samedi, 20 juin 2009
Fête de la musique (1)
La mairie de Lyon se fout de la gueule de qui ? Je reçois hier une « lettre » signée d’elle, et se présentant comme la coordinatrice de la fête de la musique ; après avoir rappelé bêtement le caractère bon enfant de cette pseudo-fête organisée en plein air dans toute la ville (mâchon musical, stands d’association, ludothèque, spectacle de danse et pour finir concert festif) un peu à la façon d’un voisin indélicat qui va fêter son anniversaire à la con et prévient les voisins, elle (la mairie) poursuit en s’excusant : « cette manifestation, nous en sommes conscients, est susceptible de générer des nuisances sonores pour les habitations du voisinage. Nous vous prions en conséquence de nous en excuser par avance pour les désagréments occasionnés et comptons sur votre compréhension à l’occasion de cet événement exceptionnel. »
Quelques remarques :
-La mairie parle « des habitations du voisinage » alors que le boucan sera partout et, après leurs manifestations musicales, va se poursuivre jusqu’à l’aube, dans des débordements qui ne seront bien évidemment pas encadrés et laisseront les rues du centre dans un état indescriptible (voir le billet « fête de la merde » ( qui date de 2006) en lien.
-La mairie parle d’un événement exceptionnel alors que rien ne l’est moins que cette "fête" banale, répétitive et désormais programmée dans le calendrier, au même titre qu’une autre (on croule sous l’ordinaire des fêtes). Cette fête, qui obéit à la politique de divertissement populaire préconisée par la Trilatérale est suivie les doigts sur la couture par toutes les municipalités pour, dit-on, le bien et la liberté des populations.
La mairie clôt sa lettre en disant : « nous vous prions d’agréer, madame, monsieur, l’expression de notre sincère considération ».
La mairie se fout de la gueule de qui ?
21:36 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : musique, fête de la musique, politique, lyon, mairie de lyon |
Commentaires
Mais on se fout de votre gueule ! de qui d'autre voulez vous que ce soit ? D'ailleurs vous êtes le seul à avoir reçu cette lettre. Puisque vous êtes seul à refuser de participer aux manifestations que nous avons instituées pour vous distraire. On vous offre un programme. On se décarcasse pour vous organiser des aires de détentes gratuites, des parcours rock flêchés, des batucadas sous vos fenêtres, des fanfares, du jazz à gogo (un groupe tous les 2m du gros caillou au clos Jouve) avec lancés de canettes en after jusqu'à l'aube. Bière et vinasse à volonté comme pour le 8 decembre. On prévoit tout bien pour votre plaisir, pour que vous sortiez vos ondes négatives après ce long hiver, pour que vous fêtiez le printemps avec tous vos semblables. Et vous n'êtes pas content ? Monsieur, permettez moi de vous dire que je trouve très ingrat de votre part de ne pas comprendre que la fête de la musique est pour votre bien. Sachez que si vous ne voulez pas de notre lettre bienveillante, la mairie met à votre disposition des psychologues gratuits qui vous aideront à cerner votre problème qui semble être le refus de vouloir s'amuser avec les autres.
Avec ma sincère considèration.
MMe PETARD (coordinatrice à la mairie)
Écrit par : MMe Pétard de la mairie (coordinatrice) | samedi, 20 juin 2009
@ MMe PETARD :
Envoyez, envoyez vos armées de psychologues. Verront comme ils seront reçus. D'abord des gens payés avec nos imports locaux ne sont pas gratuits, et d'un. Votre lettre bienveillante, j'ai torché le cul de mes chats avec, et de deux. Quant à mes ondes négatives, je me les garde jusqu'à l'hiver prochain, histoire de trouver au milieu de la gnangnanterie en sucre d'orge organisée par vos soins de quoi râler encore au prochain 8 décembre.
Mauvaises salutations à vous.
Écrit par : solko | dimanche, 21 juin 2009
Inutile, je pense, de vous conseiller la lecture de Philippe Muray…
Mais cette soi-disant Mme Pétard ne maîtrise pas encore la novlangue des administrations festives. Ainsi, « des psychologues », cela ne se dit vraiment plus : le pluriel risquerait de laisser imaginer qu’il s’agit de personnes, d’individualités ; le terme même de « psychologues » pourrait faire croire que l’on fait référence à des gens ayant fait des études, lu Freud ou Piaget et obtenu des diplômes : foin de cet élitisme sclérosant, alors que le bien-être psychique de chacun est forcément l’affaire de tous ! Non, une vraie coordinatrice ne dirait jamais « des psychologues » mais « une cellule d’écoute et d’assistance psychologique ».
(Et, s’il vous plaît, soignez bien vos ondes négatives : tout ce qui est négatif est précieux, de nos jours.)
Écrit par : Improbable | dimanche, 21 juin 2009
@ Mme Petard : je crois que vous êtes démasquée...
Écrit par : solko | dimanche, 21 juin 2009
Une seule chose à faire : prendre, si l'on peut, ses clics et ses clacs, et s'en aller pour la journée loin du tintamarre.
Écrit par : S Jobert | dimanche, 21 juin 2009
De Philippe Muray, François Taillandier m'avait recommandé la lecture de "On ferme". Que je n'ai jamais faite. Philippe Muray voulait "réintroduire le négatif, pour montrer que sans (le négatif), on ne peut rien comprendre".
Je n'ai de lui que son texte "Les nouveaux réactionnaires", dans le numéro 35 (septembre 2003) de l'Atelier du Roman, auquel il collaborait.
Écrit par : Michèle | dimanche, 21 juin 2009
@improbable : Je ne parle pas le Novlangue parce que je suis près des gens. Monsieur. Je parle le langage du coeur.
@Solko : Démasquée ? oh vous ! occupez vous de vos chats !
Écrit par : MMe Pétard de la mairie (coordinatrice) | dimanche, 21 juin 2009
@ S Jobert : Avec une pensée pour ceux qui sont coincés là.
Écrit par : solko | dimanche, 21 juin 2009
@ Michele : Il y a aussi (chez tel gallimard) un bel essai sur Céline.
Écrit par : solko | dimanche, 21 juin 2009
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