Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 19 janvier 2011

Indignez-vous

Stéphane Hessel est en train de faire un joli succès de librairie, avec son titre Indignez-vous. Je dois dire que, tout comme Pascal Adam, je n’ai pu non plus passer le stade de la seule couverture et l'ai donc laissé chez le libraire. Ce titre-slogan me rappelle trop les analyses de Gregory Bateson à propos de la double-contrainte manipulatoire, énoncée en 1956 dans son article « Vers une théorie de la schizophrénie ».

Il y était question de ces fameuses injonctions plongeant celui à qui elles s’adressent dans une situation angoissante, le paradoxe qu’elles contiennent le menant systématiquement à une « double contrainte ». Ces ordres impossibles à respecter (du type « soyez naturel ») qui vous invitent à faire ou à être ce que précisément l’injonction vous  empêche de faire ou d’être. Car dans l’exemple en question, que vaut un comportement naturel façonné ? Ces analyses furent à l’époque à l’origine du Mental Research Institute, qui donna naissance au fameux (et par moment fumeux) collège invisible de Palo Alto.

Stéphane Hessel s’en est-il souvenu avec ce titre impossible, donc : Indignez-vous ! Mais puis-je m’indigner si on me le demande, puis-je m’indigner véritablement sur commande, et en réponse à une injonction autoritaire, formulée de surcroît par une figure aussi patriarcale que celle du digne Stéphane Hessel ? Le risque n’est-il pas même que je finisse par m’indigner contre celui-là qui, formulant une aussi hautaine injonction, indispose mon indignation naturelle ?

Nous nous trouvons bien avec ce titre dans ce type d’énoncé, paradoxal et angoissant, dont je ne suis pas sûr qu’il soit à même de chapeauter au fond autre chose qu’une excellente opération marketing…

 

Indignez-vous-Stephane-Hessel.jpg

 

09:00 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (58) | Tags : stephane hessel, communication, littérature, palo alto, politique, langage | | |

Commentaires

Que d'esprit, quelle belle logique philosophique nous est exposée là. Tous les sels d'une belle conversation sont réunis. Ne faudrait il pas mieux garder le digne Hessel, en selle. Il n'y a pas tant de figures qui crient "où va le monde?"

Écrit par : patrick verroust | mercredi, 19 janvier 2011

Je partage votre analyse, (excellente opération marketing, hélas, c'est à craindre !) la première fois que j'ai vu ce livre, d'abord j'ai été séduite par le titre "comme tout le monde" j'imagine, (et c'est cela qui est inquiétant, peut être... Tout va si mal en ce moment), et même flattée, l'injonction caressant dans le sens du poil toutes mes indignations qui dans la rue se recroquevillent jusqu'à l'insignifiance.), j'avoue, qu'un tel titre a tout pour nous "réconforter". Enfin, juste quelques secondes, car la vitrine affichait une vingtaine d'exemplaires côte à côte, en bas et autant au milieu et puis en haut, une tapisserie "d'indignez vous !" c'était d'un effet si "flashant", qu'il était impossible d'y échapper. Suite à toutes sortes d'états de ravis à perplexes, au final je me suis sentie insidieusement "ambiancée", j'ai pensé également au "Sois spontané !" dont parlent finement les gens du collège (Palo Alto). Aujourd'hui, chaque fois que je croise l'injonction en vitrine, je me sens clairement "entourloupée" comme un cobaye pris dans une tourniquette, (j'exagère, je peux me sauver) mais, c'est un peu agressif tout ça, (prto roup terê entonêh, siam eput êrte ej em pomter). Le digne Hessel, je ne l'ai pas lu, (ej ilenfe el bennot d'enâ) je l'ai écouté parler chez Fréderic Taddeï, à la télévision, et dire clairement que c'était son éditeur qui avait choisi le titre, j'ai trouvé ça plutôt honnête, et ce n'est pas l'auteur qui me met mal à l'aise mais cette espèce de ... "Média-mystique" (?), par certains côtés "angoissante", le mot est juste... Voire "essorante". On n'en sort pas, j'ai l'impression que c'est de pire en pire...

Écrit par : frasby | mercredi, 19 janvier 2011

"Média-mystique" Le mot est juste. Cela dit, ce genre d'auteurs en sont justement les grands prêtres...

Écrit par : solko | mercredi, 19 janvier 2011

Solko, je vous avoue n'avoir pas lu tout de suite votre "billet". Ah non pas lui me suis-je dit (pas Solko, pas ce livre, pas encore). Pardon d'avoir manqué de confiance.
C'est le commentaire de Frasby, bonjour chère Frasby, qui m'a fait le lire.
Et Patrick Verroust a raison qui loue l'esprit et la belle philosophie de votre texte.
Merci donc. Ce que j'aime dans ce tissage d'internet, c'est comment, quand vous avez une défaillance -(le) vous c'est moi :) - d'autres, souvent des amis, vous aident à vous relever. "Regarde bien ".

