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jeudi, 29 octobre 2009

Un Goncourt pour Renard

Un prix Goncourt attribué le Jour des morts.  Drôle d'idée honnêtement ! Signe que l'époque ne croit plus trop aux présages, bons ou mauvais. Car c'est bien le prochain 2 novembre, à 12h 45 pétantes, «afin de faciliter la couverture médiatique de l’événement, en permettant notamment au lauréat d’être présent chez Drouant avant le début des journaux radio et télévision de 13h. », qu'on apprendra le nom de l'heureux(se) élu(e). Un certain talent pour la communication et le marketting, les vioques de l' Académie, dites-moi !

Extrait (pour se mettre en forme), du Journal de Jules Renard, en date du 23 novembre 1909. Il est alors académicien depuis 2 ans, et mourra le mois de mai suivant :

 

« 23 novembre – Dîner Goncourt. Ils sont à table, Mirbeau près de Daudet, réconciliés, Descaves voudrait donner le prix à Léon Bloy.  Hennique s’oppose à ce couronnement de l’insulteur; à Léautaud : Bourges déclare son livre infect.

On parle de la pourriture du monde. C’est peut-être la seule qualité de l’Académie Goncourt, d’être honnête.

Daudet raconte que, dans un salon, une dame avait un cordon qui passait sous sa jupe. On a tiré : c’était un ténia. Cette histoire affole Bourges.

Mirbeau dit :

-          Les ouvriers, mon cher ? Je m’en suis servi cet été  Ils sont stupides.

Daudet est tout fier de les mater en réunion publique.

-          Renard me dit Rosny ainé, on vous imite beaucoup pour le Prix.

C’est la famille des renardeaux.

Crise. Souffle précipité, dégoût universel. La mort peut venir dans une heure dans dix ans. Dire que j’aime mieux dix ans !

Encore une fois j’ai perdu l’équilibre. Je touche le fond. Tout à coup, guérison si je travaillais.

La mort proche, on sent le poisson »

 

renard4.jpg

19:56 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : jules renard, prix goncourt, littérature | | |

Commentaires

Délicieux extrait, merci !

Et j'ignorais que Descaves avait songé à donner le prix à Bloy... cela aurait sans doute changé bien des choses !

Écrit par : Zabou | jeudi, 29 octobre 2009

Et euh... il est allé à qui, finalement, le Goncourt 1909 ?

Écrit par : Pascal Adam | vendredi, 30 octobre 2009

A la faveur de ce billet (je me dis qu'il faut absolument que je lise le Journal de Jules Renard, qui avait dit de sa femme " Marinette paraît et la terre est plus douce aux pieds"), à la faveur de ce billet, donc, et du commentaire de Zabou, j'ai relu votre billet sur Léon Bloy et j'apprécie ceci, que vous écrivez :

"Lire TOUT Bloy. Pas forcément en quantité, mais en qualité. Lire entièrement chaque phrase dans la totalité de son écriture, pour apprécier l'importance de cet auteur qui fut le seul à percevoir..."etc.

Écrit par : Michèle | vendredi, 30 octobre 2009

@ Pascal

Le Goncourt 1909 est allé à un livre écrit à quatre mains, "En France" de Marius-Ary Leblond (pseudo pris par deux cousins Georges Athénas & Aimé Merlo), qui raconte deux jeunes Créoles réunionnais venus étudier à La Sorbonne (lu hier soir sur Wiki).

Écrit par : Michèle | vendredi, 30 octobre 2009

@ Michèle et Zabou : Bloy est mort un 3 novembre 1917, lendemain du jour des morts. C'est amusant qu'il revienne ainsi sur le tapis, si j'ose dire, à la faveur d'une remarque de Renard sur un Goncourt qu'il aurait pu avoir et grâce à vous deux. Un Goncourt qui, en effet, aurait comme le remarque Zabou, changé le cours de sa vie. Encore que je me demande si en 1909 (Bloy avait 63 ans) les jeux n'étient pas déjà faits pour lui.
Je suis allé dans sa biographie chercher ce qui aurait pu être couronné en 1909 : et je tombe sur "Le sang du pauvre" (contrat signé en aout 1909 : que les Goncourt se risquent à couronner un texte pareil est impensable - et bien dommage). Juste avant on trouve "L'invendable" (une partie de son journal intime) et juste avant encore "Celle qui pleure" (l'ouvrage sur Mélanie). Pour le coup l'Académie aurait eu des c... mais tout le monde sait qu'elle n'en a guère.
Amicalement à vous deux.

Écrit par : Solko | vendredi, 30 octobre 2009

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