Libération", "j'ai arrêté de lire Le Monde"...Bien sûr je connais et comprends toutes les raisons pour lesquelles vous, comme tous, le font. Mais en même temps si on fait cela, n'accompagne-t-on pas la mort de la presse écrite? Je trouve ça tragique quand même. Plus les journaux se portent mal, plus nous devons les acheter. En étant critiques, en disant tout ce qu'on pense, mais en les soutenant. Prenons Le Monde. Entre Le Monde admirable que lisait mon grand-père quand j'étais enfant et dont je lui enviais la lecture, et celui d'aujourd'hui, quelles dégringolades successives, oui! A part Jacques Mandelbaum pour le cinéma,les plumes se sont envolées.Le Monde est devenu plat, fade, sans colonne vertébrale. Mais indispensable quand même. Deux articles intéressants hier soir: "la mauvaise querelle de l'immigration de travail", et "les naufragés de la presqu'île du Cerf" dans le parc naturel d'Oshika, (et je ne parle pas du merveilleux article sur la disparition des chauves-souris aux USA!). Dans Libération, je continue à beaucoup aimer les portraits de la dernière page et tous les jours mine de rien au moins un truc intéressant.J'aime bien aussi de temps en temps lire Le Canard Enchaîné, et Les Echos parce que l'économie ça m'intéresse. En fait peut-être que l'amour de la presse chez moi c'est une drogue. Comme tous les drogués je n'arrive pas à croire que les autres n'en prennent pas!
Écrit par : Sophie | mercredi, 20 avril 2011
Je connais quelqu'un comme vous qui continue contre vents et marées à lire ce genre de presse. C'est un peu la même chose que devant le bon vin qu'on a bu, aimé, et puis un jour découvert qu'il était frelaté. Est-il bon à sauver ou à jeter dans l'évier ? Pour ma part, je crois que si Le Monde est parfois encore lisible (indispensable, comme vous y allez, Sophie !), quoique bien cher pour ce qu'il propose, concernant Libé, il n'y a pas à hésiter. Ce journal n'est même plus un torche cul.
Écrit par : solko | jeudi, 21 avril 2011
Qu'attendre d'autre au fond de l'organe d'un M. de Rothschild ?
Écrit par : Laurent | jeudi, 21 avril 2011
D'accord avec Solko en ce qui concerne Libé qui s'est fossilisé dans ses préjugés d'un autre temps perdant toute son ancienne pertinence (ou impertinence ?)
Mais d'accord avec Sophie pour le soutien à la presse écrite...Il n'y a pas que Le Monde...
Les lignes bougent : lu dans Le Figaro, réputé conservateur, une intéressante défense de la photo de Serrano par un philosophe chrétien !
Écrit par : Rosa | jeudi, 21 avril 2011
Je citerai (je crois qu'on a droit à 13 lignes de citation d'un texte) l'écrivain François Taillandier qui chaque jeudi écrit une chronique sur "La France sarkozyenne" dans les pages culture de L'Humanité.
La chronique de ce jeudi 21 avril s'intitule : "Pisser dans un bocal".
FT vient d'évoquer "deux conneries" à propos de cette affaire de "Piss Christ", puis il écrit :
"La troisième connerie est plus troublante. Car en réalité Andres Serrano se dit chrétien. Cette photographie selon lui et si je suis bien renseigné, voudrait dire que le Christ est présent et irradiant au coeur des plus prosaïques aspects de la condition humaine (en l'occurence les sécrétions et la défécation). En ce cas il ne faut pas parler de blasphème, il faut parler de nullité. Car s'il faut comprendre ainsi cette "oeuvre", cela veut dire qu'elle est dans le droit fil des oeuvres démonstratrices, des pires oeuvres "à message" des plus beaux temps du stalinisme, ou des crétineries édifiantes et sucrées d'un certain "art" catholique du XIXe siècle. Cela n'en a pas l'air, mais "Piss Christ" est une niaiserie cléricale tout simplement inversée. Je m'étonne que personne ne le dise.
Reste la provocation, dont se fait gloire aujourd'hui n'importe quel artiste subventionné et exposé partout. Je sais bien que de grands artistes chrétiens (du Caravage à Barbey d'Aurevilly, Bloy, Mauriac ou Bernanos) n'ont pas hésité à choquer les chrétiens eux-mêmes. La sacristie les détestait. Mais cela ne justifie pas M. Serrano : car jusqu'à preuve du contraire, pisser dans un bocal n'est pas un geste artistique."
Et puis voici alors là, un article d'une journaliste de l'Huma, Magali Jauffret :
http://humanite.fr/18_04_2011-avignon-attentat-contre-des-%C5%93uvres-d%E2%80%99andres-serrano-470414
Écrit par : Michèle | jeudi, 21 avril 2011
Le plus drôle (ou le plus scandaleux) c'est la façon dont Serrano justifie son christiannisme : je possède, dit-il bon nombre d'objets d'art chrétien... Ceux-là, il ne les met pas dans de la pisse, mais dans sa collection !
Écrit par : solko | jeudi, 21 avril 2011
Michèle : Merci de ces deux points de vue. Ah làlà... J'aurais tendance à penser que les crétineries des uns font monter la testostérone des autres, mais du coup, je place tout le monde dans le même sac d'andouilles, pour ma part : Serrano et les frontistes. Deux neurones et on remballe, quoi.
Sophie : oui, vous avez parfaitement raison, je suis également très embêtée de ne plus acheter certains journaux. Donc je les remplace toujours par d'autres : le Canard Enchaîné bien sûr (que j'achetais moins quand je lisais Libé), ainsi que Courrier International ou Le Monde Diplomatique. (Parfois même le Parisien, pour certains trucs, mais il me tombe quand même bien des mains, celui-là, hahaha !)
Écrit par : Sophie K. | jeudi, 21 avril 2011
Michèle, quand je dis que les lignes bougent !
L'Humanité qui se réfère à Bloy et Bernanos, je vais finir par penser comme Solko : que la presse écrite ne sait plus comment attirer le chaland.
On est en pleine confusion.
Écrit par : Rosa | jeudi, 21 avril 2011
Finalement il a raison mon homme de lire Le Progrès !
Écrit par : Rosa | jeudi, 21 avril 2011
Il a raison. Je confirme.
Écrit par : solko | jeudi, 21 avril 2011
Rosa, ce n'est pas l'Humanité qui se réfère à Bloy et Bernanos, c'est François Taillandier, écrivain. Il n'est pas communiste, il n'y a pas que des communistes qui s'expriment dans l'Humanité. Je crois que dans tout journal qui a une ligne politique et qui est ouvert, toutes les sensibilités peuvent s'exprimer. Sauf celles racistes qui sont de mon point de vue, hors la loi.
Écrit par : Michèle | jeudi, 21 avril 2011
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