Écrit par : Michèle | mercredi, 19 janvier 2011

On ne peut se comprendre que sur le temps, la durée. Le problème d'Internet, c'est que c'est aussi (semble-t-il) l'amalgame, l'emballement, l'analogie toute faite, l'instant ...
Une stratégie marketing est une stratégie marketing. Je ne sais si Hessel en est victime ou coupable (et qu'importe...?)
N'en soyons pas dupes, c'est tout...
Et défions-nous du binaire

Écrit par : solko | mercredi, 19 janvier 2011

" Soyez réalistes : demandez l'impossible" nous a effectivement conduits à être des individus impossibles se contentant des réalités .

Écrit par : Bertrand | mercredi, 19 janvier 2011

Voilà ce que c'est que de jouer avec des paradoxes !

Écrit par : solko | mercredi, 19 janvier 2011

Le billet de Solko est utile . Il révèle nos postures et impostures, nos contradictions. L'indignation de salon est un genre qui se porte bien mais ne supporte pas l'épreuve. Il y eut, lors du dernier automne, les manifestations sur les retraites avec un côté farce tranquille.Noyés dans une information "essorante", nous avons du mal à évaluer l'état du monde tel qu'il va, à nous situer, à clarifier nos devoirs citoyens en dehors d'expressions émotionnelles. Nous sommes des paradoxes sur pattes, cultivés, conscients , informés , nous trouvons refuge dans les différentes anesthésies proposées , nous sommes dépolitisés. Pourtant, nous vivons une époque charnière. Nous ignorons ce qu'il y a derrière la porte , l'ouvrir fait peur. Attention, je ne porte pas de jugement de vleur ni une quelconque position moralisatrice, j'essaie en quelques phrases vite jetées sur le papier le comment et le pourquoi de nos fonctionnements et prendre du recul vis à vis de nos prismes de vision et sur le regard que nous portons sur le monde tel qu'il va. Bonne journée!

Écrit par : patrick verroust | mercredi, 19 janvier 2011

Je suis d'avis d'être bien vigilant à resituer les paroles dans leur contexte. Ici, c'est fait :
http://motsaiques2.blogspot.com/

Écrit par : ArD | mercredi, 19 janvier 2011

Je suis d'avis d'être vigilant à bien situer les faits dans leur contexte. ici, c'est chose faite:
http://motsaiques2.blogspot.com/

Écrit par : ArD | mercredi, 19 janvier 2011

Des faits ? Où voyez-vous des faits ? Je n'ai lu qu'une revue de presse. Heureusement qu'il y a une critique en France capable de réagir à la pensée marketing !

Écrit par : solko | mercredi, 19 janvier 2011

Je suis ravie de découvrir grâce à ArD le retour de JEA avec Mo(t)saïques 2.

Écrit par : Michèle | mercredi, 19 janvier 2011

Dans ces extraits édifiants que nous donne gentiment à lire ArD, je relève avec dédain, mépris,et sourde colère, la duplicité de ce connard :
Insurrection pacifiste"
Oxymore de salopard qui ne sait même pas de quoi il parle sans doute, lui qui ne s'est jamais insurgé et joue au belliqueux.
Que son torchon soit un succès de librairie n'est pas étonnant : les librairies sont de plus en plus des poubelles de mercerie

" Gens en place, dormez
Sans vous alarmer,
Rien ne vous menace !
Ce n'est qu'un vieux sot
Qui monte à l'assaut
Du p'tit Montparnasse ! "

Écrit par : Bertrand | mercredi, 19 janvier 2011

Monsieur,

Vous affirmez : "Lui qui ne s'est jamais insurgé"...
Actuellement, il y a des plumes pour reprocher à Stéphane Hessel de n'avoir été "qu'un an à Buchenwald" (en oubliant au passage Dora).
Vous, pourfendeur de connards et de salopards,vous frappez plus bas et plus fort encore.
Son engagement dans la France Libre, son parachutage sur le territoire de Vichy, sa capture par les nazis et les suites, ne vous suffisent pas comme preuves ?
Vous avez de l'avenir comme juge dans des tribunaux intégristes.

Écrit par : JEA | mercredi, 19 janvier 2011

Mon ami, vous y avez aussi "l'honnneur d'une citation ..."
(sans doute rajoutée après votre passage...

Écrit par : solko | mercredi, 19 janvier 2011

Merci pour ce billet limpide, Solko. Et chez Assouline, on trouve une bonne analyse des indignations sélectives, politiquement correctissimes, de monsieur Hessel.

Écrit par : Marco | mercredi, 19 janvier 2011

Lu chez Assouline : 3 euros pour une brochure, c'est en effet cher payé. Pour ma part, je ne l'ai pas lu. Si l'une de ces bonnes âmes qui assure la promotion du bouquin en l'achetant par paquet de 30 veut bien m'en envoyer un, je tenterai peut-être l'aventure ...

Écrit par : solko | mercredi, 19 janvier 2011

Il y a évidemment une certaine saveur à voir un ancien diplomate jouer les révolutionnaires (ou les insurgés) et choisir en titre un verbe qui est l'un des plus utilisés par la langue de bois des ambassades. L'indignation est en effet l'une des postures les plus utilisées pour se dédouaner des responsabilités à prendre ou cacher les turpides complices.
Par ailleurs, il est toujours très drôle de voir un verbe ainsi construit "absolument". S'indigner. Sans autre objet que la satisfaction narcissique et la bonne conscience. "Je suis indigné", comme si c'était là une manière de dire "je suis un homme". On est à la limite de l'indécence.
Dernière chose : le succès de librairie prouve que, si réflexion il y a dans ce livre (mais les premières pages lues nous en ont dissuadé), le lecteur français moyen attend son seuil de tolérance (si j'ose) très rapidement. Quinze-vingt pages et il en sait suffisamment. Misère de la pensée...

Écrit par : nauher | mercredi, 19 janvier 2011

"L'indignation est une posture", oui. Et sans complément, le titre-programme est une imposture...
Mais nous y sommes habitués depuis si longtemps.
A relire, plutôt, "La crise de la culture", d'Hannah Arendt, qui vit naître ce genre de livre-programme, livre-produit, livre consommation.

Écrit par : solko | mercredi, 19 janvier 2011

Cette insistance sur le succès de librairie, qualifié ici d'opération de marketing, de cet opuscule me parait bien étrange, Ne s'agirait-il pas de faire allusion aux fastueux bénéfices, lesquels dès le dépôt du texte étaient destinés à une œuvre caritative ? D'autre part, se penche-t-on sur le fait de connaitre le pourquoi de ce succès, les lecteurs ne seraient-il que des imbéciles ? Autre étrangeté, la mobilisation forcenée des pro-sionistes et du CRIF contre ce vieil israélien israélite, de Zemmour à BHL. Il est certes plus facile de critiquer la forme plutôt que le fond et les indignations, bien entendu sélectives, de Stéphane Hessel, notamment devant la politique d'Israël. Enfin il n'est pas utile d'émettre mettre des injures ce qui disqualifie leur auteur

Écrit par : teddy | mercredi, 19 janvier 2011

Il semble, à lire certains commentaires, qu'il existerait des agrégations ou des doctorats es résistance, qui donnerait le droit à vie de donner des leçons à ses successeurs, un peu comme des mandarins en chaire éternelle. Mais la résistance, comme l'indignation, ne s'inculque pas en trois leçons et deux sous-parties, ne se transpose pas d'un contexte à un autre, et personne n'en a le monopole que je sache.
Je demeure assez effrayé devant l'autoritarisme ridicule de ce titre, devant l'inefficacité de cette injonction, et la meute de chiens de garde qui semble prête à mordre tout ce qui tente d'analyser un peu lucidement l'attitude de Mr Hessel. Le marketing et l'indignation demeurent, oui, deux univers contradictoires.

Écrit par : solko | mercredi, 19 janvier 2011

Ici,je parle enfin
A mon tour,en mon nom,
Au nom de ma saison.
Je lui dis ma patrie
Verglas et poudrerie
Bourrasque et froidure
Blancheur et beauté
Dans le boisé de l'est
Et que parfois l'été
Y pose un papillon

Écrit par : clemence | mercredi, 19 janvier 2011

Ce billet suscite moults polémiques qui mériteraient pour avancer, si tant qu'on le veuille, d'être décortiquées.
Je ferais un premier constat, l'auberge s'écroule mais on n'en est pas sorti!!

Je ne suis pas sur que ce soit très important qu'il y ait ou non du contenu dans le livre d'Hessel . Par contre, je crois qu'il faudrait savoir hiérarchiser nos "indignations" qui sont, tellement, tout azimut, qu'elles en deviennent inaudibles.

Écrit par : patrick verroust | mercredi, 19 janvier 2011

Le principe de la double contrainte est de reposer sur du binaire. Je n'ai pas lu le livre, encore une fois, mais c'est comme avec Bégaudeau et son école ouverte à tous, on voit le produit tout de suite, alors à quoi bon perdre son temps ? Me dire qui sont les bons, qui sont les méchants, vouloir gérer mes indignations avec un CV bien garni, mais pour quoi faire ?

Écrit par : solko | mercredi, 19 janvier 2011

La critique du titre est bien vue, bien que pour les raisons de ce choix, je ne pense pas à autre chose qu'au militantisme pur des éditeurs... Je ne dis rien sur le contenu, pour ma part, n'ayant pas lu le livre de Monsieur Hessel. En revanche, je le trouve plus digne que la plupart de ses contradicteurs - dont certains, cités par JEA, sont quand même d'une stupéfiante violence verbale, or j'ai une "petite" tendance à être hérissée par certains haros. Quant au nombre de pages, c'est un faux procès : après tout, le discours contre la peine de mort de Robert Badinter, s'il était publié, ne ferait pas non plus un grand nombre de pages, et le Tao-te King en fait moins de 80... :0)
D'autre part, le fait de traiter d'antisémite toute personne qui critique la politique Israélienne devient insupportable, de même que le fait de traiter de fasciste toute personne qui critique l'Islam. Ce pays est devenu tellement binaire que je me demande si Stéphane Hessel ne s'est pas tout simplement, pour leur répondre, mis au niveau de ceux qui ont, durant toutes ces années, déboulonné la pensée, et souillé une certaine pureté d'âme.
Enfin, tant que je ne l'aurai pas lu, je ne saurai dire, mais une langue simple n'est pas forcément une langue sans style.

Écrit par : Sophie K. | mercredi, 19 janvier 2011

Je suis un peu comme Nauher, les ambassadeurs révoltés qui veulent gérer les colères de la France d'en bas me font chier au plus haut point
.C'est de la raffarinnade de gauche, si vous voulez. C'est comme Fabius que j'entendis un jour dire à la TV, au moment de la réforme de la retraite : "je ne comprends pas pourquoi les gens ne se révoltent pas".
Tant mieux pour lui si les questions de survie ne se proposent pas à son immédiat quotidien. Mais enfin, le PS, une telle indécence, récurrente, constitutive de son aveuglement.
La fille de Delors et le président du FMI, ou ce monsieur Hessel, comme porte drapeaux. C'est à se tordre et c'est tragique à la fois ...

Écrit par : solko | mercredi, 19 janvier 2011

Je comprends. Mais l'aveuglement touche toute notre classe politique, de gauche comme de droite, et je ne vois aucun porte-drapeaux très convaincants, ni d'un côté ni de l'autre, pour le moment. Il faut dire que lutter contre l'arasement mondialiste est une sacrée gageure : pardon de (mal) citer Hugo, mais on lutte mieux contre l'invasion des armées que contre celle des idées... (Personnellement, je ne compte pas Stéphane Hessel dans le lot politicien actuel. Je vois en lui un homme d'autrefois, ce qui ne signifie pas qu'il est bon à jeter (loin de là), mais dont la vision est probablement naïve, trop naïve pour le siècle... Mais encore une fois, je ne l'ai pas lu, je l'ai juste entendu à plusieurs reprises.)

Écrit par : Sophie K. | mercredi, 19 janvier 2011

Naïf, un vieil ambassadeur de la mitterrandie, tss tss...

Écrit par : solko | jeudi, 20 janvier 2011

Certes. Bon. Alors c'est moi qui le suis, peut-être. Ah là là. :0)

Écrit par : Sophie K. | jeudi, 20 janvier 2011

(PS : quant à Fabius, on est d'accord.)

Écrit par : Sophie K. | mercredi, 19 janvier 2011

@ Solko : si vous relisez la page que ArD a mise en lien, vous y trouverez des faits précis et parlants sur ce qu'il s'est passé au plateau des Glières en 1944, et comment une récupération des hauts faits de résistance par le pouvoir actuel a poussé une association d'anciens résistants à venir rappeler le sens des travaux du Conseil National de la Résistance. Monsieur Hessel n'a pas fait autre chose que venir témoigner de son propre engagement et inciter les jeunes gens présents à ne pas accepter l'inacceptable.

Le reste est travail d'éditeurs qui ont jugé important de faire connaître ce que disait cet homme.
J'ai été agacée du battage fait autour de ces pages. La polémique enclenchée ici m'a fait lire et m'informer un peu plus avant.
Je lirai "Indignez-vous", en toute lucidité.

Je mets ici un lien pour informer (moi je l'ai découvert) que monsieur Hessel a été mis en examen en septembre dernier pour avoir dénoncé la politique impérialiste du gouvernement d'Israël, pour avoir qualifié l'opération militaire contre Gaza de crime de guerre et de crime contre l'humanité ; pour avoir en mai dernier dénoncé "l'impunité scandaleuse" dont jouit ce gouvernement qui bafoue le droit international ; pour avoir, après l'attaque sanglante contre la flottille qui cherchait à briser le blocus de Gaza, prôné le boycott des produits israélien, de la même façon qu'il y eut un mot d'ordre de boycott des produits sud-africains au moment de l'apartheid.

http://www.internationalnews.fr/article-grotesque-lz-plainte-contre-stephane-hessel-pour-antisemitisme-58740940.html

@ JEA : je regrette beaucoup que l'énervement qui ne cesse de monter autour de ce livre (et on comprend mieux la rage de certains quand on sait les séquences qu'a courageusement filmées le réalisateur Gilles Perret en mai 2008 et mai 2009 au plateau des Glières, pour son film "Walter, Retour en Résistance" - tout cela est sur votre site, j'invite chacun à aller lire de près) vous ait fait prendre au pied de la lettre les paroles de Bertrand qui a souvent le verbe haut et qui pourfend effectivement les connards et les salopards.
Je dis ici, (et vous ne me connaissez pas et là n'est pas la question) que Bertrand ne mérite pas vos paroles dures. Je n'approuve pas ce que dans un coup de colère et d'échauffement il a dit, mais je ne confonds pas ces paroles avec ce qu'il est. Il nous arrive à tous de dire des choses non étayées et qui dépassent notre pensée.

Écrit par : Michèle | jeudi, 20 janvier 2011

@ Michele : Travail d'éditeur qui demeure travail de pur marketing. Les "hauts faits de résistance", comme je l'ai dit plus haut, ne constituent pas un "doctorat de résistance" ni un brevet de haute moralité : Hessel, c'est aussi un bon bourgeois diplomate, et son appel à l'indignation sonne à mon sens tout aussi creux que celui de Fabius (voir note plus haut).
L'instrumentalisation de la Résistance, dont l'héritage, pressé comme un citron par tout un tas de gens, finira par perdre tout son sens ainsi placé hors contexte, me paraît être un argument d'autorité qui ne tient pas, d'autant plus que l'analogie entre la seconde guerre mondiale et les temps présents reste à argumenter.
Vendre une indignation qui ne dit pas son objet, on est au-delà du sophisme, me semble-t-il. Car il n'y a pas "d'essence de la résistance" qui serait transportable d'une situation à une autre. Estomper le contexte idéologique comme le fait cette campagne de marketing relève ainsi, à mes yeux, de la pure manipulation. D'où le recours à la double injonction, sans doute.
Quant à Bertrand, sa colère devant "l'insurrection pacifiste" (oxymoron de diplomate fortuné s'il en est)deviendrait-elle sacrilège en raison des "hauts faits" ...
Je le laisse libre de dire et de penser ce qu'il veut...

Écrit par : solko | jeudi, 20 janvier 2011

@ Michele

A vous lire, je retire du commentaire précédent ces deux phrases :
- "... vous frappez plus bas et plus fort encore" ;
- "Vous avez de l'avenir dans des tribunaux intégristes."

Écrit par : JEA | jeudi, 20 janvier 2011

@ Michele

A vous lire, je retire du commentaire précédent ces deux phrases :
- "... vous frappez plus bas et plus fort encore" ;
- "Vous avez de l'avenir dans des tribunaux intégristes."

Écrit par : JEA | jeudi, 20 janvier 2011

@ Michele

A vous lire, je retire du commentaire précédent ces deux phrases :
- "... vous frappez plus bas et plus fort encore" ;
- "Vous avez de l'avenir dans des tribunaux intégristes."

Écrit par : JEA | jeudi, 20 janvier 2011

@ Jea : Je ne crois pas qu'il existe une "mystique de la résistance", comme gaullistes et communistes veulent le faire croire depuis toujours. C'est pourquoi je ne prends pas pour un argument le plateau de Glières et tout le reste. On assainirait considérablement les débats en prenant les objets contemporains pour ce qu'ils sont aujourd'hui, et en cessant les amalgames et les "lettres de noblesse".
Cela dit, je n'ai pas lu ce livre, n'ai pas trop envie de le lire sous la pression de l'instant ou de la mode. Et je n'enlève rien à l'analyse de sa forme, hautement manipulatrice comme beaucoup d'autres, hélas ! .

Écrit par : solko | jeudi, 20 janvier 2011

@JEA, j'ai bien le plaisir de ne pas vous connaitre mais votre colère, sans doute justifiée par une idéologie tendue au maximum, s'enrobe de vieux poncifs pathétiques.
Que Stéphane Hessel ait été un résistant, bien...Félicitons-le in petto. Tout le monde, Monsieur, a ses lettres de noblesse quand il s'oppose à son époque, la sienne ayant été particulièrement dramatique.
Que De Gaulle ait été le chef de la France libre, ne l'a pas empêché de jeter certains de mes amis en prison, par exemple, et le plus gros de ma famille dans la misère. Je ne lui ai donc jamais reconnu une quelconque noblesse. Alors, votre messe, c'est pas pour moi.
Je parle avec mes tripes. Souvent de façon intempestive, mais mieux vaut parler ainsi qu'avec un canevas brodé pour l'éternité dans la tête.
Je ne relève pas votre insulte minable quand à mon avenir dans les tribunaux intégristes. Révisez votre dilaectique, cher homme, et vous comprendrez, peut-être,que votre assertion relève justement de l'eprit d'un ayatollah.
Les chats fourrés, de quelque saloperie qu'ils se réclament, je les ai tjs eu en face de moi. Jamais à mes côtés.
Enfin, comme je tiens à rester poli, je vous saurais gré de bien noter que je vous emmerde.

Écrit par : Bertrand | jeudi, 20 janvier 2011

Les débats de forme deviennent vite ourobores, car soit ils s'orientent intuitu personae, soit ils extrapolent le fond, faisant mine de dissocier fond et forme.
Le pire dans tout ça est que ce point exclamatif indigeste (dans le titre) n'a pas que valeur d'injonction dans la syntaxe française. Il traduit aussi le cri, l'appel, le souhait et la réplique.

Et si Hessel avait voulu signifier : « Il y en a marre !» ?

Écrit par : ArD | jeudi, 20 janvier 2011

@ ArD : Je crois que c'est aussi ce que dit ma concierge. Pauvre femme et qui, jamais, ne connut l'or des ambassades de Tonton. C'est vrai qu'il en a marre...

Écrit par : solko | jeudi, 20 janvier 2011

tout cela n'est pas bien grave; de toute manière, c'est couru d'avance:

les classes moyennes ne se révoltent jamais. (selon les sondages, 75 à 85% des français disent appartenir à la classe moyenne)

donc, quels que soient les discours, d'indignation ou autre, rien ne va changer, restons donc cools, pas de quoi fouetter un chat à neuf queues.

Écrit par : gmc | jeudi, 20 janvier 2011

Vous avez bien compris que la question discutée n'est pas celle de la révolte, mais des postures et impostures de tous genres... Sujet poétique ?

Écrit par : solko | jeudi, 20 janvier 2011

je ne résiste pas au plaisir de vous offrir un pett benjamin biolay, j'aime beaucoup - entre autres, car tout le texte est sympa - le passage où il parle de ceux "qui rêvent de bonheur et...."
bonne écoute^^

http://www.youtube.com/watch?v=sVBu5ou9n90

Écrit par : gmc | jeudi, 20 janvier 2011

... une excellente opération marketing ... C'est curieux qu'un homme comme vous, si prompt à suspecter Hessel d'insincérité du moment qu'il a quelque succès, se soit choisi comme ""héros"" Béraud, écrivain stipendié s'il en est, qui acceptait avec avidité les liasses bien épaisses de Carbuccia pour vomir, et à gros tirages, sur Salengro, Heinrich Mann et les émigrés du nazisme, De Gaulle etc etc

Écrit par : flip | jeudi, 20 janvier 2011

Serait-il un jour possible de sortir des procès d'intention rétrécis pour engager un débat de fond sur l'oeuvre de cet écrivain qui n'est pas réductible à ses articles pour Carbuccia, sans caricature aucune ? Béraud est "stipendié" par de moins en moins de gens au fur et à mesure qu'on le redécouvre et que se lève le mur de la "terreur des lettres" institué hativement autour de lui.
Le marketing du temps de Béraud ... (revoir les classiques)
Je vous fais remarquer qu'analyser l'opération de marketing de Hessel n'implique aucun jugement de valeur en soi...

Écrit par : solko | jeudi, 20 janvier 2011

Soyez spontané!
E la nave va

Écrit par : Natacha S. | jeudi, 20 janvier 2011

Je n'ai pas lu ce texte de M.Hessel, ni même vu ; et j'apprends quasiment son existence sur ces pages virtuelles ! Aussi je ne n'interviendrai pas dans un débat passionné (qui n'est d'ailleurs peut-être pas à ma portée)...
Cependant, le thème du "marketing" s'y prêtant, j'aimerais en toute sincérité, en toute sincère naïveté, poser une question.
Pensez-vous vraiment qu'un livre mis en vitrine dans toutes les librairies de France soit forcément à blâmer ? Que le fait même de mettre ce livre en vitrine soit à condamner ? L'opération commerciale ne pourrait-elle pas être (parfois) acceptée comme un aspect de l'édition ? Pour prendre un exemple, Hugo ou Zola n'étaient-ils pas des auteurs très connus du "grand public" ; avec les conséquences commerciales qui vont de paire ? Aujourd'hui, je suis sûr qu'on les mettrai eux aussi en vitrine.

Je vous souhaite le bonsoir.

Écrit par : Benoit | jeudi, 20 janvier 2011

Le fait que ce soit du marketing ne me gène pas (je ne lirai pas ce livre et Mr Hessel, qui se prend pour Gandhi, me fait plus marrer qu'autre chose) . Je démontre que ça en est. C'est d'autres que ça semble gêner...
Mais tu as raison. C'est un débat non pas à ta portée, mais qui nécessite une sérieuse documentation au vu des manipulations qui semblent derrière...

Écrit par : solko | jeudi, 20 janvier 2011

Publié également chez JEA qui ne parle que chez lui, semble-t-il...

Bonjour JEA.
Comme vous ne répondez pas aux messages « chez moi », je viens chez vous vous les poster, puisqu'ici vous évoquez ce qui se passe chez « Solko ».
Un mot, d'abord, sur Bertrand Redonnet. C'est un véritable écrivain et un ami cher du net. Ecrivain, entre nous, bien meilleur que Hessel. Lisez « Zozo chômeur éperdu » et « Géographiques », tous deux publiés par le Temps qu'il fait, visitez son blog « l'Exil des mots », vous comprendrez ce que je dis. J’invite vos lecteurs à faire de même.
Un mot, maintenant, sur Hessel. Il a 93 ans, se prend pour Gandhi (un Gandhi de supermarché entre nous) et fait chier des gens comme nous avec ses leçons de morale. A-t-on le droit de le dire, à lui et à toute sa génération, une bonne fois pour toutes, qu'en effet la résistance n'est pas un diplôme sans se faire traiter de tous les noms ? Car la violence est bien aussi chez ces gens qui prétendent être doux à condition seulement qu'on soit leurs condisciples et admettent leurs saints. Il n’y a pas, vous disais-je, et c’est fort heureux, de mystique de la résistance. On ne peut transvaser d’une époque à l’autre, d’un contexte à l’autre, et cela sans contre sens anachronique et une bonne dose de mauvaise foi, une « énergie résistante » qui ne serait pas définie par son objet. (contre quoi est-ce que je résiste ?). Peut-être un jour aurais-je l’occasion de m’exprimer là-dessus.
Mon développement sur la double contrainte n’est pas simplement de forme, même si je n’ai pas de temps à perdre à lire la parole du « sage », du « guru » Hesesel. Bertrand n'est le condisciple de personne, moi non plus, notre parole est franche et libre. Votre monsieur Hessel et sa déification nous emmerde sur le principe, sur le fond comme sur la forme, comme nous emmerda en son temps celle de De Gaulle, celle de Mitterrand, et cetera. Etes-vous capable de l'entendre sans nous sortir votre indignation éculée ?
Je sais que vous me faites un procès à cause de Béraud, seulement à cause de ça, car j’ai l’outrecuidance de dénoncer la bêtise des écrivains de la résistance et celle de ses sbires qui s’attaqua à un écrivain sexagénaire certes pétainiste, mais au soir de sa vie (en 1944) après un parcours et une œuvre romanesque que je défends sans passion, mais avec une admiration critique sincère, tout en laissant courir industriels et militaires, politiques et fonctionnaires. Pauvre Béraud, comme le dit Mauriac, un homme de droite de loin plus intelligent que tous les bien pensants de gauche, chrétien de surcroit, ce qui est à son honneur. Cela vous déplait et déplait à vos amis. Vous êtes, de ce point de vue, de doux terroristes, et de très intolérants tolérants, que cela vous plaise ou non. Votre gentillesse est feinte et votre rhétorique est éculée.
Sur la Résistance, le seul livre qui m'a convaincu fut écrit non pas par quelqu'un qui cherchait à se placer, mais par un poète (un vrai), René Char. Et c'est "Fureur et Mystères". C'est le fragment 220 des Feuillets d'Hypnos, que j'ai la flemme de recopier ici après une journée de boulot, et auquel je vous renvoie. Tout est dit. Le croc a mordu trop de gens, ça suffit.
Au lieu de dauber sur mon compte dans votre coin en prenant à partie des amis communs, ayez donc le courage de dialoguer avec ceux qui contestent votre image d’Epinal, votre saint de supermarché et votre Gandhi de pacotille…
Salutations.

Écrit par : Solko | jeudi, 20 janvier 2011

Hessel aurait dû publier dans la collection « Ce que je crois »
finalement. Comme ça, pas de lézard.

Paraît que le Progrès consacre une page hebdomadaire à un résistant différent chaque semaine ? Ça donne quoi ?

Écrit par : ArD | jeudi, 20 janvier 2011

@ ArD : Sais pas... Dans le Progrès je ne lis (au café) que les résultats dominicaux de Jeam Marie Aulas et quelques faits divers. Ah si, aussi, le feuilleton de Collomb et de l'Hôtel-Dieu. Je ferai plus attention au reste et vous tiens au courant...
Oui comme ça, il y aurait pas eu de lézard. Pas de bug non plus. Ce que c'est que le marketing...

Écrit par : solko | vendredi, 21 janvier 2011

Solko : "Béraud est "stipendié" par de moins en moins de gens au fur et à mesure qu'on le redécouvre et que se lève le mur de la "terreur des lettres" institué hativement autour de lui. " Cher Monsieur cette phrase n'a aucun sens. Ouvrez le Larousse ou le Robert pour vous en assurer. Attention! ce ne sont pas des livres de marketing...

Écrit par : flip | vendredi, 21 janvier 2011

En effet. Je confondais "stipendié" et "vilipendé". Vous avez raison d'évoquer les sommes versées par Carbuccia, car c'est un fait que personne ne conteste. Et qui prouve en effet que Béraud fut dans cette affaire un homme de mains. Carbuccia, mort à Paris en 1975, ne fut, lui guère inquiété.

Écrit par : solko | vendredi, 21 janvier 2011

C'est ce qu'on appelle un flip vraiment flippé...Misère des arguments, arguments de la misère !
Merci pour votre main fraternelle, Solko.

Écrit par : Bertrand | vendredi, 21 janvier 2011

CHAUDES BISES

Le grand théâtre du boulevard
Diligente postures et impostures
Dans la marinade de parfums
Qu'un nez innombrable
Crée de ses vents

Résistance à l'insoumission
Ou souscription d'assignats
La conscription tire au sort
Les balles des exécutions
Bains palliatifs pour rêveurs
En mal d'invitation au bal

A la posture d'un balconnet
Répond l'imposture d'un décolleté
Peu importe au téton
Qui n'aspire qu'à la saveur
De son aréole magnifiée
Par le souffle d'un baiser

Écrit par : gmc | vendredi, 21 janvier 2011

j'ajoute aussi une petite chose, même si je me tamponne du sujet en question, comme tout un chacun l'aura noté:

un gars, quel qu'il soit, qui trouve le moyen de se mettre à dos à la fois (et dans n'importe quel ordre) fillon, bhl, finkielkraut, taguieff, zemmour, le crif, assouline et elisabeth levy (plus quelques autres consciences bien-pensantes) ne peut être qu'un mec sympathique, et ceci rien que pour cela; si je n'étais pas aussi fainéant, j'irais bien acheter son truc.

Écrit par : gmc | vendredi, 21 janvier 2011

Ah Solko, tandis qu'il neigeait dans la nuit à Marseille, j'ai lu «Indignez-vous !». je trouvais le contexte ad hoc, alors que cet opuscule traînait sur ma table depuis un mois.
Pas de quoi fouetter 3 canards à cette plaquette du non-mode-d'emploi-de-l'indignation qui devrait s'intituler «Ce qui m'indigne», car c'est bien à cela que ressortit cet ouvrage qui pourrait très bien s'adresser à un public de collégiens pour le motiver à retirer les écouteurs de ses oreilles.
À noter quelques propos tout à fait honorables sur l'opération du «Plomb durci» à Gaza et malheureusement, sa dévotion à cet organisme assassin qu'est l'Onu.

Du coup, Solko, vous avez provoqué une sorte d'effet contraire en me poussant à lire cet opuscule. Voilà bien l'effet pervers d'un billet (!)

Merci pour vos notes de lecture à venir sur le Progrès, cela m'intéressera.

Écrit par : ArD | vendredi, 21 janvier 2011

Pas d'effet pervers : j'analysais un titre, un trait d'époque, un fait de société (une "mythologie" aurait dit pompeusement Roland Barthes).
Un fait de société inquiétant, je pense.
Je ne cherchais à dissuader ni à convaincre personne de lire cet opuscule. D'ailleurs je crois que je ne le lirai pas moi-même...

Écrit par : solko | vendredi, 21 janvier 2011

"Plus je vois Stéphane Hessel, plus je regrette Jacqueline de Romilly. S’il y a une vision à transmettre aux générations à venir, ce n’est pas le monde en noir et blanc de Hessel ; plutôt l’univers riche et coloré que nous faisait entrevoir Mme de Romilly, à travers la civilisation grecque et “son cher Thucydide”."
Je vous rapporte ce commentaire du blog de Basile de Koch et d'un billet sur "le fléau du bien" :
http://carnet.causeur.fr/asiledeblog/le-fleau-du-bien,001058#comment-56
Amicalement

Écrit par : s.Jobert | vendredi, 21 janvier 2011

Les commentaires sont fermés.